
elle ne put fe mettre en pofîeflion de tout le territoire.
Dora fut foumife aux rois d’Egypte, fucceffeurs
d’Alexandre, après avoir été- fops la domination
des Perfes. Antiochus-le-Grand ne put la prendre
faute de vaiffeaux; mais Antiochus-Epiphanés la
prit après avoir remporté, une viâoife fur ies
troupes de Ptolemée Philométor, roi d’Egypte,
félon Polybe, L. r 9pag. 40p. Elle fe trouva cbm-
prife parmi les villes que les Juifs poffédoient lorf-
que Pompée entra en Syrie : toute cette contrée
ayant été réduite en province romaine, Pompée
lui donna le privilège de l’autonomie, l’an de
Rome 690.
Dora fut du nombre des villes que le proconful
Gabinius fit réparer, félon Jofeph, Antiq.
D o r a , île du golfe Perfique, félon Straboa,
cité par Etienne de Byfance.
D o r a . Pline donne ce nom à une fontaine qu’il
place dans l’Arabie héureufe.
D o r a , ou D u r a , lieu de l’A f ie , vers l’Eu-
çhrate, & près du fépulcre de Gordien. Ammien—
Marcellin en parle comme d’un bourg abandonné.
D O R A C , ou D u r a c , ville dé F Afrique. Il en
eft fait mention par Ptolemée, qui la place au
3 Ie deg.' 15 min. de latir. On en voit encore des
ruines fur le haut de* la montagnè de Dédez.
D O R A C T A . Strabon nomme ainfi une île du
golfe Perfique. Elle eft appelée HoaraÜapax Arrien.
D O R A N A , ou D a r a n o , ville de l’A fie , dans
la Galatie,. félon l’itinéraire d’Antonin.
D O R A T H , ville de l’Afrique, dans la Mauritanie
tingitane, felpn Ptolemée.
D O R B E T A , ou D u r b e t a , ville de l’A f ie , dans
la Méfopotamie. Ptolemée dit qu’elle étoit fituée
fur le bord du Tigre.
D O R D OM AN A , ville de l’A fie , dans la Par-
thie, félon Ptolemée.
DORENI , ou D o sa r e n i . Selon les divers
exemplaires de Ptolemée, peuple de l’Arabie heu-
reufe.
D O RG AM AN E S , fleuve de la Paropamife,
félon Ptolemée.
DORI A , ou D u r i a , rivière de l’Hifpanie, dans
Lufitanie. C ’eft aujourd’hui le Douro,
D O R IA S , ou D o r iu s , fleuve de l’Inde, au-
delà du Gange, félon Ptolemée. C ’eft aujourd’hui
le Lançan, dont l’embouchure eft dans le royaume
de Tonquin.
DOR1ENSES, les Doriens. Pour ne pas me répéter
en difcutant ici l’origine des Doriens, je fuis
obligé de renvoyer à l’article G r æ c i , dans lequel
je traite particuliérement de l’origine & de la di-
vifion des peuples compris fous le nom générique
de Grecs,
Je pars donc ici de ce point, établi ailleurs, que
les Doriens faifoient partie de la nation compcife
fous le nom d'Hellènes. Sous le roi Deucalion, ces
Hellènes habitoient la Phthiotide : fous Dprus, fils
d’Hellen, ils habitèrent l’Hiftiæotide, fituée vers
lés monts Ofla & Olympe. Ils en furent chaffés
par les Cadméens, 8c vinrent habiter la ville de
Pindus, ou Pinde , & fon territoire. Ils y prirent
le nom de Macednes, Il paroît cependant que le
mot Dorien prévalut conftamment.
Le pays dans lequel leurs voifins les for^oient
de fe retirer fe trouvant trop étroit pour leur population
, ils envoyèrent au loin des colonies. Dès
l’an 396 avant la prife de T ro y e , c’eft-à-dire, l’an
1580 avant notre è r e , Phorbas, fils de Lapithès,
cnerchoit à s’établir en Theflalie, avec un certain
nombre d’aventuriers qu’il avoit avec lui, lorfque
les Rhodiens vinrent le prier de purger leur île
des ferpens qui rinfeftoient. Il détruifit les ferpens,
partagea le pays entre les habitans & fes Doriens.
On lui rendit après fa mort les mêmes honneurs
qu’aux héros.
Son fils Triopas vint auflî dans Fîle de Rhodes
avec des Doriens. Il pafla enfuite dans le continent,
8c s’empara du promontoire appelé depuis, d’après
lu i, Triopium. M. Larcher croit pouvoir placer
-ee fait (Chronol. d’Hérod. p* 4 46 ) à l’an 1430
avant notre ère.
