
perfectionner Part militaire par des inventions in-
génieufes.
Pfammétique, chaffé par les onze autres princes
qui partageoient avec lui la fouveraineté de l’E- :
gyp te, avoit été contraint de fe retirer dans des
marais,d’où il envoya confulter l’oracle de Latone,
qui répondit que des hommes de cuivre qui for-
tiroient de la mer le rétabliroient fur le trône :
c ’eft Hérodote qui raconte ce fait, Z. u , 126-128.
Les Cariens tenoient alors la mer avec une flotte
. considérable, à laquelle s’étoient joints plufieurs
Ioniens, qui, moins délicats que les autres Grecs,
exerçoient la piraterie fans fcrupule : la tempête
les obligea de relâcher en Egypte, où ils firent
une defcente, par hafard, dans les lieux où Pfammétique
étoit réfugié ; on fut dire à ce prince que
des hommes de cuivre défoloient la campagne : ce
prince faifit le fens de l’oracle ; il implora le fe-
cours des Cariens, en leur faifant des promeffes
magnifiques ; les Cariens conclurent le traité, &
marchèrent à l’ennemi, avec ceux des Egyptiens
qui n’avoient pas abandonné Pfammétique dans fa
difgrace, le défirent entièrement, 8c réunirent en
ce prince toute la monarchie d’Egypte. Pour re-
connoître les fervices que les Cariens lui avoient
rendus , 8c pouvoient encore lui rendre en fixant
leur féjour dans le pays , il leur offrit des terres
qui s’étendoient fur les deux rives du N i l, dans
une contrée abondante aux environs de Pélufe ,
félon Hérodote.
Diodore de Sicile, page 142, dit que Pfammétique
, attaqué par les rois qui lui avoient été affo-
ciés au gouvernement de l’Egypte, raffembla une
armée qui étoit compofée de Cariens, d’ioniens
8c d’A rabes, avec laquelle il battit fes concurrens,
dont les uns furent tués, 8c les autres fe fauvèrent
.en Libye.
Les Cariens, comblés des bienfaits de Pfammétique
, furent toujours attachés aux intérêts de fa
maifon : car, lorfque l’Egypte fecoua le joug d’A-
priès , le dernier des defcendans de ce prince, ils
coururent à fon fecours, 8c foutinrent, avec une
poignée de monde, les efforts de tous fes ennemis ;
mais Apriès ayant p éri, ils fe fournirent au vainqueur.
Amafis , jugeant que les Cariens feroient les
plus fermes appuis de fa couronne, fe les attacha,
8c leur afîigna des terres dans le diftriô de Memphis
» capitale de fes états. Ils donnèrent des preuves
de leur attachement à Pfamménite, fils 8c fuccef-
feur d’Amafis, lorfque Cambyfe, par les confeils
de Phanès , vint entreprendre la conquête de l’Egypte.
Les Perfes entrèrent dans ce royaume avec
une armée confidérable, à la rencontre de laquelle
marcha Pfamménite. Les Cariens qui étoient dans
fon armée, conduifirent à la tête du camp les en-
fans de Phanès ( que ce Carien avoit laiffés en
Egypte pour cacher fa fuite) ; 8c là , à la vue du
père, on fit couler leur fang dans un vafe, qui
ayant été rempli d’eau 8c de v in , les Cariens eit
burent tous les uns après les autres
Les Perfes furent les vainqueurs, 8ç.ceux des
Cariens qui échappèrent à la fureur de Cambyfe
fe retirèrent dans leur patrie , qui avoit eu , depuis
leur départ, de cruelles guerres à foutenir contre
les rois de Lydie.
Alyattes fut le premier de tous les fucceffeurs
de G y g è s , qui eût le projet d’affujettir.les Cariens
à fa domination : mais, felou les «apparences, il
n’y réuflit pas ; car Hérodote compte la Carie auv
nombre des provinces ajoutées, par les armes de
Créfus, à l’empire de Lydie.
Quelques années après, Cyrus s’empara de la
ville de Sardes, 8c des provinces dépendantes du
royaume de Lydie. Ce conquérant établit des tyrans
dans les villes peuplées 8c opulentes, avec
ordre d’établir les impôts, de les envoyer, 8c de
commander les troupes qui leur feroient demandées.
Les fages mefures qu’avoient prifes Cyrus 8c Cambyfe
, continrent les Grecs 8c les Cariens pendant
leur règne : mais les malheurs de Darius en
Scythie réveillèrent le defir de la liberté dans l’efprit.
des Myléfiens : les Cariens 8c les autres fe révoltèrent
ouvertement par la même efpérance, félon.
