... ï a f f l p
i: -la* v ;ÉÉi
i l l m
r 1 ii
Qu’on blâme, fi l’on veut, la fituatlon de ce dernier
château, ce n’eft point la faute ^de le Nôtre ; il
ne s’agit ici cjue de (es.jardins. Qu on dife que les
richefies prodiguées dans cet endroit ftérile y fiéent
suffi mal que la frifure & les pompons à un laid vifa-
ge ; il fera toujours vrai qu’il a fallu beaucoup d’art,
cle génie & d’intelligence, pour embellir, à un point
fingulier de perfection, un des plus incultes lieux du
royaume.
Jettons fans partialité les yeux fur notre fiecle.
Comment décorons-nous aujourd’hui les plus belles
fituations de notre choix, & dont le Nôtre auroit fu
tirer des merveilles ? Nous y employons un goût ridicule
&c mefquin. Les grandes allées droites nous
paroiffent infipides; les paliffades, froides & uniformes
; nous aimons à pratiquer des allées tortueufes,
des parterres chantournés, & des bofquets découpés
en pompons ; les plus grands lieux font occupés par
de petites parties toujours ornées fans grace,fansno-
blefle & fans fimplicité. Les corbeilles de fleurs, fanées
au bout de quelques jours, ont pris la place des
parterres durables ; l’on voit par-tout des vafes de
terre cuite, des magots chinois, des bambochades,
& autres pareils ouvrages de fculpture d’une exécution
médiocre, qui nous prouvent alfez clairement
que la frivolité a étendu fon empire fur toutes nos
productions en ce genre.
Il n’en eftpas de même d’une nation voifine, chez
qui les jardins de bon goût font auffi communs , que
les magnifiques palais y font rares. En Angleterre,
ces fortes de promenades, pratiquables en tout tems,
femblent faites pour être l’azyle d’un plaifir doux &
ferain ; le corps s’y délafle, l’efprit s’y d iftrait, les
yeux y font enchantés par le verd du gazon & des
boulingrins j la variété des fleurs y flatte agréablement
l’odorat & la vue. On n’affe&e point de prodiguer
dans ces lieux-là, je ne dis pas les p etits, mais
même les plus beaux ouvrages de l’art. La feule nature
modeftement parée , & jamais fardée, y étale
fes ornemens & fes bienfaits'. Profitons de fes libéralités,
& contentons-nous d’employer l’induftrie à
varier fes fpeûacles. Que les eaux faflfent naître les
bofquets & les embelliffent ! Que les ombrages des
bois endorment les ruifleaux dans un lit de verdure 1
Appelions les oifeaux dans ces endroits de délices ;
leurs concerts y attireront les hommes , & feront
cent fois mieux l’éloge d’un goût de fentiment, que
le marbre & le bronze, dont l’étalage ne produit
qu’une admiration ftupide. Voye£ au mot Jardin
ÎTEden, la charmante defcription de Milton ; elle
s’accorde parfaitement à tout ce que nous venons de
dire. (D .J .)
Ja rd in d'Eden, (Géog.facrée.) nom du jardin que
Dieu planta dès le commencement dans Eden, c’eft-
à-dire, dans unlieu de délices, comme porteletexte
hébreu. Tandis que les favans recherchent fans fuc-
cès lapofition de cette contrée ( voyeç Eden & Pa ra
d is t e r r e s t r e ) , amufons-nous de la defcription
enchanterelfe du jardin même, faite par Milton.
A blisfullfidd , circled with groves o f myrrh ,
And flowing odours , cajjia , nard , and balm ,
A wildernerf offweets ! for nature here
Wantonn'd as in prime, and play'd at will
Her virgin fancies , pouring forth more fweet
Wild, above rule or art, enormous blisf!
Out o f this fertile ground, God caufed to grow
A ll trees o f noblefl K ind forfight ffmell, tafie ,
And all amidflthem , flood the Tree o f life.
High eminent, blooming ambrofial fruit
O f vegetable gold ; and next to Life ,
Our death , the Tree o f Knowledge , grewfafi by.
A happy rural feat, o f various view !
Groves , whofe rich trees wept odorous gums , and balm ;
Others whofe fruit, burnish'd with golden rind
Hung amiable ; Hefptrian fable true ,
I f true, here only , and o f delicious tafie !
