
Et ce nom ne lai a été donné qu’à caufe de la
grande quantité d’offemens 8c des reftes d’armures
romaines qui a été trouvée en ce lieu : mais de ces
deux voyageurs l’un prétend que l’infpeélion du
local lui rapelle prèciiément les récits des deux
Anciens nommés ci-deflùs; au lieu que l’autre dit
que Tite-Live n’a pas entendu Polybe. Ecoutons
îi ce fujet M. Swinburne lui-même. Son témoignage
eft d’autant plus refpeélable, que cet Anglois
tonnoît parfaitement l’antiquité, 8cqu’il n’a jamais
négligé de la rapprocher 6c de la comparer avec
l’état aâuel des lieux ou des hommes qu’il a vifités.
( i) « Nous étions trop occupés des évolutions
d’Annibal, pour nous écarter de la route de Cannes :
ainfi, réfervarit Canofa 6c fes antiquités pour une
autre occafion , nous entrâmes dans la route de
Barletta j du côté méridional de l’OffantO ( FAufidus');
une côte de petites collines, dénuées de bois,
Employées en gazons ou en terres^ labourables,
borde la rivière de ce cô té , environ l’étendue de
quatre milles,au bout defquelies nous trouvâmes
'une plaine , terminée par l’éminence, fur laquelle
étoit fituée la ville de Cannes. Au-delà l’Offanto
{FAufidus) coule au pied de la colline, jufqu’à ce
u’il fe perde par une pente douce dans les plaines
e Barletta; il parcourt quelques milles dans un
pays plat, & fe jette dans le golfe de Venife. Il
relie peu de traces de la ville dé Cannes : elles
Confident en quelques fragmens d’aùtels, des relies
de corniches, de portes, de murailles, de voûtes,
8c de lieux propres à ferrer des grains , bâtis fous
terre. Elle avoir été détruite un an avant la bataille :
lorfqu’elle fut rebâtie enfuite, elle devint un fiège
épifcopal dans les premiers liècles du chriflianifme.
Elle fut ruinée de nouveau au fixième liècle, 6c
n’a depuis fublîllé que dans un état fort humble :
car nous lifons qu’elle eut des difputes avec Barletta,
pour le territoire dont elles avoient toujours
joui en commun, 6c en 1 224 Charles I rendit un
édit pour la drvifion des terres , afin de prévenir
tonte conteftation à l’avenir. La prôfpérité des villes
maritimes qui croilfoient en richefles 6c en population
, à caufe des embarquemens & du commerce
, opéra l’anéanriffement dès villes intérieures,
& Cannes fut fans doute abandonnée entièrement
avant la fin du treizième fiècle.
» Au pied de la colline eft une grande arcade, au-
deffous de laquelle il y a une cuve de marbre qui
reçoit les eaux d’une grande fontaine : nous trouvâmes
dans cet endroit un camp de bergers de
l’Abbruzze, prêts à partir pour les montagnes : leur
abord, leur habillement 8c leur langue font également
fauvages : mais ils font civils 6c remplis d’hof-
pitalité ; ils nous offrirent du la it, du fromage 6c
( i l Travels in the tow Sicilies , &c. T. 1 . pag. 167 , à l’alinea
we were too much occuper, &c. Je me fers de la traduction
de mademoifelle de KLéralio , qui a même ajouté en cet
•adroit quelques notes prifçs de Silius Italiens,
de la viande froide : leur chef nous donna quelque
médailles de cuivre des empereurs Léon 6c. Zenon,
qu’ils avoient trouvées parmi les ruines. Ils parurent
fort étonnés, quand nous leur offrîmes de leur payer
de femblables bagatelles.
» La colline, autour de l’arcade, étant plus élevée
que toutes les autres, me fervit comme d’un lieu
d’obfervation, où je montai pour faire mes remarques
, 6c prendre une idée du pays avant d’entrer
dans le champ de J?a taille. Mes yeux parc ou rôle nt
facilement la vafte étendue de ces plaines uniformes.
Tout étoit dans le calme le plus profond : pas un
homme, pas un animal n e, parut en ce moment
pour embellir la fcène (2)..........