Hérodote.
Dorifes, qui commandoit les troupes de Darius^
dans l’Hellefpont, s’avança à grandes journées dans,
la Carie, où il livra bataille aux mécontens , qui*,
furent vaincus , 8c fe retirèrent dans le temple de
Jupiter Labradée, d’où , ayant vu les Miléfiens 8c_
les autres confédérés, ils fe joignirent à e u x , 8c
tentèrent encore le fort d’un combat ,_dans lequel:
ils furent de nouveau vaincus par les Perfes. Les-
bons fuccès firent que les généraux de l’armée de-
Perfe négligèrent les précautions; les Cariens furent
profiter des circonftances, 8c fe faifirent habilement
des défilés par où les Perfes dévoient paffer. Dorifès
8c Amorgès, généraux de Darius, donnèrent dans,
l’embufcade , furent tués, 8c leur armée fuccomba,
fous les efforts des Cariens, commandés par Hé-
raclidès , fils d’Ibanolis»
Ces peuples furent cependant obligés de fe fou--
mettre aux Perfes, après la rédu&ion de Milet.
Darius y rétablit lans doute la forme du. gouvernement
que fes pré'déceffeurs avoient imaginée î:
car Hérodote, de trois tyrans qui fulvirent Xerxès,,
fqcceffeùr de Darius, dans fôn. expédition contre
la Grèce, cet hiftorien ajoute que les Cariens joignirent
foixante-dix vaiffeaux à l’armée navale des
Perfes r ils étoient divifês en plufieurs efcadres,
dont chacune étoit commandée par le prince qui.
l’avoir fournie.
Hérodote, parle avec de grands éloges d’A rté-
mife, fille de Lygdamisreine d’Halicarnaffe. Elle-
étoit carienne, 8c elle donna des preuves éclatantes,
de fôn courage 8c die fon intrépidité..
Les Athéniens la redoutoient ; ils promirent de
magnifiques récompenfes à celui de leurs citoyens,
qui la tueroit de fa propre main, ou qui la feroit
prifonnière, félon le rapport d’Hérodote.
Les Lacédémoniens érigèrent une ftatue à cette
princeffe , félon Paufanias , page 234.
Lygdamis monta fur le trône de Carie , vers la
quatre-vingt-troifième olympiade : Hécatomnus pa-
roîtaprès Lygdamis, dans la fuite des rois de Carie ;
ce prince fit fon féjour à Mylafa, 8c Strabon,
page Ç74, dit qu’il y étoit né. Hécatomnus en fit
la capitale de fon royaume : cette ville étoit la plus
décorée de toutes celles de la Carie. Ce prince,
en politique habile, étoit toujours prêt à figner
des traités, 8c à les rompre quand le bien de fes
affaires le demandoit. Ifocrate le fait entendre,
14. Evagoras s’empara de l’île de Salamine, dans
la quatre-vingt-dix-feptième olympiade, fur Ab-
démon, à qui Artaxerxès en avoit confié le gouvernement
: la plupart des villes de l’île fe fournirent
au vainqueur. Hécatomnus fut chargé par Artaxerxès
du foin de rétablir Abdémon, félon Diodore
de Sicile 9 page 311. Ce prince eutThabileté de ne
pas vaincre Evagoras, de crainte que les rois de
Perfe ne voulurent établir leur autorité dans les
autres royaumes tributaires, s’ils avoient été les
maîtres de p ie de Cypre.
Hécatomnus envoya fecrétement des^ fecours
d’argent à Evagoras. Ce prince tint la même conduite
avec les Lacédémoniens, lorfqu’ils portèrent
la guerre dans les provinces de l’Afi.e : on eut beau
défoler la Carie , les incurfions des Grecs ne tombèrent
jamais fur la partie de cette province qui
lui étoit foumife. La cour de Perfe le laiffa jouir
néanmoins du royaume de Carie jufqu’à fa mort,
qui arriva en la quatre-vingt-dix-neuvième olympiade
, ou au commencement de la centième, félon
les différées paffages de Diodore de Sicile.
Les fucceffeurs d’Hécatomnus régnèrent quarante
deux ans. Arrémife, fécondé du nom, époufa
Maufole, fon frère, félon Arrien, qui prétend que
la coutume autorifoit ces mariages dans la Carie.
