
fadeurs, & quelquefois les rois eux-mêmes, s'y
rendoient , lorfqu’ils youloient traiter avec les
Achéens.
On remarque , entre autres monumens de cette
v ille , l’efpèce de chapelle où l’on conferyoit les
ftatues d’H ercule, de Jupiter & de Minerve , ap-
pellés les dieux Argiens. Ceci me donne occafion
de placer ici un trait allez généralement ignoré.
Les Argiens, on ne fait dans quel temps, a voient
dèpofè à Egium les ftatues des, dieux que je viens
de nommer, à condition cependant qu’on leur
feroit des facrifices tous les jours. Cette obligation
d’abord acceptée avec empreffement, parut bientôt
à charge à caufe de fa dépenfe. Cependant, comme
dans une affaire de cette importance on eût traité de
crime impardonnable de manquer à fes engage-
mens, on régla que la çhair des yiétimes feroit aiftri-
buée dans des repas publics, qui épargneroient la dé:
penfe d’autant de repas particuliers.. Çet arrangement
donna,peut-être occafion de faire des facrifices
très-abondans. Mais quand les Argiens vinrent re?
demander leurs dieux, on leur lignifia un mémoire
de dépenfes en facrifices fi exorbitant, que né fè
trouvant pas affez riches pour les acquitter , ils
furent obligés de les abandonner pour le paiè-
ment d’une penfion fi coûteufe.
Paufanias. dit que Vénus avoit un temple dans
'Egium, auprès de la ;mer , &• une ftatue dans celui
çle Jupiter Ehmagyrius.
Ægium , v ille , que Natalis Cornes place dans
la Béotie. Mais il eff maintenant reconnu que ce
qu’il en dit fe rapporte à Y Ægium de l’Açhaïe.
Æ G LE , félon Etienne de Byfanee, au mot
, ç’avoit été le fécond nom de l’île de Syme
( voyez ce mot) , appellée d’abord Mètaponte,
N. B. Cet article eft défectueux dans la Mar-:
tinière.
ÆGLETE. Ce nom, qui fie trouve dans Cal?
limaque, cité par Strabon, page 46 , paroît être
celui d’un lieu dans l’île d’Anaphe, & dont Apollon
avoit eu le fùrnom d’Eglete.
ÆGONES, peuples Gaulois, tranfportés, félon
Polybe, dans la partie de l’Italie que l ’on appçl-
Joit Cïs-padane , & placés entre les Sénonois. & les
Boïens. Mais cette peuplade de Gaulois n’eft pas
fort connue , Sc M. d’An ville ne les a pas placés
fur fa carte.
ÆGONLA, ville des Méliens, félon Etienne
de Byfanee. C ’eft tout ce que l’on en fait.
ÆGOS-POT AM O S , ou rivière de la chèvre. Le
mot Potamos, qui fignifie fleuve , fe trouve rendu
dans quelques auteurs latins par celui de Flumen 9
& ils Qnt dit Egos Flumen , ce qui a le meme
fens.
Ce petit fleuve, ou plutôt ce ruiffeau, appatr
tient à la Cherfonèfe de Thrace, èc fe jettoit d^ns le
canal qui s’étendoit depuis Sejlos & Abydos, au fud-
oueft, jufqu’à Callipolis9 au nord-efl. La flotte des
Athéniens mouilloit en ce Heu , & les troupes,
defceuduçs à terre, y étoient dans une féçurité
impardonnable, lorfqu’ils y furent furprîs par Ly*
fandre , à la tête des Lacédémoniens. La perte de
cette bataille entraîna celle de la liberté d’Athènes.
On doit croire, d’après ce que difentleshiftoriens,
qu’il y avoit un lieu du nom de la rivière.
Le Périple de Scylax fait deux mots du nom
de ce fleuve. Ce qui a donné lieu à fes traduCleurs
de traduire le texte par Ægos Flumen, ce qui préfente
le même fens ; mais ce fleuve eft plus connu
fous le nom que je lui ai donné dans cet article.
Æ G O S T E N A , nommée par Paufanias Ægif-
thena. , ville de la' Grèce, dans la Mégaride. M.
d’Anvfile, la place au nord-oueft de Mégare, affez
près de la mer Alcione. C e dieu étoit célèbre par
un temple de Melampus, fils d’Amythaon. On lui
faifoit des facrifices , & l’on célébroit fa fête tous
-les ans. Pauf. in Atticn, c. 44.
