
Si Æ T H
»voient reçu les loix de Moïfe, au retour de la
reine de Saba , q u i, dit-on, règnoit dans l’ile de
jVlêroé : des auteurs Grecs leur donnent pour dieux
Jupiter Ammon, Hercule, P an, Ifis, &c. Strabon
leur prête plus de raifion , en difant qu’ils met-
' soient au nombre de leurs divinités, leurs bienêii-
teurs & les grands hommes de leur nation. Cet
auteur dit aufli qu’ils avoient anciennement rendu
des hommages pieux au foleil ; 8c qu’ils traitoient
d’athées quelques peuples de la Zone Torride, qui
maudifloient cet aflre à Ton lever;
Diodore, en parlant des Ethiopiens , leur attribue
1 invention des hiéroglyphes,dont fefer virent,
dit-il, après eux les Egyptiens.. Ce n’eft point ici
le lieu de diftuter cette opinion. Ceux de ces
caraélèrçs , indiqués par Diodore , me femblent
Symboliques. Un faucon, défignoit la rapidité ; un
crocodile, la malice; Yceil, le maintien de la juf-
tice ; la main droite ouverte , l’abondance ; la main
gauche fermée ,. une polie filon tranquille, &c. Mais
ils eurent depuis des caractères grammaticaux, &
Ludolphe nous les a fait connoitre. Selon ce fa-
v an t, qui avqit paffé foixante ans à étudier cette
langue , laquelle, félon lui-, conferve-encore des
rraces de fa haute antiquité, elle étoit infiniment
fiupérieure a l’hébreu, il cite même des exemples ,
qui prouveroient que cette dernière, dans beaucoup
de cas , avoit altéré l’autre.
Leurs ufages , quoique variés e.ntre les différentes
tribus , étoient en général conformes en
ceci;, qu’ils avoient beaucoup de vénération pour
les femmes ; fort peu de pitié des vieillards & des
malades, dont on accéléroit la fin , par cette rai-
fon , qu’ils étoient inutiles à la fociété. Ils prati-
quoient la-circoncifion. Ils fe fervoient pour armes
d’àrcs & de flèches eihpoifonnées ; de lances d’une
grandeur çonfidérable , ainfi que les dards qu’ils
lançoient à l’ennemi. L’ufage de conferver les
morts par oit leur avoir été commun avec les Egyp-.
^etis , à. quelque différence près. Us fàifoienr def-
fécher le corps, l’enduifoientd’une matière blanche,
délayée,. & qui fe féchoit. On traçoit enfuite ,
comme on pouvoit, le portrait du défont fur cet
enduit. On mettoit enfuite ce corps dans une caiffe
de matière tranfparente : les auteurs ont. dit du
yerre. Mais les Ethiopiens le connoiffoient-ils ?
Cependant i l y avoit des tribus qui enterroient
leurs morts , tandis que d’autres les jettoient à
1-eau. On aflùre qu’il y avoit parmi eux des an-
tropophages. Cela ne doit guère s’entendre , je
crpis que des peuples abfolument féroces ,
qui étoient au-delà des Ethiopiens.
Ces peuples étoient naturellement guerriers ,
forts. & intrépides : on ajoute qu’ils étoient violons.
Cependant les anciens s’accordent à les peindre
comme attachés à l’amour de la juflice. Un des
plus anciens écrivains de l’antiquité , Homère,
toit aflifter à leurs feftins. Jupiter & les autres
dieux. Quelques auteurs, ont été enfuite jufqu’à
t e attribuer toute lafagefle. des Egyptiens ; faÆ
T N
geffe au refle qui eft plutôt affurée dans les livres
qu’elle n’eft démontrée par les faits fur lefqiieîs
s’appuie ce fentiment. Peut-être que fl nous con-
noiffions mieux les Abyflins modernes , pourrions-
nous retrouver encore plufieurs traces de la haute
antiquité , de quelques-uns de ces'anciens ufages :
mais ce ne. fera que d’après des voyageiifs bien
: inftruits, & dépouillés de toute prévention..
Æ TH IO P IA , l’Ethiopie. En général, les anciens
ont déflgné par ce nom les grandes parties de l’A frique
, qui font au fud de l ’Egypte & de la Libye.
Mais on devoit donner aufli ce nom à chaque»,
contrée où l?on fuppofoit des Ethiopiens ( Voyc^
Æth io pes). Agatharcbis dit que l’Ethiopie avoit
eu d’abord le nom de Cephenia. Il le dérive du
nom de Çéphée, père d’Andronfede : c?eft une origine
un peu fufpeâe.
On a quelquefois appelle cette partie de l’A frique
Æthiopia Magna,pour la diftinguer des autres,
parties qui. portoient aufli ce nom. Par exemple
on trouve Æthïopia Pontica : c’ètoit une région-
de la Colcliide, que l’on déflgnoit par ce nom-.
