plique à des chofesplus différentes. x°. Que plus la 1
propriété dont il s’agit eft fimple , & plus Vinduction
eft forte, fuppofant le même nombre d’expériences
; car une propriété fimple doit naturellement découler
d’une nkiniere fort fimple d’un principe fort
fimp e : or quoi dè plus fimple que Teffence d’une
chofe , fur-tout que l’effence générale d’un être uni-
verfel 8c abftrait.
Je trouve donc ici le principe d’analogie fonde
fur l’expérience & fur la fimplicité qui approche le
plus de la vérité. Cependant que l’on n’oublie jamais
que Yinduüion ne nous donne au fond qu’une
fimple probabilité plus ou moins forte : or
dans les fciences néceffaires on demande plus que
la probabilité ; on veut des démonftrations, Scelles
en font fufceptibles. Ne nous laiffons donc pas arrêter
par une lâche parefle, ou feduire par la facilité
de la preuve d’analogie. Je confens que l’on le
férve de ce moyen pour découvrir la v érité, mais il
ne faut paS élever fur un pareil fondement l’édifice
des fciences qui peuvent s’ en paffer.
INDULGENCE, f. f. {Hijt. eccléf. ) rémiffion
donnée par les papes de la peine due aux péchés,
fous certaines conditions prefcrites.
M. l’abbé Fleuri, qui fera mon premier guide fur
cfette matière, commence par remarquer que |ous
les catholiques conviennent que l’Eglifepeut accorder
des indulgences , & qu’elle le doit en certains
cas ; mais il ajoute que c’eft à fes miniftres à dif-
penfer fagement fes grâces, & à n’en pas faire une
profufion inutile ou même pernicieufe.
La multitude des indulgences, Si la facilité de les
gagner devint un grand obftacle au zele des confef-
leurs éclairés. Il leur étoit difficile de perfuader des
pénitences à un pécheur qui pouvoit racheter fes
péchés par une aumône légère, ou par la feule vi-
fite d’une églife ; car les évêques du onzième & du
douxieme fiecle accordoient libéralement des indulgences
à toutes fortes d’oeuvres p ies, comme pour le
bâtiment d’une eglife, d’une chapelle, l’entretien
d ’un hôpital, un pèlerinage à Rome, & même tout
ouvrage utile au public , un pont, une chauffée, le
pavé d’un grand chemin. Plufieurs indulgences jointes
enfemble rachetoient la pénitence toute entière.
Quoique le quatrième concile de Latran qui fe
tint dans le xiij. fiecle, appelle ces fortes 8 indulgences
indiferetes , fuperjlues, rendant méprifables
les clés de l’églife, 8c énervant la pénitence ; cependant
Guillaume évêque de Paris, célébré dans le
même fiecle , foutenoit qu’il revient plus d’honneur '
à Dieu, 8c d’utilité aux âmes de la conftruftion d’une
églife, que de tous les tourmens des oeuvres pénales.
Il prétendoit encore qu’on accordoit avec beaucoup
de raifon des indulgences pour la fondation des hôpitaux
, la réparation des ponts 8c des chemins , parce
que ces ouvrages fervent aux pèlerins & autres per-
fonnes qui voyagent pour dés caufes pieufes.
Si ces raifons étoient folides , continue M.
Fleury, elles auroient dû toucher tous les faints
évêques des premiers fiecles qui avoient établi les
pénitences Canoniques ; mais ils portoient leurs vues
plus loin. Ils comprenoient que Dieu eft infiniment
plus honoré par la pureté des moeurs, que par la conf-
truôion 8c l’ornement des églifes matérielles, par
le chant, les cérémonies, 8c fout le culte extérieur,
qui n’eft que l’écorce de la religion , dont l’ame eft
la vertu. O r , comme la plupart des chrétiens ne font
pàs allez heureux pour fuivre toujours leurs devoirs,
ces fages pafteurs ne trouvèrent point de
meilleurs remedes pour ramener les pécheurs, que
de les engager, non pas à des aumônes, à des vifites
d’églifès, ÔC-à des cérémonies extérieures, où le coeur
n’a point de part, mais à fe punir volontairement
•eux-mêmes en leurs propres perfonnes, par le refranchement
de tous les plaifirs. Aulfi les Chrétiens
n’ont jamais été plus corrompus, que quand les pénitences
canoniques perdirent de leur vigueur, 8c que
les indulgences prirent leur place.
