
fils <f Enée. Quoi qu’il en (bit, il eft certain que
toute cette partie de l’Italie avoit été peuplée
avant qu’il y eût aucun établiffement fur le Tibre.
L’opinion commune efl que cette ville avoit
été bâtie fur la montagne. Mais l’idée d’un tel emplacement
s’accorde mal avec l’épithète que l’on
joignit à fon nom ( Alba longua ). Elle ne s’accorde
pas non plus avec le témoignage de Denys d’Ha-
îicarnaffe , qui dit qu’Albe étoit entre le lac & la
montagne. Il n’y avoit donc fur la montagne que
la fortereffe & le temple de Jupiter.
Après la mort d’Afcagne , fon fils Jules paroif-
foit devoir lui fuccèder ; mais les Latins préférèrent
Enéas S y lv iu s , fils d’Enée 8c de Lavinie. Ce
prince eut treize fuceeffeurs qui régnèrent pendant
quatre cens ans. Les deux plus connus font
Numitor & Amulius. On fait, ou plutôt on rapporte
que V e fta , fille de Numitor , quoiqu’on fermée
par ordre de fon oncle , mit au monde deux
fils , Remus & Romulus. Le dieu Mars, dit-on depuis
, fut leur père. Comme alors on n’avoit pas
cette haute prétention , on voulut cacher leur naif-
fance irrégulière, & ils furent expofés fur les bords
du Tibre. Le berger Fauflulus les recueillit, les prit
chez lui & les éleva. Devenus grands , ils fe firent
Feconnoître de Numitor, le remirent fur le trône
ufurpé par Amulius, & obtinrent la permifïion
de fonder une nouvelle ville. De Romulus elle
prit le nom de Rome. ( Foye^RoMA).
Cette confanguinité, fi je puis me fervir de cette
exprefiion, eut dû entretenir une bonne intelligence
entre les villes d’A lb e& de Rome. Mais, devenues
rivales en puiffance, elles ne furent pas long-temps
fans fe difputer la prééminence les armes à la main.
On fe rappelle à cette occafionlé combat des trois
Horaces 8c des trois Curiaces, l’an de Rome 86. Par
la défaite de fes champions, Albe fut obligée de le
céder à Rome. Trois ans après, Métius, général des
Albains , ayant trahi les Romains, en les laiffant
expofés aux efforts de leurs ennemis, Tullus Hof-
tilius , roi de Rome, s’en vengea complettement.
Il l’attira adroitement, le fit arrêter & mettre à
mort ; marcha vers la v ille , s’en empara, la fit
rafer & en tranfporta les habitans à Rome.
Cependant comme les peuples du Latium étoient
accoutumés, par un refpeâ religieux , à regarder
le fejour d’Albe comme le centre des forces des
peuplés Latins, les Romains ferttirent l’importance
de conferver ce point de réunion ; en conléquence
ils montrèrent la plus grande vénération pour le
temple de Jupiter, furnommé Latialis ou du Latium
: ils inftituèrent dès fêtes en fon honneur
fous le titre de fêtes latines, & auxquelles fe ren-
doient tous ceux qui compofoient cette efpèce de
ligue. Les Romains parvinrent aifément à y occuper
la première place. Mais la ville d’Albe ne fut
pas rétablie. L’hiftoire nous apprend qu’un affez
grand nombre de Romains eurent fur le Mont
Albain , des maifons de campagne plus ou moins
vafles. On y en voit encore des ruines confidéra-
bles.
A lba Fucensis ( Albi) ou Albe du lac Fucin,
ville d’Italie au nord-oueft du lac dans le pays des
Marfes. On lui donna un furnom pris de fa pofi-
tion pour la diftinguer de la ville appellée Albe-la-
longue. C ’étoit principalement dans cette ville
que les Romains retenoient les rois faits prifon-
niers à la guerre, & auxquels ils daignèrent conferver
la vie ( i ) . Perfèe & fon fils Alexandre y
furent conduits après le triomphe de Paul Emile,
dont ils avoient fait fe principal ornement.
Albe avoit un amphithéâtre très-orné ; elle devint
colonie romaine; on voit encore plufieurs
monumens antiques à Àlbi & dans fes environs.
