
de cette place, conçut & exécuta un projet qui I
réüffit, par la raifon même qu’il paroifloit impra-
tiquable. Ayant raffemblé le plus qu’il lui avoir
été pofiible de troupes entièrement dévouées à fes
ordres, il s’embarqua lëcrétement, arriva en A frique
, s’empara de plufieurs places, & porta la conf-
ternation jufqu’aux portes de Carthage : l’armée
qu’on lui avoir d’abord oppofée fut défaite. Mal-
heureufement il fe crut obligé de*faire une traverfée
en Sicile : fon abfence découragea fes alliés, ral-
lentir l’ardeur de fes troupes, & donna le temps
aux Carthaginois de raffembler des forces. A fon
retour il fut battu , & fon armée, à moitié- détruite
, paffa au pouvoir de l’ennemi.
2.7a. Par un traité conclu avec les Romains , les
Carthaginois prirent enfuite les armes contre Pyrrhus
, roi d’Epire, prêt à s’emparer de la Sicile.
Ses conquêtes avoient été fi rapides, qu’il ne reftoit
plus aux Carthaginois que Lilybée : mais ce prince,
appelé en I ta l ie n e put s’emparer de cette place,
& toute l’île retomba au pouvoir de fes ufurpa-
teurs.
TROISIÈME PÉRIODE. Première guerre punique (1).
164. La première guerre entre les Carthaginois
& les Romains, que l’on défigne ordinairement par
le nom de première guerre punique, eut lieu à i’oc-
cafion de deux révoltes, l’une en Sicile, à Meffane,
l’autre en Italie, à Rhège : du moins ces événe-
mens en furent le prétexte. Des foldats Campa-
mens, précédemment à la folde d’Agathocle , s’étant
emparés de Meffane , après en avoir égorgé
les hommes & époufé les femmes, y avoient pris
le. nom de Mamerùns (2.). Une légion romaine, fé-
duite par ce funefte exemple, & loutenue par ceux
qui l’avoient donné , traita la ville de Rhège de
la même manière que l’avoit été Meffane. Les
Romains ne parvinrent à les en punir qu’au bout
de dix ans : mais le crime qu’ils vouloient bien
punir chez eux, ils le protégeôient contre les Carthaginois,
& recoururent les Mamertins contre Carthage.
Cette fière république s’en trouva offenfée.
De-là le commencement de cette guerre dont je
ne puis fuivre ici les événemens.
Ce fut alors que les Romains commencèrent à
étudier l’art de combattre fur mer. Leur eonfùl
Duilius gagna la, première bataille navale dont il
foit fait mention dans leur hiftoire. Régulus foutint
cette guerre, paffa en Afrique, & reduifit a 1 extrémité
Carthage , qui n’échappa au malheur d’être
prife que par les talens d’un Lacedemonien nomme
Xanupe. De ce moment les affaires changèrent de
face. Régulus^battu, fut fait prifonnier. Deux grands
naufrages ayant ‘englouti les flottes romaines, les
(1) Punique, dans le fens où l’emptoyoient les Romainsf.
eft fynonyiae à carthaginoife. Il vient du mot P a n i , que
ÿon donnoit quelquefois aux Carthaginois, comme def-
eendans des Photmccs, ou Phéniciens.
(2) Formé du mot Mamers pu Mars} dans leur langue».
Carthaginois reprirent l’empire delà mer. Cepen«*
dant les Romains réparèrent leur flotte. Une bataille
décifive fût gagnée jTar lé conful Lutatius. On fit
la paix , ou plutôt on voulut paroître la faire. Carthage
s’obligea à payer un tribut, & abandonna la
Sicile aux Romains, qüi s’en emparèrent, à la ré-
ferve du royaume de Syracufe, confervè à Hiéron.
241. Peu retenus par la foi des traités , les Romains
ne biffèrent pas de fecourir les ennemis de
ce même peuple avec lequel ils venoient de faire
la paix. L’armée Carthaginoife s’étoit révoltée fous
les murs de 1a capitale. La garnifon de la Sardaigne
ouvrit les pot ts aux Romains, qui fe rendirent maîtres
de l’ile. La domination Carthaginoife chanceloit
même en Efpagne. Amilcas y paffa avec fon fils
Annibal, qui n’avoit que neuf ans. Arriilcar étaiit
mort après neuf campagnes , Afclrubal (228) prit
le commandement des troupes ; & pour mieux contenir
le pays , il bâtit, ou du moins fortifia la nouvelle
Carthage. Les Romains ne voyoient pas ces
progrès fans une extrême jaloufie : mais les Gaulois
, maîtres de la partie feptentrionale de l’Italie ,
venoient de rompre une-paix de quarante-cinq ans.