Betwixt them lawns, or level-downs , and flocks
Grafing the tender herb, were interpos'd ;
Or palmy hillock , or the flowry lap,
Offome irrignous valley 9fpread her flore ;
Flow'rs o f all hew , and without thorn , the rofe .*
Another fide , umbrageous grots, and caves
O f cool recefs , o'er which the mantling vine
Lays forth her purple grapes, and gently creeps
Luxuriant. Mean while murm'ring water fa ll
Down thefiope hills, difpers'd , or in a lake
That to the fringed bank , wiht myrtle crown'd ,
Her cry fia i, mirrour holds, unite their flreams.
The birds their choir apply : Airs , vernal airs ,
Breathing the fmell o f field and grove , attune
The trembling leafs , while univerfal Pan ,
Knit with the graces, and the Hours in dance ,
Led on th' eternal fpring........
Thus was this place. (D .J .)
Ja r d in , f. m. (Marine.') nom que quelquesriins
donnent aux balcons d’un vaiffeau ,lorfqu’ils ne font
point couverts. (Q )
Ja r d in , (Fauconnerie J) on dit donner le jardin ,
& jardiner le lanier, le facre, l’autour, &c. c’eft l’ex-
pofer au foleil dans un jardin , ou fur la b arre, ou
fur le roc , ou fur la pierre froide. JARDINS de Baby lone , (Hifi, anc.) les jardins de
Baby lone ou de S émir amis ont été mis par les anciens
au rang des merveilles du monde, c’eft-à-dire
des beaux ouvrages de l’art. Ils étoient foûtenus
en l’air par un nombre prodigieux de colonnes de
pierre, fur lefquelles pofoit un aflemblage immenfe
de poutres de bois de palmier ; le tout fupportoit un
grand poids d’excellente terre rapportée, dans laquelle
on avoit planté plufieurs fortes d’arbres, de
fruits & de légumes, qu’on y cultivoit foigneufe-
ment. Les arrofemens le faifoient par des pompes
ou canaux, dont l’eau venoit d’endroits plus élevés.
Avec la même dépenfe , on auroit fait dans
un terrein choifi des jardins infiniment fupérieurs
en goût, en beauté & en étendue ; mais ils n’au-
roient pas frappé par le merveilleux, & l’on ne fau-
roit direjufqu’à quel point les hommes en font épris. HH JARDINAGE, 1 s jardinage eft Part déplanter, de
décorer & de cultiver toutes fortes de jardins ; il fait
partie de la Botanique.
Cet art eft fort étendu, & a plufieurs branches ,
fi l’on fait attention à toutes les différentes parties
qui compofent les jardins , voyc{ Ja r d in . On ne
peut douter que ce ne foit une occupation très-
noble , dont les Grecs & les Romains faifoient leurs
délices. Pline (Hiß. nat. Uv. X V I I I . chap, iij.) nous
le fait fi bien connoître par ces mots , imperatorum
olim manibus colebantur agri. Les philofophes les plus
diftingués ont fuivi leur exemple , & nous lifons
dans Goetzius, de eruditis hortorum cultoribus differta-
tio y Lubec 1706, qu’Epicftre ,Théophrafte, Démo-
crite, Platon, C a ton , Cicéron, Columelle, Pallat-
dius, Warron, & autres ont aimé \c jardinage. Feu
Gafton frere de Louis XIII. Louis XIII. Louis X IV.
Monfieur frere unique de Louis XIV. les princes
mêmes de nos jours n’ont pas dédaigné, après leurs
travaux guerriers, de s’y appliquer;
JARDINEUX, adj. terme dejouaillier, on appelle
émeraude jardineufe celle dont le vert n eft pas d’une
fuite , qui a quelque ombre qui la rend mal nette ,
des nuées &c veines à travers des poils, des brouil»
lards, un air-brun entre-courant & entre luifant, un
éclat engourdi, foible & plein de crafle. Voye^ Emeraude.
JARDINIER, f. m. (Art Méch, ) eft celui qui a
1W d’înVehter, de drefler, tracer, plâtttef > élever
& cultiver foutes fortes de jardins, il doit outre cela
connoître le caraétere de toutes les plantes , pour
leur donner à chacune Ia*culture convenable.
