
héros ou à fa famille. Ce temple étoit double, 6c on
y voyoit un puits dont l’eau étoit lalée : fur la
pierre qui le couvroit étoit empreinte la figure d’un
trident. La ville d’Athènes étoit fous la proteétion
de Minerve, & quoique chaque peuple de l’état eût
les dieux particuliers, tous rendoient en commun
un culte à cette déeffe. Celle de toutes fes fiatues
pour laquelle on avoit le plus de vénération, eft
celle qui fut,d’un confentement général, confacrée
dans l’endroit où fut depuis la citadelle, & qui
dans ce temps-là compofoit toute la ville d’Athènes.
Il y avoit une lampe d’or qui brûloit devant la.
déeffe, & qui étoit un ouvrage de Callimaque,
artifte célèbre pour avoir travaillé le marbre. Au-
deffus de la lampe il y avoit une grande palme de
bronze qui s’élevoit jufqu’à la voûte, & par où la
fumée de la lampe fe diflipoit. Une des antiquités
que l’on confervoit dans le temple de Minerve Po-
liade ou protectrice de la ville, étoit une flatue de
Mercure, compoféede plufieurs branches de myrte
jointes enfemble avec beaucoup d’adreffe, & que
l’on difoit avoir été donnée par Cécrops. Une autre
antique que l’on y confervoit é:oit une efpèce de
liège pliant qui avoit été fait par Dédale. Et enfin
plufieurs dépouilles remportées furies Perfes, entre
autres la cuiraffe de Maciftius, & un fabre que
l’on affuroit être celui de Mardonius. L e temple de
Pandrofe touchoit à celui de Minerve.
Les deux vierges que les Athéniens appelloient
Canéphores ou porteufes de corbeilles ( i ) , habi-
toient une maifon qui étoit auprès du temple de
Minerve Poliade : la fonction de ces vierges étoit
d’aller prendre, la nuit qui précédoit la fête de la
déeffe, chez la prêtreffe de M inerve, des corbeilles
qu’elles mettoient fur leur tête, fans que ni elles ni
la prêtreffe fuffent ce qu’il y avoit dedans ; elles les
portoient dans une enceinte qui étoit près de la
Vénus aux jardins, ou elles defcendoient dans une
caverne qui paroiffoit être creufée naturellement,
elles y dépofoient leurs corbeilles & en reprenoient
d’autres qu’elles reportoient fur leur tête au temple,
avec le même myftère. Alors^ on leur donnoitleur
congé, & elles étoient remplacées par deux autres
pour remplir les mêmes fondions dans la citadelle.
Il y avoit près de ce temple une flatue fort légère,
haute d’une coudée, qui repréfentoit une vieille .
femme. Deux grandes fiatues de bronze étoient
près de-là ; elles étoient dans l’attitude de deux
hommes qui fe battent: elles repréfentoient,-félon
toutes les apparences, Ereétée & Immaradus. L’on
voyoit aufîi quelques fiatues très - anciennes de
Minerve ; mais elles étoient très-noircies par le feu
que Xerxès fit allumer pour brûler Athènes lorfqu’il
la prit. Il y avoît encore dans la citadelle deux anciens
monumens dont la dépenfe avoit été prife
( i) Deux fculpteurs grées, Polyclète & Scopas, avoient
fait des ftatues de ces Canéphores ou porteufes de corbeille,
très célèbres, & vantées -, celles du premier, par Cicéron j
celles du fécond, par Pline,
; fur le dixième des dépouilles enlevées aux ennemis :
j l’un étoit une Minerve en bronze, faite par Phidias r
l’excellent graveur Mys avoit repréfenté fur le
bouclier de la déeffe ,. le combat des Centaures &
des Lapithes, & plufieurs autres hiftoires d’après les
deflins de Parrhafius, fils d’Evénor. Cette flatue
étoit fi haute que, du promontoire Sunium, qui étoit
a cinq lieues, on pouvoit appercevoir l’aigrette du
cafque. Le dixième des dépouillés faites fur les
Perfes à la journée de Marathon, fut employé à
en payer les frais. L’autre étoit un char d’airain : on
y avoit employé le dixiéme des dépouilles faites
fur les Béptiens & fur les habitans de Chalcis en
Euboee. Il y avoit encore deux fiatues dont l’nne
repréfentoit Périclès fils de Xantipe, & l’autre Minerve
Lemnienne, parce que c’étoient les habitans
de Lemnos qui l’avoient confacrée : celle-ci étoit
le plus parfait de tous les ouvrages de Phidias.
Quant à la citadelle, c’étoit Cimon, fils de Miltiade,
qui en avoit bâti une partie, & l’on difoit que deux
Pélafgiens, que l’on nommoit Agrolas & Hyperbius,
l’avoient entourée de murailles.