Leur politique pourvut à tout pour l’inftant.
Cependant le jeune Annibal, qui dans la fuite
mérita le nom de grand, payant encore que vingt-
cinq ans, fut mis à la tête des troupes (220), à la
place d’Afdrubal, affaffiné par un jGaulois. Aufii
peu fcrupuleux que les Romains fur la foi des
traités , il n’attendit pas l’occafion d’une nouvelle
guerre j mais il' y donna lieu , en fe portant vers
la partie de l’HifpaBÎe qui, au nord de l’Ebre, étoit
en leur pouvoir. Sag'onte, leur alliée , & qui fe
trouvoit fur la route, fut la première ville contre
laquelle il dirigea fes forces (219). Les Romains
s’en plaignirent par une ambaffade qui ne fut guère
écoutée à Carthage. Telle fut l’origine de 1a fécondé
guerre punique. Seconde guerre punique. 218. Annibal
traverfa l’Ebre, les Pyrénées, toute la Gaule tran-
falpine & les Alpes même, avec une-rapidité à laquelle
ne s’étoient pas attendus les Romains. À
fon arrivée en Italie, fon- camp fut grofïi par les
Gaulois, flattés de l’efpérance de recouvrer leur
liberté, & de. venger leurs défaites. Les quatre
batailles du Teffin , de la Trébie f de Trafimène,
(217) & de Cannes (218) , mirent Rome dans le
plus grand danger. Pour comble de malheur, la
Sicile fe déclara pour les Carthaginois : Hiéron même
embraffa leur parti. Toute l’Italie fçcoua. le joug.
Rome étoit perdue fans reffource, fans la faélion
qui, à Carthage, empêcha de féconder à propos
les fuccès d’AnnibaL Les Romains profitèrent du
temps qu’il laiffoit repofèr fes troupes dans la Campanie
: ils raffemblèrent une. nouvelle armée, fe
remirent en campagne. A cette nouvelle il retrouva
tout fon courage : mais fès troupes avoient perdu
Le leur. Il fut vaincu , & contraint de fuir à fon.
tour. La fcène entière changea de face. Marcelins-
(209) gagne line bataille fur les Carthaginois : it
regagne la Sicile. Le jeune Scipion, âgé de vingt-
«uatre afls, piiffe en Efpagne, où fon oncle &
fon père venoient de mourir ; il prend Carthage
la neuve, s’empare des pofleflions des Carthaginois
& enfin traverfe la mer pour fe jetter iur
l’Afrique. Plufieurs princes Africains s’ètoient
"joints à lui. Carthage fut enfin réduite à la même
extrémité où fe trouvoit Rome peu auparavant.
Annibal, victorieux pendant feize ans , ne put
fauvèri fa patrie de ce danger, ni par fes négociations
, ni par la forcé de fes armes. Il fut battu
par Scipion (202) , & la paix fut accordée aux Car-
thaginois l’année fuivante. A f
A peine étoient-ils tranquilles du cote des Ro-
mains , qu’il s’éleva des différends entre eux &
Maffiniffa, l’un des princes de Numidie, que les
Romains favorifoient ouvertement.
Trolfième guerre punique. 149. Environ cinquante
ans après, Carthage fit de nouveaux efforts pour
fe remettre en liberté. Les Romains ne leur laif-
lèrent pas le temps de faire de grands progrès. Ils
paffèrent en Afrique. Enfin, Scipion le jeune, petit-
fils adoptif de celui, qui avoit terminé la fécondé
guerre punique, eut le commandement des troupes,
& prit la ville de Carthage, dont il abandonna
pendant quelques jours le pillage à fes troupes. En-
fuitè (>46) il fit démolir cette place, & en difperfa
les habitans. Telle fut la fin de cette république
puiffante, qui avoit poffédè l’empire de la mer
pendant plufieurs fiecles.
' C AR THAG O , ville de l’A f ie , dans la grande
Arménie, Etienne de Byfance, en nommant cette
V ille ,s ’appuie de l'autorité d’Eqtrope , qui cepen- «
dant n’en parle pas. : mais Plutarque, dans la Vie
de Lucullus, parle de cette ville. Selon cet auteur,
Annibal, étant paffé en Afie-*?’étoit retiré auprès
d’Artaxerxès , & lui avoit tracé le plan d’une v ille,
que par confidération pour ce grantL homme le
prince appela d’abord Charchedon , c’efl-a-dire, Carthage
: mais dans la fuite .elle - prit celui d'Ar-
taxata. i '
CARTHAGO Vêtus,.9 ville de l’intérieur de l’Hif-
panie, dans le pays dès Ilercaons, félon Ptolemée.
