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romaine, en Italie, dansl’Umbne. ( C ’e f taujour- i
d’hui Spello. ) *
C olonia Marci a , ville de l’Hifpanie, qui avoit
le titre de colonie romaine. (C ’èft aujourd’hui Mar-
chena. ) ;
C olonia S e n e n s is , ville de l’Italie, dans .11-
trurie. Elle étoit colonie romaine. (Aujourd’hui
Sienne.')
C olonia Septimanorum Juniorum , ville de
la Gaule, avec le titre de colonie. (Aujourd’hui
Béliers.) #
C olonia T r a jan ia , nom d’une v ille , avec
le titre de colonie romaine , dans la Germanie inférieure.'
La table de Peutinger & l’itinéraire d’An-
tonin en font mention. Elle etoit fituée aux confins
du peuple Gugerni, à l’endroit ou fe fait la
féparation du Rhin. On croit qu’elle occupoit le
même lieu où eft aujourd’hui le village de Kellen.
C olon ia T r a jan a (Koln ou Keln.') L ’itinéraire
d’Antonin & la table Théodofienne, font les
feuls monumens qui faffent mention de ce lieu.
Il étoit à une petite diftance du Rhin, & à un
mille environ de Clêves. M. de Valois penfe que
c e lieu eft le même que le Tricejîmoe dont parle
Ammien Marcellin : mais M. d’Anville prétend que
l ’avis de cet habile homme ne peut fe {butenir contre
les preuves qui établiffent le pofte dé la légion
appelée Tricefïma Ulpia auprès de Vetera.
v COLONIÆ. On entend par Colonies, tes émigrations
envoyées pour occuper des villes nouvellement
conquifes ou nouvellement bâties, & plus
ou moins éloignées de la ville qui les envoyoit :
cette ville étoit appelée par les Grecs métropole,
ou ville mère ; en effet, dans une infinité de cir-
conftances les colonies fe regardoient comme les
cnfans de leurs métropoles. Les rapports qui les
uniffoient entre elles , les cérémonies qui s’obfer-
voient aux départs & lors de l’établiffement des
colonies, fe trouveront probablement dans le dictionnaire
d’antiquités, & ne font pas de mon objet.
J’obferverai cependant qu’il me paroît que les
Orientaux & les Grecs regardoient plus réellement
leurs colonies comme leurs enfans ; au lieu que
les Romains les traitoient plus généralement comme
des fujets. Il eft vrai qu’il faut faire quelque dif-
tiaâion dans l’efpèce de droit dont ils les laiffoient
-jouir : mais je dois me reftreindre dans ce qui appartient
feulement à la géographie.
Colonies orientales. On n’a pas de détails très-pofi-
tîfs fur les premières colonies envoyées par les
Orientaux. Ce que l’on fait des colonies tyriennes
& égyptiennes eft très-vague. Et quant aux premières
peuplades qui ont précédé ces temps &
peuplé l’Europe & l’Afrique, ce ne font pas là
des colonies., ce font des difperfions, des refoule-
mens de peuples qui s’avancent infenfiblement ,
foit parce qu’ils éfpèrent être mieux, foit parce
que d’autres peuplades qui les fui vent leur en im-
pofent la nécefiité.
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Colonies occidentales. Les coloniès égyptienne^
fe portèrent probablement d’abord dans les îles de
l’Archipel ; on ne les retrouve très-pofitivement que
fur le continent de la Grèce , & dans le Péloponnèse,
qui y .étoit joint par un ifthme. Il feroit im-
poftible , je crois, de fixer le nombre des villes
qui leur durent leur origine : de ce nombre furent
Athènes & Argos.
Les colonies phéniciennes s’établirent aufti dans
les îles & dans le continent de la Grèce : on peut
citer, entre au très-vil le s , Thèbes, fondée par Cad-
mus. Cependant tout cela eft fi obfcur, que l’on
peut très-bien avoir attribué à un peuple les fondations
d’un autre.
On a plus de certitude fur les colonies qui
s’établirent le long de la côte feptentrionale de
l’Afrique, & les côtes méridionales de l’Efpagne.
