
cendans s’établirent dans ce même pays : les der-
tiiers de tous furent les Iduméens. Mais les fils de
Jecton, puis les Cushites, établis dans la partie orientale,
s’étendirent de ce même côté. Ils partagent
l’honneur d’avoir donné naiffance aux Arabes
aéhiels. Ces premiers peuples ont été inconnus aux
auteurs Grecs & Latins.
Nous ne connoiffons pas d’auteur qui, avant Pto-
lemée, ait partagé l’Arabie en Arabie pétrie, répondant
à l’ancienne Arabah ; en Arabie déferte & en
Arabie heureufe, comprifes par les Hébreux, fous
le nom de Kedem. Ce n’eft pas ici que je dois faire
connoître l’étendue de chacune de ces provinces ;
je ne veux que nommer les principaux peuples que
l’antiquité leur attribue. Voyeç A r a b ia .
A r a b ie p é tr é e . Les principales nations de l’A rabie
pétrée étoient les IfmaéLïtes, les Nabatoei, les
Cedrei ou Kedareni & les Agarenï ou Hagareni. Peut-
ê.re faut-il leur ajouter les Mekunim, qui demeu-
roientprès de l’Egypte. Voye{ Varticle particulier de
chacun de ces peuples , auffi-bien que les fuivans.
A r a b ie d é s e r t e . Les Cauchabeni, félon Ptole-
mée , habitoient la partie de cette province, qui
eft arrofêe par l’Euphrate, au lieu que les Bata-
noù faifoient leur féjour vers les confins de la Syrie.
Les Asubeni & les Raabenï étoient plus auiiid, vers
les frontières de l’Arabie heureufe ; & les Orcheni
faifoient leur demeure près du golfe Perfique. Au-
deffus des Cauchabeni , près des frontières de la
Babylonie, habitoient les ÆJîta., & au-deffus des
Rhaabeni les Mafani. Les Agrcei étoient fitués plus
avant dans le pays, & dans les endroits montueux,
à une médiocre diftance de la Chaldée, les Mar-
teni ou Martini. Toutes ces nations étoient fort
obfcures.
A r a b ie h eu r eu s e . Strabon dit que de fon
temps elle étoit divifée en cinq royaumes. Les principaux
peuples que les Anciens y raflent connoître ,
font lès Sabcà, les Gerro&i, les Minai ou Mïnnoà ,
les Attramita, les Maranitoe, les Catalanï, les A [cita,
les Homeritot, les Sqphoritce, les Otnanotce, les Sa-
raceni, les N a b a thoe iles Thamydeni, les Bi^o-
menot.
On v o it, par les auteurs, que de ces peuples les
uns habitoient en pleine campagne fous des tentes ;
«Tautres étoient fixés dans des villes. Les premiers
étoient fournis à des chefs qui les gouvernoient,
comme le font, à-peu-près, les Bénoiiins de nos
jours, & autres. Eratofthène, cité par Strabon,
nous apprend que plùfieurs villes d’Arabie étoient
gouvernées par leurs propres princes. Mais , remarque
Strabon, la fucceflion n’y étoit pas héréditaire.
Le premier enfant né dans quelques-unes des
familles nobles,après l’avénement d’un prince au
trône, étoit reconnu pour l’héritier préfomptif.
Ainfi, dès qu’un prince parvenoit au trône, on fai-
foit une lifte de toutes les femmes mariées, & des
nobles enceintes; &,dès - lors elles étoient gardées
& fervies d’une façon particulière, jufqu’à ce
qu une d’elles accouchât d’un fils, qui recevoit uile
éducation convenable à fa deftination.
Nous ne favonS guère de leurs inftitutions civiles-
que ce qui fuit : i ° . l’ordre de fucceflion dont je
viens de parler ; 20. quand les Sabéens conféraient
la puiffance fuprême à leur ro i, la cérémonie s’eir
faifoit par tout le peuple affemblé; 3?. il étoit dé~
fendu au roi de fortir de fon palais, dès qu’il avoit
une fois pris les rênes du gouvernement ; 40. fes
fujets avoient le droit de le lapider, en cas qu’il
lui arrivât dé violer cette loi ; 50. cependant ils
lui dévoient l’obéiffance la plus abfolue, en casque
fes ordres ne fuffentr point oppofés à la condition
fondamentale dont je viens de faire mention.