» Pour en revenir à la bataille de Cannes, 8c aux
différentes difcufîions qu’a éprouvées la détermination
du lieu, on fe rappellera que Paul Emile
6c Terentius Varron, autorifés par le fénatà quitter
leur pofition , 8c à tenter la fortune par une aélion
décifive, s’avancèrent au-delà de Canujîum, 6c vinrent
camper à quelques milles à l’eft de cette v ille,
en deux diviftons inégales , 8c laiffant FAufidus-
entre eux. Dans cette nouvelle pofition , ils atten-
doient une heureufe occafion : maîsAnnibal, dont
la fituation critique, dans un pays défo'lé, fans
afyle, fans alliés, n’admettoit pas de délais, trouva
le moyen d’exciter la vanité de Varron par quelques
légers avantages qu’il lui laiffa prendre fur fa-
cavalerie légère , détachée par de petites efear-
mouches. Varron ', féduit par ce fuccès , fe détermine
à chercher une gloire plus éclatante : mais
trouvant le terrein trop étroit, au midi de la rivière
, pour les opérations qu’il méditoit, 8c pour
une armée confidérable , il lui fit paffer la rivière, ‘
8c appuyant fon aile droite fur FAufidus, il étendit-
. fes forces dans -la plaine. Annibal, dont le quartier
général étoit à Cannes , ne s’apperçut pas plutôt
des mouvemens* de l’ennemi, qu’il pafîa aufli la
rivière à gué un peu plus bas, 8c forma une ligne'
oppofée à la leur. J’ai pris pour guide Polybe, qui
avoit examiné les lieux, qui étoit militaire , qui.
pouvoir avoir connu des perfonnes préfentes à la
bataille ; Polybe, qu’ont fuivi les hiftoriens qui font
venus après lu i, 6c dont l’autorité paroît incontef-
table. Il obferve qu’une des deux armées étoit tournée
vers le nord, 6c l’autre vers le midi, pofition
dans laquelle le foleil levant ne pouvoit les incommoder
ni l’une ni l’autre (3) » ... On voit donc, par
(a) Ceci prouve combien eft faux l’article qui fe trouve
dans un diélionnaire de géographie moderne peu ancien.
On y lit : Cannes , ville autrefois , aujourd'hui village, . . . .
Ce village eft nommé aujourd'hui Canna Difirutta.........Au
lieu d’un village , c’eft un emplacement folitaire. Au
moyen de cette petite corre&ion, l’article fera exa&. >
(3 Le pa!Tage de Polybe eft formel : BKiirirni tus
(au tSv PcùfAiuccf rû'fecoç irpcç(Aian(Aflpid.v tus ft rSv YLupy^n-
S’ûy/av ’’rpte rus upxiiis. L’armée des Romains regardo t le
midi, & celle des Carthaginois regardoit le nord. Je
ne vois pas pourquoi M. l’abbé Chauppy n’adopte pas
ce fenrimçnt* 11 eft fur que dans les auteurs grecs,
Polybe,
Polybe | que c’étoit les Romaiiîs qui avoient le
midi en face.: 8c comme le fleuve forme vers le
fud une courbure, cela donne lieu à un très-grand
efpace formé en demi-lune : on fent qu’il y avoit
encore de la place entre eux 8c les Carthaginois.
« On prétend que les exprefiions de Polybe peuvent
avoir un double fens : je.ne crois pas cependant
qu’il puiffe y avoir rien de plus clair. M. l’abbé
Chauppy taxe Tite-Live d’avoir mal interprété le
paffage de l’hiftorien grec, en difant : Romanis in
meridiem, Pctnis in feptentrionem verfis (Tite-Live,
l, x x x u , 46)..........Cependant, comme je ne puis
regarder Tite-Live que comme affez verfé dans la
langue grecque , pour ne pas errer fur le fens d’un
auteur qu’il a étudié 6c fuivi très-exa&ement, je
penche plutôt à croire, dit M. Swinburne, que
fon explication eft exa&e, vu que fur-tout la fitua-
tion des lieux eft, félon moi, en fa faveur. Dans
la partie de la plaine où nous fommes moralement
sûrs que la bataille fe donna, FAufidus ayant parcouru
quelques milles , fe replie tout-à-coup vers
le midi, 6c décrit en cet endroit un très-large demi-
cercle. Nous pouvons conjecturer que les Romains
le paffèrent à gué à cet angle, appuyèrent leur
aile droite à cette rivière, 6c que les légions s’étendirent
vers l’eft de manière que leur ligne faifoit
face au midi ; tandis que les Carthaginois, coupant
le demi-cercle en deux endroits, formèrent une
ligne qui étoit la corde dont la rivière étoit l’arc (1)».
C a n n æ . Etienne de Byfance dit qu’il y avoit
un lieu de ce nom écrit avec deux nn , près de
Carthage. On eft perfuadé que cet auteur fe trompe,
8c qu’il veut parler de Cannez en Apulie, où fe
donna la célèbre bataille qui porte ce nom.
_■ C ANN A G A R A , ville de l’Inde, que Ptolemée
? place au-delà du Gange..
