
Ce ne fut qu’au temps que: Julien -commando«
'dans la Gaule, que les Allemands en furent totalement
chaffés. Cependant, après fa mort, ils firent,
encore quelque irruption dans la Gaule & dans la
.Rhétie. R y eut encore différens mouvemens de
-leur part. Mais , vers l’an 3 8-8, ils £e fournirent à
-Maxence. Puis , fous le règne d’Honorius,, une
-colonie d’Allemands obtint la permifiion de s’étab
lir dans une partie de l’Helvétie.
Dans la fuite, d’autres Allemands fe rendirent maître
s du pays , appellé aâuellement Alface. Secondés
^par les Allemands de l’Helvétie, & par quelques
autres établis en Germanie, ils fe jettèrent dans
la fécondé Germanie, & y mirent tout à feu & à
fang. Clovis, roi des Francs établis dans la Gaule ;
& Sigebert, roi d’Auftrafie , ayant réuni leurs
■ troupes, défirent les Allemands à Tolbiac (Zulpick).
Ceux d’Alface & de l’Helvétie reconnurent Clovis
pour leur roi. D’autres fe réfugièrent en Rhétie &
- dans le Noricum, où Théodoric, roi d’Italie , leur
•permit de s’établir. Depuis c e temps, les Allemands
• n’eurent plus de roi de leur nation, & leur nom, en
s’étendant dans la Germanie , devint, pour lés
Francs, un nom générique donné à tous les habitons
de la Germanie , que fes habitans appelaient
Thaïfchland.
ALEOS , rivière d’A f ie , félon Pline. Il faut que
-ce foit une très-petite rivière, puifiqu’il la place
dans la prefqu’ile où étoit la ville d'Erithroe, à Foueft
-de Smyme. On lui attribuoit la vertu de faire
. pouffer les cheveux & le poil fur les différentes
parties du corps.
A LE R E , R , (TIndre) ; on trouve ce nom dans
l ’Anonyme de Ravenne. Il ne faut pas laiffer ignorer
cependant que l’Indre eft nommé Angera , par
Théodülfe d’Orléans ; Anger , par Grégoire de
Tours ; & Andra, dans l’aéle de fondation de l’abbaye
de Deols.
ALEREA ( Aidantes ) , ville de la Gaule, chez
les Bimnges cub'i. Il en eft fait mention dans la table
Théodofienne. M. d’Anville la place entre Erno-
•âuriun au nord-eff, & Argeniomagus au fud-oueff.
ALERIA , colonie, ville de l’île de Corjîca, ou
de Corfe ,* elle étoit fur la côte orientale. S y lla ,
que l’on en regardoit comme le fondateur, y avoit
établi une colonie.
A L E S , que la Martinière écrit ainfi, & place
dans la Béotie, eft attribuée aux Locriens Opun-
tiens fur la carte de M. d’A n ville , qui l’écrit
Haies. Tous deux l’indiquent fur le Platanius ; elle
étoit à fon embouchure. Haies fut entièrement
détruite par 'Sylla, & rebâtie depuis par fes habitans.
A L E S A , A loesa ou H a l e s à , ville de Sicile.
On trouve dans Ptol.emée Aloefa , & M. d’Anville
adopte cette orthographe : cette ville étoit fur la
' cote feptentriohale , à Feft de Cephdlcedis. Solïn
débite un petit conte en parlant d’une fontaine qui
• de voit être près & Ale fa. Les eaux en étaient- ordinairement
tranquilles ; mais elles s’énfloient dès
que l’on jouoit de la flûte fur fes bords.
ALESENI, peuple arabe que S trayon place dans
la Babylonie, vers le golfe Perfique.
ALESIA (Alife) , ville confidérable de la Gaule,
chez les Mandubïi, comprife dans la première Lyon*
noife. Cette placé, fituêe fur une haute montagne ,
étoit la plus forte des Gaules. C ’eft fans doute à
caufe de l’avantage de cette foliation, que Diodore
de Sicile lui donne Hercule pour fondateur. Céfar
qui en fentoit toute l’importance ,. s’attacha à la
prendre', 8c y réufîït ; 8c Velleius Paterculus dit
que cette entreprife étoit moins d’un homme que
d’un dieu. Véritablement lui 8c fon armée y coururent
de grands' dangers ; car Ale fia étoit de plus,
défendue par quatre-vingt mille hommes. On.peut
attribuer à la prife de cette place la réduction de
toute la Gaule ; car, depuis cette époque, on n’y
forma plus le deffein de fecouer le joug.