En vain l’Eglife laiffoit à la diferétion épifcopale
de remettre une partie de la pénitence canonique',
fuivant les circonftances, & la ferveur du pénitent^
les indulgences plus commodes fapperent toute pénitence.
Mais on vit avec furprife fous le pontificat
d’Urbain II. qu’en faveur d’une feule bonne oeuvre.,
le pécheur fut déchargé de toutes les peines temporelles
dont il pouvoit être redevable à la juftice divine.
Il ne falloit pas moins qu’un concile nombreux,
préfidé par ce pape en perfonne, pour autorifer cette
nouveauté. Ce concile donc accorda une indulgence,
une rémiffion pléniere de tous les péchés à ceux qui
prendroient les armes pour le recouvrement de la
Terre-fainte.
On avoit bien déjà employé l’invention de racheter
en peu de jours par quelques oeuvres pies des années
de pénitence ; par exemple dans la commutation
de pénitence, les pèlerinages de Rome, de Corn-
poftelle & autres lieux, y entroient pour beaucoup.
Mais comme la croifade en Orient étoit un voyage
pénible à entreprendre, qu’il étoit accompagné de
tous les périls de la guerre, dans un pays éloigné, 8c
contre des infidèles, on crut qu’on ne pouvoit rien
faire de trop en fa faveur. D ’ailleurs l'indulgence te-
noit lieu de folde aux croifés; 8c quoi qu’elle ne donnât
pas la nourriture corporelle, elle fut acceptée
de tout le monde en payement. On fe flatta de fub-
fifter aux frais du public, des riches, des Grecs & des
Mufulmans.
Les nobles qui fe fentoient la plupart chargés de
crimes, entr’autres de pillages fur les églifes 8c fur
les pauvres, s’eftimerent heureux d’avoir rémiffion
pléniere de tous leurs péchés, & pour toute pénitence
leur exercice ordinaire , qui étoit de faire la
guerre, outrel’efpérance, s’ils étoient tués, d’obtenir
la couronne du martyre.
La nobleffe entraîna le petit peuple, dont la plus
grande partie étoit des ferfs attachés aux terres, 8c
entièrement dépendans de leurs feigneurs.En un mot
chacun fe perfuada qu’il n’y avoit qu’à marcher vers
la Terre-fainte pour affurer fon falut. On fait quelle
fut la conduite des croifés, & le fuccès de leurs en-
treprifes.
Cependant l’idée d’Urbain II. fut adoptée, goûtée'
8c perfectionnée par fes fucceffeurs ; quelques-uns
même étendirent le privilège des indulgences aux perfonnes
qui ne pouvant, ou ne voulant point s’armer
pour les croifades , fourniroient un foldat à leur,
folde.
Bientôt ces faveurs fpirituelles furent diftribuées à'
toutes les perfonnes qui fe mirent en campagne contre
ceux que les papes déclarèrent hérétiques en Eu-!
rope. Le lpng fchifme qui s’éleva fous Urbain VI. engagea
même les doubles pontifes de délivrer des in-
dulgences les uns contre les autres. W alfingham moine
bénédictin de l’abbaye de faint Albans, dit là-deffus,'
« qu’ils donnèrent au monde cettè leçon, qu’un ftra-
» tagème, quelque facré qu’il foit, ne devroit jamais
» être employé deux fois dans le même fiecle ».
Néanmoins Alexandre VI. s’en fervoit avec fuccès!
pour payer l’armée qu’il deftinoit à la conquête de
la Romagne. Le cardinal Bembo prétend qu’il vendit
des indulgences en Italie pour près de feize cent marcs
d’or ; 8c c’eft le moindre reproche qu’on puiffe faire
à ce pontife.
Après le pontificat détefté, mais heureux d’Alexandre
VI. ( dit l’auteur de l’hiftoire générale, dont
le tableau terminera cet article ) après le régné guerrier,
8c plus heureux encore de Jules II. Jean de
Médicic fut orné de la thiarre à l’âge de trente-fix
ans, 8c prit le nom de Léon X . La religion n’eut
rien d’auftere fous fon pontificat ; 8c ce qui l’offen-
foit le plus, n’étoit pas apperçu dans une cour occupée
d’intrigues & de plaifirs.
