462 J A R triompher de l’injuftice du fort, 8c des entreprifes
odieufes de leurs ennemis. (D . J .)
JAROMITZ, (Géog.) petite ville deBoheme fur
l’Elbe, à 11 lieues S. O. de Glatz 15 N. E. de Prague.
Long. 33.66. lat.5 o . t 8. (Z ? ./ .)
JAROSLAW, (Géog.) ville de Pologne au Pala-
tinat de Ruffie, avec une bonne citadelle ; elle eft
remarquable par fa foire & par la bataille que les
Suédois gagnèrent fous fes murs en 1656 ; elle eft fur
la Sane,à z8 lieues N. O. de Lemberg, 50 S. E. de
Cracovie. Long. 40. 68'. lat. 4.9,. 58'. (D . J. )
JARRE , f. f. (Commerce.) cruche de terre à deux
anfes, dont le ventre eft fort gros. Ce mot vient
de Pefpagnol Jarre ou jarro , qui lignifie la meme
chofe.
C ’eft auffi une efpece de mefure : h jarre d huile
contient depuis 18 jufqu’à 16 jallons ; la Jarre de
gimgembre pefe environ cent livres.
M. Savari dit que la jarre eft une mefure de continence
pour les vins 8c les huiles dans quelques échelles
du levant, particulièrement à Mételin où elle eft
de fix orques , qui font environ quarante pintes de
Paris. Voye{ O r q u e & Pin t e . Diction, de Commerce.
(G) Jarre , terme dont les Chapeliers fe fervent pour
défigner le poil long, dur 8c luifant, qui fe trouve
fur la luperficie des peaux de caftor, 8c qui n’étînt
pas propre àfe feutrer, eft tout-à-fait inutile, 8c ne
peut pas entrer dans la manufaâure des chapeaux.
Arracher le jarre, c’eft l’ôter de deffus les peaux
avec des efpeces des pinces. On emploie ordinaire-
ment.à cet ouvrage des ouvrières qu’on appelle ar-
racheùfes ou éplucheufes.
Les chapeliers fe fervent du jarre pour remplir des
efpeces de pelotes couvertes de chifons de laine ,
avec lefquelles ils frottent les chapeaux ,. 8c leur
donnent le luftre. Voye{ C h a pe a u , voye{ auffi
C a st o r .
Jarre fe dit aulîi du poil de vigQgne.
Jarres ou Gia res , plur. ( Marine. ) ce font de
grandes cruches ou vaiffeaux de terre, dans lefquels
on met de l’eau douce pour la conferver meilleure
que dans les futailles ; on les place ordinairement
dans les galeries du vaiffeau. (Q )
JARREBOSSE, ( Marine. ) voyeç CANDELETTE,
qui eft la même chofe.
JARRET LE,f. m .(Anat.) c ’eft la jointure de l’os de
la cuifle avec ceux de la jambe dans la partie pofté-
rieure. La jointure de l’os de la cuiffe avec ceux de
la jambe dans la partie antérieure fe nomme le genou
, au fujet duquel M. Mery rapporte un fait bien
fmgulier dans le recueil de l’académie des Sciences,
c’eft l’hiftoire d’une exoftofe au genou qui pefoit
vingt livres. (D . J.): : __ , ..
Ja r r et , (Maréchallerie.) dans le cheval, c’eft la
jointure du train de derrière, qui affemble la cuifle
avec la jambe. Il faut qu’un cheval ait les jarrets
grands, amples, bien vuidés & fans enflure, qu’il
fâche bien plier lés jarrets. D es jarrets gras, charnus
& petits font défeâueux. Plier les jarrets, voyc{
P l ie r ; on dit d’un cavalier qui ferre les jarrets avec
trop de force & fans y avoir de lian t, qu’il a des
jarrets de fer.
