54* J E U Tous ccs jeux font ranges fur les fomhuers ou
pièces gravées, en telle forte que l’organifte laiffe
aller le vent à tel jeu qu’il lui plaît, en ouvrant
le re«iftre qui palfc fous les piés des tuyaux, & à
tel tuyau de ce jeu qu’il lui plaît, en ouvrant la
foûpape qui ferme la gravure fur laquelle le tuyau
répond. Voye{ Sommier de grand Or g u e , &•
l'article ORGUE.
On laiffe partir ordinairement plufieurs jeux à-la-
fois , ce qui forme des jeux compofés ; le principal
des jeux compofés s’appelle plein je u , qui eft la montre
& le bourdon de 16 piés, le bourdon de 8 piés
ouvert, le preftant, la doublette, la fourniture, la
cimballe & la tierce.
Les autres jeux compofés fonrà la diferétion des
Organiftes qui les compofent chacun à leur gré, en
prenant dans le nombre prefque infini de combi-
naifons qu’on en peut faire celles qui leur plaifent le
plus, ce dont ils s’apperçoivent en tâtant le clavier.
Cependant on peut dire que de toutes les combinai-
fons poffibles de ces différens/e«** pris z à 2 ,3 à 3,
4 à 4 , &c. quelqu’unes doivent être exclues : telles,
par exemple, que celles dont les fons correfpon-
dans à une même touche, forment une diffonance
comme les tierces & la quarte de nazard. Voyeç la
table générale du rapport & de l'étendue des jeux de
l'orgue. J eu , terme de Fauconnerie. On dit donner le jeu
aux autours, c’eft leur laiffer plumer la proie.
Jeu , terme de tripot ; c ’eft une divifion d’une partie
de paume : les parties font ordinairement de huit
jeux ; chaque jeu contient quatre coups gagnés ou
quinze; le premier fe nomme quinze ; le fécond
trente; le troifieme quarante-cinq ; & le quatrième
jeu. Quand les joueurs ont chacun un quinze, on
dit qu’ils font quin^ains ; quand ils ont chacun trente
, on dit qu’ils font trentains ; quand ils ont chacun
quarante-cinq, cela s’appelle être en deux ; & pour
lors il faut encore deux coups gagnés de fuite pour
avoir le jeu : le premier fe nomme avantage, & le
fécond jeu.
Lorfque les deux joueurs ont chacun fept je u x ,
ils font ce qu’on appelle à deux de jeu; alors la partie
eft remife en deux jeux gagnés de fuite, dont le
premier fe nomme avantage de jeu.
Cette acception du mot je u , eft commune à prefque
tous les jeux qui fe jouent par parties. La partie
eft compofée de plufieurs jeu x , & celui qui le premier
a gagné ce nombre de jeux a gagné la partie.. J eu ( l'île d ', ) Géog. petite île de l’Océan, fur
les côtes de Poitou, à environ 13 lieues de la contrée
qu’on nomme VArbauge ; c’eft à tort que quelques
uns appellent cette île Vile de l'O ie , d’autres
l'île des OEufs, d’autres l'Île-Dieu, d’autres enfin,
File de Dieu ; il faut dire Vîle-Dieu , fuivant M. de
Valois, dans fa not. G ail. p. 390. ( D . J. )
JEUDI, f. m. ( Hifi. 6* Chron.j eft le cinquième
jour .de la femaine chrétienne, oc le fixieme de la
femaine judaïque. Ce jour étoit confacré par les
payens à la planete de Jupiter, & ils l’appelloient
dies Jovis, d’où lui eft venu fon nom. Voye^ Jour
& Sem aine, (G )
JÉVER, (Géog.) petite ville d’Allemagne en
Weftphalie, au pays de Jéverland, auquel elle donne
fon nom. Le Jéverland ne s’étend en long & en
large que trpis milles,, & contient 18 paroiffes, plufieurs
châteaux, monafteres, & églifes ; il appartient
à lamaifond’Anhalt-Zerbet. ( D . J .)
JEUMERANTE, outil de Charron ; c’eft une petite
planche de bois plat, formant la fix ou huitième
partie d’un cercle qui fert aux Charrons de patron
pour faire les gentes de roues. Voye^ nos Flanches
du Charron. •
JEUNE, voyt{ l'article Jeunesse.