ÆTHIOPIÇUM MARE. Les anciens donnoient
ce nom à la partie de la mer des Indes, qui *
commençant au fud de la mer Rouge, fe prolonge
le long de l’Afrique.
Æ TH R IA , l’un des anciens noms de l’île de-
Thafos. .
Ç ’avoit aufli été un des anciens noms de l’île*
de Rhodes.
ÆTHUSA,. île que Ptolemée indique dans la
Méditerranée, près de l’île de Lopadufa... Il eft-
probable que c’eft la même que d’autres auteurs
nomment Ægufa. C ’eft fous ce dernier, nom que.:
M. d’Anville l’a. placée fur fa carte,
ÆTHYSSEIS , peuple de la Liby e , au voili-
nage de la Marmarique, félon Etienne de By-
fance.
ÆTINIUM-, ville que Ptolemée attribue aux
Eftiotes, mais qu’il place en Macédoine. Or, comme:
les Eftiotes font reconnus pour avoir habité en
Theffalie ,1 1 n’eft pas aile de déterminer, la pofi>-
tion de cette ville.
Æ TN A , tmÆTHïfA {'Gibel) montagne de Sicile
, que nous nommons encore Etna. Ce n’èft pas.
ici que l’on doit s’attendre à trouver la deferip-
tion de cette montagne, confldérée comme volcan
; cet objet appartient à l’hiftoire naturelle : non
plus que l’énumération de fes différentes éruptions ;
elles font partie de Thiftoire de la Sicile. Je me
bornerai donc à dire , qu’à oaufe des feux qu’il'
vomit prefque continuellement, les poëtes anciens,
avoient parlé de Y Etna comme étant la demeure
de Vulcain & des cyclones. .Lorfque les Arabes
paffèrent dans cette île , ils appelleront Y Etna Dgibet,
c’eft-à-dire , Amplement la montagne : que de
ce mot s’eft formé celui de, Giée/o., ou Gibel , qu’il
porte encore aujourd’hui*.
On avoit. bâti:, fur un dès cô'tés dë là montagne.
, un temple, dont. Elien parle, ainfi : « Sur
Æ T O
Y Etna, il y a un temple de Vulcaîn l entouré de
murs & d’arbres facrés. On y garde un feu perpétuel.
Il y a dans le bois & dans le temple des
chiens facrés , qui careffent & flattent ceux qui
viennent au temple & dans le bois avec l’exté*
r,ieur 8c les qualités reqùifes : mais s’il s’y préfente
un fcélérat, ou même un homme qui n’ait pas
les mains, pures, ils le mordent & le déchirent ;
; s’il n’eft que fouillé par une aâion déshonnête , ils
• fe contentent de le mettre en fuite, Diodore ajoute
que l’on vOyoitde fon temps les reftes d’une voûte,
appellée la tour d’Èmpédocle, 8c dë laquelle il ob-
fervoit les feux de Y Etna. La fuperftitîon, qui
attribuoit ces feux’ à une caufe furnaturelle , lui
attrifluoit aufli des effets fiirnaturels. ' Par exemple-,
on y jectoit des cachet? d’or, & .d'argent, des v ic times
; & félon qu’ils étoient confervés dans l'intérieur
de lia montagne ,■ ou r-ejettés hors du lcra-
tère , on en tiroit des augures plus ou moins fà- 1
vorables ».
■ Æt n a , nom que porta pendant long-temps la
ville de Ca/ania. Voici à , quelle, pcçaflon elle le
reçut, ;
DansTa 96e olympiade, Hiérôn, tor de Syra- :
.Cüfe,-ayant chafl’é d e ; leurs villes les .habitans de 1
.Naxus, &• ceux d.e ' Catani,a, y. rajlembla de nou- !
veaux habitans','dont cinq mille étoient' du Pélo-
iponèfe, les autres de Syracufe , jufqu’au nombre
-de -dix mille, /leur diftribuà des terres au fort, &
changea le nom de Catania en celui d’Etna. Cette
colonie fe foutih t* pendant quelque, temps ; mais vers '
la fin du règne de- ce même prinëe »: le's Gatanéens
revinrent, & chaflèrent la colonie;; pour rentrer
dans leurs premières habitations. Ceux que1 l’-on
chaffoit ainfi.-fe retirèrent vers la petite, ville; appelle^
alors Inncjfa ou Inefa , s’y établirent , &
lui donnèrent le nonv de celle qu’ils avoient''-été
forcés; de. quitter,, ; - / ;'r . i f j - : c;âV-ëcÆtn
a , ville de. la'Sicile , -au pied dë là montagne
de‘ ce nom, à quelque diflance aiPnord-oueft
de Catana. '
Æ T O L I , les Etoliens , peuple de la Grèce proprement
dite, habitant l’Etolie {Æiolia ) , entre
î’Acarnanië & les Ozoles. On ne fait pas le nom
des premiers habitans de. ce. p a y s , puifqué l’on
ne fait remonter l’origine du nom (YEtoliens qu’à
Etolus , .fils d’Endymion , & frère d’Epéus roi
d’Èlide.
