
D E L T A , portion confidérable de la baffe- I
Egypte. Elle avoit reçu ce nom de fa figure triangulaire
, qui eft auffi celle de la lettre grecque A
appelée delta. Le triangle que formoit le Delta étoir
compris entre deux bras du Nil 8c la mer. A quelque
diftance au nord de Memphis y à l’endroit où fe trouvait
la ville de Cercefura, le Nil fe partageant en
deux bras principaux , embraffoit cette étendue de
-terrein, qui, d’ailleurs, n’étoit que fon ouvrage. Je
reviendrai tout-à-l’heure à ce fentimènt.
Le bras du Nil qui couloit vers le nord-eft, fe
nommoit Athribiticus Fluvius, parce qu’il arrofoit la
ville d'Athribis; il alloit fe perdre dans une efpèce
de«lac près de la mer & de la ville de Pelufium ( i) .
Le bras du Nil qui remontoir vers le nord, puis
vers le nord-oueft, portoit le nom à'Agathefdcemon
Flumen, ou le fleuve de bon génie, 8c alloit fe ter*-
miner à l'eft de Canopus, après avoir arrofé Schedia,
qui fe trouvoit à l’embouchure appelée Canopicum
OJl'wm. ' . . . .
Il eft vrai que cette étendue fut enfuite divifée
en deux autres Delta. On nomme Delta les terres
comprifes entre 1*Agathefd&mon 8c L continuation
de -VAthribiticus, remontant par Xo'is, Bufiris, &c.
jufqu’à Thamiathis y où fe trouvoit l’embouchure
appelée Phatmeticum OJlium. La partie comprife
entre cette branche & celle qui, tournant a l’eft
depuis le nord d'Athribis jufqu’à Pélufe, fut nommée
Delta Parvus.
Le premier de ces Delta renfermoit les villes de
Profopitis y de Taula, de Sais y de Bufiris y de Xo'is,
de .Sebenythus , d’Onuphis, de Pachnamunis , de
Butus 8c -de Metelis, qui donnoient -leur nom à
autant de nomes différens ( voyè^ Æ g y t u s ) ,
fans, compter d’autres villes eonfidérables.
Le Parvus Delta renfermoit les villes de Lecntor
polis, de Mendes , de Panephyjis, de Tanis, de Se-
thrum, avec quelques autres qui n’étoient pas capitales
de nomes,
Les anciens Egyptiens, ainfi qn’on le voit par ce
que dit Hérodote, X. i i , regardaient la plus grande
partie des terres qu’ils habitoient, comme un pré-
fent du fleuve. Au temps même de Moeris, lequel,
félon le canon dreffé par M. Larcher, pour fe conformer
à la chronologie d’Hérodote, remonte à l’an
12356 avant J. C. toute l’Egypte , à l’exception du
«ômeThébaïque, n’étoit qu’un marais ; il neparoif-
foit rien de tontes les terres que fon voyoit de fon
temps au-deffous du lac Moeris, quoiqu’il y eût
fept jours de navigation depuis la mer jufqii’a ce
lac. Dans un autre endroit ( § . / y ), il dit que le
Delta étoit autrefois couvert d’eau.. . . Les preuves
qu’en donne cet hiftorien, après avoir été tourné
en ridicule par plufieurs écrivains, ont enfin paru
très-concluantes à des naturalises philofophes, 8c
même ont ramené à cette idée de-bons efprits qui
s’éteient d’abord refpfés à leur évidence.
(1) Le débouquejpcnr de ce lac dans la mer, tout près
4e Pélufe, te npmmbîc ? duJi âcum OJlium,
M. Larcher, qui avoit d’abord attaqué cette opinion
, 8c qui, heureufement n’a donné fon grand
travail fur Hérodote, qu’après de très-mûres réflexions
, s’exprime ainfi en finiffant la note commencée
, p.-if8' ( T. 11).