A l b a , ville de la Dacie. Quelques auteurs
penfent que c’eft la vilie de Bielgorod qui lui a
luccédé. Dans ce cas, & cette efpèce de fuccef-
fion a de fréquens exemples , elle auroit confervé
la fignification de fon premier nom ; car Alba en
latin fignifie blanche ; 8c ville blanche efl le fens
que préfente en langue efclavone ou ruffe, le
nom de Bielgorod.
A lba A ugusta, ou Alba Helviorum (A lp s ) ,
ville de la Gaule , dans la première Narbonnoife ,
capitale des Helviens. Elle étoit à une petite dif-
tance du Rhône. Ptolemée la nomme à tort Alban-
gufla, & à tort aufli ilia place plus à l’eft dé trois degrés.
CommeViviers a fuccédé en titres & en prérogatives
à la ville d'Alba, M. de Valteis s’efl autorifè
à la règarder comme,occupant le même emplacement.
Cependant comme M. d’Anville , Dom
Martin, M. Lancelot & d’autres favans , font convaincus
qvCAlba étoit placée où efl actuellement le
lieu nommé Alps, & que l’on y voit encore d’anciens
veftiges, je ne puis que me ranger à cet
avis.
A lba , village de l’Hifpanie, au pays des Vaf-
cones, fitué vers le nord-oueft de Çalaguris.
A lba , autre ville de l’Hifpanie, dans le pays
des Bafiitani, au fud-eft de Bafli.
A lba Pompeia , ville d’Italie dans la Gaule
Cis-Alpine , fur le Tanarus, au fud-oueft à’A/la.
On fait peu de chofe de cette ville. Pertinax, qui
devint empereur, étoit petit-fils d’un affranchi,
exerçant à Alba une profeftion méchanique. Il eft
probable même que ce fut dans cette même ville
que Pertinax avoit tenu école pour fubfifter avant
d’avoir pris la profeflion des armes. -
A lba D ocilia , autre ville de l’Italie, dans la
Ligurie, fur le bord du golfe, au nord-eft de Vada
8c de Savo.
(i) Ce peuple féroce les mettoit plus ordinairement
à mort. On fait que Jugurtha, ainfi que plulieurs autres
fouverains, condamnés à perdre la vie après s’être vus
enlever leurs états, furent jettés vivans dans une foffe
profonde , d’où l’on retiroit enfuite leurs cadavres ave«
de longs crocs : c’eft le lieu que l’on appelle actuellement
à Rome , la prifon de faint Pierre%
A l b a ( Èlvas ) , ville de la Lufitanie»
A l b a , ville de la Gaule, près de Genève» (Dom
Martin , tom. / , p, 6 j ).
A lba , rivière de la Gaule; elle fe rend dans
la Seine ; c’eft l ’Aube.
A lba Maritîma , ville de la Dalmatie.
Le nombre des Alba eft porté par la Martinière
jufqu’à quinze ; mais il me paroît que plufieurs
»’appartiennent pas à l’Antiquité.
A lba A cta. C ’eft par ces mots que l’on a rendu
le nom du promontoire de la Marmarique, que
Strabon nomme Ast/xw cIktk, & qui a le même
fens. M. d’Anville place ce lieu à l’eft de Partzto-
nium, & écrit Album Litus, d’après les traducteurs
8c Ptolemée, qui ont ainfi rendu le grec
asuxi; ctxT«. C ’eft encore le même fens , c’eft-à-
dire, rivage blanc ; mais félon Strabon , il y avoit
aufli un promontoire de ce nom , car il fe fert du
mot ciKpd.
ALBÆ INSULÆ , ou les îles blanches, îles fur
la côte d’Afrique , que le Périple de Scylax indi-
ue à quatre jours 8c quatre nuits de navigation
e l’embouchure du fleuve Cinyphs.
A LB AN A , ville de l’A lbanie, félon Ptole-
mée. Elle étoit fituée fur le bord de la mer Caspienne.
A L B A N I , les Albanois, ou habitans de VAlbanie
( A l b a n ia ) , en Afie. Grands , forts 8c
robuftes, ils étoient fimples dans leurs moeurs 8c
nebuvoient qu’avec modération. Ils\ n’ufoient pas
de monnoiè 8c ne comptoient guères au-delà de
cent : le commerce fe faifoit chez eux par l’échange;
de-là venoit qu’ils ne connoiffoient pas
non plus l’ufage des poids 8c des mefures. Ils négligè
ren t aufli tout ce qui tenoit à l’agriculture >
aux ufages & à la vie , & même à l’art militaire.