Çe Mélampus ou Mélanipe étoit un habile médecin
d’A rgè s , dont il eft- parlé à l’article de ce
pays ; fon habileté avoit- donné lieu de dire qu’il
devinoit- les feerets de la nature ; & les' Grecs.,
dont l’imagination brillante !défiguroit tout en voulant
tout embellir, débitèrent qu’il entendoit même
le langage des oifèaux. On raconte qu’à fa naif-
fançe;, fa mère, apparemment trop pauvre pour
l’élever, l’expofa fur un chemin, le corps couvert^
à l’exception des pieds; Les pieds étant noircis
au foleil, de-là il fut nommé les pieds noirs, ou
•Mélampus. Vo yez d’ailleurs: à d’article d’Argos ,
comment il obtint une portion de ce royaume pour
lui & une autre pour fon frère Bias. Il paffa dans
la fuite pour un fameux devin.
Cependant au temps de Paufanias les Mégafiens
ne lui attribuoient pas la vertu de prédire l’avenir,,
Pauf. loco citato.
ÆGOSTHENIA, ville de Grèce , dans la Lô-
çride. Ptolemée en parle ; mais M. d’Anville né
lui afligne aucune pofition. L’auteur grec l’indique
à l’eft du mont Cyrphis.
ÆGOSTÏS. Etienne de Byfanee ne décide pas fi
ce lie u , qu’il attribue à la Loeride, étoit une ville’,
un lieu , ou tin emplacement dans une ville. ,
ÆGUA , ville; de l’Hifipànie, dans là Bétique',
félon Strabon, & il paroît que c’eft la même que
Ptolemée nomme Efcua 3 & Pline Hegua.
ÆGUSA , l’une des îles Ægades. Elle eft la plus
méridionale. D ’après le nom de cette. île , les
Egades font quelquefois appellés Ægufce.
Æ g u s a , que l’on croit être la même que Ptolemée
nomme Æthufa, île de la Méditerranée,
entre l’île de Malte, à l’eft , & l’Afrique, à l’oueft.
C ’eft le fentiment de M. d’Anville , qui l’a placée
fiir fa carte de l’empire romain, au nord de
Lapadufa.
Æ G Y L A , île du Péloponèfe. Voye^ Æ o ia l ia .
ÆGYMMIS. C ’eft ainfi que quelques interprètes
croient devoir lire le mot Ægimorus dans Ptolemée.
C ’étoit une dès îles de là Méditerranée, près là
çôte d’Afrique , vers les Syrtes.
ÆGYPTII »
Æ G Y P T I I , les Egyptiens (1). Je ne difeuterai
pas ici les difficultés que préfente la chronologie
des Egyptiens. Outre que ces difeuflions ne font
pas de mon objet, je renvoie le peu que j ai à
en dire à la fuite de ce que j’écris en cg moment a ^article
Chronologie, qui précédera celui de leur hijloire.
O r i g i n e .
Lès Egyptiens fe piquoient de la plus haute
antiquité, & aucune nation, ce me femble, ne
leur difputoit la prééminence. Selon ce que nous
pouvons conclure des Livres faints, les defeendans
de Chant peuplèrent d’abord ce pays. L’etat fau-
vage dans lequel fe trouvent néceffairement les
premièrès peuplades de tout pays, fut caufe que,
de même que beaucoup d’autres peuples , les Egyptiens
ne favoient eux-mêmes d’où ils tiroient leur
origine. Probablement ils s’en embarrafferent peu
pendant quelques fiècles ; mais, dans la fuite,, lorf-
qu’ils voulurent s’en rendre compte, frappés- de
la fécondité de leurs terres., de la multitude de
reptiles & d’infe&es qui prenoient naiffance dans
le limon que laiffe fur terre le Nil après le temps
du débordement, ils n’héfitèrent pas à fe donner
une origine femblable. Ils enfeignèrent-même dans
la fuite que tel avoit été le commencement de l’ef-
pèce humaine, & que leur pays en avoit été le
premier berceau.
R e l i g i o n .
On peut préfumer que ces peuples , en les
fuppofant descendus direftement de Mizraïm , connurent
& adorèrent' d’abord le vrai Dieu. Mais
l ’idée de fon unité , & du culte pur qui lui étoit
dû, fe perdit avec le temps. Les hiftoriens grecs
ne nous font connoître les Egyptiens que comme
des idolâtres.
Les prêtres y poffédoient tout le favoir, s’y
étoient emparés de toutes les opinions religieufes.
Ils affeéloient à cet égard le plus grand myftère.