JEU J e u n e , ( Jardinage. ) comme on compte l’âge
d’un bois, on dit un jeune, un vieux bois, & de
même un jeune arbre, un vieil arbre.
Jeune , ( Vénerie. ) les jeunes cerfs font ceux qui
font à leur deuxieme, troifieme, & quatrième tête;
ils peuvent pouffer jufqu’à huit, d ix, & douzean-
douilleres , fuivant les pays.
JEÛNE , f. m. ( Littérat. ) abftinence religieufe,
accompagnée de deuil & de macération.
L’ufage du jeûne eft de la plus grande antiquité ;
quelques théologiens en trouvent l’origine dans le
paradis terreftre, où Dieu défendit à Adam de manger
du fruit de l’arbre de vie ; mais c’eft-là confondre
le jeûne avec la privation d’une feule chofe. Sans
faire remonter fi haut l’établiffement de cette pratique
, &c fans parler de fa folemnité parmi les Juifs,
dont nous ferons un article à part, nous remarquerons
que d’autres peuples, comme les Egyptiens,
les Phéniciens, les Afi'yriens x avoient auffi leurs
jeûnes (àcrés ; en Egypte, par exemple, onjeûnoit
folemnellement en l’honneur d’Ifis, au rapport d’Hérodote.
Les Grecs adoptèrent les mêmes coutumes : chez
les Athéniens il y avoit plufieurs fêtes, entr’autres
celle d’Eleufine , & des Thefmophories, dont l’ob-
fervation étoit accompagnée de jeûnes, particulièrement
pour les femmes , qui paffoient un jour entier
dans un équipage lugubre, fans prendre aucune
nourriture. Plutarque appelle cette journée, la plus
trifte des Thefmophories : ceux qui vouloient fe faire
initier dans les myfteres de Çybèle , étoient obligés
de fe difpofer à l’initiation par un jeûne de dix
jours ; s’il en faut croire Apulée, Jupiter, Cérès,
& les autres divinités du paganifme, exigeoient le
même devoir des prêtres ou prêtreffes, qui ren-
doient leurs oracles ; comme auffi de ceux qui fe
préfentoient pour les confulter ; & lorfqu’il s’agif-
ioit de fe purifier de quelque maniéré que ce fû t ,
c’étoit un préliminaire indilpenfable.
Les Romains , plus fuperftitieux que les Grecs
pouffèrent encore plus loin l’ufage des jeûnes; Numa
Pompilius lui-même obfervoit des jeûnes périodiques
, avant les fàcrifices qu’il offroit chaque année,
pour les biens de la terre. Nous lifons dans Tite-
L iv e , que les D écemvirs, ayant confulté par ordre
du fénat, les livres de la fybille, à l’occafion de plufieurs
prodiges arrivés coup-fur-coup, ils déclarèrent
que pour en arrêter les fuites, il falloit fixer
un jeûne public en l’honneur de Cérès, & l’obfer-
ver de cinq en cinq ans : il paroît auffi qu’il y avoit
à Rome des jeûnes réglés en l’honneur de Jupiter.
Si nouspaffons aux nations afiatiques, nous trouverons
dans les Mémoires du P. le Comte , que les
Chinois ont de tems immémorial, des jeûnes établi^
dans leur pays , pour les préfer ver des «années de
ftérilité, des inondations, des tremblemens.de terre,
& autres defaftres. Tout le monde fait que les Ma-
hométans fuivent religieufement le même ufagé ;
qu’ils ont leur ramadan, & des dervis qui pouffent
au plus haut point d’extravagance leurs jeûnts &
leurs mortifications.
Quand on réfléchit fur une pratique fi généralement
répandue, on vient à comprendre qu’elle s’eft
établie d’èlle-même, & que les peuples s’y font d’abord
abandonnés naturellement. Dans les affligions
particulières, un pere, une mere, un enfant chéri ,'
venant à mourir dans une famille, toute la maifon
étoit en deuil, tout le monde s’empreffoit à lui rendre
les derniers devoirs ; on le pleurait; on Iavoit
fon corps; o n l’embaumoit ; on lui faifoit des obfe-
ques conformes à fon rang : dans ces occafions,
on ne penfoit guere à manger, on jeûnoit fans s’en
appercevoir.