Ja r r e t , (Hydr.) en fait de fontaines, s’entend
d’une conduite d’eau qui fait un coude, 8c qu’on
n’a pu faire aller en droite ligne à caufe de la fitua-
tion du terrein, ou de la difpofition du jardin qui
fait un angle.Cette conduite s’appelle jarrette : il faut
prendre ces jarrets de loin pour éviter les frotte-
mens. Voyt{C o n d u it e . (X)
Ja r r e t , (Coupe des pierres.) imperfection d’une
direction de ligne ou de furface, qui fait une finuo-
fité ou un angle. Le jarret faillant s’appelle coude ,
& le rentrant s’appelle pli. Une ligne droite fait un
J A R jarret avec une ligne courbe , Iorfque leur jonCtion
ne fe fait pas au point d’attouchement, ou que la
ligne droite n’eft pas tangente à la courbe. Jarret, en terme dyEperonnier, eft cette partie
d’un mors qui defcend depuis le rouleau jufqu’aux
petits tourets de la première chaînette. Voye{ C h a înette
& T ourets , & nos Planches de VEperonnier.
Jarret , ( Jardinage.) fe dit d’un coude ou d’une
branche d’arbre très-longue , dénuée de toutes fes
ramilles, 8c dont on ne laifle pouffer que celles qui
viennent à fon extrémité, ce qui forme une efpece
de jarret.
J ARRETE , adj. ( Maréchallerie. ) c’eft la même chofe que crochu. Voye^ Crochu.
JARRETIER, (Anat.) voye^ PoplitÉ.
JARRETIERE, f. f. lien avec lequel on attache
fes bas.
L'ordre de la jarretière, c’eft un ordre militaire inf-
titué par Edouard III. en 13 50 , fous le titre des fu-
prèmes chevaliers de l’ordre le plus noble de la jar-
tiere. Voye£ Ordre.
Cet ordre eft compofé de vingt-fix chevaliers ou
compagnons , tous pairs , ou princes , dont le roi
d’Angleterre eft ou le chef, ou le grand-maître.
Ils portent à la jambe gauche une jarretière garnie
de perles 8c de pierres précieufes, avec cette devife ,
honnifoit qui mal y penfe. Voye{ DEVISE.
Cet ordre de chevalerie forme un corps ou une fo-
ciété qui a fon grand & fon petit fcçau, 8c pour officiers
un prélat, un chancelier, un greffier, un roi
d’armes 8c un huiffier. Voyeç Prélat , Chancelier
, &c. '• • -
Il entretient de plus un doyen & do’uze chanoines,
des foûchanoines, des porte-verges , & vingt-fix
penfionnaires ou pauvres chevaliers. Voye{ Chanoines,
&c.
L’ordre de la jarretière eft fous la prote&ion de
faint Georges dèCappadoce, qui eft le patron tutélaire
d’Angleterre. Voye^ Georges.
L’affemblée ou chapitre des chevaliers fe tient au
château de Windfor dans la chapelle de faint Georges,
dont on y voit le tableau peint par Rubens,
fous le régné de Charles I. & dans la chambre du
chapitre que le fondateur a fait conftruire pour cet
effet.
Leurs habits de cérémonie font la jarretière enrichie
d’or & de pierres précieufes, avec une boucle
d’or qu’ils doivent porter tous les jours ; aux fêtes &
aux folennités , ils ont un furtout, un manteau, un
grand bonnet de velours , un collier de G G G ,
compofé de rofes émaillées, &c. Voye^ Mante au ,
Collier, & c.
Quand ils ne portent pas leurs robes, ils doivent
avoir une étoile d’argent au côté gauche, & communément
ils portent le portrait de faint Georges
émaillé d’o r& entouré de diamans au bout d’un cordon
bleu placé en baudrier qui part de l’éçaule gauche.
Ces chevaliers ne doivent point paraître en public
fans la jarretière , fous peine de fix fols huit ^deniers
qu’ils font obligés de payer au greffier de l’ordre.
' Il paroît que l’ordre de la jarretière eft de tous les
ordres féculiers le plus ancien & le plus illuftre qu’ il
y ait au monde. Il a été inftitué 50 ans avant l’ordre
de faint Michel de France, 83 ans avant celui de la
toifon d’o r , 190 ans avant celui de faint A ndré, &
aoo ans avant celui de l’éléphant. Voye^ Toison
d’or Chardon , ou l’ordre du Chardon ,0«
de Saint André , en E coffe, Eléphant , &c.
Depuis fon inftitution, il y a eu huit empereurs &
vingt-fept ou vingt-huit rois étrangers , outre un
très-grand nombre de princes fouyerains étrangers qui
J A R
qui ont été de Cet ordre en qualité de chevaliers
compagnons.
