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fauvages , qui croiffoient abondamment dans leur
pays. Dès qu’ils voyoient paroître cette nuée de
Sauterelles , amenée par le v e n t , ils mettoient le
feu à toute cette matière ; la fumée qui s’en éle-
voit étoit fi épaiffe , que les fauterelles qui traver-
jfoient la vallée en étoient étouffées, & alloient
tomber fort près de là. Plufieurs jours de cette
chaffe leur fourniffoit de grands amas de faute-
relles , qu’ils faloient, pour les préferver de la
putréfaction.
Comme cette forte de nourriture devoit influer
fur leur état de fanté, & même fur leurs maladies
, ils étoient, dit-on, très-légers de corps , &
très-prompts à la courfe. Mais leur vie n’étoit pas
de longue durée ; ils ne paffoient pas quarante ans.
Encore leur vieilleffe étoit-elle affreufe. Alors il
s ’engendroît dans leur corps des poux ailés de différentes
formes, toutes très-hideufes. Cette maladie,
commençant par le ventre & la poitrine , gagnoit
en peu de temps tout le corps. Elle eaufoit au
malade des démangeaifons horribles , à la fuite
defquelles ces infectes fe faifoient jour au travers
de la peau. Il étoit alors impoflible de parvenir à
les exterminer.
ACR II M ONTES, montagnes de Sicile, que
l ’on a ‘ auffi nommées Hirceu
ACR IL LA , A crila , ou A crillæ ville de
Sicile , aux environs de Syracufe, & qui eft connue,
par Etienne de Byfance,auffi bien que parTite-
Eive & par Plutarque. Mais celui-ci, dans la vie
de Marcelluséerit Acilaz, & k)kcu. Selon cet auteur
, ce fut en cë lieu que le général romain fë
rendit maître du-, camp d’Hippocrate..
A C R IO T E R I , marais de l’Afie mineure-, dans
îa grande Phrygie j fur les frontières de la Pifidie.
A CR IPH IA , ville que Ton trouve nommée ainfi
dans Ptolemée. C ’eft une faute, il faut lire Acrai-
fhia: Veye?; AGRÆPHIA..
A CR IT AS , nom d’un cap de Bithynie. Quelques
auteurs le mettent, joignant le Bofphore de
Thrace. M. d’Anville le. retrouve dans une pénin-
fuie qui tourne vers, l’oueft -, & fe trouve au nord
dü;golfe d'AJlâciis.,. ou Aflacenus.Jînus , faifant partie
de la Propontide..
On retrouve encore ici le- mot Acra:.
A c r i -t a s , promontoire queStrabon & Ptolemée
indiquent dans.la Meffenie. M. d'Anville le place
à ^extrémité la plus méridionale de la. prefqu’île,
en face de la petite île. T.heganujfa.
A g r i .t a s . Çedren & Curopalate défignent par
ce nom une île. dont ils ne donnent pas ,1a jufte
po.fitio.n,. On ne- difiinguoit pas trop bien, même
fi e lle. étoit dans la Propontide.
ACROCEPHALI. Voyez A c r o n e s ..
AKPOS: (i-)i.: Ce mot,, comme, l’a. très-bien re=-
(••i) J’imprime’ ce nom en grec pour qu’on ne le conr
£bçLde,pas ayes un-nom géographique : il n’appartient
par lui-même qu-à la grammaire, mais j’ai cru utile de
le faire connoîrre par fon fens, parce qu’il entre dans
& compoûtion de quelques noms, de lieux de Caps
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màt'qué le favantM. de Gebelin, s’étoit formé dir
mot primitif Axp, ou acr, q.ui fignifioit pointe ; &
en étendant cette idée, pointe-élevée, élévation. Les
latins, en changeant l’ordre des lettres, en avoient
fait A r x , citadelle. Quant aux Grecs , en y ajoutant
la terminaifon os , qui leur étoit familière, ils
dirent Attpoç, Acros-, haut-, élevé , &c. Quand on
vouloit défigner la citadelle d’une v ille , qui en-
étoit toujours la partie la plus é levé e, & ordinairement
la plus ancienne en compofant le
mot à faire du nom de ville, ’wohiç, & de celui
d'Acros, on a voit Acropolis, ce qui indiquoit la
partie la plus élevée de la ville , ordinairement la
citadelle , & quelquefois auffi fimplement une ville
élevée ; mais cela eft très-rare. On va voir plufieurs
exemples de l’emploi de ce nom, dans les mots
A c r o p o l i s , A c r o c o r i n t h e , Â c r ï t a s , &C.
A C R O CO R IN TH E , citadelle de Corinthe,
bâtie au fud fur une montagne.