Lorfque l’on étoit defeendu au-delà des portiques
de la citadelle, on voyoit un temple dédié à Apollon
& au dieu Pan ; auprès étoit une fontaine. L’antre
dans, lequel Apollon avoit eu commerce., avec
Créüfe, fille d’E reâée, étoit aufliprès de ce temple.
Les Athéniens rendoient un culte à Pan, parce
qu’ils croyoient que ce dieu les avoit aidés à vaincre
les Perfes à Marathon. Le quarier de la ville que
l’on nommoit l’Aréopage, avoittpris ce nom de ce
qu’il étoit fitué fur une colline, & que Mars avoir
été cité le premier à ce tribunal pour avoir tué Ha-
lirrhothius. L’Aréopage étoit le premier tribunal
d’Athènes : on y portoit les caufes capitales pour
y être jugées, fur-tout lorfqu’il s’agiffoit de meurtre
ou depéculat, d’impiété ou d’innovation en matière
de religion. Le nombre des juges qui compofoient
ce tribunal, & la qualité des caufes dont ils connôif-
foient avoit beaucoup varié. Dans la falle de l’audience
il y avoit deux marches d’argent, où fe
mettoient l’accufateur & l’accufé : l’un étoit nommé
le fiège de l’injure, & l’autre celui de l’innocence.
Près de là étoit le temple que les Athéniens nom-
moient les déeffes févères : tous ceux qui étoient
abfous dans l’aréopage, alloient facrifier à ces divinités.
On montroit le tombeau d’OEdipe dans l’enceinte
de l’aréopage ; fes os y avoient été tranfportés
de Thèbes.
Il y avoit plufieurs autres tribunaux à Athènes ;
mais moins célèbres que l ’Aréopage : on en nom-
moit un le Parabifte, un autre le Trigone : le premier
prenoit fon nom d’un endroit fombre où il
étoit fitué, & l’autre de fa forme triangulaire : on
ne jugeoit que de petites caufes dans ces deux-ci.
Il y avoit encore les tribunaux de la chambre rouge
& de la chambre verte, qui avoient ces noms des
couleurs qui les diftinguoient lors de leur inftitu-
tion. La chambre du foleii étoit le plus grand de
tous les tribunaux, & le plus fréquenté de cette
Ville : ort la nommoit ainfi parce qu’elle étoit ex-
pofée au foleii. Les procès criminels pour caufe de
meurtre étoient particuliérement attribués à la
chambre du Palladium, qui fut appellée de ce nom,
parce que Démophon y fut, dit-on, cité pour avoir
attaqué Diomède qui s’en retournoit dans fon pays
après le fiège de T ro y e , & lui avoir enlevé le Palladium,
croyant que c’étoit des ennemis. Il y a
encore la chambre delphinienne, parce que les
juges s’affembloient dans le temple d’Apollon Del-
phinien : c’eft: à ce tribunal que l’on jugeoit ceux
qui, s’avouant coupables d’homicides, fe retran-
choient fur le droit. Dans le Pry tanée il y avoit un
tribunal particulier pour juger des chofes inanimées
qui avoient occafionné la mort d’un homme.
A fiez près de l’Aréopage on voyoit une galère
qui étoi,t pour fervir à la pompe des fêtes Panathénées
, qui fe célébroient en l’honneur de Minerve.
En fortant de la ville & près des murs, on trou-
voit l’Académie, qui faifoit partie du Céramique
au-dehors. L’Académie prenoit le nom du propriétaire
du champ où elle étoit bâtie : il fe nommoit
Academus ou Echedemus. C ’étoit le lieu
d’exercice. En entrant on trouvoit une place consacrée
à Diane & ornée d’un grand nombre de fiatues,
qui portoient pour infeription, à fa. très-bonne.
& très-belle déeffe. Bacchus Surnommé Eleuthere
y avoit aufîi un petit temple, où l’on portoit la
fiatue du dièu, à certains jours, tous les ans.