C A N N A R , ou C a n n a r u m , promontoire de
l’Afrique, fur la mer Méditerranée, dans la Mauritanie
Tingitane, félon les divers exemplaires de
Fitinéraire d’Antonin.
CANOBOS, ou C a n o b u s , ce nom qui fe trouve
dans la table des villes illuftres de Ptolemée, me
paroît être le même que Canope.
CANODIPSAS REGIO. C ’eft ainfi que quel-
ues interprètes croient devoir lire le mot Cona-
ipfas~9 qui fe trouve dans le texte de Ptolemée.
Cette contrée appartenoit à la Scythie.
ta&iciens & militaire , firtqJvti* fignifie le front «Tune
armée. O r , Polybe a dit, avant le paffage cite plus haut,
en parlant de la difpofition de l’armée romaine : irv.<ruy
rm •vKçdiiuui m irpoo- fAtmi/Aflpiu't.. , & tout le front de
l’armée étoit vers le midi. M. l’abbé Chauppy croit que
cela veut dire qu’ils étoient au midi de l’ennemi. Mais
il me femble que les Grecs n’emploient pas fAt<rnfA@pi*.
«dans ce fens.
(1) M. Swinburne ajoute enfuite : all the maps are
inaccurate in this province, D'Anville places Canuiium on
the northern bank o f the river, and the battle feveral miles
South o f the Aufidus.
Géographie ancienne
CANOGÎZA , ville de l ’Ind e, qui eft placé«
au-delà du Gange par Ptolemée.
CANONIUM , nom d’un fieu de l’ilé d’Albion,
fur la route de Venta Icenorum à Londinium , félon
l’itinéraire d’Antonin.
CANOPIÇUM, ville de l’Afrique propre. Elle
étoit fituée entre la ville de Tabraca 6c le fleuve
Bagradas, Pline dit qu’elle étoit habitée par des ci-*
toyens Romains. C ’eft la Canopifpz de Ptolemée.
CANOPISI. C ’eft ainft que l’on a rendu, dans
lâtradu&ion de Ptolemée, le nom x.ctvâ'7rt<r<rcu qu’il
faudfoit écrire Canopifpz. C ’étoit un lieu d’Afrique*
entre la ville de Tabraca 8c le Bragadas.
C AN O P IT AN UM , nom d’une ancienne ville
de l’Afrique propre, que Pline met entre les trente
villes libres. La conférence de Carthage fait mention
de Félix Epifcopus Caniopitanorum. Ce fiège
étoit vraifemblablement dans la ville de Canopi-
tanum.
CANOPUS, ville d’Egypte , fituée près de la
mer 6c de l’embouchure occidentale du Nil, laquelle
en prenoit le nom de OJlium Canopicum. Strabon là
met à cebt vingt ftades d’Alexandrie. Cét auteur,
pour faire voir Combien la diffolntion étoit portée
à l’excès dans cette ville, dit que les délices d’EleufiS
étoient comme l’entrée 6c le prélude des ufages
& de l’effronterie de Canope. Il y avoit un temple
de Sérapis, pour lequel la vénération étoit tres-
grande.Tous les jours 6c toutes les nuits le canal
étoit couvert de barques remplies d’hommes 6c de
femmes, qui danfoient & chantoient avec la der*
nière lubricité.
Tacite, Sénèque 8c Juvénal font mention de U
ville de Canopus. Elle avoit été bâtie par les Lacédémoniens.
Le Périple de Scylax indique aufli une île dé*
Terte de ce nom près l’embouchure Canopique.
Dans le huitième récit de Conon, rapporté par
Photius, il eft dit que Canopus étoit un beau jeune
homme qui conduifoit le vaiffeau de Ménélas, jeté
fur les côtes d’Egypte. Il fut piqué par une vipère ,
6c mourut. Ménélas lui éleva un tombeau, dans
le lieu où fut depuis la ville de Canope.
CANRAITÆ. Arrien, dans fon Périple de la
mer Rouge, fait mention d’un peuple de ce nom
dans l’Arabie heureufe. Son interprète foupçonne
que ce font les Cajfanites, puifque le nom de Can-
raita. ne fe trouve dans aucun autre auteur ancien.
C A N T A B R A , nom d’une rivière de l’Inde,'
que Pline compte entre les plus confidérables de
celles qui fe perdent dans le fleuve Indus.
C AN T A B R I , les Cantabres , peuple de l’Hif-
panie citérieure. Ils avoient au nord la mer de leur
nom , 8c s’étendoient depuis les Aftures à l’oueft,
jusqu’aux Vafcons à l’eft. Je comprends dans cette
nation les Autrigons , les Cariftins, les Vardu-
lins , 8cc.
Pline divife les Cantabres en quatre nations : mais
il ne les nomme point,
D d d