N. B. La montagne fur laquelle étoit Alefia, & qui
porte aujourd’hui le.nom de mont Auxois, eftélevée
au-deffus de la plaine de cent-cinquante toifes en hauteur
perpendiculaire. Le pied eft arrofé par deux
rivières , l’Oze & l’Ozerain. C ’eft du nom d'Alefia
que s’eft formé celui d’Auxois.
Céfar avoit détruit cette ville ; mais elle fût rebâtie
, 8c jouit d’un rang confidérable fous les empereurs.
Pline nous apprend que l’on devoit à fes
habitans la découverte de l’art d’argenter au feu les
ornemens des chevaux, & le joug des animaux
qui traînent les chars. Selon Diodore, elle étoit
la capitale de toute la Celtique.
ÀLESICE, village de la Laconie, fitué fur la
route de Thérapné à Taïgète, où l’on difoit que
Mylès , fils de L.élex, enleigna le premier à fe fer-
vir de meule pour moudre les fruits de la terre. On
voyoit dans ce village un monument héroïque
élevé à l’honneur de Lacédémon , fils de Taïgète.
Paufanias , Lib. III ; Lacon, c. 20.
ALESICEUM, ou A le sium , ville de Triphÿlie,
au fud-oueft d'Onus. ( Voye[ ci-deffous. )
ALESIUM, ville de la Grèce dans l’Elide. Elle
étoit dans l’intérieur des terres , tout près du mont
Phôloé, à quelque diftance au fud-eft de la ville
d’Elis. Les gens du pays s’y rendoient à certains
jours, ainfi qu’on le voit par Strabon. Le mot d’Ayopec,
qu’Homère emploie en cet endroit, fait voir que
l’on y venoit comme à une efpèce de foire ou de
marché. 11 fallok que cette ville n’exiftât plus au
temps de Paufanias , puifqu’ il n’en fait pas mention,
du moins comme exiftante en ce lieu.
Je crois que fi l’on vouloit traduire littéralement
ces vers (6 17 & 618 , ou de l’énumération 12.3 8c
124 ) , il faudroït dire : « tout le terrein qui s’étend
» depuis Hyrmine , Myrfine, & la roche Olê-
-w ■ nienne , jufqu’à Alefium, qui fe trouve dans l’in-
» térieur, ou bien depuis Alefium dans l’intérieur
» du pays , jufqu’à Hyrmine, Myrfine & la roche
» Olénienme » , & il me fembleque c ’eû le feus
d’Homère :
d'Homère : il femble même qu’iLyeuille marquer
leur éloignement par l’épithète d'ed%ctTovru, dont
il fe fert à propos de Myrfine.
ALESUS, ou A læ s u s , petite rivière de la Si- -
çile qui couloit du fud au nord , fur la côte fepteri-
trionale. M. d’Anville la nomme Alefas,
A l e s u s ( Sanguinaria ) , rivière d’Italie , dans
l’Etrurie.
A L E T A , ou A l AT A , ville de laDalmatie, félon
Ptolemée. V
A LE T IUM , ville d’Ttalie danssVIapygia, chez
les Salentini : elle étoit dans les terres, à l’eft de
Callipolis.
ALETRIUM. Voye{ A l a t r iu m .
ALETUM (fiuich-Alet), ville des Gaules dont
il eft parlé dans la nOtice de l’Empire. Le colonel
■ des foldats dits Martenfes , y faifoit fa réfidence ,
& y exécutoit les ordres du duc de la contrée
armoricane. M. d’Anville & dom Martin la placent
fur le bord de la mer, à l’extrémité, nord-oueft, du
territoire des Rhedonnes.
Elle étoit devenue fiège épifcopal ; mais ce fiège,
dans le douzième fiècle, fut transféré à S. Malo ,
qui n’en eft qu’à un mille environ.
A L E X , fleuve de l’Italie, dans cette partie de
la grande Grèce, appellé Brutium. Il avoit fa fource
dans les montagnes , entre Locri 8c Rhegium , 8c
couloit droit au füd.
ALEX ANDRE A , montîfgne d’Afie dans la
M y fie , & qui faifoit partie de la chaîne que l’on
nommoit Ida. On prétendoit que ce fut fur cette
montagne quePâris prononça entre les trois déeffes,
Junon , Pallas & Vénus. Ce fut d’Alexandre, l’un
des noms de Pâris, que la montagne fut appelée
Alexandrea.
ALEXANDREUM CASTELLUM, place forte
de la Judée. Selon Jofeph , c’étoit une belle forte-
reffe fituée aufommet d’une montagne. M. d’Anville
la nomme Alexandrium, 8c la place vers le fud-eft
de Néapolis. Alexandre, fils d’Ariftobule , la fortifia
par des nouveaux ouvrages. Cellarius croit
que la fondation même de ce château étoit l’ouvrage
d’Alexandre Janné, père d’Hircan & d’Ariftobule.
