
aux différens attributs de l’Être fuprême. Ils l’ado-
roient fous le nom de Serapis, comme un dieu
bienfaifant & invifible ; fous les noms à'IJîs &
d'OJîris, pour reconnoître la fécondité qu’il en-
Voyoit aux terres , par le débordement du Nil. Ils
honoroient auffi les oignons & le bled. Us por-
toient de ce dernier dans les cérémonies publiques.
L’ibis, qui les préfervoit des ferpens ; l’ichneu-
mon , qui tuoit le crocodiledevenoit pour eux
un objet de reconnoiffancè à l’Être éternel. La figure
des crocodiles 8c des ferpens qu’ils confa-
croient, ne fignifioit que leur réfignation à la volonté
de Dieu, qui leur envoyoit des maux pour
les punir de leurs crimes. A la v é r ité , le petit
peuple ignorant pouvoit croire être exaucé par des
animaux auxquels ils adreffoient leurs voeux ; 8c
l’on ne peut qu’en rejetter le blâme fur les prêtres,
qui leur refufoient l’inftruéfion préfervative de cette
erreur.
Les facrifices étoient en ufage chez les Egyptiens.
Mercure préfidoit au négoce, Saturne à la
mélancolie, 6*c. Le minifire de chaque divinité
faifoit fon poflible pour étendre fa réputation. Les
offrandes que l’on faifoit à Mercure étoient très-
coûteufes ; elles confiftoient en étoffes 8c en riches
marchandifes, & cela rendoit beaucoup aux prêtres
chaque année. Les temples dédiés à Vénus étoient
les plus fréquentés par les Egyptiens. Tous ceux
qui croyoient avoir befoin de la divinité, implo-
roient fa proteâion par des voeux & des facri-
■ fices. Il y avoit des temples particuliers pour les
hommes , 8c d’autres pour les femmes. Leur réputation
dépendoit de l’adreffe de leurs miniftres à
les faire valoir. Outre cela les. facrificateurs, plus
habiles médecins que leurs dieux n’étoient puif-
fans, employoient des remèdes convenables pour
foulager les malades, & leurs fuccès augmentoient
la puiffance du dieu adoré dans le temple.
Osiris , que l’on repréfentoit quelquefois par un
faucon, eut par la fuite une forme humaine, &
un figne qui montrait fa fécondité à engendrer;
mais fon image vivante étbit le taureau nommé
Apis, qu’on drffmguôit de dèuX fortes : Apis adoré
à Memphis, 8c l’autre à Héliopolis. Apis devoir
être noir, avec une tache blanche & quarrée au
front. Sa mort étoit pleurée pendant un certain
temps, après lequel les prêtres en cherchoient un
nouveau, que l’on conduifoit à Memphis, oh il étoit
adoré , 8c on le plaçoit dans le bocage de Vulcain.
Isls étoit repréfentée fous la forme d’une femme,
avec des cornés de vache fur la tête ; un fiftre de
la main droite , pour marquer le mouvement perpétuel
de la nature ; & dans la main gauche une
cruche , pour marquer la fécondité du Nil. Elle
étoit auffi repréfentée comme Cybèle.
Serapis avoit une forme humaine, avec un
boiffeau fur la tête, pour marquer l’âbondaiice
fur la terre. Il avoit dans la main gauche une
mefure d’une coudée, pour mefurer la hauteur des
eaux du Nil,
Jupiter Ammon étoit adoré principalement a
Thèbes. On le repréfentoit avec la tête d’un bélier.
A nubis avoit la tête d’un chien.
Harpocrate avoit été engendré par Offris,
après fa mort. On plaçoit fa ftatue entre Offris
& Ifis. Il étoit le dieu du fflence , & étoit repréfente
avec le doigt fur la bouche.
Orus , que l’on confondoit fou vent avec Apollon
, étoit repréfenté comme un enfant emmailloté.
Les habitans de Coptos lui mettoient à la main
les parties honteufes de Typhon.
., Canopus , qui avoit été pilote des vaiffeaux
^Offris, étoit célèbre par fa viéfoire fur le feu,
divinité des Chaldéens. On le repréfentoit fans bras
& fans pieds.
Outre les fêtes que l’on célébrait en l’honneur
d’Apis , d’Iffs , de Jupiter , de Pan, de la Lune,
de Bacchus, &c. on en célébrait encore en l’honneur
d’autres divinités , telle que celle,
i°. De Diane , à Bubaffis. Les hommes & les
femmes s’embarquoient pêle-mêle ; une partie jôuoit
des inftrumens , & le refte chantoit. La troupe arrivée
a Bubaffis faifoit un grand nombre de facrifices,
& eonfumoit plus de vin que pendant
tout le refte de l’année.