Les auteurs varient fur fon origine : on raconte
communément qu’il fut inftitué en l’honneur d’une
jarretière de la comteffe de Salisbury , qu’elle avoit
laifle tomber en danlant, 8c que le roi Edouard ra-
mafla : mais les antiquaires d’Angleterre les plus ef-
timés traitent ce récit d’hiftoriette 8c de fable.
Cambden, Fern, &c. difent qu’il fut inftitué à l’oc-
cafion de la victoire que les Anglois remportèrent fur
les François à la bataille de Crécy : félon quelques
hiftoriens, Edouard fit déployer fa jarretière comme
le lignai du combat, & pour conferver la mémoire
d’une journée fi heureufe, il inftitua un ordre dont il
voulut qu’une jarretière fut le principal ornement,
& le fymbole de l’union indiffoluble des chevaliers.
Mais cette origine s’accorde mal avec ce qu’on va
lire ci-deflous.
Le pere Papebroke , dans fes analecles fur faint
Georges, au troifieme tome des aCtes des Saints publiés
par les Bollandiftes, nous a donné une differta-
tion fur l’ordre de la jarretière. Il obferve que cet ordre
n’eft pas moins connu fous le nom de faint Georges
que fous celui de la jarretière; 8c quoiqu’il n’ait
été inftitué que par le roi Edouard III. néanmoins
avant lu i, Richard I. s’en étoit propofé l’inftitution
du tems de fon expédition à la terre-fainte ( fi l ’on
en croit un auteur qui a écrit fous le régné d’Henri
VIII.) ; cependant Papebroke ajoute qu’il ne voit pas
fur quoi cet auteur fonde fon opinion, 8c que malgré
prefque tous les écrivains qui fixent l’époque de
cette inftitution en 13 50 , il aime mieux la rapporter
avec Froiflard , à l’an 1344 ; ce qui s’accorde
beaucoup mieux avec l’hiftoire de ce prince, dans
laquelle on voit qu’il convoqua une affenjblée extraordinaire
de chevaliers cette même année 1344.
Si par cette affemblée extraordinaire de chevaliers
, il faut entendre les chevaliers de la jarretière,
il s’enfuivra que cet ordre fubfiftoit dès l ’an 1344 ;
par conféquent l’origine que luiontdonnéCambden,
Fern 8c d’autres , eft une pure fuppofition, car il eft
confiant que la bataille de Créci ne fut donnée qu’en
'1346 le lô d ’Août. Comment donc Edouard auroit-
il pu inftituer un ordre de chevalerie en mémoire
d’un événement qui n’étoit encore que dans la claffe
des chofes poffibles? ou s’il a retardé jufqu’en 1350
à l’inftituer en mémoire de la victoire de Cré c i, il
faut avouer qu’il s’écartoit fort de l’ufage commun
de ces fortes d’établiffemens, qui fuivent toujours
immédiatement les grands événemens qui y donnent
lieu. Ne feroit-il pas permis de conjecturer que les
écrivains anglois ont voulu par-là fauver la gloire
d’Edouard, & tourner du côté de l’honneur une action
qui n’eut pour principe que la galanterie. Ce
prince fut un héros, & nous le fit bien fentir; mais
comme beaucoup d’autres héros, il eut fes foibleffes.
En tout cas , fi la jarretière de la comteffe de Salif-
bury eft une fable, la jarretière déployée à la bataille
de Créci pourfîgnal du combat, eft une nouvelle hif-
torique.
En 1551 Edouard VI. fit quelques changemens au
cérémonial de cet ordre. Ce prince le compofa en
latin , & l’on en conferve encore aujourd’hui l’original
écrit de fa main ; il y ordonna que l’ordre ne
1 ferait plus appellé Ü ordre de faint Georges, mais celui
de la jarretière ; & au lieu du portrait de faint
Georges lùfpendu ou attaché au collier,il y fubftitua
l ’image d’un cavalier portant un livre fur la pointe
de fon épée, le mot proteclio gravé fur l’épée, & ver-
bum Dei gravé fur le livre , 8c dans la main gauche
une boucle fur laquelle eft gravé le mot fides. Larrey.
On trouvera une hiftoire plus détaillée de l’ordre
de là jarretière dans Cambden, Dawfon, Heland, Po-
lydore Virgil, Heylin, Legar, Glover 8c Favyn.