Hyllus ,.fils d’Hercule, félon les Grecs, ayant
été tué dans un combat particulier par Echémus,
roi des Tégéates, Tlépoleme, autre fils d’Hercule,
avec les autrçs nls 8c petits-fils de ce héros, fe
retira, félon Diodore, à Tricorynte. De-là il fe
rendit avec Licymnius à Argos, où on lui permit
de demeurer. Mais ayant tué Licymnius, il pafla
dans l’île de Rhodes, où il fonda trois villes, Lindus,
lalijfos, 8r Camiros ou Camirus. Peu après, la gloire
de fon père lui fit déférer la royauté par tous les
Rhodiens, & il aida de fes troupes Agamemnon
au fiège de Troyes (1 ). La mort d’Hyllus.eft fixée,
par M. Larcher, à l’an 1290 avant notre è re , &
l’établiflèment de Tlépoleme à Rhodes, à l’an 1282,
A ce peu que l’on lait des Doriens avant le fiège
de T r o y e , j’ajouterai ce qui fuit pour les temps
poftérieurs à ce fiège. ,
Des Doriens fondèrent Mégare fur les confins
de l’Attique , quelque temps après la mort de
Codrus, vers l’an 1131 avant notre ère. Pendant
qu’une partie d’entre eux s’y fixoit, d’autres fe rendirent
, avec Altliæmènes d’Argos, dans l’île de
Crète, où ils établirent une colonie. Quelques-uns
fe difperfèrent dans l’île de Rhodes, à Halicarnafle,
à Cos & à Cnide. Dans la fuite d’autres colonies
de Doriens paflerent en Sicile.
Mais le pays qui peut être regardé comme le
fiège principal de leur puiflance, fut le Pélopon-
n èfe, depuis qu’ils s’en turent emparés fous la conduite
des Héraclides, quatre-vingts ans après la
prife de Troy e ( a ) . Les Héraclides partagèrent
(1) On peut voir ce qu’en dit Homère, Mai, L, 1 1 ,
vers 6y$ & fuiv,
(2) M. Larcher a prouvé, dans fa chronologie d'Hérodote
» que cet événement étoit de l’an 1270 avant notre
.ère -, donc l’entrée des Héraclides dans le Péloponnèfe,
eft de l’an 1190.
entre eux les états du Péloponnèfe, & il refta bien 1
peu de villes au pouvoir des Ioniens, fur les côtes
5e l’Achaïe. Quant à l’Arcadie, elle demeura au
pouvoir de fes habitans, prefque tous pafteurs, &
regardés comme autochthones.
Ces peuples fe virent prefque toujours avec une
efpèce de rivalité. Les Doriens du Péloponnèfe fe
jettèrent à différentes fois fur les terres de l’Attique.
Il eft vrai qu’ils y étoient aufli venus pour
les intérêts du peuple. Hérodote compte quatre de
ces expéditions. La première eut lieu lorfqu’ils con-
duifirent une colonie à Mégare ; la fécondé 8c la
troifième , lorfqu’ils chaffèrent ies Pififtratides ; la
quatrième enfin, lorfque Cléomènes conduifit les
Péloponéfiens contre Eleufis.
• Le langage que parloit ce peuple étoit un peu
moins doux que celui des Ioniens : mais il avoit
de la force. Selon Strabon & d’autres écrivains , il
différoit peu de l’Eolien.
DORION., ville dont parle Homère dans ^’énumération
des vaifleaux. La pofition en eft tout-à-
fait inconnue. Paufanias parle bien d’un D or ion,
mais il appartenoit à l’Afie. Je fuis étonne que Paufanias
, à caufe de la circonftance rapportée par
Homère, que les Mufes y ôtèrent à Thamyris la
faculté de chanter, n’ait pas recherché la pofition
de cette ville ; d’autant mieux qu’il parle de la rivière
Balyra, dans laquelle ce poëte étant devenu
aveugle, laifla tomber fa lyre. Homère l’appelle
chantre de la Thrace. Paufanias en donne la raifon :
c’eft qu’Argiope étant enceinte de Philammon, qui,
comme elle , habitoit le mont Parnaffe, & cette
nymphe, voyant que Philammon ne vouloit pas
l’époufer, fe retira à Odryfès en Thrace, où elle
accoucha de Thamyris.
DORIS, la Doride, appelée autrefois Dryopide,
étoit une contrée de la Grèce* Cette petite province
, de forme affez irrégulière, avoit au nord-
oueft une partie de la chaîne de montagnes appelée
(Eta ; au nord-eft quelques petites montagnes, &
la partie feptentrionale de la Phocide ; au fud, les
Locriens-Ozoles, 8c une portion de l’Etolie Epic-
tète : enfin, à l’oueft, une petite portion de l’Etolie.
