
Ifidore de Ch'arax, qui vivoit au commencement du premier fiècle de l’ère chrétienne
«Voit compolé, un -ouvrage intitulé çxHp) nxprixc), flattons des Parthes, inréreffai
pour des d,fiances locales de dix-huit petits go-uvernemens qui faifoient partie d,
Toyaume des Perfes.
Pomponius Mêla parut après-; il publia un petit corps de géographie intitulé, t
jicu orb is,
Suétone rapporte que fous Domitien, Metius Pompotianus, qui montroit au peuplt'
la terre fu r ‘un parchemin, fut la viétime de l’amour qu'il avoit pour la GéographieV
le prince s’étant imaginé que ce Romain afpiroit ;à l’empire, le -facrifia à fes foupçons
■ & le fît mourir.
Pline le naturalifte vivoit fous ce même empereur. La Géographie, qui faifoit part1'
-de rhiftoire naturelle qu’iluvoit entreprife, l ’engagea à faire une -defcription des pay
connus de fon temps : elle eft comprife dans les troifième, quatrième, cinquième 1
fixième livres de fon ouvrage. Les noms des-auteurs, tant romains•qtfétrangërs qu’l
avoit confultés, 6c dont il -fait mention dans la table des chapitres, doivent faire juget
par leur nombre confidérsble, non-feulement de fon exa&itude-, mais 'en core du go (i
qué l’on avoit eu avant lui pour la Géographie, puifqu’un fi grand -nombre de perfonnage
s ’en étoit occupé.
On voit dans Flor-us, que du temps de Trajan, la fcienoe de compofer des cartes
géographiques étoit en vigueur à Rome.
Marin Je T y r parut enfuite. Il envifagea, il corrigea 8c augmenta de fes connoiffances,'
celles des.fa vans qui l’avoient précédé.
Arrien , ou Arrian de Nicomédie, fous l’empereur Adrien, compofa deux périplt
qui tous font parvenus ; l’un eft du Pont Euxin ; l’autre de la mer -Erythrée, ou m-
-Rouge,, en y comprenant une partie de celle des Indes.
La Géographie continuoit ainfi à faire quelques progrès, lorfque Ptolemée vil
■ contribuer à fa perfection par une defcription du globe terreftre, beaucoup plus exaf
que toutes celles qui avoient paru jufqu’alors. Cet auteur était né à Pélufe , ville 4
la Baffe-Egypte, 8c v ivo it, au temps de Marc-Aurèle, vers l’an 150 de l’ère chrétienri
Les Grecs de fnrnommèrent très-divin & très-fage, à caufe de la connoiffance profond
qu’il poffédoit dès mathématiques 8c de la phyfique. Il corrigea beaucoup de choft
dans l ’ouvrage de Martin de T y r ; & , ce qui eft digne d’être remarqué, il enrrepr
de réduire toutes les diftances des lieux en degrés 8c en minutes, félon la méthod
déjà pratiquée -par Poiîidonius. llffit ufage des degrés de latitude 8c de longitude, 8
affujettit la pofition des lieux à des obfervations aftronomiques. J’ai dit plus haut H
les erreurs en longitude ne peuvent pas être imputées à çe grand homme, mais au pt
de fecours que l ’aftronomie prêtoit à la géographie ; fes latitudes font beaucoup plus
approchées de la vérité. . ,
Les ouvragés des anciens jufqu’à Ptolemée, font admirables par la fagacite 8c la
force de génie de leurs auteurs; cependant, il fai t convenir que la Géographie netoit
ençojq qtt’ébat/chée, Hîpparque avçit été réformé par Poftidonips; les çafles de çelui-ci
la
le furent par Marin de T y r ; 8c celles de Marin de T y r furent trouvées fufceptibles
de correflions par Ptolemée.
Dans la fuite, on reconnut que le travail de ce favant pouvoit auffi fupporter
quelque réforme. Il s’en falloit de beaucoup que toutes les obfervations dont il avoit
fait ufage fuffent exaûes : il avoit été obligé\de s’en rapporter aux voyageurs 8c à
l ’eftime qu’ils faifoient des diftances. Des connoiffances fi incertaines ne pouvoient
pas donner une grande exaftitude pour les longitudes 8c les latitudes. De-là les fautes
confidérables que l’on rencontre dans Ptolemée, tant pour la fituation des îles Fortunées
(le s Canaries) 8i la partie feptentrionale des îles Britanniques, que pour la pofition
de la capitale des Sines, qui dévoient être très - près des Chinois aftuels, &c. &c.
Mais ces fautes ne doivent pas empêcher que l ’on ne regarde Ptolemée comme celui qui
a le plus mérité de la Géographie.
Depuis cet auteur jufqu’à la fin de l ’Empire, il parut peu d’ouvrages eftimables en
Géographie. On trouve cependant encore les cartes en ufage dans les troifième 8c
quatrième fiècles fous Dioclétien, Conftantin.8c Maximien.
On croit que c’eft au temps de l’empereur Théodofe que l’on peut fixer la rédaûion
de la carte provinciale 8c itinéraire, connue depuis fous le nom de carte de
Peutinger.
Le dernier ouvrage que l ’on peut mettre au rang de ceux des anciens fur la Géographie,
eft la notice de l’empire, attribuée à Ethicus , qui vivoit entre 400 8c 450 de l’ère
chrétienne. Ce livre eft précieux pour les lumières qu’il procure, tant pour la géographie
que pour l’hiftoire.
Les fiècles de barbarie qui fuivirent la décadence de l’empire romain, enveloppèrent
prefque tous les peuples dans une ignorance profonde. Il ne fe trouva , pour ainfi
dire, en 535, qu’un nommé Cofme, Egyptien, qui compofa une cofmographie
chrétienne ; 8c Héroclès, dans le même fiècle, qui publia une notice de l’empire de
Conftantinople. Ces deux ouvrages ont toujours depuis été fort recherchés.
L’amour des fciences 8c des arts , chaffés d’Europe par la barbarie, trouva en Afie
chez les Arabes, un afyle plus fur 8c un ami plus favorable. Ce peuple avoit déjà
ptiblié plulieurs ouvrages fur plufieurs fciences, lorfque Almamoun, calife, ou vicaire
de Mahomet, refidant à Babylone, fit traduire du grec en arabe le livre de Ptolemée,
que l ’on nomma de la grande compojition (1). On vit fous ce prince deux aftronomes
géomètres, parcourir par fes ordres les plaines de Senaar pour mefurer un degré du
méridien; entreprife honorable à la gloire de ce prince, mais qui ne pouvoit fervir
à déterminer la figure de la terre qu’autant que l’on pourroit comparer la grandeur
de ce degré avec celle d’un degré mefuré plus près du pôle. C ’eft ce quia été exécuté
fi heureufement fous le dernier règne (1).
On compte parmi les géographes arabes, Abou Ifaac, Mohamed ben Affan, Hoffen
(1) C eft le fens du mot Almagefle, qui eft moitié grec & moitié arabe.
(2) t oye^ ce que j’en ai dit dans ma cofmographie, deuxième édition, pag. jo .
Géographie ancienne, b