2°. De Minerve , à Sais. On pendoit la nuit
un grand nombre de lampes devant fa porte ; elles
reftoient allumées pendant toute la nuit. Ceux qui
etoient abfens étoient obligés d’obferver cette cérémonie
en quelques lieux qu’ils fhffent.
3°. De Mars , à Papremis. On tranfportoît, la
k ^atue hors du temple ; un petit nombre
de prêtres environnoient l’image du dieu ; d’autres,
armés de bâtons, fermoient les avenues du temple,
afin de leur difputer le paffage. Il falloît combattre,
& l’on ne finiflbit pas fans répandre du fang. On
difoit que c’étoit à l’imitation de Mars, qui fut
obligé de combattre les domeftîques de fà mère,
parce qu’ils refufoient de le laiffer entrer dans le
ueu fàerê.
Les anciens Egyptiens ont quelquefois immolé
des viélimés humaines fur le tombeau d’Ofiris ,
félon le rapport de Manéthon, d’Eufèbe 8c de Plutarque.
Le fort tomboit toujours fur les roux ; mais
lorfqu’il n’y en avoit point, on avoit recours aux
étrangers. On fàcrifioit des hommes à Junon Lu*
cine, dans une ville de la Thébaïde. Cette coutume
fut abolie par Amafis.
On fàcrifioit des taureaux au dieu Apis. ; mais
on obfervoit qu’ils n’euffent aucun poil noir. Le •
facrificateur leur attachoit un morceau de parchemin
aux cornes, & on y appofoit le fceau. Hérodote
rapporte que le jour du facrifice venu ,
l’animal étoit conduit à l’autel, où on allumoit
du feu ; & après y avoir verfé d'u v in , on adreffoit
fa prière au dieu. Après cela on tuoit la viélime,
& après l’avoir écorchée, on lui coupoit la tête,
qu’on vendoitàun Grec,ou on la jettoit dans le Nil.
On fàcrifioit à Ifis un jeune taureau, dont on
ôtoit les entrailles ; & laiffant les autres parties*
on les rômpliffoit des chofes les plus exquifes,
afin de faire la confécration , qui le faifoit avec
de l’huile. Lorfque le facrifice étoit fini, les hommes
& les femmes fe donnoient mutuellement la difei-
pline. Selon Hérodote, il falloît que l’animal fut
mâle, & fans défaut* Les femelles ne pouvoient
pas être immolées à Ifis,, parce quelles lui étoient
confacrées.
C ’étoit une chèvre que l’onimmoloit à Jupiter,
parce que le bélier lui étoit confacré. Hérodote
dit que cependant une fois l’an on lui en facri-
fioit u n , que l’on écorchoit, 8c dont on mettoit
la peau fur la ftatue du dieu. Enfuite on le mettoit
dans un cercueil confacré * 8c on l’enterroit.
Les habitans de Mendès offraient une brebis à
Pan. Us regardoiént ce dieu comme un des huit
plus anciens. On le repréfentoit avec la face 8c
les pieds d’une chèvre, félon Hérodote.
Le même ancien rapporte que le cochon étoit
deftiné à la Lune 8c à Bacchus. Us en • offraient
à la Lune , lorfqu’elle étoit pleine , 8c la viande
étoit mangée, lorfque la Lune étoit nouvelle. Hérodote
ajoute que lorfqu’on fàcrifioit en l’honneur
de Bacchus, chacun tuoit un porc le foir devant
fa maifon, 8c les femmes portant de petites images
d’une coudée de hauteur, avec un priape auffi gros
que le refte du corps, chantoient les louanges du
dieu , précédées d’une flûte pendant ,1a proceflion.
E t a t m o d e r n e .
L ’Egypte , qui a été le berceau de l’idolâtrie,
eft aujourd’hui partagée en deux fe&es ; la Ma-
hométane , 8c celle des Coptes. Ceux-ci, qui font
les plus anciens habitans de l’Egypte , y font encore
en allez grand nombre. Ils ont des églifes
au Caire, & dans d’autres provinces. Us fuivent
la do&rine d’Eutichès , & ils font gouvernés par
un patriarche , qui réfide au Caire.
G o u v e r n em e n t p o l i t iq u e .
