33* H U D vent d’abord engourdis par le froid , & ne peuvent
rentrer dans les lieux chauds, que la peau de leur vi-
fage ne s’enleve, & qu’ils n’ayent quelquefois les
doigts des pies gelés.
L’on peut encore juger de la rigueur du froid extérieur
, fur ce que le capitaine Middleton rapporte,
que les lacs d’eau dormante, qui n’ont que io à
12 pies de profondeur, fe gèlent jufqu’au fond, ce
qui arrive également à la mer qui fe gèle à la même
hauteur. La gelée eft feulement un peu moindre
dans les rivières qui font plus près de la mer, &
où la marée eft forte.
Le grand froid fait fendre quelquefois cette glace
avec un bruit étonnant, prelque aufli fort que celui
du canon.
Il y a donc lieu de croire que le froid qu’on
éprouve à la baie (CHudfon, eft pour le moins aufli
grand que celui qu’on relient en Sibérie, même à
Jenifeskoi, dont on peut voir l’article ; mais pour en
être parfaitement sûr, il faudroit avoir des obfer-
vations du thermomètre à la baie <THudfon, & nous
n’en avions pas encore en 1750. La fociété royale
eft ici priée de nous en procurer à l’avenir ; ce foin
n’eft pas indigne d’elle. ( D .J . )
HUDSON (Compagnie de la baie d’ ) Commerce.
Société de négocians anglois qui fe forma vers le
milieu du dernier fiecle pour le commerce de cette
partie la plus feptentrionale de l’Amérique, où les
Européens ayent des colonies.
Les belles pelleteries que Hudfon rapporta de
cette baie, où il avoit été obligé de palier l’hiver
après fa découverte, perfuada fa nation qu’on pou-
voit y établir un commerce avantageux de cette
précieufe marchandife. Alors plulieurs négocians
anglois formèrent une fociété, & envoyèrent fur
les lieux le capitaine Nelfon, qui fonda la première
colonie de cette baie, & éleva un fort de fon nom
à l’embouchure d’une grande riviere qui s’y jette,
& qui prend fa fource du lac des Alflnipouals.
En 1670, une charte de Charles II. en faveur du
prince Robert & de fes aflbciés, leur accorda incon-
fidérément pour toujours en propriété toutes les
terres voilines & au-delà de la baie de Hudfon,
qui ne font point occupées par quelque autre peuple
, avec le commerce exclulif de peaux d’ours, de
martres, d’hermines, & autres fourrures abondantes
dans ces contrées.
La colonie fut déclarée , par cette charté, relever
du château royal de Greenwich, dans le comté
de Kent ; S. M. B. ne fe réfervant que la foi & hommage,
avec une redevance de deux élans & de
deux caftors noirs par an , payables quand ils feraient
demandés.
Pour le gouvernement de la compagnie , on établit
un gouverneur, un député & fept dire&eurs.
Son premier fonds capital étoit de 10500 livres
fterlings([341500liv.tournois); & ce fonds modique
, qui fut fuffifant pour les dépenfes de l’établif-
fement, a fi-bien profpéré, qu’en 1690 la compagnie
, pour mettre quelque proportion entre fes dividendes
& fon capital, prit le parti de le tripler en
apparence par un appel fimulé fur fes aâionnaires
enlorte que chacun d’eux, fans rien débourfer, vit
avec joie fes fonds tripler ; & pour dire quelque
chofe de plus, les a&ions de cette compagnie ont
valu jufqu’à 500 livres fterlings. Il eft vrai que les
guerres prefque continuelles qu’il y a eu entre la
France & la Grande-Bretagne jufqu’à la paix d’U-
trecht, ont fouvent apporté de grandes diminutions
à la valeur des avions de cette fociété.
Les François & les Anglois fe font alternativement
plufieurs fois chaffés de leurs établiflèmens,
les uns pour confirmer leur commerce de pelleterie
fur le lac fupérieur, les autres pour fe maintenir
HU E dans le même négoce qu’ils âvoient attiré à la baie
de Hudfon.