Ces bornes font celles que M. d’Anville a
adoptées dans fa carte : il n’eft pas douteux qu’elles
ont varié. Voici ce que dit M. Larcher, d’après les
auteurs Grecs.
La Doride avoit à l’oueft les Perrhaebes (1) ; au
fud, l’Etolie (2), 8c les Locriens Ozoles ; à l’eft,
la Phocide, & les Locriens Epicnémidiens (3) ;
au nord-eft , le mont (Eta, & au nord-oueft, le
(1) Ces peuples ont enfuite changé de 'demeure, puif-
qu’on les trouve vers le mont Olympe, dans la partie fep-
tentrionale'de la Theflalie.
(2) Ce n’en étoit qu’une petite partie.
(3) Dans la fuite, il y eut la Phocide entre la Doride &
<ces Locriens, qui étoient tout-à-fait fur le bord de la
»er.
Finde (4). Ces deux montagnes, dit le même aiN
teur, la lèparent de la Theflalie (5).
Le Céphife, ou plutôt Céphiffe, y avoit fa
fource (6). Quelques auteurs prétendent qu’elle prit
fon nom de D orus, fils d’Hellen, ou, félon d’autres,
fils de Deucalion, lequel vint habiter le mont Parnaffe.
La Doride eft un pays tout hériffé de montagnes
: mais les Doriens n’avoiènt rieq de la ru-
deffe ordinaire aux montagnards. Ils parlôient très-
élégamment. C ’étoit un peuple belliqueux.
La Doride fut nommée Tetrapole, parce qu’elle
avoit quatre villes principales ; Pindus, que quelques
auteurs nomment Cyphantus, Erinea, Cytinium,
8c Boiurn ou Botwn. Tzetzes y ajoute Lileum &
Scarphia : aufli fappelleHt-il Hexapolc,
Ægimius , roi de ce peèit pay s , ayant été chaffé
de fes états par les Lapithès, fut rétabli par Hercule.
Ceci remonte aux fiècjes de la mythologie, 8c n’obtiendra
de croyance qu’au tant que l’on voudra bien
fe prêter aux récits des écrivains Grecs. Ils nous
difent que ce prince, par reconnoiflànce, adopta
Hyllus, fils aîné de fon bienfaiteur, 8c lui laifla
fon petit état après fa mort. Hyllus 8c fes enfans
y régnèrent. Ce fut de ce pays qu’ils partirent
enfuite pour entrer à main armée dans le Péloponnèfe
(7).
Selon Ptolemée,
Ce géographe ne nomme de la Doride que les
lieux mivans :
Erineus, Cyteinium, B ceo ou Bion , 8c Lïlcea.
D o r i s , contrée de l’A fie mineure, dans la partie
occidentale, dont elle occupoit une petite partie des
côtes au fud-oueft. Elle avoit été formée aux dépens
de la Carie , c’eft-à-dire, que les Doriens y
ëtabliffant des colonies, s’y étoient placés fur les
terres des Cariens. Elle comprenoit d’abord fix
(4) M. d’Anville donne le nom de Pinde à la chaîne qui
eft plus au nord-oueft au-delà d’une ville où étoit le Sper-
chius & la ville de Sperchium.
(5) Je faifirai cette occafion de la différence que l’on
peut trouver entre certaines defcriptions des anciens &
le fentiment adopté par l’habile M. d’Anyille & d’autres
géographes modernes -, c’eft que les anciens en général
connoiffoiént moins le phyfique des lieux. On ne s’étoit
pas encore affez occupé de la néceflité de fe rendre
compte de toutes les diftributions des montagnes 8c des
eaux; oh ne s’orientoit pas avec la même exa&itude;
enfin , on ignoroit l’art ae faire des cartes exaftes , &
l ’on ne faifoit les defcriptions qu’à-peu-près. _
(6) Voici encore un exemple de ce que je viens de dire.
Homère, en parlant d eLilxa , dit qu’il étoit près des
fources du Cephiffus ; or, cette ville étoit dans la Phocide :
cela eft exaâ fur la carte de M. d’Anville. Aufli eft-ce le
Pindus qu’il fait couler dans la Doride pour aller joindre
à l’eft le Céphiffe.
(7) On voijt ainfi quels étoient ces Héraclides qui parvinrent
à S’établir dans le Péloponnèfe. Les perfonnes
qui doutent de l’exiftenee du héros Hercule, n’en croient
pas moins l’ufurpation des Héraclides l’an 1129, o u , félon
M. Larcher, 1190 avant J. C. Mais ils préfument que des
chefs ambitieux abufoienc en cette occafion de la crédulité
populaire.