
Les curâtes ètoient parmi les Celtes, ce que les
druides furent dans la 'fuite parmi les Gaulois.
C aractère des C eltes. Les auteurs anciens
difent affez généralement que les Celtes étoient d’un
naturel v i f & bouillant, ce qu’ils attribuoient à
l’abondance du fang & à la vigueur extraordinaire
.de leur tempérament. L’éducation, qu’ils donnoient
à leurs -enfans-, tendoit naturellement aies rendre
violens & indomptables. Ils avoient pour principe
de les abandonner à leurs inclinations, de leur laitier
prendre le pli que la nature leur donnoit, & de
ne les obliger jamais à faire quelque chofè contre
leur volonté. La fougue de leur tempérament n’étant
modérée ni par l’éducation, ni par aucune forte
de contrainte, ils étoient prompts, hardis , adroits,
inventifs , induftrieux, & excellens pour un coup
de main.
Ils avoient aufîi le coeur grand & naturellement
b on , ce qui les rendoit courageux & intrépides
dans les dangers , francs & fmcères dans le commerce
, hofpitaliers envers les étrangers, doux &
compâtiflans envers les fuppliai^
Ils étoient très-curieux ; ils couroient après les
voyageurs', les contraignoient de s’arrêter pour en
tirer des nouvelles. Dans les villes, la populace
entouroit les marchands, les obligeoir à déclarer
de quel pays ils venoient, & ce que l’on y difoi*
de nouveau.
La fierté des Celtes étoit des plus outrées. Ils
avoient l’opinion qu’aucun peuple de l’univers ne
pouvoir lui être comparé. Ils fe repofoient fur leur
force & leur courage : ils regardoient comme une
baffeffe & une lâcheté d’employer la prudence,
& d’avoir recours à des ftratagêmes pour vaincre'
l’ennemi. Quand la fortune favorifoit leur fierté
naturelle, ils devenoient infupportabîes par leurs
bravades & par leur infolence. Dans l’adverfité,
ils fe montroient lâches & timides. Enfin, la colère
étoit, pour ainfi dire, le cara&ère effentiel & dif-
tin&if des Celtes. Dès qu’on leur réfrftoir, ou qu’on
les choquoit, ils en venoient aux injures, aux
coups , & quelquefois au meurtre.
L’amour de la liberté étoit la vertu la plus commune
à tous les peuples Celtes. Ils penfoient qu’un
peuple libre devoit avoir le droit de choifir fes
magiftrats, & de leur prefcrire les loix par lesquelles
il veut être gouverné. Aufîi l’autorité des
princes n’étoit pas illimitée. Le particulier dépen-
doit du magiftrat, & celui-ci de l’affemblée générale
qui l'avoir établi.
Les Celtes refufoient à leurs princes le droit de
lëur donner la moindre lo i, ni de leur impofer le
moindre tribut. Il eft vrai que les contributions
étoient inutiles, parce que le particulier étoit obligé
de s’entretenir à la guerre.
Les faélions qui partageoient tous les états celtiques
, contribuoient beaucoup à affermir leur liberté
, un parti tenant toujours l’autre en échec
& en balance.
Dès que l’on entrevoyoit qu’un prince cherchoit
à fe rendre indépendant, ou qu’il afpiroit à la dor
mmation abfolue, il étoit abandonné de la plupart
de fesparfifans, & livré à la fureur de la fadion
oppofee , qui lavoit bientôt accablé.
Les affemblées générales, où toutes les affaires
fe decidoient a la pluralité des v o ix , étoient le
plus ferme rempart de la liberté des nations celtiques.
Les Celtes prenoient ces précautions pour empêcher
qu on ne donnât au-dedans quelque atteinte
a leur liberté : mais ils ne la défendorent pas avec
moins de vigueur, quand elle étoit attaquée au-
dehors.
Les femmes celtes fe montroient encore plus
ardentes à défendre la liberté : elles étoient les premières
à encourager les hommes par des prières r
par des exhortations, & par leur propre exemple
à perdre plutôt la vie que la liberté.
Les Celtes ne fupportoient aucune charge : mais-
le metier qu ils failoient tous expofoit continuellement
leurs biens, leur liberté & leur v ie , parce
que chaque état étoit prefque toujours en guerre
avec quelqu’un des états voifins.