Enfin, cette baie a été rendue à l’Angleterre par
le traité d’Utrecht ; & les François qui s’en étoient
emparés pendant la guerre pour la lucceflion d’Ef-
pagne, & qui y avoient conftruit de nouveaux forts,
l’abandonnèrent dans l’état qu’elle fe trouvoit.
La compagnie d'Hudfon, au moyen de la paix dont
l’Angleterre a joui depuis I7i2jufqu’en 1720, augmenta
jufqu’à 103500 liv. fterlings (2280500 liv*
tournois ) fes fonds, qu’elle eftima (morts & vifs )
94500 livres fterlings (2273 500 liv. tournois.)
En effet, quoique le feul négoce de ce pays-là fe
borne aux pelleteries, il faut que les profits foient
bien grands, puifque les deux nations rivales s’en
difputent de nouveau la polfeflîon, fans fe rebuter
du froid extrême qu’il fait dans cette partie de l’Amérique
, & qui fubfifte fept mois de l’année, pendant
lefquels la neige y tombe ordinairement de d ix
ou douze pieds de haut ; la mer s’y glace à la même
epaifleur, & les arbres & les pierres s’y fendent par
l’exceflive rigueur des gelées : ajoûtez que le pays
ne fournit abfolument rien pour la nourriture, ni
pour le vêtement des habitans de ces triftes & mal-
heureufes contrées.
Au refte, l’auteur françois qui a pris, dans un
petit ouvrage fur le commerce, le nom de Nickole,
a fait voir combien la compagnie de la baie d'Hudfon
eft un exemple fenfible & déplorable de cette v érité,
qu’une compagnie exclüfive peut jouir long-
tems du négoce le plus lucratif, & négliger toutes
les facilités qu’elle a de l’augmenter, au mépris de
fon devoir & de l’intérêt de la nation dont elle eft
membre. {D . J. )
HUDWICHWALD, ( Géog, ) ville maritime de
Suede, capitale de l’Helfingie, fur la côte orientale
du golfe de Bothnie, entre les îles d’Agan & de Hol-
foon. Long. 3 G. 10. latit. Go. 40. ( D .J . }
HUÉ, Sinon, {Géog.) ville d’Afîe, capitale, & la
feule de la Cochinchine, avec un palais fortifié où
le roi fait fa réfidence ; elle eft dans une plaine ,
partagée de l’eft à l’oueftpar un grand fleuve. Long.
132. 40. latit. 17. 40. { D . J . )
HUED-YL-BARBAR, {Géog.) flepve d’Afrique.
Il tire fa fource du Grand-Atlas, près de la ville de
Lorbus au royaume de Tunis, & fe jette dans la
mer près du port deTabure ; c’eft le Rubricatus de
Ptolomée. { D . J . )
* HUÉE, f. f. {Grarnm.) cri. d’improbation de la
multitude. Un mauvais poète fe fait huer au théâtre.
On hue un mauvais a&eur, une mauvaife aftrice.
On hue dans les rues un prêtre ou un moine qui fort
d’un mauvais lieu.
* HUER, v .a f t . {Gram.) c’eftdefaprouver par
une huée. Ce mot eft de Vénerie. On hue le loup ,
.ou on le pourfuit à grands cris. Il eft aufli de pêche.
*On hue le poiflfon ; le poiflbn eft hué ou pouffé par
les cris des pêcheurs vers les filets. On hue, en Fauconnerie
, en imitant le cri du hibou.
HUESCA, ( Géog.) ancienne ville d’Efpagne au
royaume d’Arragon, avec un riche évêché, fuffra-
gant de Saragofe, & une univerfité. Autrefois Ser-
torius, au rapport de Plutarque, y avoit établi une
académie ; on la nommoit alors Ofca. Elle eft dans
un terrain fertile & excellent en v in , fur l’Ifnela,
à 9 lieues N. O. deBalbaftro, 14 N. E.de Saragoffe.
Long. t j . 22. latit. 42.. 2. {D . J .)
HUESCAR, {Géog.) ville d’Efpagne au royaume
de Grenade, dans une plaine, au pied du mont Sa-
g ra , à 2 lieues N. E. de Grenade. Longit. i5, 5o .
latit. 3 j . 32. {D . J .)