Ils combattoient à pied 8c à cheval fans règle &
fans principes. Leurs troupes étoient plus nombreu-
fes que celles des Ibériens : il y a quelques exemples
qu’elles montoient à foixante mille hommes
depiéd , & à vingt-deux mille chevaux. Ils fefer-
voient de traits & de flèches. Ils portoient des-
cuiraffes, des boucliers & des cafques femblables à
ceux des Ibériens.
Les Albaniens , fans culture 8c prefque fans
troupeaux, vivoient fur-tout de la chaflè, aufli
donnoient-ils grand foin à l’éducation des chiens
qu’ils deftinoient à cet ufage. Leurs rois étoient
d’abord maîtres d’une partie peu étendue de pays,
& il y en avoit plufieurs. Dans la fuite un leul
gouverna tout le pays. Cesdifférens peuples avoient
chacun leur idiome particulier; on y en comp-
toit vingt-fix.
Les Albanois adorcient le foleil, la lune & Jupiter.
On rapporte qu’il y avoit près de l’Ibérie un
temple confacré à la lune, & qu’il étoit confié à la
garde d’un prêtre qui tenoit le premier rang après
le roi ; il avoit une infpe&ioiv particulière fur
tous les. autres prêtres, qui, la-plupart, dirent des
oracles. Iis conful'toient, pour connoître l’avenir,
les entrailles des viérimes humaines qu’ils avoient
égorgées.
Les Albanois honorôient beaucoup la vieilleffe
non-feulement dans la perfonne de leurs proches ,
mais encore dans celle des étrangers. Cependant
ils regardoient comme un crime de prendre foin
des morts , ou d’en faire mention ; ils enterroient
avec les défunts les effets qui leur avoient appartenu
, -ce qui rendoit les fucceflions bien peu
confidérabîes ; car un fils , un neveu ne pofféaoit
rien de ce qui avoit été dans la maifon de fon
père ] de fon oncle, &c.
Comme ils ne s’occupoient pas de la culture, ils
fe contentoient des produirions naturelles de leur
territoire. Cependant on trouve qu’ils faifoient venir
des grains ; mais avec fi peu de talent, qu’au
lieu de charrue , ils labouroient la terre avec des
outils de bois. Il y avoit beaucoup de pâturages
dans des prés arrofés par les eaux naturelles de çé
pays.
Leur pays étoit partagé en différens petits rdyaü-
mes. Selon Strabon , on y parloit jufqu’à vingt-fix
langues différentes. Leur hiftoire eft fort peu connue.
On voit qu?au temps d’Alexandre un roi d’A lbanie
lui fit préfeqt d’un chien d’une taille monf-
trueufe. Il n’eft plus parlé de cette nation jufqu’au
temps de Pompée. Elle pouvoit mettre en campagne
alors foixante mille fantaflins & vingt mille
chevaux.
On trouve encore les noms de quelques princes
jufqu’à ce qu’enfin ce royaume fut détruit par Jufti-
nien.
A lbani , les Albanois. Ptolemée, & il eft le
feul, indique un peuple de ce nom aux confins de
la Macédoine.
ALBANIA,' contrée d’Afie. Elle s’étendoit a
l ’eft de Vlberia, le long de la mer Cafpienne , ayant
vers le fud le Cyrus qui la féparoit de la Médie
Atrapatène. Les limites remontoient le long de ce
fleuve jufqu’à une rivière nommée Alaçon, vers
les frontières de l’Ibérie.
Les lieux de\.’Albanie, félon Ptolemée, étoient:
Telebà Civitas , Gelda, Albana, Garara A v it , Te-
tagoda , Bachia, S arma , Dechlane , Nega , Chubala ,
Chabota , Boçiata, Mafia , Chadaca , Alamus ,
Mofega , Samunis , Pobula , luna, Eblcea, Adiabla9
Abliala , Camechia , Ofica, Sioda , Baruca ,
Thuana, Thabilaca , Thalbis.
Il y avoit de plus deux îles qui dépendoient de
l’Albanie.
Lorfque Pompée arriva en ce p a y s , il le trouva
partagé entre plufieurs nations réunies , cependant
fous le commandement d’un feul roi. Peu occupé
de la culture des terres, ce peuple s’adonnoit
fur-tout à l’entretien des beftiaux.
La capitale de ce pays ou du moins la ville la
plus confidérable étoit, félon Pline, Cabalaca : U
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