La nation égyptienne étoit divifée en deux claffes ;
la première , à la tête de laquelle étoit le r o i, com-
prenoit les prêtres 8c les foldats ; la fécondé ren-
fermoit les laboureurs , les bergers, &c.
Du roi. La couronne, en Egypte ,. étoit héréditaire
, 8c les rois étoient obligés de fe conformer
aux loix du pays, non-feulement dans l’adminiftra-
tion des affaires, mais encore dans leur particulier.
Us n’avoient point d’efclaves à leur fervice ; mais
les fils des prêtres y étoient admis dès l’âge de vingt
ans , & c’étoient comme des furveillans auprès au
prince. Le roi avoit des heures réglées où nuit
& jour il étoit obligé de vaquer aux affaires. Dès
le matin il lifoit les lettres & les dépêches, afin
d’être inftruit à fond des affaires de fon royaume.
Après s’être baigné, il fe rendoit au temple pour
facrifier ; & là le grand-prêtre, en préfence du
peuple, après avoir prié pour la fanté & la prof-
périté du monarque, donnoit des louanges à fa
juftice 8c à fon adminiftration , s’il en méritoit, ou
il s’étendoit avec emportement fur fes fautes. En-
fuite on lifoit, dans des livres facrés , quelques
maximes fages , pour rendre le monarque vertueux.
II avoit auffi des heures réglées pour fes
plaifirs. On ne luifervoit que des mets très-communs,
& une certaine quantité de vin. Le roi ,
qui le premier introduifit le luxe , fut maudit par
une infeription, dont fait mention Plutarque, dans
le temple de Thèbes ( i) . U ne pouvoit fatisfaire
fes partions, ni faire le moindre tort à fes fujets.
Mais auffi lorfqu’ils Envoient les loix dans les ju-
gemens qu’ils rendoient, ils étoient adorés de leurs
peuples. De manière qu’ils étoient plus attentifs
à la vie de leurs rois , qu’à celle de leurs femmes
8c en fa ns.
Lorfqu’un monarque mourait, tout le peuple
en pôrtoit le deuil, & déchirait fes habits. On
fermoit les temples , 8c lés facrifices 8c les fêtes
folemnelles cefloient pendant foixante-douze jours.
Une troupe de trois cens, tant hommes que femmes,
fe mettoient de la boue fur ia tê te , 6c faifoient
une proceflion , en chantant des chanfons funèbres
en 1 honneur du mort. Enfuite on expofoit le corps
à l’entrée du fépulcre, 6c chacun avoit la liberté
de blâmer 6c de critiquer, fa conduite paffée. S’il
avoit régné dignement, le grand-prêtre faifoit fon
éloge , auquel le peuple applaudiffbit ; mais fi au
contraire il avoit mal régné, on le cenfuroit, 8c
même on lui refufoit la fépulture»
Des prêtres. Les prêtres ou miniftres de la religion
, étoient extrêmement révérés des Egyptiens.
Us étoient toujours avec le r a i , 6c afliftoient
à fes confeils , pour y donner leurs avis , 8c ptour
leur faire connoître, par le moyen de la divination
, le fuccès des entreprifes. Us lifoient auffi en
fa préfence quelques traits de l’hiftoire ou des
livres facrés. Us portaient des habits de lin , 6c
ils avoient grand foin de fe purifier 6c de tenir
leurs corps très-propres. Diodore de Sicile dit qu’ils
etoient exempts de foins domeftiques 6c de toutes
taxes, 6c qu’on leur fournifîbit la nourriture ; mais
il leur étoit défendu de manger du poiffon. Selon
Hérodote, les fèves leur étoient en horreur, parce
qu’ils les regardoient comme impures.
Des foldats. Les foldats ou gens de guerre étoient
divifés en Caldfiriens 8c en Hermotybiens. Les premiers
habitoient à Thèbes, à Bubaftîs, à Apris ,
à Tanis, à Mendès , à Sebennitus, à Athribis, &c.
Les féconds habitoient les provinces de Bufiris ,
de Sais, de Chemmis, de Papremis , &c. Les rois
d Egypte pouvoient mettre environ 410,000 hommes
en armes,dont a 50,000 Calafiriens, 8c 160,000
Hermotybiens. Les foldats étoient obligés, de père
en fils , de s’appliquer au métier de la guerre, félon,
le rapport d’Hérodote. Quand un foldat manquoit
à fon devoir, il étoit noté d’infamie. Us avoient
chacun une portion de terre de cent coudées égyp-
(1) Diodore parle auffi de cette malédidKon portée
contre Menés | qui avoit introduit l’ufage des mets.
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