
garie, qui eft aujourd’hui le royaume de Bulgare
fituê à l’orient du Volga. On fait d’ailleurs que
cette origine étoit commune aux Scythes chrétiens
&. aux nomades, que l’hiftoire confond très-
fou vent , en les appelant tantôt Scythes 6c tantôt
Bulgares; que c’étoit en effet la mèmè nation, &
qui ne formoit peut-être qu’une même fociéte ;
avec la différence que tant que les Scythes chré~
tiens 8c policés y prédominèrent, ils ne furent
connus que fous le nom de Scythes, au lieu que,
lorfque les Scythes païens, groffis par le refte; des
Goths qui étoient refiés dans le pays, jouèrent le
premier rôle, on les appela Bulgares. Us donnèrent
beaucoup d’inquiétudes aux empereurs grecs, &
devinrent indépendans dans la Mcefie, qui fe donna
de nouveau au paganifme, 8c ne retourna à la foi
de J. C. que dans le huitième fiècle. La première
guerre de ce peuple contre les empereurs grecs, j
fut une guerre de religion, occasionnée par l’excès
du zèle des Scythes orthodoxes.
Le patriarche Timothée, qui avoit adhéré.au
concile de Chalcédoine, avoit enfuite changé pour
complaire à l’empereur. Les Scythes chrétiens refu-
foient de communiquer avec lu i , & s’expofoient
par-là à être perfécutés. Leur patience étant pouffée
à bout, ils fe révoltèrent, & prirent pour chef le
comte Vitalien, leur compatriote. Il s’empara de
la Thrace, de la Mcefie & de FUlyrié; & l’an
510 , il s’avança près de Conftantinople. Il obligea
l ’empereur Anaftafe de demander la paix, qui fut
terminée çn 514. L’empereur promit de rappeler les
prélats exilés, de rétablir Macédonius fur le fiège
patriarchal de Conftantinople, & de taire ceO'er
les vexations exercées contre les catholiques. V italien,
vainqueur, mit les armes bas à cette condition
; mais l’empereur ne remplit aucun de fes
engagemens. Juftin , fucceffeur d’Anaftafe, attira
Vitalien à Conftantinople, le créa conful, & le
fit maflbcrer le 7 mars de l’année 520, à l’infti-
gation de fon neveu Juftinien, qui • le regardoit
comme un rival à craindre,.parce qu’il étoit aimé
des peuples, qu’il jouiffoit d’une haute réputation
& d’un crédit fans bornes, 8c que même il parta-
geoit toute l’autorité avec l’empereur. On voir par-
là que les Scythes chrétiens prédominoient encore ;
mais fous l’empire de Juftinien , qui fuccéda à fon
oncle Juftin, les Scythes païens ou nomades prirent
le defliis.dans la nation, fous le nom de Bulgares,
& furent du nombre des peuples que Bélifaire
fournit aux Romains.
M. de Peyffonnel dit, dans fa differtation fur
l’origine de la langue fclavone, que Pomponius
Lætus rapporte que l’empereur Anaftafe fit bâtir
la longue muraille, depuis la mer jufqu’à Sélivrée,
pour s’oppofer aux incurfions des Bulgares & des
Scythes, & ‘lçs empêcher d’inquiéter les habitans
de Conftantinople Cet auteur ajoute que la même
chofe eft rapportée par du Cange; qu’il fixe cette
époque à l’an <02, & ajoute que'les Bulgares,
'Vers ce temps-là, payèrent l’ülyrium, 8c prirent
, Sirnmih. M. de Peyffonnel 'dit ejxcofe que ce font
les Bulgares qui, depuis le feptième fiècle, ont
donné tant de peine aux empereurs de Conftan-
tinople, & qui, tantôt alliés;, 6c tantôt oppofés
aux .diverfes. tribus de.Slaves., ont ravagé 6c conquis
prefque toutes les provinces de la Grè.ce,
fe font avancée même ju (qu’au Péloponnèfe, 6c
ont répandu la langue fiave, qui étoit devenue la
leur x dans toutes les proviuces qu’ils ont occupées,
6c où on la parle encore. On lit dans la même
differtation., qu’en l’an 865, Bogoris, prince des
Bulgares, à l’occafion d’une grande famine dont
fou pays étoit-affligé, fongea à avoir recours au
dieu des chrétiens. La famine ceffa 6c il reçut le
baptême. Les Bulgares eurent quelques doutes qui
leur furent infpirês par les Grecs, 6c en confé-?
quence le pape envoya des, légats pour’y répondre.