Le prédéceffeur de Léon X . le Pape Jules II. fous
qui la Peinture 8c l’ArchiteCture commencèrent à
prendre de fi nobles accroiffemens, avoit defiré que
Rome eût un temple qui furpafsât fainte Sophie de
Conftantinople, 8c qui fût le plus beau qu’on eût encore'
vû fur la terre. Il eut le courage d’entreprendre
ce qu’il ne pouvoit jamais voir finir.
LéonX fui vit ardemment ce grand projet. Il falloit
beaucoup d’argent, & fes magnificences avoient
épuifé fon tréfor. Il n’eft point de chrétieii qui n’eût
dû contribuer à élever cette merveille de la métropole
de l’Europe; mais l’argent deftiné aux ouvrages
publics , ne s’arrache jamais que par force ou
par adreffe. Léon X . eut recours , s’il eft permis de
fis fervir de cette expreffion, à une des clés de S.
Pierre, avec laquelle on avoit ouvert quelquefois les
coffres des Chrétiens , pour remplir ceux du pape.
Il prétexta une guerre contre les Turcs, 8c fit vendre
dans tous les états de la Chrétienté des indulgences
plénieres, contenant la délivrance des peines
du purgatoire, foit pour foi-même, foit pour lès pa-
rens & amis. Il y eut par tout des bureaux d’indulgences
•, on les affermoit comme les droits de la douane.
Plufieurs de ces comptoirs fe tenoient dans les cabarets
de Rome, 8c l’on y jouoit publiquement aux dez,
dit Guichardin, le pouvoir de tirer les âmes du purgatoire.
Le prédicateur, le fermier, le diftributeur,
y firent de bons profits; le pape lur-tout y gagna
.prodigieufement. On en peut juger fi l’on daigne feulement
fe rappeller, qu’un de fes légats qu’il envoya
Tan 1518 dans les royaumes de Danemark, de Suede,
& de Norvège, les plus pauvres de l’Europe, y vendit
des indulgences pour près de deux millions de florins.
Léon X . toujours magnifique , diffipoit en pro-
fufions toutes ces richeffes, à mefure qu’elles lui arrivaient.
Mais le malheur voulut qu’on donna aux Dominicains
la ferme des indulgences en Allemagne ; les Au-
guftins qui en avoient été long-tems poffeffeurs, en
furent jaloux, 8c ce petit intérêt de moines dans un
coin de la Saxe, deffilla les yeux des peuples fur le
trafic fcandaleux des indulgences, 8c produifit trois
cens ans de difeordes , de fureurs , 8c d ’infortunes
chez trente nations. ( D . J. )
Indu lgen ce , f. r. (Morale) c’eft une difpofition
à fupporter les défauts des hommes, 8c à pardonner
leurs fautes ; c’eft le caraûere de la vertu éclairée.
Dans la jeuneffe, dans les premiers momens de l’en-
thoufiafme, pour l’ordre 8c le beau moral, on jette
un regard dédaigneux fur les hommes qui femblcnt
fermer les yeux à la vérité, 8c s’écartent quelquefois
des routes de l’honnête ; mais les connoiflânces
augmentent avec l’â g e , l’efprit plus étendu voit un
ordre plus général ; il voit dans la nature des êtres,
leur excellence, 8c la néceffité de leurs fautes. Alors
on afpire à réformer fes femblables comme foi-même,
avec la douce chaleur d’un intérêt tendre qu^ corrige
ou confole, foutient & pardonne.
L’envie plus contrariée par le mérite, qu’offenfée
des défauts, voit le mal à côté du bien, 8c le cen-
fure dans l’homme qu’on eftine.
L’orgueil pour avoir le droit de condamner tous les
hommes, les juge d’après les idées d’une perfe&ion
à laquelle aucun ne peut atteindre.
La vertu toujours jufte, plaint le méchant qui fe dévore
lui-même, 8c jufques dans les fevérités on la
trouve côhfolante.
