
les forces maritimes de cette république, jufques
à avoir quatre cens galères en état de tenir la mer,
Ce fut lui qui fit achever le théâtre, & conftruire
un lieu d’exercice au Lycée. Le tyran Lacharès
enleva tous les monumens d’or ou d’argent que
Lycurgue avoit confacrés dans le temple de Minerve
ou ailleurs ; mais il laiffa fubfifter les édifices.
A l’entrée de l’Académie étoit un autel dédié à
l’Amour, où il y avoit une infcription qui difoit que
Charmus étoit le premier Athénien,qui eût confa-
cré un autel à cette divinité : ce Charmus vivoit du
temps de Pififtrate. L’autel de ce dieu qui fe voyoit
dans la citadelle, & que l’onnommoitl’autel.d’An-
théros, avoit été érigé par des étrangers habitués à
Athènes. L’autel de Prométhée étoit aufîi dans
l’Académie : c’eft de cet autel que l’on partoit
en courant avec des flambeaux allumés jufques a
la ville ; pour remporter le prix il falloit arriver' le
premier avec fon flambeau allume. On voyoit
«tuffiun autel confacré auxMufes, un à Mercure,
un à Minerve, & un à Hercule. On y montroit un
olivier, que l’on difoit être le fécond qui eût pris
naiffance dans l’Attique. Platon avoit un tombeau
digne de la curiofité, auprès de l’Académie ; la tour
du fameux mifanthrope Timon, étoit du même côté
que le tombeau de Platon. On remarquoit une
éminence* que l’on nommoit la colline aux chevaux,
où il y avoit deux autels, l’un dédié à Neptune
& l’autre à Minerve : les deux divinités y
étoient à cheval. Le monument héroïque de Piri.-
thoüs, de Théfée, d’OEdipe & d’Adrafte, étoit dans
le même endroit. Il y avoit eu autrefois un bois
facré & un temple confacré à Neptune ; mais ils
avoient été brûlés par Antigone, qui fit tant de
maux aux Athéniens, lorfqu’ÏÏ entra dans l’Attique
avec fon armée. Par - tout dans les environs d’A thènes,
tant furies grands chemins que dans les
bourgades, on voyoit des temples confacrés aux
dieux & une infinité de monumens élevés en l’honneur
des héros & des grands hommes de la nation.
On ne fera pas étonné du trifte état où fe trouve
-a&uellement rédui e la ville d’Athènes,en fàifant
réflexion à tout ce qu’elle a éprouvé depuis les
premiers fiècles de notre ère.
Ses murailles détruites par Sylla ne furent re-
confiruites que par l’Empereur Valérien ; cependant,
malgré ce moyen de défenfe, fous le règne de
Claude le Gothique, cette ville fut ravagée par des
Scythes. Sous l’empire d’Honorius, elle le fut par
Alaric.
Les Latins,maîtres deConftantinople, portèrent
leurs armes contre Athènes. 11 eft vrai que l’empereur
Beaudouin ne put la prendre; mais le marquis
de Boniface fut plus heureux. Les François continuèrent
à être maîtres d’Athènes jufqu’en 1282,
que les Catalans & les Aragonois les en chaffèrerct.
Quelques familles françoïfes confervèrent cependant
le titre de ducs d’Athènes.
De ces Aragonois, cette ville paffaà une famille
originaire de .Florencenommée Acçiaioli, Mais
le huitième prince de cette maifon fut contraint
de l’abandonner en 145 5 à la valeur de Mahomet II.
Les Vénitiens la reprirent. Mais les Turcs la reconquirent
de nouveau ; elle eft encore à eux.
A th e næ , ville de l’Arabie, félon Pline.
A t h e n æ , lieu à l’extrémité orientale du Pont-
Euxin, où il y avoit un temple de Minerve, bâti à
la manière des Grecs, félon Arrian.
A th e n æ , ville du Péloponnèfe, dans la Laconie,
félon Etienne le géographe, & Suidas.
A th e n æ , lieu de l’Afie Mineure, dans la Carie,
félon Etienne le géographe.
A t h e n æ , ville de Grèce, dans la Béotie, fituée
fur le fleuve Triton, du temps que Cécrops gou-
vernoit ce pays, nommé alors Ogygie. Strabon en
parle comme d’une ville qui avoit été fubmergée
par une inondation.