Les différentes parties des jardins détaillées au ’
tnot Ja rd in , font juger qu'un jardinier ne peut guere
les poffeder toutes ; l’inclination, le goût l’entraîne
vers celle qui lui plaît davantage : ainfi on appelle
celui qui cultive les fleurs unjardinier-fleurifie, celui
qui prend foin des orangers un orangifte (D a v ile r ) ,
des fruits uu fruitier, des légumes & marais un ma-
rechais , des Amples un flmplicifle (Furetiere), des
pepinieres un pepinerifle (la Quintinie & Daviler*)
On ne donnera point le détail des travaux d’un
jardinier dans chaque moisdel’année. 11 fuffitde dire
qu ils doivent être continuels , qu’ils fe fuccedent,
& font préfque toûjours les memes. La faifon de
l’hiver, qui en paroît exempte, peut être utilement
employée à retourner les terres ufées j à les améliorer,
& à faire des treillages , des caiflès & autres
■ ouvrages.
JARDINIERE, f. f. (Brodeur.) petite broderie
étroite & légère en fil, exécutée à l’extrémité d’une
manchette de chemife ou de quelqu’autre vêtement
femblable.
JARDON ou JARDE , f. m. (Maréchallerie. ) ti »
meur calleufe & dure qui vient aux jambes de dej-
riere du ch eval, & qui eft fituée au-dehofs du jarret,
au lieu que l’éparvin vient en-dedans. Voy:?
E p a r v in .
Les jardons eftropient le cheval lorfqu’on n’y met
pas le feu à-propos. Ce mot fignifie auffi l’endroft
du cheval oti cette maladie vient. Soleifel.
, JARETTA 'la , (Géog.) riviere de Sicile dans la
-vallee de Noto, ou pour mieux dire, ce font divers
e s petites rivières réunies dans un même l i t , qui
prennent le nom de \<iJaretta, laquelle, va fe perdre
dans le golfe dé Gatarie. (D . J .)
' JARGEAÛ ou GERGEAU , ( Géog. ) ancienne j
ville de France dans l’Orléannois fur le bord méridio-
■ nal de la Loire, avec un pont qui faifoit un paffage
. important durant les guerres civiles. Le roi Charles
VII. tint fes grands jours .dans cette ville en 143Q,
& LouisXI. y maria fa fille Jeanne de France avec
Pierre de Bourbon comte de Beaujeu , le 3 de Novembre
1473. /rfrgea« n’eft pas le Gergovia d eCifar,
.mais, elle eft cpnnue fous le nom de Gergofiluni dans
le 9e fiecle ; & dans le 10e, elle appartenoit à l’églife
d Orléans ; auffi l’évêque d’Orléans en eft encore le
feigneur temporél ; elle eft à 4 lieues S. E. d’Or-
4féans^a8 S. O. de Paris. Long, ig . f 5. lat. 47, J 0,
* JARGON, f. m. (Gram. ) cë mot a plufieurs
acceptions. Il fe dit i°. d’un langage corrompu, tel
qu’il fe parle dans nos provinces. 20. D ’une lan'oue
fattice,dont quelques perfonnes conviennent pour
o^A^er Cn <:omPaSIfie & n’être pas entendues.
3 - D un certain ramage de fociété qui a quelquefois
Ion agrément & fa fineffe , & qui fupplée à l’efprit
véritable , àiibon fens, au jugement, à la raifon &
aux connoiflances dans les perfonnes qui ont ùh
grand ufage du monde ; celui-ci ;cbnfifte dans des
tours de phrafe particuliers, dans un ufage fingtilier
des mots , dans l’art de relever de petites idées froi-
; d es, puériles, communes , par une expreffion rè-
cherchée. On peut le pardonner aux femmes : il eft
indigne d’un homme. Plus un peuple eft futile &
S » PIus 3 de jargon. Le précieux, ou cette
. affectation de lafigage fi oppofée à la naïveté , à la j
v en te , au b°n g0flt & à la franchife dont la nation
etott înfeétee , & qUe Molieré décria en •une foi-
, ree ,tu t Une efpece d e jargon. On a beau corriger ce
mot;argon par les^ épithetes de jo li, d’obligeant , de
délicat, d ingénieux , il emporte toûjours avec lui
«iis idée dé frivolité. Oh diftingue quelquefois Ce»
taines langues anciennes qu’on regarde comme fim->
pie$, Unies & primitives y d’autres langues modernes
qu’on regarde Comme compofëes des prem ières,
p arle m orde jargon. Ainfi l’on dit que l’italien,
lefpagnoi & le françois ne font que des jargons la-
tinsi En ce fens , le latin ne fera qu’un jargon du
grec & d’une autre langue ; & il n’y en a pas une
dont on n en put dire autant, Ainfi cette diftindtiort
des langues en langues primitives & en jargons . eft
lans rondement. Voye[ l’article Lan g u e.
