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tiennes en quarré. Elle 'étoit exempte de taxes,
6t ceux qui étoient de garde à la cour, recevaient
chaque jour cinq livres de pain , deux livres de
boeuf, & deux pintes de vin. Cette garde étoit
relevée tous les ans, pour que chacun eût à fon
tour le même honneur & les mêmes avantages.
Cette générofité envers les gens de guerre, les
encourageoit à fe marier, oc par cela même à
pe ipler le .pays, & à laiffer ainfi après eux un
no libre de ïoldats fuffifant pour défendre le
royaume.
Il y a eu plusieurs rois d’Egypte qui ont été
des conquérans : cette nation n’étoit cependant
pas guerrière ; car leur empire s’eft bien plus étendu
par les colonies qu’ils ont envoyées, que par la
force des armes. Le roi chez les Egyptiens étoit
créé quelquefois par voie d’éleétion ; alors il
étoit tiré de l'ordre des prêtres , ou de celui dés
foldats. Hérodote rapporte que s’il étoit pris dans
l ’ordre des derniers, on le faifoit paffer dans celui
des prêtres, & initier à leurs myftères.
Les laboureurs. Les laboureurs étoient aufli obligés
de profeffer le même état de père en fils ; ils cul-
tivoient les terres du r o i, des prêtres & des foldats
, & n’en payoient qu’une redevance raifon-
nable. Us perfectionnèrent très-vite l'agriculture.
Les bergers. Les bergers , qui étoient, comme les
laboureurs, obligés de prendre l’état de leur père,
fe rendirent habiles à multiplier les troupeaux.
•Ceux qui avoient foin des poules & des oies ,
trouvèrent aufli la manière de les multiplier par
l ’a r t , au rapport de Diodore de Sicile. Ils fe ler-
voient vraifemblablement .de fours , pour faire
éclorre les oeufs , comme cela eft encore pratiqué
en Egypte, félon les relations des voyageurs modernes.
Adminiflraùon juridique. Les Egyptiens adminif-
troient la jufiiee avec la plus grande impartialité.
Aufli choififfoient-ils leurs juges avec beaucoup de
précaution. On choififîoit particuliérement dix ha-
bitans de chacune des villes de Thébes , d’Hélio-
polis & de Memphis.
Cette alfemblée ayant choifi dans fes membres
un préfident, il étoit remplacé par un homme à
fon choix. Ce préfident portoit à fon col une
chaîne d’o r , d’où pendoit un ornement de pierres
précieufes. Cet ornement fe nommoit la vérité. L’af-
femblée étoit payée par le roi.
Lorfque l’on devoit juger une caufe, le préfident
, portant le fymbole de la vérité, aflis avec
tout fon corps, écoutoit l’accufateur, dont la plainte
étoit mife par écrit. Elle étoit communiquée à
l’accufé , qui y répondoit ; & , après une répliqué
de chacune des parties, la cour examinoit avec
foin l’affaire , puis le préfident tournoit la vérité
du côté de celui en faveur duquel on avoit décidé.
Le parjure, chez les Egyptiens, étoit puni de
mort ; celui qui ne fecouroit pas un homme attaqué
fur les chemins , étoit puni de même. On
faifoit fubir la même peine au faux accufateur.
Chaque Egyptien devoit faire porter fur un re-'
giftre fon nom, & la manière dont il gagnoit fa
vie. Ce registre étoit entre les mains du gouverneur
de la province. On coupoit la langue à ceux
qui donnoient aux ennemis avis de quelque def-
fein fecret. Les hommes convaincus d’adultère rece-
voient mille coups de verges ; les femmes avoient
le nez coupé. Il étoit permis aux frères d’époufer
leurs feeurs. On prétendoit qu’Ifis avoit epoufé
fon frère Ofiris. Et comme elle avoit régné, étant
v e u v e , avec beaucoup dé gloire, les reines en
général étoient plus confidérées que leurs époux.
M oe u r s e t u s a g e s .
Education. Les Egyptiens veilloient foigneufe-
ment à l’éducation de leurs enfans. Ils ne les nour-
riffoient que de chofes communes, & , pour la plupart
, oncles faifoit aller pieds nuds & fans vête-
mens pendant leur enfance , à caufe de la chaleur
du climat. Les prêtres étoient chargés de leur inf-
truétion , dont les fciences principales étoient la
géométrie & l’arithmétique. Cependant , dans les
claffes inférieures du peuple, il y en avoit peu
qui appriffent à lire & .à écrire , excepté les marchands.