Le tombeau de Trafybule y tenoit avec jufiiee
le premier rang : c’eft cet excellent citoyen qui
partit de Thèbes à la tête de foixante perfonnes,
pour venir délivrer fa patrie de l’opprefîion des
trente tyfans : ce qu’il exécuta heureufement ; 8c
il pacifia Athènes qui étoit troublée depuis longtemps
par des guerres inteftines. On voit enfuite
les tombeaux de Périclès, de Chabrias, & de Phor-
mioft; puis les Cénotaphes de tous les Athéniens
qui avoient péri dans les combats de terre ou de
mer, à l’exception de ceux qui furent tués à Marathon
, parce qu’on leur rendit cet honneur dans le
lieu où ils avoient fignalé leur courage. Les autres
étoient inhumés fur le chemin qui menoit à l’Académie
; on avoit élevé des colonnes fur leurs tombes
, où l’on avoit gravé le nom & le lieu de leur
naiffance. L’on avoit mis un cippe fur le devant
d’un tombeau , où étoient repréfentés deux cavaliers
les armes à la main : l’un étoit Mélanopus, &
l ’autre Mscartus : tous les deux finirent glorieufe-
ment leur v ie , en combattant contre les Béotiens
& les Lacédémoniens, entre Eleufis & Tanagre.
On.'voyoit aufîi un monument que l’on avoit érigé
pour les Theffaliens qui étoient venus au fecours
des Athéniens dans le temps que les peuples du
Péloponnèfe voulurent envahir l’A trique fous la
conduite d’Archidame. La fépulture de plufieurs
Athéniens, & entre autres celle de Clifthène, qui
partagea les peuples de l’Attique en tribus, étoient
de même dans ce lieu. Le monument élevé à ceux
de la cavalerie athénienne qui combattirent de concert
avec les Thefialiens dont on a parlé plus haut,
étoit aufîi fur ce chemin. Dans le même endroit
étoient repréfentés les Cléonéens qui vinrent au
fecours d’Athènes avec les Argiens. Les tombeaux
des Athéniens qui combattirent contre les Eginètes
avant la guerre des Perfes, étoient im peu plus loin.
Lo.rs de cette guerre les efclaves donnèrent défi
grandes preuves d’affeéfion à leurs maîtres en combattant
vaillamment pour eux, que le peuple rendit
ce décret fi plein de fagefie & d’équité, par lequel
il fut ordonné que l’on donnerait aux efclaves les
honneurs de la fépulture publique, & que l’on éle-
veroit des colonnes où feraient gravés leurs noms,
en confidération des fervices impoirans qu’ils
avoient rendus à leurs maîtres lors du combat (1).
Il y avoit encore un grand nombre de monumens
élevés aux Athéniens qui avoient fuccombé en
combattant pour leur patrie, à Olinthe ou dans la
guerre contre CafiTander. Le tombeau de Méléfander
étoit un des plus remarquables de ceux quïbor-
doient ce chemin. C’eft cet Athénien qui remonta
le Méandre avec fes vaiffeaux,pour pénétrer dans
la haute Carie. Les Athéniens fe vantoient d’avoir
aidé les Romains à étendre leurs frontières, 8l de
leur avoir fourni cinq galères dans le combat où
ils vainquirent les Carthaginois : en conféquence ils
mirent fur ce même chemin les tombeaux & les
éloges de ceux qui perdirent la vie dans ces deux
occafions. L’on y voyoit aufîi le tombeau lie ceux
qui, fous le commandement de Cimon, gagnèrent
deux viâoires en un même jour fur les bords de
l’Eurymédon. Le tombeau de Zenon, fondateur de
la fede Stoïcienne, fe voyoit fur ce même chemin,
ainfi que celui de Conon & de Ton fils Timothée.
Nicias, fils deNicomède, le plus fameux peintre en
animaux qui fût de fon temps, étoit aufîi inhumé
là. A la fuite étoient ceux de deux célèbres orateurs :
l’un étoit Lycurgue, fils de Lycophron, qui amafiâ
plus dans le tréfor public, que n’avoit fait Périclès,
fils de Xantippe. L’autre fe nommoit Ephialte, qui,
de concert avec Périclès , réuffirent à humilier les
membres du fénat de l’Aréopage, en leur faifant
ôter la connoiffance de plufieurs affaires importantes
qui avoient été de leur compétence auparavant :
les membres de ce fenat.s’étant relâchés de cette
févérité de moeurs qui leur avoit acquis une fi haute*
réputation, ils furent méprifés, & dès-lors le fénat
avili. La haine de ces deux orateurs pour ce tribunal
vint de ce qu’ils n’avoient pas pu y avoir entrée.
Ce Lycurgue dont on vient de parler, rendit plus
fomptueufes & plus magnifiques les fêtes folem-
nelles que l’on célébroit en l’honneur de la déeffe
proteélrice d’Athènes. II enrichit fon temple de
plufieurs vi&oires d’or, & fit un fonds pour fervir
à l’habillement de cent vierges qui defîervoient le
temple. Il fournit l’arfenal d’une grande quantité
d’armes offenfives & défênfives , il augmenta 1
(1) C’eft pour aller combattre les Perfes à Marathon^
1; que pour la première fois, on enrôla les efclaves,.