« Il eft inconteftable qiie le Nil entraîne dans
jj fes débordemens une quantité prodigieufe de
» limon. Ce limon a dû elever néceffairement
jj l’Egypte inférieure, qui, dans l’origine, n’étoit
jj qu’un golfe. Si depuis Hérodote jufqu’à nos
jj jours le fol de cette partie de l’Egypte ne s’eft
jj pas beaucoup accru, on n’en peut rien conclure
jj pour les temps précédens. Il peut fe faire que
jj le Nil charrie aâuellement moins de limon qu il
j> ne le faifoit dans les fiècles les plus reculés. Les
jj terres qu’il détache peuvent n’être plus fi abon-
j> dantes qu’elles l’étoient autrefois. D ’ailleurs, de-
jj puis Hérodote, jufqu’à cette année 1784, il ne
jj s’eft écoulé que deux mille deux cens foixante-
» huit ans. Du voyage d’Hérodote en Egypte juf-
» qu’à la mort de Moeris, le dernier des trois cens
» trente rois d’Egypte, il y avoit environ huit cens
jj quatre-vingt-feize ans. Ces trois cens trente rois,
jj à trois générations par fiècle, iuivant la manière
» de compter d’Hérodote , doivent donner onze
jj mille, q u i, ajoutés à huit cens quatre-vingt-
» fèize, font onze mille huit cens quatre-vingt-
j> feize ans avant le voyage d’Hérodote, 8c douze
jj mille trois cens cinquante-fix ans avant notre ère*
jj Que l’on joigne maintenant -à ce nombre les
m temps fabuleux & héroïques, §£ l’on aura plu-
» fleurs autres milliers d’années.
» Si l’on fait attention,à la prodigieufe quantité
m de limon qu’a dû dépofer le Nil dans ce laps im-
j> menfe de temps, on n’aura pas de peine à croire
» que le golfe d’Egypte ait pu fe combler 8c former
jj * ce que l’on appelle le Delta jj.
A ce raifonnement de M. Larcher, j’ajouterai,
i° . que plus les terres s’élèvent vers l'embouchure
d’un fleuve, & moins fa pente doit être inclinée ;
fon cours par conféquent eft moins rapide. Infenfi»
blement il s’élè ve , 8c fon embouchure fe rapproche
de l’élévation où fe trouve fafource. 20. Plus
ce niveau s’établit •& plus fon cours eft lent. Alors
la quantité de limon qu’il eût apporté jufqu’à fon
embouchure, fe dépofe dans la totalité de fon
cours. Le Delta doit donc moins s’accroître à me-
fure que les fiècles s’écoulent, Au refte, la nouvelle
ville d’Alexandrie eft déjà à quelque diftance
au nord des ruinçs de l’ancienne, 8c la mer s’eft
retirée, , ' _
D elta , nom d’une ville de l’Egypte, dans le
grand Delta, félon Ptolemée, cité par Ortéljus.
D e l t a . Il femble que Jofeph donne ce nom à un
quartier de la ville d’Alexandrie,
D elta , nom d’un bourg de Thrace. Xénophorï
le place à une journée dp chemin de la ville de
Byfance.
D e l t a , nom d’une île quiArrien place à l’embouchure
du fleuve Indus, Ptolemée 8c Pline difent
que
D E M
^ue les habitans la nommoient Patala. Ç ’eft aujourd’hui
l’île de Diu.
D e l t a , ville de l’A fic , dans la Syrie, félon
Etienne de Byfance, cité par Ortélius.
D e l t a , -nom d’un village de G rèce, dans le territoire
de Corinthe, félon Paufanias.
DELTHANTI, nom d’une ville du Péloponnèfe.
Etienne de Byfance la place entre la Laconie & la
Meffenie.
DELUS, ou D e l o s , ville de l’Afie mineure,
vers la Cilicie, félon Strabon.
D e l u s , lieu ou- montagne de Grèce, dans la
Béotie. Plutarque dit qu’une tradition populaire
vouloir qu’Apollon y fût né. ( Voyeç D elos ). •
D E M E R O S E S A . L’Anonyme de iVavenne
-nomme ainfi une .ville de l’île d’Albion. Gale croit
•que c’eft aujourd’hui Dumfries.
DEME TÆ, ou D im e tæ , peuple de l’île d’A lbion.
Ils habitoient le long de la mer d’Hibernie,
& ils avoient les Silures au levant, & les Ordo-
vices au nord.
DEMETRIAS, ville de Grèce ,ftans la Theffalie.
Strabon dit que Démétrius Poliorcetès la bâtit fur la
côte de la mer, entre Nelia 8c Pegafes. Il ajoute què
la ville de Démétriade étoit une des tro'S qui fer-
voient de fers aux rois de Macédoine, pour tenir
la Grèce en efclavage. Etienne de Byfance met
cette ville fur le golfe Pégafétique ou Pélafgique1,
aujourd’hui golfe de Volo.
D em e tr ia s . Plutarque donne le nom de Démétriade
à une tribu de Grèce , dans l’Attique. Il
ajoute qu’elle fut jointe aux dix autres en faveur
de Démétrius.