Paufanias rapporte que les Béotiens difoient
qu’il y avoit eu une ville d’Athènes près du lac
Copaïs; mais que les débordemens l’avoient détruite.
A t h e n æ , ville de l’Acarnanie. Démétrius, cité
par Etienne le géographe, dit que les Athéniens bâ-
tiffant une ville dans la Curétide, ancien nom de
l’Acarnanie, lui donnèrent le nom d’Athènes.
A t h e n æ , ville de la Ligurie, félon Etienne le
géographe.
A t h e n æ , ville de l’Italie , félon Etienne de
Byfance.
A t h e n æ , ville de la Sicile, félon Diodore de
Sicile.
ATHENÆUM, bourg de l’Arcadie, à l’eft de
Megalopolis-,
ATHENIENSES, les Athéniens. On appelloit
ainfi les habitans d’Athènes & de fon territoire, La
célébrité de ce peuple mérite les détails danslefquels
je vais entrer ; j’y mettrai le plus d’ordre qu’il me
fera poflible. Sur lafituation, l’étendue de leur
ville, voyez A t h e n æ .
Origine. Je ne puis parler de l’origine des Athéniens,
fans rappeller en deux mots ce que l’on
trouvera, d’après M. de la Nauze, à l’article des
Grecs. Les premiers habitans de la Grèce de la
Theffalie étoient défignéa par le nom de -Pélafges.
Deucalion, qui régnoit dans la Phthiodide, de-1-
venu puiffant & ayant un fils auquel il vouloit
aflùrer un état plus étendu, fit la guerre aux Pé-
lafges & les chaffa en grande partie de la Grèce.
Peu après les fujets d’H'ellen fils de Deucalion,, ne
furent plus connus que fous le nom générique
ÿHellermes. Ceux des Pélafges qui étoient reftés
dans le pays, furent compris fous cette même dénomination.
Mais Hellen eut trois petits-fils, Eolus, Ion, &
Dorus; leurs defcendans & probablement même
ceux qui dès-lors leur furent fournis, en reçurent
les noms d’Eoliens, d’ioniens & de Doriens. Les,
prenfiers Ioniens furent les Athéniens appelés alçrs
Hellenes
Hellenes ( 1 ) , mais dont Ion changea le nom pour
leur faire prendre le fien. Car Deucalion, fon fils
Hellen, Xutus, fils de celui-ci & père d’ion, avoient
vécu dans l’Attique. Il faut donc admettre une double
origine aux Athéniens, l’une pélafgique & très-
ancienne , l’autre ionienne. Je ne puis donner la
date précife de cet événement. Mais puifque Ion,
fils de Xutus, étoit petit-fils du roi d’Athènes, Erec-
tée; qu’après la mort de ce prince, il eut l’admi-
niftration des affaires, honneur mérité par fa conduite
à la tête des troupes, on peut croire que ce
changement commença à avoir lieu depuis l ’an
1373 avant J. C. , temps de la mort d’Ereétée.
Mais on fâifoit remonter les commencemens du
royaume à Cécrops, qui aborda chez les Pélafges
de l’Attique, vers l’an 1582.
C ’eft donc au règne de Cécrops que l’on fixera le
commencement du royaume d’Athènes ; mais tous
les autéurs s’accordent à dire que ces Pélafges dif-
perfés en différens petits bourgs, continuèrent à fe
conduire d’après des loix un peu différentes, ayant
aufli chacun leurs dieux & leur culte particulier. Ion
introduifit un changement dans, cette difpofition générale
: il partagea les Athéniens en quatre tribus ,
donna à ces tribus les noms de fes fils.
Théfée, qui commença à régner en 1260 avant
J. C ., apporta de plus grands changemensencore :
je ne fuivrai pas l’hiftoire de ces variations, il fuffit
d’en préfenter le réfultat.
Divifion civile. Les Athéniens étoient donc divi-
fés par tribus ; au temps de Théfée on en comptoit
quatre dans la ville. Chaque tribu fe divifoit en trois
phratries ou curies, & chaque^curie en trente familles
principales. Car chaque famille étoit un corps politique,
compofé de plufieurs familles différentes qui,
placées dans la même curie, avoient contracté entre
elles une fociété :Tunion de ces familles particulières
faifoi.t de toutes enfëmble comme une famille
générale. Au temps de Théfée on comptoit
quatre tribus, dou^e curies, trois cens familles. Dans
la fuite les tribus fe mul iplièrent ; Clifthène en fit
dix, & depuis on en compta jufqu’à treize.