C E L T I , nom d’un ancien lieu de l’Hifpanie
entre AJligi & Réglant > félon, l’itinéraire d’An-
tonin. Pline la met à la tête des villes de la jurif-
diélion d'Hifpalis. - .
CELTIBERI, les Celtibères, peuples qui occu-
po.ent la plus grande partie de l’intérieur de l’Hif-
panie, & en étoient auffi les peuples les plus puif-
fans & les plus célèbres. Polybe, en difant que
T . Gracchus avoit fournis trois cens villes en ce
pays, paroît, même à Strabon, avoir exagéré ce
nombre pour flatter la vanité de T . Gracchus, qui
en fit la conquête l’an de Rome 575.
Tite-Live dit de même q ue , dans une feule
expédition, ce general avoit fournis trois cens
villes ; mais Strabon remarque, avec raifoiï, que
les auteurs ont pu ériger en villes, de fimples
villages. D ailleurs,on leur attribuoit le pays qu’ils
avoient fournis , & Strabon dit qu’ils s’étoient emparés
de tous les pays qui les environnoient. Selon
ce même auteur, la Celtiberie produifoit quantité
de plantes, dont les racines fervoient à d’excellentes
teintures. Il ajoute que la partie voifine de
la Méditerranée étoit remplie de vignes, d’oliviers
de figuiers, & d’autres arbres dont les fruits étoient
excellens.
Leurs principales villes étoient Cafcantum, Tu-
riafo, Bubilis, Ergavîca & Valeria.
On trouve dans D. Martin, fur les Celtibèresy
ce qui fuit :
u Les Celtibères., dit Diodore de Sicile, font
» un peuple coinpofé de deux nations, d’Ibères-&
j> de Celtes. Ces deux peuples fe font fait autre-
” fi>is la guerre à outrance pour fe chafferrécipro-
” quemenr du pays qu’ils occupoient; mais, aucun
” Parti prévalant fur l’autre, ils firent la paix,,
” à condition qu’ils le pofféderoient enfemble &
y> en commun. Cette condition, joint au mélange
» qui fe fit des uns & des autres par le moyen
v des mariages & autres fortes d’alliance qu’ils
n contrarièrent enfemble mutuellement, donna
» lieu au nom de Celtibères qu’ils fe font donné
n eux-mêmes. Ce peuple, ainfi formé de deux
v peuples également vaillans, maîtres d’ailleurs
» d’une région riche & abondante, s’eft acquis
v beaucoup de gloire par la longue réfiftance qu’il
v a faite aux armes des Romains : aufîi n’a-t-il été
m fournis qu’en dernier lieu.
»> La cavalerie des Celtibères, ajoute l’hiftorien,
n eft excellente, l’infanterie ne l’eft pas moins.
n L ’un & l’autre corps fupporte également la fa-
» tiguc & vole au péril. Tous les Celtibères, ex-
» cepté les chefs, portent un fagum de laine fi
» groflière, qu’elle reffemble à du poil de chèvre.
» Quelques-uns font armés d’un bouclier gaulois,
» quelques autres d’une cyrté ronde de la grandeur
'n d’un bouclier, & de cuiffarts de crin; tous ont
» des cafques de fer avec des panaches couleur
v de feu, un fabre d’acier à deux tranchans, &. un
» coutelas d’un pied de longueur dont ils fe feryent
v dans la mêlée. ^ •
» La fabrique de leurs armes eft tout-à-fait fin-
v gulière. Avant de mettre en oeuvre le fer dont
» elles doivent" être compofées, ils l’enfouiffent
» & le laiffent en terre jufqu’à ce que la rouille
» ait confumé tout ce qu'il contient de matière
» de mauvaife qualité, enforte qu’il ne relie que
» le pur acier (1). C ’eft de ce métal qu’ils font,
» non - feulement les épées dont ils fe fervent,
» mais encore toutes les machines de guerre ; ce '
» qui fait qu’il n’y a ni bouclier, ni cafqne, ni
partie du corps de l’homme qui foit à l’épreuve
» dés armes de cette nature. Aufîi arrive-t-il que
» les Celtibères étant tous'dimachèrcs, c’eft-à-dire,
» également exercés à combattre à pied & à cheval,
» n’ont pas plutôt porté, de leur cheval, un coup
» viélorieux, qu’ils mettent pied à terre, fe mêlent
» dans l’infanterie, & font des aélions de la plus
» haute valeur.
j> Une feule coutume qui paffe toute créance,
»> fait un peu de tort aux Celtibères ; c’eft que
n bien qu’ils foient très-propres dans leur manger
» & dans leurs habits, tous les jours ils lavent
» régulièrement leurs corps, leurs dents même
» avec de l’urine, prétendant que rien ne con-
» tribue tant à la fanté.