D em e tr ia s . Démétrius Poliorcetès donna ce
nom à la ville deSkyonie lorfqu’ileut engagé les
Sicyoniens à la rebâtir dans un lieu plus commode,
félon Plutarque. '
D em e tr ia s ( Akkar) , ville de l’Afie, dans la
Syrie. Elle étoit fituée près & à l’eft de la mer
Méditerranée , vers le 34e deg. 3 5 min. de latit.
D em e t r ia s , ou C o r c u r a J Ke rk ou k ), ville de
l’Afie , près des montagnes , & près des fources du
Z abus minpr y au fud-fud-eft d'Arbela (j ).
Strabon place des fources de Naphte aux environs
de Demetrias. Elle eft nommée Çorçura par
Ptolemée.
N. B. Etienne de Byfance place une antre ville
de Demetrias en Macédoine ; mais il eft probable
qu’il avoit pris cette indication dans quelques auteurs
qui cônfondoient la Macédoine avec la Theffalie
, & qu’il eft queftion de la ville de Demer
trias ci-deffus.
DEMETRIUM, lieu de la Theffalie , qui ne
devoit pas être éloigné du golfe Félafgiaque. Il
ÿ avoit un bois confacré à Cérès , nommée en
(1) Etienne de Byfance dit y ' Utpffiîos , la tr.oifiçme appartient
à la Perfe. C’eft que le géographe étendJaPçrfe
jufqu’à l’A f f y r i e Car il convient qu’elle étoit près d’Ar-
oelle.
Géographie ancienne
D E R 585
grec An/s.HTep, d’où lui venok fon nom. Il faut
diftinguer, je crois, ce lieu de la ville de Pyrafus,
quoique l’on ait quelquefois donné le nom de De-
metrium à la ville.
D em e tr ium , ou D émé trius , nom d’un port,
dans la partie feptentrionale de l’île de Samo-
thrace, près du promontoire Demetrium,félon Plutarque.
;
DEMONMESOS. L’île de Démonnêfe étoit dans
la Propontide, à l’oppofite de Nicomédie, félon
Pline. Il en eft aufîi fait mention par Etienne de
Byfance , qui dit qu’elle prit ce nom d’un certain
Demonefus, 8c qu’elle étoit fituée dans les
environs de Chalcédoine.
DENAROS, nom d’une île qui eft fituée à l’extrémité
orientale de l’île de C yp re , près du promontoire
Dinaretum.
DENSELETÆ (2 ) , peuple de Thrace, félon
Pline, qui les place à la droite du Strymon. ïis
habitoient vers le nord du peuple Mczdi, dont ils
étoient féparés par le mont Pangée. Les fources.
du fleuve Hebrus & la vvlle de Pantalia étoient
dans le pays de ce peuple.
D EO BR IG A , ville municipale de l’Hifpanie ,'
dans le pays des Autrigons, félon Ptolemée &
ritinéfaire d’Antonin.
D e o b r ig a , ville, d.e l’Hifpanie, dans la Lufi-
tanie. Ptolemée la place dans le pays des Wet-!
tons.,
DEO BR IG ULA , ville de l’Hifpanie, dans la
Tarragonnoife. Ptolemée la donne aux Murbo-
gîens. '
DEORUM CURRXJS, montagne de l’Afrique,
dans la Libye intérieure, Ptolemée & Pline en
Ibnt mention. On croit qne c’eft la montagne de
Sierra Liona.
D e o r um I nsu lÆ. Ptolemée nomme ainfi deux!
îles , qu’il place dans l’Océan, fur la côte de l’Hifpanie.
On croit que ce font les îles de Bayonne.
D e o r um P o r tu s , ville de l’Afrique, dans la
Mauritanie céfarienne.
D e o r um s a l u t a r is p o r t u s , port du pays
des Troglotydes.
D E R A , contrée de l’Ibérie, félon Etienne de
Byfance. Elle étoit arrpfée par le fleuve Sicanus.
D e r a , ville d’A fie , dans ta Sufiane, dans l’intérieur
du pays,
D'ERÆI., habitans dg la contrée appelée Dera ,
félon Etienne de Byfance.
DE-RANOBILA , ville déjà Garni an ie.
DERBE, château de l’Afie mineure , que Strabon
& Etienne de Byfance placent dans rifaurie,
M. d’Anville l’a placé près d’une petite chaîne de
montagnes détachée du Taurus, dans la contrée de
rifaurie appelée Anùochiana.
(2) En voyant que les Latins nomment ce peuple Den-
feUta les Grecs Dantheleta, on eft porté à croire que le
thêta fe prononçoit adouci à-peu-près çqxmè le th an*
glois, 5c que pour le rendre les Latins tnettoient I’j.
E e e e