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officiers, & même à fes troupes, en célébrant la
dixième année de fon avènement au trône. Il man-
quoit d’argent ; il crut pouvoir impofer une taxe
extraordinaire : elle parut, à Antioche n’Jitre qu’une
Cxadion. Le peuple fe porta en foule à la maifon
®e l’évêque , pour implorer fon crédit ; le prélat
fe trouva abfent : on courut chez le gouverneur,
qui s’échappa ; la révolte n’eut plus de frein : on
brifa les ftatues de l’empereur, & on les traîna igno-
minieufement dans les rues avec celles de fes deux
fils , Arcadius & Honorius : on mit le feu à la mai-
fon d’un des principaux citoyens,&les excès alloient
devenir plus confidérables encore, fi le gouverneur
n’eut-paru avec une garde ; mais ce même gouverneur
fe permit une vengeance atroce ; il pu-
niffoit les innocens comme les coupables. L’empereur
ne fe conduifit pas mieux d’abord ; car il avoir
ordonné que la ville fut réduite en cendres ; & ,
quoique revenu à des fentimens plus doux, il ne
laifTa pas d’en traiter les habitans avec une grande
févérité : ceux qu’il avoit chargés de fes ordres,
étoient des hommes de’rang ; mais l’évêque Flavien,
s’étant tranfporté à Çonftantinople, obtint le pardon
de la ville, qui recouvra tous fes privilèges. On peut
• voir le détail de ces faits dans S. Jean Chryfoftome.
. Sous le règne de Juftinien, Antioche futravagée
par Cofroès ; & peu après la mort de cet empereur
, elle éprouva un tremblement de terre fi con-
fidérable, que plus de 30,000 perfonnes y furent
enfevelies foiis les ruines des maifons.
Cette ville avoit encore recouvré tout fon éclat,
après avoir été foumife aux Sarrafins depuis l’an
637 ou 638 fous Omar ; puis reprife par Nicé-
phore Phocas, lorfque les Croifés, paffés dansTO-
rient, vinrent l’affiéger en 1097.
- Elle étoit défendue par une armée de Turcs,
fous la conduite de Baghi - Sian. Cependant les
Croifés, conduits par Boëmond, l’un des chefs,
& qui devoit avoir cette place pour, récompenfe,
s’en emparèrent auffi-bien que de la citadelle. En
1098, il l’eut en effet, avec titre de principauté :
malheureufement elle fut reprife dans la fuite par
Bibars, l’un des Mamelucs fouverains d’Egypte. En
1268 , il périt, dans cette occafion , plus de quarante
mille chrétiens, & cent mille furent faits pri-
fonniers.
Je remarquerai, avec la Martinière, que cette
ville n’eft pas moins célèbre dans la Géographie
facrée. Ce fut à Antioche que les difciples affem-
blés fe propofèrent de porter le nom de Chrétiens.
S. Pierre en ,fut le premier apôtre ; S. Jean étoit
originaire de cette ville ; Antioche a de plus donné
naiffance à S. Jean Chryfoftôme, Cet orateur célèbre
, en blâmant les abus des fpeâacles de fon
temps, obferve , comme une chofe étonnante ,
qu’alors il y avoit des gens à Antioche qui nour-
riffoient des lions & les rendoient plus doux que
des moutons : ils gagnoient de Fargent à les faire
voir dans les rues, ce qui n’eff pas une occupation
bien répréhenfible.
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A n t io CHIà AD P is id iam , ( Ak-Shehr ). C ’eft
mal-à4propos que quelques auteurs ont rendu ces
mots par Antioche de la Pifidie ; c’eft vers la Pi-
fidie. Elle étoit dans la Phrygie, affez près de la
Pifidie ; ce ne fut qu’avec le temps que la Pifidie,
ayant pris de l’extenfion, elle en devint la métropole
; mais c’étoit une divifion eccléfiaflique ; elle
Fut colonie Romaine : elle eft auffi appelée Ce-r
forée.
A n t io c h ia M æ a n d r i , ou Antioche du Méandre
( Iegni Shehj- ). Cette ville étoit dans la Carie
, fur la gauche du Méandre, & près du lieu
où le Corfinus fe rendoit dans ce fleuve, au nord*
oneft d’Aphrodijîas. Selon Etienne de Byfance,
elle avoit d’abord porté le nom de Pytopolis : elle
avoit été bâtie par Antiochus, père de Seleucus,
& étoit le fiège d’un évêché.
- A n t io c h ia C il ic iæ , appelée auffi Antiochia
ad Cragum, étoit dans la partie de la Cilicie nommée
Trachea, fur le bord de la mer, au pied du
mont Cragus. Il faut obferver qu’Etienne de B y fance
commet une erreur en indiquant cette ville
près du Pyramus, qui arrofoit la Cicilia Campef-
tris.