Ils avoient des livres écrits d’une manière inintelligible
pour les autres peuples , & pour le gros •
de leur nation , & s’en réfervoient à eux leuls
l’explication (Je parlerai plus bas de leur écriture ).
Ces livres, ainfi que ceux de leur hiftoire, étoient
renfermés dans des appartemens fouterreins, près '
de Thèbes. Ils contenoient les obligations envers
l’état & la religion, les a&ions importantes , &c.
Les prêtres étoient chargés d’y écrire tout ce qui
méritoît d’être tranfinis à la poftérité. Ainfi , les
Egyptiens avoient deux efpèces de fciences , l’une
vulgaire, & l’autre fecrète. La première conve-
noit à toutes fortes de perfonnes; mais la dernière
n’étoit enfeignée qu’à certaines perfonnes, de forte
que je peuple ignoroit & ne pouvpit. déchiffrer
(1) Je fuppofe que l’on voulût prendre yne idée un
peu raifonnée de cet article, il faudroit la faire précéder
de la leéture de celui qui eft placé au mot Ægyptus ,
,1a connoiffance du pays doit aller avant celle des peuples
qui l’habitent.
Géographie anüenne%
les inferiptions qui parloient des fciences les plus
profondes.
Une partie des auteurs de l’antiquité ont attaqué
les Égyptiens fur le culte qu’ils rendoient aux
animaux ; mais plufieurs , tels qu’Hérodote, Dio-
dore, Cicéron, &c. penlent qu’il n’étoit que relatif.
Prefque tous les peuples ont repréfenté la
Iphère célefte, & fur-tout les fignes du zodiaque,
fous la figure de différens animaux. Lucien dit que
les Egyptiens adoroient le boeuf Apis en mémoire
du taureau célefte.
On difoit qu’autrefois les dieux , pourfuivis par
Typ hon, s’étoient cachés fous la figure de divers
animaux. Le culte chez les Egyptiens étoit fondé
fur cette tradition ; aufli on étoit obligé d’avoir
beaucoup de refpeéi pour les animaux, de peur
de violer l’afyle facré de la divinité. Les monumens
qui l’atteftent en E gyp te, font trop anciens
pour que l’on puiffe croire qu’ils l’euffent pris des
Grecs. Jupiter avoit pris la forme d’un bélier ;
Diane , celle d’une chatte. La ville de Bubafte ,
qui l’adoroit, avoit un refpeél religieux pour les
chats. Bacchus , o u , félon d’autres, Pan, prit celle
d’un bouc; la ville de Mendès honoroit cet animal
; Junon ou Ifis étoit honorée à Memphis, fous
la figure d’une vache. Les Egyptiens rendoient hommage
à l’Ibis, parce que Mercure avoit pris la
forme de cet oifeau. Il eft aifé de voir que c’eft
de ces anciennes villes que les Grecs & les Romains
rapportèrent leur religion & leurs fables.
La métempfycofe que Pythagore enfeigna dans
la Grèce & en Italie, vers le temps de la foixante-
deuxième olympiade, avoit pris naiffance en Egypte.
Cette do&rine, qui avoit pour bafe le dogme de
l’immortalité de l’ame, rendoit le vice odieux &
la vertu aimable , en enfeignant que l’ame paffoit
dans des corps nobles ou méprifables, félon le mérite
des allions; mais aufli elle conduifoit naturellement
au refpeél & au culte qu’on rendit dans*
la fuite aux animaux, puifqu’elle apprenoit à les
regarder comme les domiciles de ceux pour qui
on avoit eu le plus de confidération pendant leur
v ie , & dont l’état avoit fouvent reçu les plus
grands biens.
Telles étoient les raifons qui portèrent les Egyptiens
à accorder un culte & à rendre des refpe&s
aux animaux ; mais un culte fubordonné , puilqu’ii
étoit relatif, & qu’i l fe rapportoit aux dieux mêmes.
Ce culte étoit très-ancien en Egypte, puifqu’Hé-
rodote , & les autres hiftoriens, en parlent comme
d’une chofe très-ancienne , & cela eft prouvé par
tout ce qui eft dit dans Moïfe de la reUgion de
çe pays.
Les ^anciens Egyptiens n’adoroient tant de divinités
que comme des attributs différens d’uit
Dieu unique & invifible qu’ils révéroient. Ils
adoroient Jupiter , comme le vengeur des crimes,
& ils le repréfentoient la foudre à la main. Ils
adoroient l’Être fuprême fous le nom à'Efculape.
I Les chofes viles qu’ils honoraient, avoient rapport