Gabiriius démolit ce château ; mais Hérode le rétablit
, & y fit enterrer Alexandre & Ariftobule ,
fes fils, qu’i luavoit fait mourir à Sébafte.
ALEXANDREUM SOLUM, Strabon nomme
ainfi le territoire de la ville d’Alexandrie, dans
la Traade.
ALEXANDRIARÆ, en grec, Ahs^cevS'pn fiofto),
les autels d’Alexandre, lieu de la Sarmatie , félon
Ptolemée , tout près du Tanaïs.
A l e x a n d r i c a s t r a , ou le camp d’Alexandre.
On a donné ce nom au lieu de la Marmarique
où campa Alexandre en allant au temple de Jupiter
Amraon : il en étoit peu éloigné vers le nord-eft.
A l e x a n d r i C o l u m n æ , ou .les colonnes
d’Alexandre. Ptolémée les indique au pied du mont
Hppicus, où Alexandre n’alla jamais.
A l e x a n d r i I n s u l a , île du golfe perfique,
ï Géographie ancienne,
félon Ptolemée 8c Marcien d’Héraclée. La Martinière
croit que c’eft la même qui fe trouve dans Pline
fous le nom d’Arctcia, qui étoit confacrée à Neptune,
& dans laquelle il y avoit une très-haute montagne.
A l e x a n d r i Po r t u s . On voit parle Périple
de Néarque, que le lieu qu’il lui plut appeller le
port d’Alexandre, appartenoit à une île. On ne
doit pas confondre cette île avec celle qui eft nommée
par Ptolemée Alexandri infula ; car celle-ci
n’étoit pas dans le golfe perfique. L’auteur grec dit
qu’illui donna ce nom d’A’Ae%ccyfipis Kipjw, à caufe
de fa grandeur & de fa beauté oh -S'e p.syetç re Kt
KCLKQÇ.
ALEXANDRIA (1). Un affez grand nombre de
villes de l’antiquité ont porté le nom d'Alexandrin ou
d’Alexandrie,qu’elles tenoient d’une manière plus
ou moins direfte d’Alexandre-lé-Grand. Etienne de
Byfance en nomme jufqu’à dix-buit ; mais il en eft
quelques-unes dont la pofition eft bien indéterminée.
Je ne parlerai ici que de celles dont je pourrai
indiquer, au moins à-peu-près , la fituation. Entre
ces différentes Alexandries, il en eft une qui nous
intéreffe plus particuliérement que les autres, &
q u i, par fon rapport avec l’Hiftoire Romaine, mérite
d’être plus connue : je m’y arrêterai plus qu’aux
autres. •,
A l e x a n d r i a , Alexandrie ( nommée par les
Turcs Scanderia). Pour fe former une idée un peu
précife de cette v ille , il faut, la décrire avec quelque
détail. Alexandrie , fondée par Alexandre l’an
331' avant l’ère vulgaire, étoit en Egypte à l’occident
du Delta. Elle s’étendoit de l’oueft à l’eft,
entre la mer & la prefqu’ile de Pharos au nord,
8c le lac Maréotis au lud. Elle étoit principalement
divifée par deux grandes rues qui fe cou-
poient à angle droit ; la plus longue allant de l’eft
à l ’oueft; l’autre, du nord au fud. L’enceinte de
toute la v ille , mefurée par Dinocratès qui en fut
l’archite&e, étoit de 15 mille pas. A l’eft, étoit
la porte de Canope , d’où la grande rue, dans une
longueur de 40 ftades, communiquoit à la porte
de Necropolis qui étoit à l’oueft ; l’autre rue communiquoit
avec le laç Maréotis au fud par la porte
du foleil, & avoit dix ftades jufqu’à la porte de
la luné , par où elle communiquoit avec "la mer.
On comptoit, au temps de Philon , cinq quartiers
à Alexandrie : ils avoient chacun leurs noms, pris
des premières lettres de l’alphabet grec. Les Juifs
avoient par la fuite donné leur nom à deux de
ces quartiers où ils habitoient en plus grand nombre
que dans le refte de la ville. Les deux noms qui
nous font reftés des quartiers d’Alexandrie , font
ceux du Bruchion à l’eft & près de la mer, 8c de
Rhacotis à l’oueft.
Le quartier de Bruchion,appellé auflîle quartier
des palais, étoit fitué entre le grand port & la
porte de Canope : il étoit fort étendu 8c formoit
(1) Ce nom écrit en grec , a été rendu eft
latin tantôt par Alexandria, & tantôt par Alexandrea.