Du moins les attribue-t-on plus unanimement aux
Phéniciens, & particuliéremént aux Tyriens. Encore
refte-t-il à décider fi l’on ne doit pas com-
pi'endre dans ce nom de Phéniciens les peuples de
Canaan, chaffés par Jofué. Il eft probable qu’à
l’aide des vaiffeaux des Tyriens ou des autres villes
maritimes, ils fe portèrent au loin pour échapper
à la colère d’un vainqueur qui les traitoit avec
beaucoup d’inhumanité. Les villes d’Utique, de
Carthage, de Gades, font les plus célèbres de ces
colonies orientales.
Colonies grecques. Je ne comprendrai pas fous ce
nom les premières peuplades qui entrèrent en Grèce
par le nord. Ôn ne peut guère parler des colonies
grecques avant le temps d’H.ellen, fils de Deu-
caliôn. Encore expofé-je ici plutôt ce qu’ont écrit
les auteurs que ce que je crois moi-même d’après
un examen très-réfléchi ( i) .
Hellen eut trois fils : Eolus, dont les defcen-
1 dans fe répandirent dans la Locride & la Béotie ;
Dorus, qui donna ion nom à la contrée voifine
| du Parnaffe & à fes habitans ; & Xuthus , qui, s’étant
retiré dans l’Attique, fut père d’Acheus &
d’io n , père des Ioniens.
Ces trois branches de la poftérité d’Hellen peuplèrent
de leurs colonies l’intérieur de la Grèce.
Les Achéens, iffus d’Achéüs , donnèrent le nom
d’Achqïe à une partie du Péloponnèfe. Les Ioniens 9
fe trouvant trop refferrés dans l’Attique, une partie
fe porta aufti dans le Péloponnèfe , & y fonda
douze villes : les Doriens y fondèrent Lacédé-
( i) Dans un expofé fi rapide, je ne puis établir les différentes
caufes qui donnèrent lieu à l’établiffement de ces
colonies grecques. Je dirai feulement que quand les Grecs
envoyoient au loin une colonie pour le peupler, elle
s’appeloit A’Vgjx./*, éloignement de domicile •, au lieu que
quand des colonies alloient habiter une ville déjà peuplée,
& partager avec eux les terres de fa dépendance ,
elles fe nommoient » parce que x\npos fignifiant
le fort, & ces portions de bien fe partageant par le fort,
on les-nommôit,fil’on peut s’exprimer ainfi, \esfortables.
C’eft ainfi que les Athéniens en’ ufèient à Sam o s , à
Lesbos, &c.
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mone : mais, félonThucidyde, aucune colonie ne
fortit de la Grèce avant la guerre de Troyes. v
Environ quatre-vingts ans après cette époque,
les Héraclides, fécondés par les Doriens, chafterent
du Péloponnèfe les defcendans de Pélops, qui ,
aidés par lés Eoliens, s’en étoient emparés apres
la mort d’Euryfthée. Ce fut ce retour des Hera-
clides qui caufa principalement les émigrations des
Grecs dans d’autres pays hors de la Grepe. ^
Les principales contrées dans lefquelles ils s eta- <
blirent, font les îles de la mer Egée, les cotes ;
occidentales & feptentrionales de l’Afie mineure ,
la Sicile & l’Italie : il y en eut dans la fuite fur
la côte orientale de l’Hifpanie, &. fur la cote méridionale
de la Gaule.
Les Eoliens ouvrirent la route aux autres Grecs.
Orefte avoit été l’auteur de cette colonie : mais ce
prince étant mort dans l’Arcadie, laiffa 1 exécution
dè fon projet à fes defcendans , q u i, peu apres fa
mort, furent chaffés du Péloponnèfe^par les Do-
riens. Iis fe répandirent le long'de la cote de 1 Ane,
depuis Cyzique jufqu’au Caïque, & fondèrent douze |
villes, dont Smyrne étoit la plus confiderable. Un
compte quatre émigrations des Eoliens : la première
fut conduite par Orefte; la fécondé, pat
Penthilus , fon fils ; la troifième , par Echelatus ,
fils de Penthilus; & la quatrième, par Grais, fils
d’Echelatus. M. Larcher fixe à l’an. 12.10 le départ
«fOrefte, c’eft-à-dire, foixante ans après la guerre
de Troyes r il avoit ainfi précédé le retour des
Héraclides.
Environ quatre générations après , la plupart des
Doriens que Codrus avoit établis à Mégare, paf-
fèrerit en A fie , où ils bâtirent les villes de Cnide >
d’Halicarnaffe , auxquelles on doit ajouter celles
qu’ils fondèrent dans les îles de Rhodes & de Cos ,
mais celle de Rhodes avoit précédé le retour des
Héraclides. Ces villes Doriennes formèrent une
fbciété de fix villes , qui fut depuis réduite à cinq,
par l’expulfion d’Halicarnaffe.