Cette place étoit efiimée l’une des plfis fortes de
la Grèce ; c’eft pourquoi lorfqu’Aratus s’en empara
fur les Macédoniens , cette entreprife fut regardée
comme une des plus, hardies , & le fuccès comme
un. des plus inattendus. On voyoit auffi quelques
monumens dans cette fortereffe. Voy*z W qu’en-
difent Strabon & Paufanias.
A C R O A TH O S , ou A c r o a t h u s , on , comme
dit Ptolemée , Athes Acron , la- même que Strabon
nomme Acrefioe, Etienne de Byfance, Acrothyntz ,•
& Hérodote, Acrothoos. Cette v ille , originairement
de la Thrace , appartint enfuite à la Macédoine
, dans la Chalcidie, qui occupoit une partie
de l'a prefqu’île où fe trouvoit le mont Athos. Auffi
le nom de la ville, ne fignifie-t-il que la citadelle
de l’Athos, ou du moins la partie élevée de ce
mont. Pomponius Mêla, au temps duquel elle ne
fubfiftoit déjà plus, rapporte que les habitans de
cette ville vivoient plus long-temps de moitié que
l’on ne vit dans les autres pays. Si ce petit conte
étoit vrai , on ne peut guère douter qu’il ne fe
fût trouvé une elaffe de gens en état de la faire
rebâtir, & que c’eût été',.en tout temps , une des
villes les plus habitées de la terre,. C ’eft bien contre
Pétymologie de fon nom , & contre l’idée que
l’on donne de. la. falubritè de l’air que l’on y ref-
piroit, que M. de Pïfle la place au bord de là mer;
Les anciens l’ihdiquoient au haut du mont, & ML
d’Anville la place vers le nor.d-oueft d’Apollonia.
A CR O A TO N ,. promontoire qui terminoit au-
fud-eftla prefqu’île où fe trouvai t|la Chalcidie dont
j.e. viens de parler.
A CR OC ER AU N II, {monts' dè lu- chimère.y ou
, monts Acrpcérauniens. Ptolemée les, nomme, ainfi.-
On voit que c’eft le nom Acro ,. pour dire aigus-,
élevés, qui eft joint au mot Cer.aumi., employé par
Strabon & Mêla. Pline dit que fur. une de leurs
cime, étoit un château nommé' Chimère.-. Il y a eu
différentes, opinions fiir la jufte.' pofiîiori de: ces
montagnes. M. d’Anville les place fur le continent,
vëïs le. jiord-ouçft de Ç orcyte.formant la. çûss-
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e!i fe trouvoit la Chaonie. Cette chaîne, eu s’étendant
par. le nord-oueff, va former fe penmiule
que les anciens nommoient Acrocerormm. _
N. B. Il ne faut pas croire Corneille ni Bau-
dran, quand ils parlent d’une ville êpifeopale de
[ce nom.
! ACROCERETES. R.ufus Avienus, era ,
L, ; nomme ainfi un peuple qu il joint aux
jCéretes, & qui, félon lu i, furent compris fous le
nom Sibériens. Voyez ce mot.
A CR G C Y L IA . Voyei Crocylium.
A CR OCOM E S , épithète par laquelle on a dê-
: ligné quelques peuples qui laiffoient croître leurs
[cheveux pardevant; on les mettoit ainfi en oppo-
fkion avec les Acarnaniens, qui fe les coupoient.
| ACROLISSUS, fortereffe de l’IUyrie , dans 1a
Dalmatie près de l’embouchure du Drilus. Elle
: étoit fur une montagne , au nord de Lijfus , dont
telle étoit la citadelle. Polybe dit quelle parut
[ imprenable à Philippe , roi de Macedoine. On la
Itrouve fur les cartes de M. d’Anville , vers le
Inord de DyrrhacJùum.
1 A CR OLO CH IA S , promontoire d’E g y p te q u e I Strabon indique près de Tîle de Pharos. M. d An-
B ville le place au nord-eft du Burichion , 1 un des
| quartiers d’Alexandrie.
! A CR OM A . C ’eft ainfi que Paul Diacre nomme
1 le promontoire de Tauride ou Crimée , que Pto-
1 lemée. appelle Criu-Metopon, ou le front du Belier.
;; ACRON , ville de la Judée, dans le partage I de la tribu de D an, félon le livre de Jofue, ch.. ip ,
I v. 43 , -la même qu’Accaron.
fc ACRONES , ou A crocephali , les Aerocé-
! pliales. Un Périple anonyme du Pont-Euxin, donne'
1 ce peuple pour avoir été le premier peuple de la
I petite île Ariftiade, peu éloignée de Trébifonde.
I Ce nom d’Acrocephales pouvoit fignifier tête pointue„
1 On ne eonnort pas d’ailleurs ce peuple.
ACRONIUS LACUS. Pomponius Mêla parle-
1 de ce lac , & la Martinière le prend pour tout le lac I de Confiance. Mais comme ce dernier a certaine- !
