
devant la porte une ftatue (TApollon, faite par L é o
charès, & une autre du même dieu fous le titre de
libérateur, faite par Calamis. A la fuite de ce temple
étoit une chapelle dédiée à la mère.des dieux, dans
laquelle étoit une ftatue de la déefl'e, faite par Phidias,
ftatuaire né à Athènes, & le plus célèbre de
toute l’antiquité. Près de cette chapelle étoit le fénat
des cinq cens, ou de ceux qui ètoient chargés des
affaires publiques : ce lieu étoit orné des ftatues de
Jupiter furnommé le confeiller, d’A pollon, & d’une
autre qui repréfentoit le peuple d’Athènes. On y
voyoit auffi le portrait des grands hommes qui
avoient policé la république en faifant des loix fages
& des ordonnances utiles : ces portraits étoient de
Protogène, excellent peintre de Caunium. Auprès
du fénat des cinq cens étoit le Tholus, ou la chapelle
du Pry tanée : c’étoit un édifice fait en rotonde,
ou les Prytanes s’affembloient : ils étoient au nombre
de cinquante, & leur fonélion étoit de convoquer
le fénat quand ils le jugeoient néceffaire, &
de le préfider : un de leurs privilèges étoit auffi de
faire des facrifices à Jupiter dit le confeiller, & à
Minerve la confeillère, pour obtenir de ces divinités
qu’elles daignaffent infpirer les fénateurs. Dans
cette rotonde étoient quelques liâmes d’argent
d’une grandeur médiocre : un peu au-deffus de
celles-ci, éroient celles des héros de qui les tribus
athéniennes prirent leur nom dans la fuite des
temps. Les héros de l’ancien temps dont les Athéniens
empruntèrent le nom pour le donner à leur
tribu, font Hippothoon fils de Neptune, Antio-
chus fils d’Hercule, & Télamon fils d’Ajax. Parmi
les Athéniens on comptoit Léos, qui, par le confeil
de l’oracle, dévoua fes filles pour le falut de l’état.
Ereétée qui défit les Eleufiniens, & Egée. CËneüs
fils naturel de Pandion, & Acamas un des fils de
Théfée, les ftatues de Cécrops & de Pandion étoient
aufli avec celles des héros ci-deffus. Les tribus
Athéniennes prirent aufli des noms plus modernes,
comme celui d’Attalus roi de Myfie, de Ptolemée
roi d’Egypte, & celui de l’empereur Adrien. Après
les ftatues de ces héros, on en voyoit d’autres de
quelques divinités, entre autres celle delà Paix qui
portoit un petit Pluton dans fes bras. On y voyoit
aufli une ftatue èn bronze, repréfentant Lycurgue
l ’orateur, fils de Lycophron, oc auprès de celle - ci
étoit celle de Callias, qui obtint d’Artaxerxès une
paix fort avantageufe pour les Athéniens. Celle de
Démofthène y étoit aufli. Prés de cette rotonde
étoit un temple dédié à Mars, dans lequel il y
avoit une ftatue du dieu, & deux ftatues de Vénus :
celle du dieu étoit l’ouvrago, d’Alcamène ; il y en
avoit aufli une de Minerve, faite par Locrus, &
une de Bellone, faite par les fils de Praxitèle.
Devant la porte du temple on voyoit un Hercule,
un Théfée, & un Apollon. Outre les ftatues de
ces divinités, on voyoit aufli celle de Caliiadès,
un des légiftateurs d’Athènes, & celle de Pindare,
qui mérita cet honneur des Athéniens, pour avoir
fait une ode à leur louange. Xerxès étant entré dans
Athènes en conquérant, enleva toutes ces ftatues
comme autant de dépouilles ; mais Antiochus les
renvoya aux Athéniens.
En allant au théâtre on voyoit à l’entrée & dans
YOdeum ( i ) , ou lieu deftiné à la mufique, les
ftatues des rois d’E gypte, qui tous avoient porté le
nom de Ptolemée, & avoient été diftingués par des
furnoms. Après les ftatues des rois d’Egypte étoient
celles des rois de Macédoine, Philippe & Alexandre
fon fils. Il y avoit auffi dans ce lieu une fort belle
ftatue de Bacchus.