Indulgence , ( Art riumijmatique.') cette vertu
fi rare chez les hommes, eft repréfentée dans une
médaille de Gordien, par une perfonne affife entre
deüx ânirtiaux indomptés. Eft-ce pour marquer qud
la douceur, que l’indulgence peur adoucir les efprits
les plus farouches ? Dans une autre médaille, l’indul-
genced’Augufle eft cara&érifée par une femme affife ,
qui tend la main droite , 8c qui tient un feeptre de la
gauche ; pur ouvrage de la flaterie. L’indulgence prétendue
d’Ottave n’étoit qu’une politique adroite ,
que la conjonéture des tems i’obligeoit d’employer,
8c le feeptre qu’il tenoit le rendoit odieux à fa patrie.
Les Parthes , les Perfans vouloient des fouverairis ,
Mais lefeul confulat pouvoit plaire aux Romains.
(£ > ./ .)
INDULT , f. m. ( jurifprud. ) indultum, qui vient
du verbe ïndulgere, fignifie en général une grâce accordée
par le pape à certaines perfonnes.
Les induits font a&ifs ou paffifs.
On appelle induits actifs des grâces accordées par
le pape aux cardinaux, 8c à quelques autres colla-
teurs ordinaires, pour pouvoir conférer les bénéfices
dépendans de leur collation, librement 8c fans
pouvoir être prévenus durant les fix mois accordés
par le concile de Latran aux collateurs ordinaires.
Ce quia lieu à l’égard des cardinaux, foit qu’ils confèrent
feuls, ou avec un chapitre. Ce privilège fut
accordé aux cardinaux par Paul IV. par une bulle de
l’année 1 5 5 5 ,8c après lui fes fucceffeurs l’ont pareillement
confirmé. II a été auffi confirmé par des
lettres - patentes, enregiftrées au grand-confeil.
Du tems du même Paul IV. vers l’an 1560, fur les
grandes plaintes de tout le college des cardinaux, il
leur fut encore accordé per contractum indultum &
compactum, juramento folemni corroboratum, que le
pape ne derogeroit point à la réglé des 20 jours à leur
préjudice, ce que Dumolin appelle le compact. Ces
fortes de grâces ne font qu’une rédu&ion au droit
commun, 8c conféquemment elles font favorables.
Les induits pajjifs font auffi des grâces accordées
par les papes à certaines perfonnes, pour pouvoir
être pourvûes de certains bénéfices fi elles font capables
de les pofféder, ou de préfenter des clercs à
leur place, pour être enfuite nommés par le roi à un
collateur de France ; ces fortes d’induits font proprement
des grâces expectatives : Vinduit de MM.’du
Parlement eft de cette qualité.
Onfubdivife l’induit ad if en induit ordinaire & extraordinaire.
L’induit aftif ordinaire eft donné aux cardinaux
8c autres collateurs ordinaires , lefquels en vertu de
ces induits ont droit de conférer, nommer ou préfenter
dans tous les mois, même dans les fix mois ré-
fervés au pape dans la Bretagne, fans pouvoir être
prévenus, ni être affujettis aux réferves apoftoli-
ques, excepté celles qui font in corpore juris, telles
que les vacances in curia romand.
Il eft rare au furplus que le pape affranchiffe les
collateurs ordinaires non-cardinaux de la prévention
à fon égard, mais feulement à l’égard des légats 8c
vice-légajs.
Les induits aôifs extraordinaires font des bulles
accordées par les papes aux cardinaux 8c autres ec-
cléfiaftiques, même aux princes féculiers , comme
aux empereurs , rois de France, ducs de Savoie, à
l’effet de les confirmer dans le droit de nommer aux
bénéfices dans les mois apoftoliques 8c autres.
L’induit du Parlement de Paris eft un induit aélifà
. l’égard du roi, 8c paffif à l’égard des collateurs ; c’elt
une grâce purement expeftative accordée au Parlement.
par les papes. Les hiftoriens ÿifent que ce fut
le pape Eugene IV. quil’accorda.en 1431, à la prier«
de Charles VIL Cependant on foutient que la bulle
, d’Eugene IV. ne fe trouve point, 8c qu’elle n’a jamais
paru ; qu’il n’en a point donné de perpétuelle,
ou au moins qu’elle n’a point eu d’exécution, Quoi;