Eüe étoît fituée en-deçà de YEbrus. Ptolemée lui
donne l'épithète de Tl&hcucL ou Y ancienne. Je ne
croîs pas cependant que la fondation de cette ville
eût précédé celle de Carthago nova, ou de Car-
thagène : mais , peut-être étoit-elle prefque détruite
au temps de Ptolemée j & , dans, ce cas, on lui
donnoit un nom qui indiquoit une. exiftence paffée.
C AR TH AN , ville de la Judée, dans la tribu ‘
de Nephtali, félon le livre de Jofué. Elle fut donnée
aux Lévites de cette tribu, qui étoient de la famille
de Gerfon.
Cette ville eff nommée Canathaim+ dans les Pa-
ralipomènes.
C A R TH A R A , ville de la Méfopotamie. Cluvier
n’ofe pas décider que ce foit la même que Charta
de la notice de l’empire.
C AR TIPOR TUS . Cédrène, cité par Ortélius,
nomme ainfi un port de l’Afrique proprement dite.
C A R T I I , nom d’un peuple de -l’A fie , dans la
Perfe, félon Strabon. Cafaubon veut qu’on life
Curtii au lieu de Cartii.
CAR TILÆ. C ’eft uné des leçons de Ptolemée
pour Carùncz.
C A R T IL I , baie de l’Afrique, ou les vaiffeaux
font à l’abri du vent d’eft. L’itinéraire d’Antonin
en fait mention. Elle étoit au nord-eft de l’embouchure
du fleuve Chinalaph.
C A R T 1L IS , nom d’un lieu de l’Afrique, dans
la Mauritanie céfarienne, entre C alterniez 8c la colonie
de Céfarée, félon l’itinéraire d Antonin.
CARTIMITANUM MUNICIPIUM, nom d’un
municipe de l’Hifpanie, dont il eft fait mention
fur un ancien marbre. C ’eft aujourd’hui Car lama ,
félon Ortélius, qui cite Ambroife Moralès.
CARTINÆ. Voyci C artennæ.
C A R T IN A G A , ville de l’Inde, en-deçà du
Gange, félon Ptolemée.
C AR V ANCA S , montagne dont parle Ptolemée.
Elle terminoit la Norique. Elle terminoit aufli la
Pannonie à l’occident.
C AR V AN IS , ville de la Cappadoce , que Pto-
leméë place dans le Pont Polémoniaque. Ortélius
penfe que c’eft peut-être la Carbanis d’Etienne de
Byfance & de Cêdrène ; ce qui eft très-probable.
C AR V ENTANA. Tite-Live, en parlant de ce
lieu , emploie le mot Arx. Ce n’étoit qu’une forte-
reffe. Elle étoit dans le Latium.
CAR VENTUS , ville de l’Italie, dans le Latium
félon Etienne de Byfance, qui cite le fécond livre
des antiquités de Denys d’Halicarnaffe. Sans doute
que cet endroit eft perdu : car on ne trouve pas
le nom de cette ville dans ce qui nous refte de
: cet auteur.
Ne pourroit-on pas croire que c’eft le même lieu
dont il eft parlé dans Tite-Live (/. -i f , c. yy), en di-
fant que les ennemis s’en étoient emparés à lïm-
provifte ? repente nunùatur, arcem Carventanam ab
hoflibus occupatam ejjè. Il paroît que cette fortereffe
étoit dans le pays des Latins.
C A R U L A , nom d’une ville de l’Hifpanie , dans
la Bétique , entre Btzjîlippo & Iiipa , félon l’itinéraire
d’Antonin. On croit que c’eft aujourd’hui
Villa- Nuevo-del-Rio.
C A R V O , ou C a r vo n is , nom d’un lieu de la
Gaule Belgique, entre Mannaricium & Harenaàumy
félon l’itinéraire d’Antonin. M. d’Anviile l’a placé
fur la gauche du Rhin , au nord-eft de Novïo-
magus.
CARUR A , nom d’une ville de l’Inde, que Ptc-
lemée place en-deçà du Gange.
C a r u rA. Selon Strabon, village de l’A fie mineure
, auprès du Méandre, où il y avoit des hôtelleries
pour les étrangers, & quantité de fources
bouillantes. Ce village feryoit bornes entre 1*
Phrygie & la Carie.