Ils négligeoient de montrer à leurs en-
fans la mufique & la lute ; mais ils leur appre-
noient la politeffe & le refpeft qu’ils dévoient aux
vieillards.
Lorfqu’un homme de confidération étoit mort,
toute fa famille, les hommes féparés d’avec les
femmes, fe mettaient de la boue fur la tête, &
couroient la v ille, fe lamentant, jufqif à ce que de
corps fût enterré. Il y avoit une forte de gens qui
faifoient profefiion d’embaumer.
Repas. C ’étoit une honte chez les Egyptiens de
manger du pain d’orge ou de froment. Ils en
faifoient un avec Yolyra. Ce pain étoit nommé
Colleflris , vraifemblablement à caufe de fa qualité
glutineufe. Us buvoient ordinairement de l’eau du
N i l, & leur boiflbn la plus exquife étoit faite avec
de l’orge. Us s’abftenoient de manger de plufieurs
animaux, & en particulier du cochon; mais ils
mangeoient du poiffon falé, des cailles , des canards
, &c. Dans les repas publics, on faifoit porter
un cercueil, dans lequel étoit l’image d’un mort.
Celui qui le portoit difoit à chaque convive : « re-
» garde ceci, & fonge à te divertir : car tu de-
» viendras femblable lorfque tu feras mort n Us
évitoient de manger avec les étrangers, parce qu’ils
les regardoient comme impurs.
Habillemens. Les Egyptiens s’habilloient d’une
vefte de lin , garnie de franges au bas, qu’ils appelaient
calajiris. Pardeflùs cette v e fte , ils por-
toient un manteau blanc, de drap : mais c’étoiî
une profanation que d’entrer dans quelque temple
avec ce manteau.
Les anciens Egyptiens aimoient la propreté ; atiifi
ufoient-ils fouvent de purifications’& d’ablutions.
Hérodote & Diodore rapportent que c’étoit uni*
quement par propreté, que ce peuplé s’etoit fait
une loi de la circoncifion ; cérémonie qui avoit
été en ufage de temps immémorial. Pythagore^fut
obligé de s’y foumettre , pour avoir la liberté d’entrer
dans les temples, oc de converfer avec les
prêtres Egyptiens.
A r t s e t S c i e n c e s .
Langue & écriture. Nous ne connoiflbns pas la
langue parlée des anciens Egyptiens , & nous
n’avons que de très-légers apperçus de leur langue
écrite. Voici ce qu’en dit S. Clément d’Alexandrie :
« Ceux qui font inftruits par les Egyptiens 9 ap-
» prennent d’abord la valeur des* lettres égyp-
« tiennes , que l’on appelle épiftolographiques
(ou épiftolaires, pour l’écriture commune). Leur
J» fécondé forte de lettres eft la facerdotale , dont
3» les écrivains facrés fe fervent ; la troifième enfin,
w l’hiéroglyphique , qui s’exprime , ou par les pre- -
» miers élémens , ou par des fymboles ; la fym-
*3 bolique s’exprime, ou par imitation , ou par fi-
3i gure , ou allégoriquement par certaines énigmes.
» Ceux qui veulent décrire le foleil font un
3i cercle , &c. & ceux qui veulent décrire la lune,
>3 font une figure qui lui reffemble. \ eulent-ils
>3 écrire figurément, ils changent & caraéferifent
» les phafes de la lune , fuivant leur intention.
»3 Ceux qui veulent louer les rois, dans les écrits
33 facrés, le font allégoriquement. Voici un exemple
33 de cette troifième efpèce, qui eft énigmatique.