Le crédit que les légats du pape acquirent à.Constantinople,
fut un fujet de jaloufie pour le patriarche
Photius, 6c la fource du fchifme des Grecs. Les patriarches
voulurent difputer aux papes la jurifdiâion
fur ces nouveaux profélytes. On tint un concile
à Conftantinople, à ce fujet, en l’an 87a. Les.am-
baffadeurs du roi des Bulgares demandoient s’il»
dévoient être fournis au pape ou au patriarche de
Conftantinople, pour le fpirituel. Le*« légats d’O -
rient que l’on clioifit pour arbitres de cette quef-
tion, décidèrent que, puifque les Bulgares avoient
conquis leur pays fur les Grecs, ils dévoient être
fournis au patriarche. Les Bulgares, en vertu des
décifions du concile | eurent des évêques grecs, 6c
prirent la lithurgie grecque. U paroît que la langue
efclavone devint celle des Bulgares, car on fut
obligé de recourir à la lithurgie traduite en cette
langue pour la leur faire comprendre.
M. de Peyffonnel dit que du Cange, fur. la foi
de Francifcus Irénicus, fait defcendre des-Bulgares
de la Scandinavie, 6c de - là dans la Poméranie
maritime; que d’autres auteurs, comme Nicéphore,
patriarche de Conftantinople, & Théophaaes, ont '
prétendu qu’ils avoient d’abord habité fur les bords
du Palus- riéotide, vers le fleuve Coba , ou ; le
Couban ; que Conftantin Porphyrogénète les place
dans le *voifinage des Patzinacites qui, de fon
temps, avoient leurs demeures dans les pays ar-
rofés par le Danapris (D n iep e r), 6c par le Da->
naftris ( Dniefter). M. dè-Peyffonnel continue qu’il
eft certain que ce n’eft pas-là leur première habitation
, 6c qu’ils n’y vinrent qu’après que, dans
leurs diverfes incurfions , ils le furent avancés vers
les régions méridionales 6c les bords du Danube.
Cromerus les fait defcendre de la Sarmatie afia-
tique, des confins de la Ruffie.
M. de Peyffonnel, dans fes obfervations hifto-
riques, dit que les Bulgares commencèrent leurs
courfes dans la Thracé en l’an 681 ; que l’empe-
| reur Conftantin Pogonat, fils de Conftans, fut
forcé de faire avec eux une paix Jionreufe, 8c
même de leur payer un tribut. On leur accorda
I par le même traité, des terres dans la première
Mcefie,
Moefie, où Ternobum (Ternova) devînt enfuîte
leur capitale.
M. de Peyffonnel ajoute que Juftinien I I , fils
de Conftantin Pogonat, rompit le traité que fon
père avoit conclu avec les Bulgares ; mais qu’il
fut pareillement réduit à leur demander la paix,
6c ne put l’obtenir qu’en leur rendant tout ce qu’il
leur avoit pris.
On lit dans les mêmes obfervations, que l’on
peut regarder une dernière incurfion des Scythes
par le Pont-Euxin, comme l’époque de l’établiffe-
ment des Bulgares dans la Scythie pontique , qu’ils
n’étoient pas encore.connus fous ce nom; qu’ils
ne le prirent que long-temps après ; que les Bulgares
peuvent être mis au rang des Scythes Tar-
tares ; mais qu’ils adoptèrent dans leur nouvelle
habitation la langue fiave, par leur voifinage 6c
leur commerce continuel avec les peuples Sclavons.
En 713 , les Bulgares firent une irruption dans
la Thraçe. On les voit encore vainqueurs dans
quelques autres guerres, foit que les- empereurs
aient porté les armes en Bulgarie, foit qu’ils fe
Ibient jetés fur les terres de Pempire.
La guerre fe ralluma en 763 , qùe Conftantin
Copr'onÿme entra à main armee dans leur p a y s ,
8c remporta une viâoire complète. Il fut aufli
heureux deux ans après.
Léon III fit la*paix avec les Bulgarés; mais
Conftantin Porphyrogénète leur fit la guerre en
791 ; Cédrène dit qu’il remporta une victoire confi-
dérable; Zonare, au contraire , prétend que l’on y
perdit l’élite de l’armée. L’année fuivante, fa défaite
fut entière. J’abrège tous ces récits de combats
, pour dire qu’en 8 1 1 , Nicéphore marchant
contre les Bulgares, 8c les ayant réduits au défef-
poîr par la dureté des conditions de paix qu’il
vouloit leur impofer, fut défait avec fon armée,
6c lui-même refta mort fur le champ de bataille.