A'cette première répartition s’en joint une fécondé
o.w/peuples ou bourgades ; veftige fubfiftant
de l’ancienne divifion de l’Attique en villes, bourgs,
hameaux, dont Athènes étoit le centre. Murfius en
comptoit 186: Spon en a depuis découvert'quelques
autres. Théfée réunit les Athéniens épars, &
tâcha d’en attirer le plus grand nombre dans la capitale
; mais , malgré cette réunion, les bourgades
n’étoient pas reftées défertes, & même les familles
tranfplantées dans la ville n’avoient pas perdu la
trace de leur première origine; elles continuèrent
à porter le nom du lieu d’où elles étoient forties.
Tout Athénien, même habitant de la cité, avoit
fa bourgade, dont il ajoutoitle nom au fien, comme
un titre patronymique & diftinétif : toutes les bourgades
étoient réparties dans les tribus de la ville.
Chaque citoyen d’Athènes faifoit donc partie
d’un peuple & d’une tribu; & dans cette tribu, il
avoit fa curie 8c {a. famille. Les peuples & les curies
avoient.des regiftres où l’on étoit obligé de
s’infcrire.
On commençoit par celui delà curie où l’on-fe
faifoit enrégiftrer dès l’âge,de quinze ans^Le premier
jour des Apaturies (2) étoit deftiné à cette
formalité. Voici à-peu-près ce qui s’obfervoit. Un
père amenoit fon fils au chef de la curie; des inf-
peéteurs lui Yaifoient fubxr l’examen ordonné par
les loix. Enfuite, après un ferment prêté devant
l’autel d’A pollon, ou de quelque autre divinité tutélaire
, le père proteftoit que cet enfant étoit fon
fils, né d’une Athénienne en légitime mariage; il
lui donnoit un nom que fur le champ on portoit
fur de regiftre, avec le fien même & celui de fa
bourgade. Ce regiftre s’appelloit regijlre commun ,
parce qu’il étoit commun à tous ceux de la curie.
A dix-huit ans on ajloit s’infcrire dans le rôle de
la bourgade; & ce fécond enregiftrement donnoit,
avec l’émancipation, la jouiffance de tous les droits
attachés au titre d’Athénien.
Devenus citoyens par cette double formalité, ils
ent-roient en poffeffion des privilèges de leur famille
; & fi leur famille étoit facerdotale, ils pou-
voient afpirer au facerdoce. Ceux qui y étoient
attachés formoient corps à part dans l’état ; j’en
parlerai à l’article de la religion.
Divifion politique. Ce que je viens de dire n’appartient
qu’aux citoyens; mais 011 diftinguoit à
Athènes trois fortes d’habitans, les citoyens, les
étrangers, les ferviteurs. Dans le dénombrement
que fit faire Démétrius de Phalère, on voit qu’il y
avoit pour lors 21 mille citoyens, 10 mille étrangers,
40 mille efclaves. On étoit du nombre des
citoyens par la naiffance ou par l’adoption. Pour
être citoyen naturel d’Athènes, il falloit être né de
père & mère libres & Athéniens. Périclès remit en
vigueur cette loi, qui, depuis affez long-temps, n’é-
toit pas affez exactement obfervée. Le peuple pouvoir
donner le droit de bourgeoifie aux étrangers ;
& ceux qui avoient été ainfi adoptés, jouifloient
des mêmes droits & des mêmes privilèges que les
citoyens naturels, à peu de chofe près. On a vu plus
haut ce qui s’obfervoit pour les différens enregiftre-
mens des citoyens.
2°. On appelloit étrangers ceux qui, étant d’un
pays étranger, venoient s’établir à Athènes ou dans
l’A ttique, foit pour-y faire le commerce , foit pour
y exercer différens métiers. Ils étoient appelles
P.sto7ko que l’on peut rendre par domiciliés. Ils
n’avoient aucune part au gouvernement, ne don-
noient pas leurs fuffrages dans l’affemblée, & ne
pouvoient être admis à aucune charge. Ils fe met-
toient fous la protection de quelque citoyen, 8c
pour cette raifon, ils étoient obligés de lui rendre
certains devoirs, comme à Rome les cliens à leurs 1
(1) Voyez aufli le mot grxci & gracia.
Géographie ancienne.
(1) Fête annuelle des Athéniens.
I i