Près du théâtre étoit la feule fontaine qu’il y eût
à Athènes, qui jettoit de l’eau par neuf tuyaux :
c’étoit Pififtrate qui l’avoit ornée. Plus haut étoient
deux temples , l’un dédié à Cérès & l’autre à
Proferpine, où il y a une ftatue de Triptolème :
devant la porte du temple, dans un endroit où il y
avoit encore une autre ftatue de Triptolème, on
voyoit une vache d’airain dans l’appareil d’une
vi&ime que l’on menoit à l’autel: on y rémarquoit
auffi une ftatue d’Epiménide affis, que l’on dit avoir
délivré Athènes de la pefte. Plus loin étoit le terri:-
pie d’Euclée, bâti du butin fait fur les Perfes, lorf-
qu’ils débarquèrent à Marathon. Au-deffus du Céramique
& du portique du roi, étoit un temple de
Vulcain, dans lequel on avoit mis une Minerve
avec des yeux pers> En allant au portique nommé
le Pcecile 9 à caufe de la variété de fes peintures,
on rencontroit un Mercure en bronze, qui étoit
repréfenté fous-le titre d’A goreüs, ou de divinité
qui préfide aux marchés ; après étoit une. porte ou
une efpèce d’arc de triomphe, que les Athéniens
avoient élevé pour fervir de trophée à ceux qui
avoient enfoncé la cavalerie de Caffander. En entrant
dans le Poecile, le premier tableau qui fe pré-
fentoitàvous, repréfentoit le combat des Athéniens
contre les Lacédémoniens à OEnoé, bourg de
l’Attique. Au milieu du mur on voyoit Théfée à
la tête des Athéniens qui combattoit contre les
Amazones. Le tableau d’après repréfentoit le fac-
cagement de Troye par les Grecs. Le dernier tableau
de ce lieu étoit la peinture du combat de
Marathon, dont les Athéniens tirent tant d’honneur.
Parmi les combattans. qui paroiffent le plus fe dif-
tinguer, font Callimachus, qui fut le premier honoré
de la dignité de Polémarque : c’étoit une charge
plutôt civile que militaire: le Polémarque étoit un
des neuf Archontes d’Athènes. Callimachus fut tué
à ce combat. Parmi les ftatues qui décoroient le
devant de ce portique, on rémarquoit celle de
( i) Ce monument étoit un des plus magnifiques de-
ceux qui ornoient la ville d’Athènes.. Son nom, qui
vient d’»<T» ode, indique que ce lieu étoit confacré au-
chant -, & l’on v o it , par Hutarque , qu’il étoit deftiné.
aux concours qui fe faifoient entre les mufieiens ; Pé-
riclès en avoit été l’archité&e. On y célébra aufli des
jeux de mufique à la fête des Panathénées. Il eut beaucoup
à fouffrir lorfque Sylla fit le fiège d’Athènes, &
pendant la guerre de Mithridate. Il fut enfuite rétabU
par Ariobarzane Philopator, roi de Cappadoce».
Solon, qui a donné des loix aux Athéniens : plus
loin étoit celle de Séleucus, qui donna l’empire
de FAfie à fon fils Antiochus.
Dans la place publique d’Athènes , étoit l’autel
de la Pitié, divinité que les Athéniens feuls honorent
d’un culte particulier. Près de la place étoit un
gymnafe ou lieu d’exercice qui portoit le nom de
Ptolemée fon fondateur : on y voyoit des Hermès
ou Mercures en marbre, de figure quarrée, qui
étoient d’une grande beauté. La ftatue de Ptolemée
étoit en bronze, ainfi que celle de Juba le Libyen,
& de Chryfippe de Soli. Près de ce gymnafe étoit
le temple de Théfée, dans lequel on voyoit de
fort belles peintures, entre autres le combat des
Athéniens contre les Amazones, la querelle des
Centaures avec les Lapithes, où Théfée étoit re-
préfenré tuant un Centaure. En avançant un p eu,
on rencontroit le Pry tanée, où l’on gardoit(i) 1 les loix
de Solon écrites dans un tableau: on voyoit dans
ce lieu les ftatues de la Paix, de Yefta & de plu-
fieurs hommes célèbres, parmi lefquels étoit celle
de Autolycus, fameux athlète.