1 ment porté le nom de Lacus venetus, & de Lacus
! Brigantmus, il rie faut pas lui attribuer le nom
| d'Acronius, mais diftinguer, ainfi que. l’ont fait I M. d’Anville & Dom Martin , entre le lac de
I Confiance en. entier, & fa partie inférieure , qui
I s’avance au nord-oueft, où il forme une efpèce K ’de fécond lac , que. l’on nomme Unter-fée , ou mer
Kt inférieure.
. ACROPOLIS. C ’étoït le nom que l’on donnoit.
I à l’ancienne ville d’Athènes, & qui en devint la
p citadelle. Quoiqu’il paroiffe, par quelques auteurs,
I qu’Ogygès foitle premier prince qui ait régné dans
I l ’Attique , cependant on convient de rapporter la
■ fondation de la ville à Cecrops , l’an 1582., avant
i notre ère. Ce prince , venu d’E g yp te , perfuada- y
K tant à ceux qu’il trouva dans le p ay s , que dif-
I perfes dans la- plaine de fè réunir dans, un lieu
I sûr il clioifit le rocher long & élevé qui fe trouve
I ^pcore dans le pays * dont les conftruftions por-
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tent le nom de citadelle d?Athènes. Cètte première
ville fut appellée Cecropia ou Cécropie. Pendant fort
règne, on y vit paroître tout-à-coup un olivier &
une fource d’eau. Le peuple , frappé de cette nou-
veauté , courut en faire part au ro i, qui envoya
confulter l’oracle. Il fut répondu que l’olivier fignifioit
Minerve , & l’eau , Neptune ; que par-là les
Cécropides étoient maîtres de nommer leur patrie
du nom de,l’une ou de l’autre de ces divinités, k
laquelle ils rendroient les principaux honneurs. Les
habitans s’étant donc affemblês, les hommes fe
déclarèrent pour Neptune ; mais les femmes, qui
étoient en plus grand nombre, ayant invoqué la
prote&ion de Minerve , leur fuffrage prévalut.
Alors là ville prit le nom d’Aâwn ,' ou d’Athènes ,
qui eft celui de Minerve. Mais comme ce nonr
eft écrit au plurier, pour défigner la v ille , on pour--
roit croire peut-être que ce changement n’eut lieu
qu’après que Théfée , qui régna en 12,60', eut raG
femblé les bourgades de la plaine , qui s’étoient dif-*
perfées, pour n’en former qu’un feu! corps : on?
pourroit, dis-je, croire que ce ne fut qu’alors que;
l’on dit au plurier les Athènes, k^nveu.
Les habitans appelloient le rochef fur lequet
Cécrops bâtit fa v ille , Tritonimn, parce qu’il étoit'
confacré à- M inerve, appellée quelquefois Tritoms
& Trmgenia, e’eft-à-dire, en ionien, chez lefquels ÿ
félon Hefychius , Tp/lêà, fignifioit la tête , qui a-
été engendrée par la tê te , faifant allufion à la;
fable adoptée comme vraie, qne cette déeffe étoit
fortie toute armée du cerveau de Jupiter. Quandî
on nom m oit auffi ce rocher Glaucopton, on fai-*
foit auffi allufion à Minerve, furnommée quelquefois
TKciVHOTrtf, c’eft-à-dire , qui a des yeux bleus.-
Lorfque la ville d’Athènes fut devenue confidé-
r-able ,. elle s’étendit dans la plaine , & l ’ancienne:
Cécropie n’en fut que la citadelle, V Acropolis. Mais-
comme c’étoit le lieu le plus ancien*, il continuai
d’être le plus refpe&é.-
On n’a pu coolerver une idée des premiers’mo-
numens de cette citadelle ; ceux dont on y voit
des reftes magnifiques, deflinés 8c publiés par M.-
le R o y r des académies des bellus-Iettres & d’a*r-
ehiteâfire, ne remontent pas plus haut que l’irruption
des Perfes dans la Grèce. Xercès, comme:
on fait, s’attacha fur-tout à renver-fer les temples.-
Plutarque nous apprend que le beau temple de
Minerve , dont’ on' voit encore les; ruines, avoir
été bâti par Périclès , auquel Athènes dut fes plus
, beaux monumens.
La citadeîle d’Athènes étoit dans le fens delà plate--
forme du rocher, de l’oueft aTeft. Entre aunes édifices
on v o y o it, 1 °. à l’oueft, un magnifique théâtre,,
. qui fe trouvoit à l’extrémité de la place , entre:
la muraille extérieure & la muraille inférieure.
2.0. Tour près , en entrant dans l’intérieur de lai (féconde muraille ,. les magnifiques veftibules cir
avant-portes , appelles Propylées, bâtis fur les def-
; fins de Mnéficiès.. Voici, ee- qu’en dit Hai*pocra^-
î tion ;• q Les avant-portes (propylées)- de ŸAcro^