A n t io c h ia , ville de la Cilicie, plus connue
fous le nom d’Adana : elle étoit ntuée fur le
Sarus ( 1 ). Cette ville fe nommoit anciennement
Adana ,• mais Antiochus-Epiphane lui donna fon
nom 171 ans avant J. C . Antioche étoit célèbre fous
le règne de Tite Antonin, & elle étoit décorée de
titres honorifiques. Ptolemée en fait mention fous
le nom ancien & populaire d'Adana. Les Itinéraires
ont placé cette ville à vingt-fept milles Romains
de T a r fe , & à dix-huit milles de Mopfuefie. Le
Sarus paffe au levant & près des murs de cette
ville.
Les Grecs ont rapporté la fondation de cette
ville à Adanus, fils du ciel & de la terre. Cette
tradition fabuleufe fait voir que cette ville étoit
très-ancienne. Antiochus y aura vraifemblablement
fait confiruire un temple de Jupiter, dont on voit
la ffatue fur les médailles de cette ville, fous le
nom d’Antioche, .& fous celui d'Adana. Il eft peu
fait mention de cette ville fous la république Romaine
; ce fut une de celles où Pompée renferma
les Pirates, pour les empêcher de continuer leurs
courfes fur la mer, félon Appien : elle fouffrit
beaucoup dans la guerre civile qui fuivit la mort
de Jules-Céfar. Adana fut du nombre des villes
que l’empereur Adrien combla de bienfaits ; elle
eut des évêques dès les premiers temps de l’Eglife,
Procope, dans fes édifices, parle du pont de
cette ville, qui fut rétabli par l’empereur Juftinien,
La ville d'Adana a toujours été un paffagé'" fréquenté
, pour aller des défilés du mont Taurus
dans la Syrie.
£1) Etienne de Byfance dit fur le Pyramus ; mais des
médailles portent le nom du Sarus. C’eft fous le nom
d'Adana qu’elle eft fjir la carte de M, d’Anville*
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A n t io c h ia Me s o p o t a m iæ , ou Antioche de
la Mèfopotamie, la même que Nifîbis. Strabon ,
( l. 11S) dit qu’elle étoit au pied du mont Mafms.
A n t io c h ia . Etienne de Byfance indique une
ville de ce nom entre la Celèfyrie & l’Arabie.
Berkelius dit que c’eft un des noms de Gadara.
A n t io c h ia . 11 y avoit aufti une Antioche dans
la province de Syrie appellée Comagène. M. d’Anville
ne l’a pas placée fur fa carte : elle devoit
être au pied du Taurus ; de-là elle eft quelquefois
nommée Antiochia ad Taurum. Elle étoit à l’oueft
de Samofaté, & affez loin-par conféquent de l’Euphrate
, quoique Pline l’indique fur ce fleuve.
A n t io c h ia . La Ville d’Edeffe avoit auffi porté
qe nom. Voye^ Ed e s sa . _
A n t io c h ia A s s y r iÆ. Pline place dans la Sitta-
cène , une ville de ce nom, que le P. Hardouin
croit être la même que Ptolemée nomme Apol-
lonia.
A n t io c h ia M a r g ia n æ , ou Antioche de la
Margiane. Elle avoit d’abord porte le nom d A-
lexandrie, d’après Alexandre, fon fondateur ; mais
cette ville ayant été 'ravagée j Antiochus, fils de
Seleucus , la rétablit & lui dohna fon nom.
A n t io c h ia , île fituée à l’entrée du Bofphore
de Thrace. Pline en parle ; mais M. d’Anville ne
l’a pas placée fur fa carte.
A n t io c h ia . Etienne de Byfance dit qu’il y
avoit en Scythie une ville de ce nom.
On connoît, peut - être encore quelques autres
villes qui ont été défignées par le nom d’Antioche ;
mais elles ont ouconfervé, ou du moins épris leur
premier nom : on les trouvera à leurs articles par-’
ticuliers.
AN T IO CHIS , tribu de Grèce, dans l’Afrique.
A N T IP A T R IA , ville que Pline attribue à la
Macédoine, au fud, dans l’Elymiotis, fur le Cc-
lydnus, au nord-oueft d' Hadrianopolis. Tite-Live,
qui parle de fa prife par les Romains, dit qu’elle
étoit fituée dans un défilé- étroit.