HUESNE, {Géogr.) petite île de la mer Baltique
dans le Sund, qui n a rien de remarquable que pour
avoir été le lieu de l’obferyatoir« immortel de T y -
H U E cho-Brahé. Ôn l’appelle plus communément ïPceh,
\ o y e i 'W e e n 6* UraniBo urg . L o n g it. 7o . 40.
m m U * HUEI PACHTLI, f. m.{Hifl.tnod.) douzième
mois des Mexiquains ; il répond à uh jour de notre
Oâobre, leur année commençant au ï6 Février
& ayant dix-huit mois de Chacun vingt jours, On
l’appelle quelquefois feulement pachlli.
HUGRA, ( Géog. ) riviere de Ruflïe qui fe jette
dans celle d’Occa.
HUGUENOT, fubft. &adj. M mod. ) nom
que les Catholiques ont donné par fobfiquet aux
Proteftans Calviniftes ; mais ils n’ont pas appliqué
à ce niot le vrai fens qu’il avoit dans fon origine,
& m Pafquier, ni Ménage, ni le P. Daniel, n’ônt
fçù le deviner. Le voici :
L eveque de Genève qui, fuivant la remarque
de M. de Voltaire, difputoit le droit de foüverai-
nete fur cette ville au duc de Savoie & au peuple,
à l’exemple de tant de prélats d’Allemagne, fut ’
obligé de fuir au commencement du feiziemé fiecle,
& d ’abandonner le gouvernement aux citoyens,qui
recouvrèrent alors leur liberté. Il y avoit déjà depuis
aflèz long-tems deux partis dans Genève, celui
des Proteftans , & celui des Catholiques Romains.
Les Proteftans s’appelloient entre eux Egnots, du
moteid-gnoffm, alliés par ferment; le sEgnots qui
triomphèrent, attirèrent à eux une partie de la faction
oppofée, & chaflèrent le refte. De-là vint que
les Proteftans de France eurent le nom dy Egnots, &
par corruption de Huguenots, dont la plupart des
écrivains françois inventèrent depuis de vaines ou
d odieufes origines. Telle eft l’étymologie de ceux
qui tirent ce mot du roi Hugon , dont on faifoit
peur aux enfans en Touraine : telle eft encore l’opinion
de Caftelnau Mauviflîere, qui dérive ce terme
d’une petite monnoie, qu’on a luppofé valoir une
maille du tems de Hugues-Capet, par où l’on a
voulu figmfièr que les Proteftans ne valoient pas
une maille, & qu'ils étoient une monnoie de mauvais
alloi. Ces infinuations ont fait couler des tor-
rens de fang, { D . J . )
HUGUENOTTE, f. f. {Cuifîne.) gros vaiffeau,
bas & large, de terre cuite & verniffée, où les petites
gens font leur potage, & mettent cuire du
boeuf à la mode, & autres mets qu’on prépare en
les étouffant.
HUI A , {Hift. nat.) nom donné à une pierre qui
reffemble à du lard. Agricola dit qu’on y remarque
une couche blanche, qui environne une matière j
noire ou grife.
H U I L E , f. f. ( Chimie, Pharmacie , Mat. mtdic.
Dicte.) Le fyftème des connoiflances chimiques
bien réfumé, porte à croire qu’il exifte une huile
générale univerfelle, un principe huileux primitif,
très-analogue au foufre commun, du même ordre
de compofition que cë corps, formé même très-probablement
des mêmes principes de l’acide vitrioli-
ques & du phlogiftique.
Le principe huileux, confidére fous ce point de
v u e , ne différera du foufre commun que comme la
plûpart des fubftances végétales & animales different
des fubftances analogues que renferme le régné
minéral, le vinaigre radical de l’acidé du vitriol
par exemple, c’eft-à-dire, par une plus grande atténuation
, un degré fupérieur de fubtilite, une mixtion
plus délicate due aux élaborations propres à
l’oeconomie végétale ou animale, & peut-être à la
furabondance du principe aqueux qui eft particulier
a ces deux régnés. \Jhuile peut être conçue aufli-
commentant au foufre ce qu’une huile reftifîée eft
à la meme huile brute. Ce rapport feroit démontré
lans doute, fi onréufliffoit à porter, par des retti-
gcations, le foufre commun à l’état de téquité fpéj-
H U E 333 | i ‘ 'lie de l’huilé, à décônipofèr Vhiùlt, & à démoü^
trer fes principes Suffi clairement iju’on a démontré
Ceux du foufre, & enfin à côffipoier de i'huile artU
I comme on feit produire du foufre par art,
ce à la former des mêmes principes. O f je crois
1 Dien que ees trois problèmes pratiqués doivent fe
ranger parmi les recherches Chimiques les plus fu-
blimes, mais non pas parmi les tentatives téméraires,
les efforts fupérieurs à l’art. Je crdts même pou.