Quant à la religion, on peut croire qu’ils eurent
d’abord la connoiflance du vrai D ieu , telle que
l’avoient Abraham, Ifaac & Jacob. Mais bientôt
les affres devinrent les objets de leur culte. Il femble
aflfez naturel de croire que ce fut la première efpèce
d’idolâtrie. Aufli Paiifanias la regarde-t-il comme*
très-ancienne, puifqu’il dit qu’avant l’arrivée des*
Pelafges dans la Grèce, on y avoit déjà élevé des
ftatues en l’honneur des planètes.. Non-feulement
la beauté- de ces corps plus ou moins lumineux,
& l’influence du foleil fur toutes les opérations de
la nature, leur avoient imprimé une vénération
profonde pour ces êtres fi fort fupérieurs à eux en
grandeur oc en étendue ; mais allant plus loin, ils
ne les regardoient que comme les habitations d’une
forte d’intelligence qui eh dirigeoient les opérations.
Cependant, malgré cette multiplicité d’êtres
occupés du gouvernement de l’univers, il paroît
que les Sabéens ont admis l’unité d’un Dieu. Dans
la fuite, ceux qui firivoient ce culte, formèrent
une feéte à part, 8c le refte de la nation’ s’adonna
au culte des idoles. Cependant la religion judaïque
& chrétienne s'introduisirent parmi les Arabes. Aufli
Mahomet ne crut-il pas devoir profcrire abfolument
leurs dogmes.
Placés fous un beau ciel, & doués d’un génie
ardent, les Arabes furent long-temps poètes & orateurs
avant d’être écrivains. Selon leurs propres
auteurs,leur Langue avoit acquis, depuis long-temps,
toute fa perfe&ion, lorfqu’ils commencèrent à avoir
un alphabet. Les plus anciens cara&ères furent ceux
de la nation Hamyarites auxquels fuccédèrent les
cara&ères cufiques, en ufage au temps de Mahomet,
& différent des cara&ères modernes. Ils portèrent
très-loin le talent dans lapoéfîe & dans l’éloquence.
On cite le nom de fept poètes, qui méritèrent que
leurs ouvrages fuffent fufpendus. dans le Caaba ,
c’eft-à-dire, la maifon carrée, qu’ils croient avoir
été bâtie à la Mecque par Ifmaël, & qui y e ft, il
eft vrai, très-ancienne.
Ces anciens Arabes partageoient l’année en fix
faifons : i°. la faifon des herbes, des fleurs, &c. ;
i ° . l’été ; 30. la faifon chaude; 4P. la faifon des
fruits ; 5 l’automne; 6°. l’hiver. Leur année étoit
lunaire, & comprenoit douze mois, formant en
tout 354 jours: mais pour rapprocher cette année
de l’année folaire , de 365 jours , ils intercaloient
un mois toutes les quatrièmes années. Us connoif-
foient aufli l’ufage des femaines, ou de la période
de fept jours, dont quatre font une révolution lunaire.
Les principales fciences dont s’occupaffent les
Arabes, étoient, i ° . la connoiflance de leurs généalogies
& de leur hiftoire ; a0, l’aftronomie ; 30. l’interprétation
des fonges. D e l’aftronomie, très-fimple
d’abord, & réduite par eux à quelques obfervations,
étoit née l’aftrologie , fcience vaine, mais qui n’a
pas moins été en vogue chez les nations occidentales.
Les Arabes cultivèrent de bonne heure l’art de
'dreffer les chevaux, de fe fervir de l’arc & de la
lance. Il paroît aufli qu’ils ont pratiqué de temps
immémorial l’ufage de faire des courtes & de piller
les voyageurs, quoique d’ailleurs doux & hofpita-
liers, quand oh imploroit leur afliftance. Ceux qui
habitoient les villes cultivoient 1 agriculture, nour-
riffoient du bétail & s’adonnoient au commerce.
Quant à ce que les Anciens ont dit de tout l’or
qui fe trouvoit dans l’Arabie heureufe, je crois pouvoir
en douter^ L’éloignement, l’abondance des aromates
, les richeffes de quelques villes commerçantes,
& le nom de Félix ou d’heureufe, qu’on lui
avoit donné en la comparant aux deux autres Ara-
bies, ont fait, je crois, imaginer qu’il n’ÿ manquoit
rien de ce qui produit la richeffe. De -là cette abondance
d’ôr chez les Alilcù & les Caffandrini, qui
donnoient le double de poids de ce métal pour fe
procurer du fe r , & dix fois le poids pour avoir de
l’argent; de-là aufli ces morceaux d’o r , gros comme
des noyaux d’o liv e , même comme une noix, qui
s’y trouvôîent, difoit-on , dans la terre. Diodore
ajoute même que cet or avoit tant d’éclat, que
.quand on y enchâffoit quelque pierre précieufe,
l ’éclat de la pierre en étoit augmenté.
