
D iv i s io n s g é n é r a l e s de l’E c y p t e .
Les hiftoriens nous apprennent que les terres de
l ’Egypte ètoïent partagées en domaine ro y a l, en
terres facerdotales , ex en terres militaires. Mais
ils n’en ont pas parlé d’une manière allez précife,
pour que l ’on paillé faire ponnoître les divifions
de l’Egypte , d’après cette indication générale.
Il eft donc indifpénfable de s’en tenir à la divifion
par provinces , renfermées dans les divisons
generales de Delta, ou baffe Egypte (quoi- ;
que celle-ci excédât un peu les bornes du Delta),
ü'Heptanomie ( i ) & de Thêbaïde ou haute Egypte.
Il paroît que fous les Egyptiens, c’eft-à-dire ,
tant qu’ils furent gouvernés par leurs princes, l’Egypte
formoit réellement plufieurs états indépen-
dans les uns des autres. Par exemple , la Thebaïde
renfermoit trois royaumes ; i • celui de Thebes;
3°. celui deThis ; y . celui d'Elêphantine. VEgypte
du -milieu ne comprenoit que Memphis & fon domaine.
La baffe Egypte, outre les contrées qui
avoientété poffédées par despafteurs Phéniciens,
(Si. dont jenepuis difcuteriçiles règnes, renfermoit,
r°. le royaume d’Héliopolis ; a°. celui de Diof-
polis, du Delta ; 3°, les deux petites principautés
des Héracléopolitains 81 des Xoïtes. Lors de la
conquête dès Perfes, & depuis, ces petits états
furent éteints, & l’on ne regarda plus l’Egypte que
comme un grand royaume obéiffant à un feul fou-
verain, valfal du roi dp Perfe.
Selon Strabon, l’Egypte étoit partagée en trente-
fix nomes, dont feize étoient dans l’Egypte du
milieu. Peut-être n avoit-on pas arrêté de fon temps
la divifion qui eut lieu dans la fuite. Il y eut encore
un autre changement : car on voit par la no- :
tice de l’empire que fo n croit dreffèe vers la fin
du quatrième fiècle, que l’on ajouta une quatrième
province à l’Egypte, fous le nom d’Augufiamnica,
qui fut enfuite divifée en deux. Le relie de la
baffe Egypte avoit confervé le nom SEgyptus.
Cette province étoit aulîi divifée en deux au temps
de Juftinien : mais On ne fait pas l’époque de ce
changement. La Thêbaïde ou haute Egypte fut
aüffi dans la fuite divifée en première gc en haute.
Les auteurs n’étant pas d’accord fur le nombre
des nomes que renfermoit l’E gypte, je m’en tiendrai
à la divifion adoptée par M. d’A nville, telle
qu’il l’a préfentée fur la carte de ce pays. Chacun
de ces nomes ayant pris fon nom de fa capitale
, j’en donnerai la fituapon. à chaque article
particulier.
(1) Heptanomie fignàfie les fept nomes. On verra ci-après
.que l’on y en comptoir huit, ainfi que nous l’apprend P tôle
mée. Mais en lifant dans cet auteur le nome Antino rte, '
on voit que ce nome qui avoit pris fon nom d’Antmoüs',
ce méprifable Saxon d’Adrien, devoir être un nom de nouvelle
création inconnu à l'antiquité. Aufjii malgré le
nombre de huit, conferva t-on le nom qui a’emportoit“
£idge que de fept.
La hante Égypte a été autrefois partagée en
plufieurs royaumes. Thèbes en étoit la capitale,
d’où -elle prenoit aufli le nom de Thêbaïde. Elle
occupoit la partie la plus méridionale,
L’Heptanome était aufli nommée Egypte du mU
lieu, parce quelle étoit'entre la liante , au midi,
& la baffe , au nord.
La baffe s’étendoit depuis cette dernière jufqu’à
la mer. On la nommoit aufli Delta , à caufe qu'étant
renfermée entre deux feras du N i l , qui for-
moient un triangle arec la Méditerranée , elle
avoit la forme de la lettre grecque qui porte le
nom de Delta,
Selon quelques modernes, l’Egypte conferve
encore fes trois divifions. Selon eu x , la Thêbaïde
•fe nomme A l Saide ; l’Heptanome, Voflanie ; & le
Delta , A l Bahar'i.