En defcendant vers la ville baffe on rencontroit
le temple de Sérapis, dont Ptolemée introduifit le
culte à Athènes ; un peu plus bas on montroit le
lieu où Pirithoüs & Théfée s’engagèrent à aller
enfemble à Lacédémone. Près de ce lieu étoit le
temple de Lucine, déeffe que l’on difoit être Venue
des pays Hyperboréens à Dé los , pour fecourir
Latone dans fes couches ; on rencontroit enfuite
le temple de Jupiter Olympien, confacré à ce
dieu par l’empereur Adrien. L’enceinte de ce temple
étoit de quatre ftades, ou cinq cent pas géométriques;
il étoit auffi grand que celui de Salomon , &
plus grand qu’aucun autre dont on ait connoiffance :
ce temple ne fut achevé qu’environ 700 ans après
que Pififtrate en eut jette les fondemens. L’empereur
Adrien, en le confacrant, y plaça cette
belle ftatue, qui attiroit les yeux de tout le monde,
moins par fa hauteur coloffale, que par fa richeffe
& la jufte proportion de toutes fes parties. On
voyoit dans ce temple quatre ftatues de l’empereur
Adrien, dont deux étoient de marbre de Thafos,
& les deux, au très de marbre d’Egypte. Quoique
l’enceinte de ce temple fût au moins de quatre ftades,
on ne trouvoit pas, dans ce long circuit, un
fenl endroit où il n’y eût des ftatues, parce que
chaque ville, pour fignaler fon zèle, voulut donner
la fienne; mais les Athéniens fe diftinguèrent particuliérement
par le magnifique coloffe qu’ils érigèrent
à ce prince, & qu’ils placèrent derrière le
temple. Sur les colonnes de ce fuperbe édifice
étoient repréfentées toutes ces villes qui étoient
appelées par les Athéniens les colonies et Adrien,
Cette enceinte renfermoit auffi plufieurs antiquités,
entr’autres un Jupiter en bronze, un vieux
temple de Saturne & de Rliéa, un bois facré que
l’on nommoit le bois d’Olympïe, & une colonne fur
laquelle étoit une ftatue d’Ilocrate, qui fe diftingua
par fa confiance à enfeigner toute fa v ie , qui fut
de près d’un fiècle, & par fon amour pour la liberté
, qui lui fit fe donner la mort, lorfqu’il apprit
que fes compatriotes avoient été vaincus à Ché-
ronée ; on mettoit auffi parmi les antiques , des
Perfes en marbre de Phrygie, qui foutenoient un
trépied de bronze , & qui paffoient pour des chefs-
d’oeuvre. L’empereur Adrien fit encore élever un
temple qu’il dédia à Junon, un à Jupiter Panellé-
nien , & un autre qu’il dédia à tous les dieux : on
admiroit dans ce dernier cent - vingt colonnes en
marbre de Phrygie, & des portiques dont les murs
étoient du même marbre, dansjefquels on avoit
fait des niches, où il y avoit des ftatues & de belles
peintures. Près de ce temple étoit une belle bibliothèque,
& un lieu d’exercice qui portoit le nom
d’Adrien : ce lieu étoit décoré de cent colonnes de
beau marbre de Libye.
Au-delà du temple de Jupiter Olympien, ou
rencontroit une ftatue d’Apollon Pythien, & après
on voyoit un temple du même dieu, mais fur-
nommé Delphinien.
Dans lé quartier de la ville que l’on nommoit les
Jardins, on voyoit un temple de Vénus la Célefte ,
avec une ftatue de la déeffe de figure quarrée (1).
Indépendamment de cette figure fymbolique, cette
déeffe avoir, dans le temple, une ftatue faite par
Alcamène , & l’une des plus belles qu’il y eût à
Athènes : il y avoit auffi dans ce même quartier un
temple dédié à ^Hercule Cynofarge.
Le Lycée étoit un lieu qui avoit pris fon nom de
L y cu s , fils de Pandion, & que l’on croyoit avoir
été un temple d’Apollon, à qui l’on donna le fur-
nom de Lycien. Derrière le Lycée on voyoit le
tombeau de N ifus, roi de Mégare, tué par Minos,
que les Athéniens firent tranfporter à Athènes. Au-
delà de l’Hiffus étoit un temple de Diane Agrotera ,
ou la Chaffereffe : ce temple étoit fitué dans un
endroit que l’on nommoit Agréa.
Le fuperbe ftade d’Athènes étoit auffi dans ce
lieu : il étoit conftruit en marbre blanc, & prenoit
depuis le haut de la colline au-deffus de l’Iliffus, &
venoit fe terminer à la rivière en forme de demi-
Pune : on avoit épuifé, pour fa conftruction, pref-
que toute une carrière du mont Pentélique. Ce
magnifique ftade étoit un monument de la libéralité
d’Hérode Atticus, qui vivoit fous les règnes de
Ne rva, Trajan, Adrien, Antonin, & Marc-
Aurèle, & il fut élevé à la dignité de conful romain.
Du Pry tanée on defeendoit par la rue des Trépieds
, ainfi nommée parce qu’il y avoit plufieurs
temples confidérables ou l’on confervoit des trépieds
de bronze, fur lefquels étoient des ouvrages d’un
très-grand prix, entre autres le Satyre dont Praxitèle
s’applaudiffoit beaucoup.
Le théâtre étoit orné d’un grand nombre de
(1) Lucien rapporte que l’on y facrifioit une gëniffe,
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