De même dans les defolations publiques, quand
un
J Ë Ü üfi étatetôït affligé d’une féchèreffe extraordinaire,
de plaies exceflives ; de guerres cruelles, de maladies
contagieufes; en Un mot de ces fléaux ôii la
Force & l’induftrie ne peuvent rien; on s’abandonne
aux larmes; on met les defolations qu’on éprouvé
fur la colere des dieux qu’on a forgés ; on s’humilie
devant eux ; On leur offre les mortifications dé l’ab-
ftinence ; les malheurs ceffent ; ils ne durent pas toujours
; on fe perfuade alors qu’il en faut attribuer
la caufe aux larmes & au jeûne, & on continue d’y
recourir dans des conjonctures femblables.
Ainfi les hommes affligés de calamités particiilie-
fes ou publiques, fe font livrés à la trifteffe, & ont
négligé de prendre de la nourriture ; enfuite ils Ont
envifagé cette abftinence volontaire comme un aéte
de religion. Ils ont cru qu’en macérant leur corps ;
quand leur ame étoit defolée * ils pouvOient émouvoir
la miféricorde de leurs dieux ou de leurs idoles
: cette idée faififfant tous les peuples, leur a inspiré
le deuil, les voeux, les prières, lesfatrifices,
les mortifications, 6c l’abftinence. Enfin, Jelus-Chrift
étant venu fur la terre, a fanûifié le jeûne, & toutes
les feétes chrétiennes l’ont adopté ; mais avec un
difeernement bien différent ; les unes en regardant
fuperftitieufement cette obfervation commeune oeuvre
de falut ; les autres ; en ne portant leurs vûes
que fur la folide piété, qui fe doit toute éntiere à de
plus grands objets. ( D . J . )
JEUNES des Juifs. (Hifi. facrée & propkanc.) Ce
peuple de col roide, toujours attaché à là lettre de
la lo i , fans être capable d’en faifir l ’efprit, a cru dé
tout tems pouvoir racheter fés péchés par des rites
extérieurs, des macérations, des jeûnes. Il en obferva
de lui-même étant en Egypte* De-là vint que Moïfe
entrant dans le génie de cette nation, lui preferivit
un jeûne folemnel pour la purifier dans le defert.
Diverfes conjonctures engagèrent les fouveraihs
facrificateurs à multiplier ces fortes de cérémonies*
L ’hiftoire facrée fait mention de quatre grands jeûnts
réglés que lés Juifs de la captivité obfervoient
depuis la deftruftion de la ville & du temple, en mémoire
des calamités qu’ils avoient fouffertes.
Le premier de ces jeûnes tomboit le 10 du dixiemé
mois j parce que ce jDur-là Nabuchodonofor avoit
mis la première fois le fiége devant Jérufalem. I I .
Rois, x x v . 1. Jérémie, liv . 1.4. Zacharie; V III. ig0
Le fécond jeûne arrivoit le 9 du quatrième mois;
à caufe que ce jour-là la ville avoit été prife* II.
R o is , x x v . 3. Jérémie ; X X IX . z . Zacharie, V III.
•S * . * < , , .
Le troifieme jeûne fe célébroit le 10 du cinquième
mois> parce qu’en ce jour la ville & le temple avoient
été brûlés par Nébuzaradan* Jérémie, L I I . rz. Zacharie,
VII. 3 . & V III. 1.9*
Le quatrième jeûne fe folemnifoit le 3 du feptieme
mois, parce que dans ce jour Gnédalia avoit été
tué; & qu’à l’occafion de cet accident le refle dii
peuple avoit été difperfé & chafle du pays, ce qui
avoit achevé de le détruire* Jérémie, X L L 1. Zacharie,
VII. 3. & VIII. <s>.
Les Juifs obfervent encore aujourd’hui ces quatre
grands jeûnts, quoiqu’ils ne foient pas fixés exactement
aux mêmes jours dans leür préfent calendrier,
que dans le premier*
Leur préfent calendrier, pouf le dire en paffant,
a été fait par R . Hillel, vêts l’an 360 de Notre Seigneur*
Leur année ancienne étoit une année lunaire
qu’on accordoit avec la folaire par le moyen des
intercalations ; la maniéré en eft inconnue : ce qu’il
y a de certain, c’eft qu’elle avoit toûjotirs fon commencement
à l’équinoxe du printems, faifon à laquelle
le provenu dé leurs troupeaux & de leurs
champs, dont 'l’ufageétoit requis dans leurs fêtes de
Pâques & de Pentecôte, le fixoit néeeffairement.