33 Ils repréfenten t l’obliquité des aftres par la marche
33 du ferpent ; & le foleil, fous la figure de Sca-
33 rabè 3>,
Quelques auteurs ont c ru , d’après ce fimple
expofé, qu’il y avoit trois fortes de caraâères en
ufage chez les Egyptiens. Mais il femble que l’on
peut très^bien entendre ce paflàgè, & n’en admettre
que deux ; l’une épiftolaire , c’eft-à-dire,
dont les lettres indiquoient les fons que l’on pro*
féroit en nommant les objets ; l’autre , hiérogly-
phque , &rappellant les objets à l’efprit, foit que
la figure les repréfentât à-peu-près comme un
arbre, une maifon, &c. ou bien que l’on ne fît
que les défigner par un emblème, pris dans la
claffe des figures Amples , mais éloigné de fon
premier fens. Ainfi , c’eft moins fur la forme des
caractères, que porte cette double diftinétion que fait
S. Clément d’Alexandrie, que fur les différentes manières
de s’exprimer. I l eft ici plutôt queftion de
ftyle que d’alphabet. Les modernes ont aufli fait
dès recherches fur cet objet; mais elles ne peuvent
trouver place ici.
On attribuoit l’invention de ces caractères à un
r o i, que l’on nommoit Thot ou Athotes, & Mercure
, auquel on a donné , à caufè de fes con-
noiffances, le nom de Trois fois grand , ou Trify
mègifie. Ces caractères fe voient encore fur des
ftatues égyptiennes, fur plufieurs des obélifques
qui font à Rome; mais on n’en voit nulle part
en aufli grand nombre que fur la table appellée
Ijiaque, 8t que Von conferve dans le cabinet d’antiquités
de Turin.
N. B. A u refte , M. de Guignes a démontré juf-
qu’à l’évidence que ces caractères égyptiens avoient
le plus grand rapport avec les anciens caractères
chinois. Voyez Métn. de litt, , t. 29.
Mathématiques. Nous tenons la géométrie des
Egyptiens , qui l’inventèrent à caufe des déborde-
mens du Nil ; mais il ne paroît pas qu’ils y aient fait
"de grands progrès, & cette fluence, chez eux, étoit
réduite à la mefure des figures planes.
L ’arithmétique a été cultivée avec foin chez
les Egyptiens, & ils ont aufli fait quelques progrès
dans l’algèbre , fur-tout depuis que les Grecs
furent s’établir en Egypte.
Quoique les Babyloniens aient été renommés
pour l’aftronomie, cependant les Egyptiens partagent
avec eux la gloire de l’avoir inventée. Les
habitans de Thèbes y excelloient pardeflùs les
autres. Diodore affirme qu’ils obfervoient le mouvement
des étoiles avec habileté, & qu’ils mettoient
leurs obfervations par écrit ; qu’ils connoif-
foient parfaitement lçs révolutions des planètes ,
& qu’ils étoient capables d’annoncer les différentes
révolutions du temps. Ils faifoient fur-tout ufage
de l’aftronomie en faveur de l’agriculture. Ce peuple
faifoit aufli grand cas de l’aftrologie judiciaire.
Médecine. La médecine paffoit pour avoir pris naif*
fance chez les Egyptiens. L’invention en eft généralement
attribuée à Efculape, qui eft le nom que
l’on donnoit à Toforthrus, ou Seforthus , à caufe de
fa grande habileté dans cet art. C e prince, qui
occupoit le trône de Memphis, étoit beaucoup plus
ancien que l’Efculape 'Grec. Il n’étoit pas permis
aux médecins de ce pays de donner des remèdes
pour toutes fortes de maladies , chacun d’eux étant
obligé de s’appliquer à la guérifon d’une feule. Dans
l’application des remèdes, ils étoient obligés de
fe conformer à ce qui étoit indiqué dans les livres
facrés ; celui qui s’en écartoit, rifquoit fa vie , fi le
malade mouroit. Ils étoient entretenus aux dépens
du public. Ils faifoient aufli profeflion de l’aftro-
logie , & de certains rites myftérieux.
Les Egyptiens fe font rendus , célèbres dan9
. l’Anatomie.
Phyjîque générale. Les découvertes qu’ils ont fait
en phyfique nous font peu connuès. On fait feulement
qu’ils avoient une idée jufte du fyftême du
monde. C ’eft de ce pays que Pythagore appqrta probablement
la connoiffance de fon. fyftême. Ce fyftême
paroît avoir fait partie de la doélrine fecrète
des Egyptiens, & inconnue au vulgaire.
La fcience favorite des Egyptiens étoit la magie
, en quoi ils ont prétendu lurpaffer les autres
peuples. C ’étoientles prêtres qui faifoient profeflion
de cette vaine fcience.
C o m m e r c e ..
On eft fort partagé pour décider quand eft-cc
que les Egyptiens fe font adonnés au commerce j