Les Arabes s’occupèrent de commerce, & les
préjugés fur l’or de leur pays ne pouvoient avoir
que cette caufe. On voit même dans la fuite de
leur hiftoire que la Perfe leur fut foumife : ils
allèrent même jufqu’à la Chine, & ils avoient un
cadhy à Canton. En 758 ils afliégèrent cette ville ,
& y pillèrent & brûlèrent les magafins. Le commerce
reprit en 79 8, fous le calife Haroun.
La nature de cet ouvrage ne me permet pas de
placer ici l’hiftoire des Arabes. Je ne dirai qu’un
mot de l’origine qu’ils s’attribuent. Selon eux, le
plus ancien de leurs ancêtres éft Kahtan, que nous
croyons être lë Je&an, fils d’Heber, de l’Ecriture-
Sainte. Ce Kahtam eut treize fils , qui peuplèrent
d’abord les parties feptentrionales de f Arabièy-puis
s’ étendirent dans la prefqu’île; d’eux font defcendus
les véritables Arabes, ceux qui les premiers eurent
des habitations dans le pays qui porte leur nom.
Lorfque dans la fuite Ifmaël eut été chaffé de la
maifort d’Abraham par fon propre père, il fe retira,
ou plutôt, il Fut mené, par fa mère A g a r ,
dans le défert de Bethfabée ; puis ayant époufé line
-femme Egyptienne , comme le dit l’écriture, il
habita le défert de Pharan, & eut une nombreufe
poftérité ; d e - là l’autre efpèce d’Arabes appelés
Bédouins, habitant fous des tentes, courant après
les caravanes, & pillant leurs voifins, fous prétexte
de reprendre leur part de l’héritage dont fut dépouillé
leur père Ifmaël.
Voilà quels furent les commencemens des Arabes
: au refte , aucun peuple n’a mieux confervé
fon indépendance & fes anciennes coutumes.
Si l’on en excepte ce qui eft dit des grandes conquêtes
de Séfoftris, on peut croire que la domination
des rojs d’Egypte ne s’étendit pas fur les
Arabes. D ’un autre c ô té , les Aflyriens , les
Perfes, ne firent prefque aucune conquête fur
e u x ; & même, félon Hérodote, Cambyfe voulant
entrer en Egypte, leur demanda le paflage*
C ’étoit, par une fuite de ce cara&ère porté à l’indépendance
, que feuls de tous les peuples placés
auprès des conquêtes d’Alexandre, ils ne lui envoyèrent
pas d’ambaffadëurs. Il en avoit fait la remarque,
& vouloit porter fes armes contre eux*
On peut croire que les armes n’euffent pas eu le
fuccès qu’elles avoient ailleurs, fi l’on en juge par
l’inutilité des efforts d’Antigone, l’un de fes fuc-
ceffeurs. Il fut battu à différentes fois par les Arabes.
S i, dans la fuite, les Romains en exigèrent
quelque tribut, ce ne fut jamais de tous les Arabes;
mais feulement de quelque partie. On trouve cependant
que fous Augufte,Gallus pénétra fort avant
en Arabie.Trajan enîuite y pénétra aufli fort avant;
Sévère marcha depuis contre les Hangariens. Mais
les fuccès de ces princes ne fournirent pas les Arabes,
vaincus feulement pour un temps , & non pas
encore dans la totalité. Ce peuple a toujours depuis
confervé fes moeurs & fon indépendance.
A R A B IA , Arabie. Cette partie confidérable de
l’A f ie , l’une de celles qui a le plus exactement con*
fervé fon nom, eft au fud-oueft de l’Afie , féparée
de l’Afrique par la mer Rouge. Quoique réellement
elle forme une grande prefqu’île, & que fes maîtres
a&uels lui donnent-quelquefois ce nom * dans leur
langue Dgezira-al-Arab , l’île ou prefqu’île des
Arabes, le nom d’Arabie s’étendoit cependant au
nord, bien au-delà de ce que l’on peut comprendre
dans la prefqu’île. Les limites de ce côté font à-
peu-près les mêmes chez les différens auteurs. Voici
celles auxquelles je me tiens d’après M. d’Anville.
Si du bord de la mer, au fud de Gaza, au point
011 finiffent les bornes de l’Egypte, on.tire une ligne
vers l’eft, & paffantpar le fud du lac Afphaltite,
puis remontant par le nord-eft jufqu’à 'Agarnana ,
fur le bord de l’Euphrate ( à-peu-près à la hauteur
de Palmyre ) '& que de ce point on redefcende par
le fud-eft, parallèlement au cours général de l’Euphrate
, jufqu’au fud de fon embouchure dans le
golfe Perfique, on aura les bornes de l’Arabie dam