ANTIPA TRIS , ou C a p h a r s a b e . Cette ville
appartenoit à la Paleftine ; mais les fentimens ont
été bien partagés fur fa pofttion. Je. nedes rapporterai
point ici ; je m’en tiendrai à celui de Reland ,
que paroît avoir adopté M. d’Anville. Ce dernier
place Antipatris dans le pays de Samarie, où fe
trouve la petite région nommée Thàmmtica , à l’eft
d’Apollonius, qui étoit lur le bord de la mer. Avant
qu’Hérode le Grand l’eût fait rebâtir, & en eût
fait une ville nouvelle, elle portoit le nom oriental
de Cnphafarbe. Elle reçut alors le . nom d’Antipatris
, formé de celui d’Antipater , père d’Hé-
rode. . «, i
ANTIPHELLOS, ou A n t ip h e l l u s , ville de
l’Afie mineure, dans la Lycie. Elle étoit fur le
bord de la mer, & avoit pris fon nom, félon toute
apparence, de la ville de Phellus, qui étoit à peu
de diftance au nord ; en face d'Anuphellos étoit la
petite île de Cifthène ( Strab. 1, 14 ).
AN T 1PHILI, lieu d’Afrique-, dans la Marco-
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tîde, félon Ptolemée. Il en eft auffi fait mention
dans Strabon ( /. iô 9p. y7/ ).
A N T IPH R A , village oü bourg de la Marmo-
rique, félon Ptolemée, qui le place dans le nome
Libyque ; long. 58 deg. xo min. ; latit. 3b deg.
6 min.
ANTIPOLIS ( Antibes ) , ville de la Gaule, fur
la Méditerranée, dans la fécondé Narbonnoife. Cette
ville,bâtie, félon Strabon, par les Marfeiüois, avoit,
félon d’autres auteurs, été prife par eux fur les Liguriens
de la Gaule, appellés D éclatés. Quoi qu’il
en foit, il eft sûr que les Marfeiüois, en la bâtif-
fant, ou en fe l’appropriant, prétendirent s’en fane
un rempart contre les Liguriens : ( on doit favoir
que les Marfeiüois étoient des Grecs établis fur
cette côte ). EUe fut fouftraite à l’autorité des Mar-
feÜlois par un décret du Sénat romain, au temps
d’Augufte. PUne dit qu’on lui accorda le Droit latin ;
Tacite la traite de municipale. GolziuS rapporte
une médaiüe où Antipolis a le titre de colonie.
Adrien Valois en nie l’authenticité.
Cette vüle étoit fort confidérable : eüe avoit un
port, un théâtre & d’autres monumens pubUcs. La
pêche du thon, qui fe faifoit fréquemment fur cette
côte, avoit donné occafion de faire, avec le fang
f de ce poiffon, une fauce qui étoit fort recherchée ,
& que l’on appelloit Muria fans doute à caufe de
fa couleur jus de mûre.
N. B. Pline rapporte que l’endroit de Rome que
l’on connoît fous le nom de Janicuie, avoit porté
d’abord le nom à'Antipolis , c’ eft-à-dire , qui eft
oppofé à la v ille , parce qu’en effet le Janicuie eft à
la droite du T ibre, & que pendant quelque temps
la vüle de Rome étoit feulement fur la gauche.
AN T IP YRG O S , ou A n t ip y r g u s , port d’A frique
, appartenant à la Marmorique, félon Ptolemée.
Ce nom eft écrit fans r dans le périple de
Scyüax ( Autl'xvyoç ) Antipygus.
AN T IQ U A R IA . Voye1 A n t ic a r ia .
ANTI-RHODOS, ou A n t i-R h o d u s , petite île
fituée dans l’intérieur du port de la ville d’Alexandrie,
en Egypte,au fud-oueft du promontoire Lochias.
Elle avoit un port affez fréquenté pour qu’on lui eût
donné le nom de l’émule de Rhodes, ou à’Anti-
Rhodos. Antoine au défefpoir,& fe voyant abandonné
& trahi après la bataille d’Aétium, avoit
réfolu d’y Vivre retiré. Il y fit élever une jetée ;
& , fur cette jetée , il fit confiruire une habitation
que les auteurs Grecs nomment palais ( S'Uitccv
(ècurihiMi' , ) ou demeure royale. Il fe propofoit
l’exemple de Timon le Mylanthrope, oc vouloir
y vivre loin de tout commerce des hommes 3 auffi
appelloit-il cette habitation fon Timonium. On fait
que fon fol amour pour Cléopâtre empêcha l’effet
de cette réfolution, qui,dans lapofition où fe trou-
voit ce prince, étoit eüe-mème une foüe.
ANTIRRH IUM , promontoire de la Locride,'
qui s’avançoit du nord au fud , refferroit l’entrée
1 du golfe de Corinthe, & prenoit fon nom du pro-
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