vtnr me promettre de fournir cette démohflration
Complette , fi ,e retrouve le loifir néceffaire pour
! Continuer, furlanalyfe végétale, les travaux* qud
javots commencés dans le laboratoire de feu M le
Duc d Orléans.
Ce qui augmente la difficulté de l’entreprife, c’eft
que la nature ne préfertte point de cette huile pure
primitive, & que l’art n’eft pas parvenu jufqu’à pré-
lent à dépouiller les moins compofées de tout principe
hetérogene, de tout alliage. Celle de toutes
les huiles connues qui approche le plus de la fimpli-
cite abfolüe, c’eft l’éther des chimiftes modernes .
ou I huile retirée de l’éfprit-de-vin paf l’intermedô
des acides minéraux. Foye^ Ether.
Les diverfes huiles que nous connôiffotts, font
compofées de Yhuile primitive, & d’un autre principe
ou de plufieurs autres principes. Ce font ces
divers principes & leurs différentes proportions qui
en conftituent les genres & les efpeces. Cette idée
de la compofition & des différences effentielles qui
diltinguent les huiles entre elles, e ft , ce me femble ,
plus^ eXaâe & plus lumineufe que celle qu’on s’en
feroit communément, en confidérant chaque efpece
d’fyuile comme un corttpofé ou un mixte effentielle-
ment different ,ôu n’ayant tout au plus de commun
avec les autres efpeces que la phlogiftique ; car il
n’eft pas egal^de dire qu’une telle huile eft formée
par l’union d’un principe huileux univ^rfel, &c de
plus ou moins d’acide ; ou que cette huile admet
plus ou moins d’acide dans là mixtion ou dans fa
compofition primordiale. D ’après la derniere théorie
, que je crois une erreur, on pourra déduire que
l’acide eft un des principes conftitutifs de Yhnile ,
de ce que « fi on triture long-tems certaines huiles
» avec un fel alk ali, Sc qu’on diffolve enfuite" cet
» alkali dans l’eau, il donne des cryftaux d’un véri-
» table fel neutre » ; au lieu que d’après la première
maniéré d’envifager notre objet, cette apparition
d’un fel neutre n’annoncera qu’un acide étranger à
huile, combiné au principe huileux dans celle qui
préfente ce phénomène, de même qu’une fubftance
comme gômmeufe eft combinée au principe huileux
dans les huiles par expreflîon, ou ralkali fixe à une
huile quelconque dans le favon. Et certes, les cOmi-
pofitions aufli intimes que celles d’un corps très-fim-
p ie , tel qu’eft Yhuile, ne fe détruifent pas par des
moyens aufli vulgaires que la trituration avec urt
fel alkali ; c’eft bien une opération d’ün autre ordre
que de démontrer la compofition primitive dô
Yhuile.
On range les diverfes huiles fous le petit nombrô
des clafles générales fui vantes : on a les'huilés effentielles
, les huiles grades, & les huiles empyréuma-
tiques. La feule qualité vraiment générale ou eflèn-
tielle qui convient à toute huile fans exception, c’eft
l’inflammabilité & la mifeibilité à une autre*huile
quelconque.
Huiles effentielles. Toutes les parties des végétaux
qui font aromatiques ou odorantes, cftt moins le
plus grand nombre, contiennent une huile (\ubtilé
légère, volatile, renfermée dans de petites lôgës ou
véficules, fenfibles même aux yeux nudis dans quelques
fujets, comme dans les fleurs d’orange, l’écorce
d’orange, de citron, les feuilles de millepertuis
Cette huile eft libre, exemte de toute union chimie