Tome V III%
J A S 463
Ërhard, Cellius 8c le prince d’Orârtgô * ajouté
Papebroke, ont donné des deferiptions des cérémô»
nies ufitées à l’inftallation ou à la réception des ehe*
valiers. Un moine de Citeaux, nommé Mendociui
Valetus, a compofé un traité intitulé la jarretière ,
ou fpeculum anglicahum , qui a été imprimé depuis
fous le titre de cathéehifme de l'ordre de la jartetiere j
où il explique toutes les allégories réelles ou préten*
dues de ces ceremonies avec leur fens moral.
Ja rret ière s , ( Littérature.) en Italie comme etl
Grece les femmes galantes fe piquoient d’avoir des
jarretières fort riches ; c’etoit même un ornement des
filles les plus fages , parce que comme leurs jambes
etoient découvertes dans les danfes publiques, les
jarretières fervoient à les faire paroître, & à en relever
la beauté. Nos ufages n’exigent pas ce genre de
luxe ; c’eft pourquoi les jarretières de nos dames ne
font pas fi magnifiques que celles des dames greques
8c romaines. (D . J .)
J ARS, voye^ Oye.
J AS d’An c r e , f. m. ( Marine. ) éflemblage dé
deux pièces de bois de même forme & de même
groffeur, jointes enfemble vers l’arganeau de l’ancre
, 8c qui empêchent qu’elle ne fe couche fur le
fond lorfqu’on la jette en mer ; ce qui eft néceffaire
pour que les pattes de l’ancre puiffent s’enfoncer &
mordre dans le fo n d , foit fable ou vafe. Voyez Anc
r e . (Z ) v
Jas , f. m. (S a lin es.) c’eft , dit le diélionnaire do
Trévoux, le nom qu’on donne dans les maraisfalans
au premier rélervoir de ces marais. Le ja s n’eft fé-
paré de la mer que par une digue de terre revêtue de
pierre feche , 8c on y laifle entrer l ’eau falée par la
varaigne, qui eft une ouverture affez femblable à la
bonde d’un étang, que l’on ouvre dans les grandes
marées , & que l’on ferme quand on veut. Voye^
Marais Sa la n s, Sa lines , &c. ( D . J .)
JASIDE, f. m. (Hiftoire mod. ) les jafides font des
voleurs de nuit du Curdiftan, bien montés, qui tiennent
la campagne autour d’Erzeron , jufqu’à ce que
les grandes neiges les obligent de fe retirer ; & en
attendant ils font à l’affut, pour piller les foibles caravanes
qui fe rendent à T é flis, T au ris, Trébi-
zonde, Alep & T o ca t. On les nomme jafides, parce
que par tradition , ils difent qu’ils croient en Jajide ,
ou Jefus ; mais ils craignent 8c refpeélent encore
plus le diable.
Ces fortes de voleurs errans s’étendent depuis
Monful ou la nouvelle Ninive, jufqu’aux fources de
l’Euphrate. Ils ne reconnoiflent aucun maître, & les
Turcs ne les puniflent que de la bourfe lorfqu’ils les
arrêtent ; ils fe contentent de leur faire racheter la
vie pour de l’argent, & tout s’accommode aux dépens
de ceux qui ont été volés.
Il arrive d’ordinaire que les caravanes traitent de
même avec eu x , lorfqu’ils font les plus forts ; on en
eft quitte alors pour une fomme d’argent, & c’eft
le meilleur parti qu’on puiffe prendre ; il n’en coûte
quelquefois que deux ou trois écus par tête.
Quand ils ont confumé les pâturages d’un quartier
, ils vont camper dans un autre, fuivant toujours
les caravanes à la pifte , pendant que leurs femmes
s’occupent à faire du beurre, du fromage, à élever
leurs enfans, 8c à avoir foin de leurs troupeaux.
On dit qu’ils defeendent des anciens Chaldéens •
mais en tout cas , ils ne cultivent pas la fcience des
aftres ; ils s’attachent à celle des contributions des
voyageurs, 8c à l’art de détourner les mulets chargés
de marchandifes, qu’ils dépayfent adroitement à la
faveur des ténèbres. (D . J .)
JASMELÉE, f . {.(P harm .anc.) efpeced’huileque
les Perfes nommoient auffi jafm e ; on la préparoic
par l’infufion de deux onces de fleurs blanches de
violettes dans une livre d’huile de féfame ; on s’ea
Nnn