» Ils font durs à l’égard des méchans & des
n ennemis ; ils font, au contraire, toutes fortes
» de bons accueils aux étrangers; ils l'es prient
' n de venir loger chez eux ; ils s’empreffent &. fe
(1) On rapporte en effet que leurs armes étoient très-
bonnes ; c’etoient des épées fort larges, à deux traa-
chans. Les Romains adoptèrent cetto forme , fans pouvoir
réutïir à leur donner la même trempe ; mais ils
avoient certainement, en Celtiùérie, un autre moyen
que de les mettre en terre.
» difputent à qui les poffédera ; & ils regardent
n comme heureux & chéris des dieux, ceux aux-
» quels les étrangers donnent la préférence.
» Leurs mets confiftent en toutes fortes de
» viandes délicates. Leur boiffon ordinaire eft une
» forte de vin doux qu’ils font avec du miel en
n abondance. Pour le v in , ils le reçoivent des
» marchands, qui ne manquent pas de pafler les
» mers pour leur en porter.
» Le gain que les Celtibériens retirent des
» mules eft immenfe. Tout le monde fait que,
» dans leur pays, ces fortes de bêtes font d’un fi
» grand rapport, qu’il n’en eft point qui ne vaille
>» à fon maître quarante mille livres
Les Celtibères, pour fe fortifier contre leurs ennemis
, joignoient enfemble deux cités ou deux
villes, afin de n’en faire qu’une, à laquelle ils fabri-
quoient de bons murs & une feule enceinte.
Les Celtibères regardoient comme une impiété
la coutume établie de tous temps chez les Ibères,
de faire manger aux vautours les corps de ceux
qui mouroient.
Ces mêmes peuples, félon Strabon, célébroient
une fête à chaque pleine lune en l’honneur d’un
dieu fans nom. Elle commençoit à l’entrée de la
nuit/& duroir tout le lendemain. On la paffoit à
danfer devant les portes des maifons.
C êLTIB ERIA , ancien nom d’ une contrée de
l’Hifpanie, dans la Tarragonnoife & à l’orient de
la Carpétanie, félon Pline & Ptolemée. Le dernier
y met dix-huit villes (2). Cette contrée avoit été
très-étendue ; mais les guerres des Romains la ref-
ferrèrent.
CELTIC A , vafte pays, que Plutarque dit s’étendre
depuis l’océan & les climats feptentrionaux , juf-
qu’aux Palus-Méotides, au levant; & d’un côté,
elle touche à la Scythie pontique. Comme par
Celtique on entendoit les pays habités par les
Scythes , voy^ ce qui eft dit à l’article C eltæ.
C eltica. Selon quelques éditions de Pline,
ville de l’Hifpanie.
CEL TICI, peuple de l’Hifpanie, qui habitoit
aux confins de la Lufitanie , félon Strabon &
Pline.
C eltici Mirobrigenses. Pline nommé ainfi
les habitans de Mirobriga, ville de l’Hifpanie.
C eltici Ne r iæ , peuple de l’Hifpanie, que
Pline place au promontoire Nerium, aujourd’hui
Fiwflire.
C eltici Præ s am a r c i , peuple de FHifpanie,
félon Pline & Pomponius Mêla. Ce dernier met
dans leur pays les rivières Tamaris & Sars.
CELTICUM PROMONTORIUM. Pline dit
que l’on donnoit a :fii ce nom au promontoire Arta-
brum , appelé de même Nerium. Il étoit fur la côte
occidentale de l’Hifpanie, au nord-oueft.
CELTO - GALATÆ. L’auteur des anecdotes
(2) Voy e[ au mot Hisfaxia,