Vers le même temps, les Ioniens, forcés d’abandonner
leurs demeures dans le Péloponnèfe, formèrent
une multitude n om b re u fe à laquelle fe
joignirent les defcendans de Neftor , & un grand
nombre d’autres peuples (1). Réunis fous la conduite
d’Androclus , fils de Codrus, ils traverfèrent
ta mer, & s’ établirent dans les plus belles parties
de l’Afie mineure , où ils fondèrent douze villes „
q u i, par leur étroite union, compofèrent le corps
ionique.
Toute la partie méridionale de l’Italie fut peuplée
de colonies grecques, ainfi que la Sicile. De fon
étendue , & de l’éclat des écoles qui y furent établies
, cette partie prit le nom de Grande^Grèce,
(t) Pour avoir une idée plus nette des commencemria
de la colonie ionienne , peut-être eft-il bon d’avoir une
idée des commenceméns des Grecs j en conféquence ,
les.mots Gr j e c i, He l l en e s*.
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(Voyez G r æ c ’ A M a g n a . ) Encore M. l’abbé
Chaupy 'pènfé-t-il que ce nom s’étendit à tout ce
qu’il y avoit de colonies grecques fut les cotes de
l’Hifpanie & de la Gaule. ' •
Les premières colonies grecques en Italie, &
les plus anciennes des leurs, venues à notre con-
noiflance , font celles que Peucetius & (Enotrus y
conduifoent. On ignare quel fujet leur avoit fait
quitter l’Arcadie : cet événement eft fixé à dix-fept
.générations avant la prife.de Troy e s, & fix é, par
M. Larcher, à l’an 1837 avant notre ère.
Evandre , aufti Arcadien , chef d’une autre émigration
, paffa de même en Italie quatre-vingts ans
■ avant la guerre de Troyes , c’eft-à-dire, mille trois
cens trente avant notre ère.
'Dans des temps poftérieurs, d’autres Grecs paf-
fèrent enfin en Italie. On remarque que ce furent
principalement les Péloponnéfiens qui fe tournèrent
vers l’occident. Crotone & Tarente furent des colonies
Lacédèmoniennes. Àrchias de Corinthe fonda
Syracufe, qui,.ayant elle-même peuplé la Sicile
de plufieurs villes iffues de fon loin, rendit do-
rienne-une partie confiderable de cette de.
Les Grecs d’A fie , de la ville de Phocoea, fondèrent
dans les Gaiiles Marfeille, qui devint métropole
d’Antibe & de Nice ; des Lacédémoniens
fondèrent en Afrique la ville de Cyrène. Byfance,
Perinthe , Sinope , Héraclée, & plufieurs autres
villes fur les bords du Pont, furent des colonies
grecques.
• Colonies romaines. Peu de temps après la fondation
de Rome,Romulus,.devenu par fes armes maître
de quelques villes des environs de fon territoire ,
y établit des colonies. La fuite de fes conquêtes.,
& de'celles de fes fucceffeurs, ainfi que les victoires
de la république, donnèrent lieu à une infinité
d’établiffemens de même genre. Lorfque les
Romains eurent porté .leurs armes hors de l’Italie.,
. ils y tranfportèrent aufti leurs colonies. Il rèfultoit
- de grands avantages de l’ètabliffement de ces colonies
: i°. celui de débarraffer la capitale d’une
multitude exceflive qui l’àuroit appauvrie ou troublée.';
2°. celui de reculer les bornes de l’empire
• romain, & de fortifier fes poffeffions, en récom-
penfant les foldats : car ce fut infenfiblement des
troupes que l’on établir ainfi dans les colonies ;
no; celui de civilifer les Romains par une communication
plus direéle avec les étrangers qui ap-
prenoient leur langue, & dont ils apprenoient les.
arts.
Je n’entreprendrai pointde déterminer le nombre
des colonies romaines : elles furent très-multipliées
on en. trouve dans la feule Italie environ cent cinquante
; dans l’Afte , fix cens ; dans l’Hifpanie ,
trente ; un peu moins dans les Gaules, & toujours
en. même proportion dans le refte du monde connu
; des Romains.
J’obferverai, en finiflant cet article des Romains ».
que les colonies qui étoient compofées de citoyens