^ Le petit nombre* de leurs anciens rois qui nous
foient connus, appartiennent.au moins autant à la
mythologie qu’à l’hiftoire. Tels- font Calydon ,
(Eneus, Méléagre, Tydèe , Diomède, &c. Les
récits que nous ont laiffés les écrivains de l’antiquité
, concernant ces princes , n’eft pas dé mon
objet. Et depuis ces anciens temps , jufques vers
l’époque de la ligue des Aehèens, on ne fait rien
concernant les Etoliens. C ’eft alors qu’on les voit
formant une efpèce de république, & que l’on
obtient fur eux les détails fuivans.
P olybe, qui ayoit eu oeçafion de connoître les
Æ T O
•Ëtoliens , & qui parloit d’eux à là face de toute là
Grèce , n’héfite pas à les peindre comme des
hommes fans fo i , fans honneur, & même fans cette
pudeur de l’honnêteté , qui fait cràindre de pa-
roître aufli méchant qu’on l’eft réellement. Au.
contraire, il les repréfente en toute occafion comme
méprifantles plaintes que l’on faifoit d’eux , & ne
rougiffant -pas d’être traités de voleurs & de py-
. rates. Il peint leur conduite, à. l’égard des Meflé-
nieus, comme infidieùfe d’abord , & enfuite détef-
table. Ces, vices -, qui avoient pour bafe l’avidité
Sc la foif de l’o r , étoient accompagnés, de quelques
qualités effentieiiss. Ils étoient palfionnés
pour la liberté , endurcis à la fatigue, & bravant
les dangers fur terre, comme fur, mer.' Aufli faut-il
.leur -rendre cette jufticê , qu’ils fe montrèrent
-vaillamment dans la défenfe de la.liberté de la Grèce»
..contre l’ambition des rois de Macédoine, •
Les Etoliens'étoient gouvernés par une affemblée
générale , qui jugeoit dans les affaires de la nâ—
don ; & pour les affaires particulières , par1 uns
prêteur , 8c quelques, autres .magiftrats..
L ’afîemblée générale jportoit le nom de Panez-'
■ toliinn, mot compôfé qui ' lignifie grammaticale-
. ment toute l’Etoile. Elle fe. ten'oi.t une fois par an.y
en automne : mais , dans les c.as extraordinaires, le*
prêteur avoit le droit de la convoquer , foit pour
de nouvelles lo ix , foit pour déclarer la guerre ,
Ou conclure la., paix, &c. Les députés de chaque
ville, étoient les membres nés de ce: confeil. Il y
avoit de plus .le confeil des Apocleti, quifonnoient
un confeil particulier pour le prêteur , 8c qui con-
noiffoient des affaires civiles. Après :1e prêteur ,
-étoient le général de la cavalerie, le fecrétaire
d’éta t, 8c les éphores. Il faut remarquer, à l’égard
des éphores, que , quoique à-peu-près fur le même
pied>que ceux de Sparte, leur pouvoir étoit ce-»
pendant fubordonné à celui de l’affemblée génér
a le ; ,^ même à d’autorité du prêteur.
Ce ne fut qu’à l’imitation des Achéens, que les
- Etoliens formèrent la Ligue , q u i, en réunifiant,
les forces de toutes les villes., les rendit fi puif-
fans. Ils avoient , entre autres objets , d’oppofer
leur Ligue à celle des Achéens , qu’ils haiffoient.
Et en effet, ils réuflîrènt à tenir tê te , non-feulement
aux Achéens, mais aux autres peuples de
la Grèce , au nombre defquels < j.e comprends ici
les. Macédoniens. Maisécoutant.plutôt l’impulfiohi
d’une haine aveugle , que les confeils d’une fage
politique ; ils furent les premiers à fe rendre aux
iollicitatiOns des Romains , 8c à leur donner entrée
; dans la Grèce. Ainfi , voulant fe garantir de l’op-
preflion de quelques voifins, ils fouillèrent eux-
mêmes, le feu où l;on alloit forger des fers à toute
la Grèce. Les Ëtoliens 8c les Lacédémoniens étoient
-alors dans le même : parti.
i Dans la .guerre qui fuivit contre Philippe > lès
i Etoliens relièrent très-ouvertement attachés aux
Romains. Mais, après la bataille de Cynocéphale,
où Philippe fut entièrement défait, les prétentions
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