Tome V III,
J Ë Ü Ôutré Ces grands jeûnes uniVerfels, il f avoit deà
jeûnes de furérogation deux fois par femaine, ddnfc
ceux qui fe piquoiertt de régularité, fe faifoient uné
loi particulière ; & l’on voit qu’ils étoient en ufagé
du tems de J. C . puifque le Pharifien dé l’évangilé
fe glorifioit de les garder religieufement yjejufio bis
fabbato ; dit-il*
Ils avoient en outre les jeûnts cîeS vieilles & dés
nouvelles lunes, c’eft-à-dire des derniers jours de
leurs mois lunaires, & des jeûnes de l’anniverfaire
de la mort de leurs proches parens & intimes amis:
Enfin on a vû des Juifs qui jeûnoient un certain
jour de l’année, en mémoire de la verfion des fep-
tante, pour expier cette lâche condefcendance dé
leufs docteurs pour un prince étranger; & cette prévarication
iniigne contre la dignité de leur loi qui dans
leur opinion n’àvoit été faite que pour eux lèuls.
Je n’entrerai point dans le détail des oblervaUces
dont ils âccompagnoient ces a&es d’humiliation ;
ce font des choies connues de tout le monde ; on
fait que leurs abftinences devoierit durer 27 ou 18
heures; qu’elles commençOient a va t le coucher du
foleil, & ne fimffoient que le lendemain quand les
étoiles paroiffoient ; qu’ils prenoient ces jours-là des
furtous blancs faits exprès, en ligne de pénitence ;
qu’ils le couvraient d’un lac ; qu’ils fe couchoient
fur la cendré ; qu’ils en mettoient fur leur tête , de
dans les grandes occaiions fur l’arche de l’alliance 2
que plufieurs paffoient toute la nuit & le jour fui-
vant dans le temple, en prières ; en leûures triftes;
les piés nuds 6c la diicipüne à la main * dont ils
s’appliquoientdes coups par compte & par nombre}
qu’enfin pour couronner régulièrement leurs abftinences
, ils fe contemoient de manger le loir du pain
trempé dans l’eau , &c du fel pour tout aiiàifonne-
ment, y joignant quelquefois des herbes ameres ;
avec quelques légumes.
Mais ceux qui louhaitéront s'inftruire particulièrement
de toutes ces chofes, peuvent confuiterMai-
monides, Léon de Modène, Buxtorf, Bafnage, &C
plufieurs autres fa vans qui ont traité à fond deà
cérémonies judaïques ; anciennes & nouvelleSi
wÊBÈ
J e û n e , (Médecine.) la privation totale des ali-
mens ,aü k heures où on à coutume d’en prendre, eft
foùvént d’un aufli grand effet pour prélerver des
maladies, ou pouf empêcher les progfès de cellés qui
commencent, que la modération dans leur ufagé
eft utile & néceffaire pour conlèrver la lànté : ainfi
les perfonnes d’un tempéfament foible, délicat, fe
trouvent très-bien non-feulement de diminüér dé
tems en tems la quantité Ordinaire de leur nourriture,
iriais encore de s’abftenir entièrement de manger,
en retranchant par intervalles quelque repas ;
ce qui eft fur-tout très-falutaire dans le cas de pléthore
, comme lôrfqu’on a paffé quelque tems lans
faire autant d’exercice qu’à l’ordinaire, lorlqu’on à
été expofé pàr quelque caufe que ce lbit, à quelque
fuppreffionde la tranfpiration inlenfible, ou de toute
autre évacuation néceffaire ou utile ; lorfque les humeurs
condénfées par le froid & la plus grande action
des vaifféaux qui en eft une fuite > fe difpofent
à tomber eh fonte ; par le retour de la chaleur dé
^a^r*
C ’eft pourquoi le jeûne que pratiquent les Chrétiens
à l’entrée du printems,femble ne devoir être regardé
comme une loi de privation agréable à Dieu, qu autant'qu’elle
eft une leçon de tempérance, un précepte
médecmal; uhe abftinence fa 1 utaire qui tend
à préferVer des maladies de la faifon, qui dépendent
principalement de la furabondance des humeurs.
Le jeûne ne convient pas cependant également à
toute forte de perfonnes ; il faut être d’un âge avancé
pour le bien fupporter, parce qu’on fait alors moiné
Z z z