Les Bulgares continuèrent ainfi prefque toujours
d’avoir l’avantage fur les Romains, jufqu’ à ce que
Léon V engagea les Hongrois à fe joindre à lui
pour les attaquer. Ce moyen réuflit. Us furent
battus ; mais bientôt ils recouvrèrent leurs premiers
avantages, 8c Siméon, qui commandoit alors la
nation, battit de nouveau les troupes de l’empereur,
6c, en 897, le força à conclure une paix très-
humiliante. Après plufieurs autre's fuccès, Simeon
s’étbit rendu maître d’Andrinople, 6c peu après
vint; jufqu’à Conftantinople : il campa devant le
fauxbourg des Blaquernes. La paix fe fit, 6c Ro-
manus; reconnu collègue de Conftantin en 9 1 5 ,
s’y prit avec tant d’adreffe, qu’il décida Siméon à
renoncer à fes entreprifes contre les Grecs, 8c à
porter fes armes contre les Chrobati, peuple idolâtre
6c qui faifoit partie des Slaves.
L’empereur Bafile reçut, en 987, un échec confi-
dérable; mais il en.fut bien dédommagé par les
fuccès qui fuivirent. Le roi des Bulgares ayant
été tué au fiège de Dyrrachium, qu’il avoit entre;
pris, les Bulgares demandèrent la paix. Les gou-
Géographic ancienne.
verneurs fe fournirent à Bafile, 8c même la veuve
du dernier roi fe rendit auprès de l’empereur avec
fix filles 6c trois de fes fils. Les trois autres vou-
loient continuer la guerre; mais ils furent entourés
8c forcés de fe rendre aufii. Un feul homme,
Ibatzez, allié à la famille royale, entreprit de
défendre encore la liberté de fon pays. Fortifié dans
un château placé au haut d’une montagne , 6c du
plus difficile accès, il refufa de fe foumettre à
aucune condition ; mais il fut pris dans fon château
6c amené à l’empereur. Cette conquête de
la Bulgarie eft de l’an 1019 de notre ère.
U y eut encore quelques foulévemens dans le
pays ; mais l’iffue fut toujours favorable aux
Grecs, Les Bulgares fervirent enfuite de bon ne-
foi 8c avec zèle contre les Latins *& contre les
Turcs. Ce fut Jean, roi de Bulgarie, q u i, en 1206,
défit devant Andrinople , Baudouin, premier empereur
latin de Conftantinople. Ce barbare traita
l’empereur avec une. cruauté atroce. Car lui
ayant fait couper les pieds 6c les mains, il le fit
jeter dans une vallée, o ù , après trois jours des
douleurs les plus affreufes, fon corps fut dévoré
par les bêtes faüvages 6c les oifeaux de proie.
En 1275 , Etienne, roi de Hongrie, vainquit,
en bataille rangée, Céa, roi des Bulgares, & le
força de le reconnoître pour roi. De-là les rois de
Hongrie ont continué à prendre le titre de roi de
Bulgarie, mais ils n’en eurent que le titre. Les
Bulgares, aidés par les empereurs grecs, fecouèrent
le joug de ces rois. Us entreprirent enfuite, en
1369, de reprendre Andrinople, qui étoit au pouvoir
des Turcs ; mais ils furent entièrement défaits.
Bajazet, fucceffeur d’Amurath, fit plus encore ;
il fubjugua toute la Bulgarie en 1396, 6c en fit
une province de l’empire ottoman, auquel elle
appartient encore.
En réfumant ceci, on trouve que les Bulgares
commencèrent à former un petit royaume depuis
670 jufques vers l’an 1041 ou 1042. Us recommencèrent
à fe montrer affez forts pour former
un état indépendant en 1196 ; ce dernier ne finie
qu’en 1396.
BULGIATENSIS V IL L A , lieu de la Gaule
celtique, félon Grégoire de Tours, cité par Or-
télius.
BUL IA, ville de Grèce, dans la Phocide, félon
Ptolemée. Elle eft nommée Bulis par Paufanias 6c
Etienne de Byfance. (Fbycç ce mot).
BUL INI, peuple fitué, félon Etienne de B y fance,
vers l’Ulyrie. U ajoute qu’Artémidore ne
dit pas que ce fut un peuple, mais une ville, qu’ik
nomme Bulina.
BUL IS, ville maritime de la Phocide, qui étoit
fituée vers le golfe de Corinthe, près des frontières
de la Béotie. On y voyoit deux temples
l’un de Bacchus, 6c l’autre de Diane : les ftatucs
des dieux étoient en bois. Ces peuples révéraient
particuliérement un dieu, qu’ils nommoient le trèr-
grdnd. La fontaine Saunium leur fourniffoit de