Jargons 4 . m. (fiÿ.nct.i«A<,&g,.)no’màiietlon-
nent quelques auteurs à un dia niant jaune, moins dur
que le diamant véritable. On appelle a u jargons
des cryftallifations d’un rouge-jaunâtre, & qui imb
tenr un peu les hyacinthes j elles viennent d’Efpa^ne
& d Auvergne, 0
JARIBOLOS , f, m. (Ahtiq.) divinité palmyré-
menne, dont le nom fe lit dans les infcriptions des
ruines de Paimyre. Elle a voit, félon les apparences;
les mêmes attributs que le dieu Lunus des Phéniciens,
je veux dire une couronne fur la tête, & un
croiflant derriefe les épaulés ; car jari fighifie lé
mots auquel la lune préfide. Jaribolus n’eft peut-
être que Baal ou B élus. Le foleil qui tourne en différentes
maniérés , à caufe de la difficulté d’eXprimei*
les mots orientaux en Carafrères grecs,a été la principale
divinité des Phéniciens & Palmyréniens ; dé
ce mot de baal ow belüs ont été formés malakbelus ,
aghbolus , jaribolus , & autres femblables qu’on
trouve dans les infcriptions. (D . J .)
JARJÜNA, f. m. (Bot. exotiq.) arbre qui croît
dans l’île.de Huaga & qui rèffemble au figuier.. Il
porte un fruit oblong d’un palme, mou comme la
figue, favonneux & vulnéraire; on emploie fa feuille
dans les luxations. Ray.
JARLOT ou RABLURÊ, (Marine.) g’eft une
entaille faite.dans la quille, dans 1-étrave & dans
1 etambord d un bâtim ent, pour y faire entrer une
partie du bor,dage qui couvre les membres du vaifr
leau. Vçye^ R a b lu re. (Q )
JARNAC, (Géog.) bourg de France dans PAn*
goumois fur la Charente , à z lieues de Co gn a c ,6
N. O. d’Angoulême, 100 S. ü . de Paris. Long. /-Jd.
22.'. lat. 4$. 40.
C eft à la bataille donnée fous les murs de'ce
lieu en^i 569, que Louis de Bourbon fut tué à la fleuf
de fon âge , & traitreufément, par Monrefquioo capitaine
des gardes du duc d’Anjou, qui fous lenôm
d’Henri III. monta depuis fur le trône ; ainfi périt
(non fans foupçon des ordres fecrets de ce’prince)
le frçre du roi de Navarre pere d’Henri IV. U réu-
niffoit à fa grande naiffance toutes les qualités du
héros & les vertus du fage-? fa vie n’offre qu’un mélange
d’é vénemens finguliers ; 'la faâion des Lôr-î
rafns l’ayarft fait condamner irijuftement à perdre la
tete,il ne dutfônfalutqu’au décès déFrançois II. qui
arriva dans cette conjoncture : il fut enfuite fait pri-
fonnier à la bataille de-•Dreux en changeant de
cheval, & conduit au duc de Guife fon ennemi mcrr-*
°?a‘s B k reçut avec les maniérés & les procédés
les plus propres à adoucir fon infortune ; ils.
mangèrent le loir à la même tablé , & comme il ne
fe trouva qu’ün l i t , les bagages ayant été perdus
ou difperfes , il couchèrent enfemble, ce qui eft, je
penfe, un fait unique dans l’hiftoire. Henri de Bou-r^
bon mort empoifonné à S . Jean d’Angely, ne dégé>*
nera point du mérite de fon illuftre pere ; les malheurs
qu’ils éprouvèrent l’un & l ’autre dans l’efpace
d’une courte v ie , & qui finirent par une mort prématurée
, arrachent les larmes'de ceux .qui eu li*
fent le récit dans M. de Thou , parce; qu’on s’inté-
reffe aux gens vertu eu xôc .qu ’on Youdroit lés voif