Ce prince réunit toute la Carie fous fapuiffance,
8c fit fa réfidence à Halicarnaffe, qui uirpaffa en
magnificence toutes les villes de la Carie , par le
foin qu’il prit à l’embellir, fdon Strabon, page 40p.
Maufole attaqua les Ioniens, les Lydiens 8c les
Lyciens, qui, pour la plupart, fe virent contraints
de fubir le joug du vainqueur. Il forma des deffeins
fur Milet, auxquels, malgré l’artifice qu’il y employa,
il fut obligé de renoncer, félon Polyænus.
Les Cariens , fous la conduite de leur roi Maufole
, s’emparèrent de l’île de Rhodes, félon Théopompe
, qui dit que les Rhodiens devinrent les
fujets des Cariens, d’alliés qu’ils étoient.
Suidas 8c Harpocration, lur le témoignage de
Théopompe, difent que Maufole, tyran des Ca-
rîens, employoit tous les moyens d’attirer à lui
l’argent de fes fujets, 8c Ariftote»dans fon traité
de la politique, en fournit plufieurs exemples.
Maxime de T y r met les richeffes de ce prince
en parallèle avec celles de Créfus. Cet auteur ajoute
qu*Alexandre réfolut de paffer en A fie , parce qu’il
étoit perfuadè que la félicité avoit établi fon féjour
dans les murs de Sardes 6c dans les tréfors de Maufole.
Vitruve donne la defeription des ornemens dont
Maufole embellit la ville d’Halicarnaffe ; Pline dit
que la plupart de ces monumens fubfiftoient encore
de fon temps. Diôdore de Sicile donne à ce
prince vingt-quatre ans de règne, qui finit la quatrième
année de la cent fixième olympiade.
À la mort de Maufole, les Rhodiens fecouèrent
le joug des Cariens : mais Artémife, foeur 8c veuve
de Maufole, les fit rentrer dans le devoir, ainfi.
que les habitans dè l’île de Cos, qui avoient imité
leurs voifins. Théopompe 8c Cicéron difent que
cette reine mourut de phthifie, après deux ans de
règne. Vitruve dit que Praxitèle fut un des archi-
teaes que cette reine employa pour élever, à la
mémoire de fon mari, ce monument qui paffa pour
une des fept merveilles du monde.
Idrieus prit les rênes du gouvernement après la
mort d’Artémife, 8c à fa mort les Cariens défé?
rèrent la couronne à Ada, fa feeur 8c fa femme.
Diodore de Sicile dit que la cour de Perfe donna
l’inveftiture du royaume de Carie à un fatrape :
mais Ada le défendit avec courage ; 8c enfin ,
dépouillée de fes états, elle fe maintint dans la
.fortereffe d’Alinda, où elle refta jufqu’au paffage
d’Alexandre en Afie. Le même auteur dit, page yoy,
que lorfque Alexandre eut gagné la bataille du
Granique fur les Perfes, il pénétra dans la Carie ,
qu’alors Ada vint à fa rencontre , 8c lui afîùra que
les Cariens defiroient fon rétabliffement : Alexandre
, touché de fes malheurs, la rétablit dans la
poffeflion de fon royaume. Ârriendit qu’Ada adopta
Alexandre : mais Plutarque prétend que ce fut ce
prince qui adopta A.da, 8c l’appela toujours fa
mère.
C a r e s , peuple qui habitoit au bord des Palus-
Méotides , vers le Tanaïs, félon Pline. C ’étoient
I des habitans de la Carie qui étoient venus s’établir
là.
C ares , peuple de l’Egypte, qui habitoit fur le
bord jdu N il, vers la mer, du côté de Bubafte.
Hérodote dit que c’étoit des étrangers que Pfam-
mitichus reçut bien, les mit dans fon parti, 8c s’en
fervit utilement. C ’étoit des habitans de la Carie
qui couroient les mers comme pirates, de concert
avec les Ioniens. Ayant relâché en Egypte, on leur
donna des terres aux uns 8c aux autres : mais le
Nil entre deux.
C ares, ville de l’Hifpanie ( Cellarius).
C A R E SA , nom d’un écueil, fans ville ni bourg,
dans la mer de Grèce, vis-à-vis de l’Attique, félon
Pline, dont lès manuferirs portent Core/a.
CARESENA, 6* C aresenia, contrée de l’A fie ,
qui s’étendoit le long du fleuve Çarejus, 8c confi-
noit à la Dardanie, lelon Strabon, qui ajoute que
c’étoit un pays de montagnes, bien cultivé, 8c
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