Chacune de ces divifions renfetmoit un grand
nombre de v illes, félon les auteurs anciens. Th'ebes
étoit la capitale de la haute Egypte. Elle a été
célébrée par Homère , & elle a été le fiège d’un
royaume puiffant. Elephantis étoit la fécondé ville
de la Thêbaïde. Syène étoit au midi, & plus haut
étoit Coptos.
Memphis étoit la capitale de l’Heptanome, &
le deyint enfuite de toute l’Egypte. Elle étoit fïtuèe
à l’occident du N il, & au midi des pyramides.
Sais & Tunis étoient les principales villes du
Delta. Canope, à l’oueft, & Péluie, à l’e ft, fur
le bord de la mer, étoient aufïi fort célèbres. Alexandrie
, qui fut bâtie par ordre d’Alexandre, à l’oueft ,
fur le bord de la mer, & vis-à-vis l’-île de Pharos ,
devint, fous les P to lem é e la capitale de toute
l’Egypte,
J1 y a moins de villes a&uellement en Egypte
qü’aùtrefois : les plus confidérables font vers la
mer, à l’exception du Caire , fa capitale.
Les anciens ont connu les pyramides dans un
meilleur état que celui où elles font à. préfent,
quoiqu’elles fufl’ent déjà anciennes du temps d’Hérodote
& de Diodore de Sicile. Us ont fait mention
de trois confidérables. La première paffoit
pour avoir été bâtie par Cheops, que Diodore
nomme Chemmis. Hérodote affure que chaque face
de cette pyramide avoit huit cens pieds grecs, &
Diodore cfe Sicile n’en met que fept cens. Elle
a v o it , félon Strabon , fix cens vingt-cinq pieds
romains ; mais Pline lui en donne huit cens quatre-
vingt-trois. Quant à la hauteur, Hérodote dit
qu’elle étoit égale à la longueur d’un des"-côtés ,
& Strabon rapporte que la hauteur fur paffoit la
longueur : mais Diodore affirme le contraire. Thalès
de Milet en avoit mefuré la hauteur : mais on a
perdu fon obfepyation.
■ La fécondé pyramide avoit été mefuréç par Hérodote
, qui aüure qu’elle étoit plus'petite que la
précédente; mais il n’en donne p^s les dimenfions.
Il obferve que le Nil n’y entre pas comme dans
l’autre ; mais il dit qu’elle l’égale par la hauteur.
Diodore donne cent pieds de moins de chaque
côté
côté de la bafe ; mais Pline ne met la différence
qu’à quarante-cinq pieds: . . . .
La troifième, bâtie par Mycennus, etoit de
marbre d’Ethiopie, fi l’on en croit Hérodote. Diodore
dit que , quoique ce bâtiment fut au-deiious
des autres pour la grandeur , la ffruSure en etoit
plus belle , les dehors étant bâtis d’une belle pierre
noire. Pline donne à chaque côté de celle-ci trois
cens foixante-trois pieds.
Plufieurs modernes ont viftté ces pyramides,
& en ont donné des dimenfions. On a trouvé dans
la plus grande plufieurs falles, un cercueil en
marbre , & un puits , répondant à une galerie par
fa partie fupérieure. Sa partie inférieure paroît def-
cendre jufqu’au fol fur lequel pofe la pyramide.
On foupçonne que ce puits fervoit de paffage ;
car celui qu’on a pratiqué pour pénétrer dans la
pyramide eft une dégradation.
Les anciens ont parié de plufieurs temples en
Egypte ; tels font ceux qui étoient à Memphis,
à Bufiris, à Thèbes, S-c. Celui du foleil, à Héliopolis
, avoit à fon entrée un quarrê long de fept
cens pieds, & large de deux cens. Il étoit accompagné
de deux rangs de fphynx , éloignés entre
eux de vingt pieds. Le tour dé cet efpace étoit
occupé par des obélifques & dès colonnes qui fe,
fuccèdoient alternativement. Après avoir traverfé
un grand veftibule, on arrivoit au temple, dont
la n e f, fort longue, étoit ornée de colonnes de
porphyre, d’une hauteur prodigieufe. Dans l’intérieur
du temple étoit un autel. On dit qu’il y avoit
un miroir placé de façon, que les rayons du foleil
, en donnant fur la glace, illuminoient tout
le temple. On en voit encore les ruines.
Le temple de Vénus Arfinoè, moins ancien cependant
que beaucoup d’autres , étoit Situé fur un
cap, près de l’un des fàuXboürgs d’Alexandrie.
Il y avoit des habitations pour loger les pèlerins.
On voit aujourd’hui les reftes d’un temple quarré,
vis-à-vis la troifième grande pyramide.
Il y avoit à Tentyra un fameux temple dédié
à Sérapis. On en voit encore les ruines à Dendera,
qui eft le nom moderne.
A Bufiris, dans le milieu du De lta, on voit les ■
ruines d’un temple, d’une prodigieufe grandeur.
On y voit aufli une haute &. épaiffe colonne de
granit, qui paroît avoir été une de celles qui fou-
tenoient les voûtes ou les arcades de l’édifice. On
croit qu’il étoit dédié à Ifis.
De tous les monumens de l’Egypte, celui qui
femble avoir été le plus admiré dans l’antiquité,
c ’èft ie labyrinthe bâti près de la ville d’Arfinoè.
Hérodote en attribue la fondation à douze rois,
qui régnèrent enfemble. Il étoit compofé de douze
palais. Cet édifice , félon Pline , comprenoit trois
mille chambres , dont quinze cens fupériéures ,
& quinze cens inférieures.
Diodore de Sicile parle d’un bâtiment qui paroît
être le -même par les Circonftances de la fonda-
Géographie ancienne.
tion, qu’il attribue aufli à douze rois. Il le nomme
un fépulcre, & lui donne une forme quarree, d un
ftade de chaque côté.
Le tombeau d’Ofymandias a été un des plus fu- *
perbês monumens de l’Egypte. Il étoit compofé
de temples , de bibliothèques , de quelques autres
bâtimens, & de plufieurs cours. Dans le fond étoit
un autre bâtiment' magnifique, où fe voyoit le
fépulcre de ce roi. Il y avoit un cercle dor de
trois cens foixante-cinq coudées de circonférence,
qui marqüoit les jours de l’annee. Il fut emporte
par Cambyfe. # v
Les reftes du labyrinthe fe voient encore a
l’extrémité méridionale du lac Mæris. ^
Près d’Effené, autrefois Syene, on voit les ruines
d’un magnifique palais 5 qui a quatre avenues de
colonnes.
Les anciens ont parié de huit obelifques, mie
Séfoftris fit élever. Les deux plus confidérables
étoient dans la ville d’Héliopolis. Ils. font ^ d une
pierre très-dure , tirée des carrières de la ville de
Syène , tout d’une pièce , & chaciin haut de cent
vingt coudées. Augufte les fit apporter à Rome,
où l’un fut dreffé dans le grand .cirque, & 1 autre
dans le champ de Mars. Il y mit une infeription.
.Un de ces obélifques eft aujourd’hui rompu, &
couvert de terre l’autre, placé par Augufte dans
le cirque, a été mis par le pape Sixte V., a la
porte del Pôpolo , en 1589* \
Le fuccefféur de Séfoftris , nommé par Hero-
dote P héron , & par Pline Nuneoreus, i, fit élever
des obélifques, à l’imitation de fon père, & en
reconnoiffarice de ce que les dieux lui ^ayoient
rendu la vue. Gains Céfar fit tranfporter à Rome
un de ces obélifques, 8c on le voit aujourdhui
devant l’églife de S. Pierre , où il a été élevé par
le pape Sixte V . .
Rameffès confacrà aufli au foleil un obehique
d’une grande hauteur, & prit des précautions infinies
pour qu’il fût élevé fans être endommage.
Augufte n’ola y toucher ; mais Conftantin 1 enleva
, & le fit defeendre par le Nil jufqu’a Alexandrie
, d’où il vouloit le faire tranfporter à Conftan-
tinoplé. Etant venu à mourir, Confiance ,^1 an 3 57*
le fit venir à R ome, 8c le fit élever dans le cirque.
Cet obélifque étant tombé, fut aufli relevé par
le pape Sixte V , devant l’églife de S. Jean de
Latran , en 1588. .
On trouve dans Ammien Marcellin 1 explication
des figures hiéroglyphiques, qui font gravées
fur c e . monument, dont Herapion avoit autrefois
donné l’interprétation. On fait que ceft d après
ces monumens, que Maneton compofa fon hiftoire
des rois d’Egypte. '
On trouve, dans la ville d’Alexandrie moderne ,
deux obélifques, dont on attribue la fondation à
Cléopâtre. La colonne de Pompée eft ce qui fait
le plfts d honneur aux ruines d’Alexandrie. Elle
eft fituée fur une élévation de vingt-cinq à trente
coudées, à un quart de lieue au fua delà nouveLc