
des dieux que les Athéniens. Dans leur année il n’y
avoit pas un feul jour qui ne fût marqué par quelque
fête. Le culte de leurs principales divinités
s!étoit répandu dans toutes les parties de la Grèce.
Enfin Athènes renfermoit dans l’étendue de -fon
territoire le célèbre temple d’Eleufis, & l’Archonte
roi y préfidoit aux myftères.
Chaque temple avoit fes ufages ; tout étoit réglé
dans les fêtes folemnelles, la pompe, la cérémonie ,
l’ordre, la durée. Le culte rendu à chaque divinité,
foit publique, foit particulière, étoit fondé fur des
traditions ou des loix conftamment fui vies.‘Tout ce
qui fe pafloit dans les bacchanales, dans les panathénées,
dans la célébration des myftères d’Eleufis,
avoit fes règles, la plupart aufli anciennes que ces
fêtes même. Les ufages fe confervoient dans les
temples, & les miniftres. des dieux en étoient les
dépofitaires.
Les crimes contre la religion n’étoient punis
qu’autant qu’ils intéreffoient l’état; & , par une
conféquence naturelle, le jugement en appartenoit
au miniftère public. De fimples railleries qui
n’avoient que*les dieux pour objet, offenfoient
peut-être leurs miniftres; mais elles étoient fans
conféquence , tant qu’elles ne troubloient pas l’ordre.
Les Athéniens ne connoifloient d’autre religion
que le culte public, héréditaire, général ; d’autres
dieux que ceux qu’ils avoient reçus de leurs ancêtres;
d’autres cérémonies que celles qui étoient
établies par l’état, & pratiquées chez eux dans
tous les temps : de-là vient qu’ils laiffèrent Arifto-
phane parler librement des dieux , & qu’ils mirent
à mort Socrate pour avoir blâmé le culte de l’état.
Ainfi, c’étoit toujours la politique & non la religion
quiguidoit leur conduite.
II. Ce feroit fe former une faufle idée de la nature
du miniftère facré chez les Athéniens, que
de les regarder comme un état qui excluoit les
autres. La dignité facerdotale, feulement incompatible
avec les profeflions utiles & lucratives,
n’empêchoient pas ceux qui en étoient revêtus,
de pouvoir afpirer aux premières charges de l’état
& aux premiers emplois de la république.
Non - feulement le miniftère facré s’accordoit
parfaitement avec les emplois civils, il n’empê-
choit pas même de porter les armes ; le prêtre &
le guerrier fe trouvoient confondus. On vit combattre
à Platée, Callias, miniftre de Cérès.
III. Cependant, comme toute profeftion lucrative
paroiffoit incompatible avec la dignité du fa-
cerdoce, les prêtres avoient un revenu fixe attaché
à leur place. Non-féuleme’nt une partie des
viâimes leur appartenoit , mais ils avoient, la
plupart, leur demeure dans les bâtimens qui dé-
pendoient des temples. Ils recevoient de plus des
honoraires proportionnés à leurs fondions & au
rang de la divinité qu’ils fervoient.
Les temples avoient des revenus aftignés pour
leur entretien, tels que certaines amendes, des
terres cultivées, & les droits que les parafites
levoient fur toutes les tables au nom des dieux , &c»
Les dépenfes des fêtes ordinaires étoient prifés
fur ces revenus ; mais celles des fêtes folemnelles,
telles que les bacchanales, les panathénées, étoient
à la charge du Chorège, c’eft-à,-dire, du chef
des choeurs de chaque tribu ; car chacune avoit
fon poète & fon muficien. Ces chefs étoient
choifis entre les plus riches citoyens. Le premier
d’entre eux avoit le droit de faire graver fon nom
lur le trépied que fa tribu fufpendoit aux voûtes du
temple.
Les amendes étoient remifes à des tréforiers
publics, qui tenoient un rang confidérable dans
l’ordre des magrftrats deftinés à recevoir les deniers
publics.
Au refte, comme les prêtres à Athènes ne for-
moient point un ordre à part, il n’y avoit pas,
ainfi que chez nous , cette fubordination hiérarchique.
Il n’y avoit pas de fouverain pontife , &
tous les prêtres, attachés chacun féparément aux
différens temples, n’étoient pas unis entre eux.
Ufages. Education. L’éducation étoit fort cultivée
à Athènes ; mais on peut reprocher à ce peuple,
ainfi qu’à tous les autres G recs, d’avoir abfolument
négligé l’étude des langues étrangères. Quels avantages
nous retirerions a&uellement de leurs hiftoires,
fi leurs auteurs avoient fu les langues orientales , '
l’égyptien, &c. ! mais ils cultivoient bien la leur.
Le grec, tel qu’on le parloit à Athènes, & qui,
de fa perfection, avoit pris le nom de pur atticifme,
avoit la fupériorité fur les autres dialeâes. Cette
perfeCtion confiftoit fur - tout dans la préférence
donnée à certaines voyelles, & dans la manière
extrêmement agréable de prononcer ; & cette perfection
étoit générale. On fait que Théophrafte,
qui n’étoit pas né à Athènes, marchandant quelques
légumes à une vieille femme, celle-ci le jugeant
d’après fa prononciation, le traita d’étranger;
.cependant il avoit paffé toute fa vie dans Athènes,
& avoit mis tous fes foins à en bien parler le langage.
Exercices du corps & de l'efprit. I. Les jeunes Athéniens
, & en général tous les Grecs, avoient grand
foin de fe former aux exercices du corps; il y avoit
des lieux appelés Gymnafes ou Palejlres9 particuliérement
confacrés aux leçons de ce genrè: On
fent de quelle importance devoit être la force &
l’adreffe du corps dans une république où chaque
citoyen devoit être propre à porter les armes, ou
à ramer en mer. Aux leçons données comme objets
d’étude, les Athéniens joignoient l’exercice de la
chaffe, qui difpofoit le corps à la fatigue & à
fupporter la faim, la foif, le chaud & le froid, 6>c.
IL Les exercices de l’efprit n’attiroient pas moins
l’attention des A théniens.Outre l’étude de la langue,
on faifoit cultiver de bonne heure la poéfie, l’éloquence
, la philofophie, les mathématiques, &c.
On fût qu’après la défaite des Athéniens à Syraeufe,
plufieurs d’entre eux, qui avoient été faits prifon-
niers & réduits en fervitude, en adoucirent le joug
en récitant les tragédies d’Euripide. Quant à l’éloquence',
elle étoit indifpenfable à tout homme qui
cherchoit à s’avancer dans le gouvernement: c’étoit
elle qui ouvroit la porte aux charges, qui dominoit
dans les affemblées, qui décidoit des plus importantes
affaires de l’état ; enfin elle donnoit un pouvoir
prefque fouverain à ceux qui avoient le talent
de la parole. On joignit à cette étude celle de la
philofophie. L’une & l’autre furent, il eft vrai,
en quelque forte avilies par ces hommes qui avoient
la prétention de parler également bien fur tous les
fujets, & que l’on connoît fous le nom defophifies.
Egalement préfomptueux & avares, ils fe faifoient
payer très-cher des leçons de mauvais goût. Socrate
s’attacha, mais inutilement, à la décrier : fes rai-
fons ne perfuadèrent qu’un petit nombre de bons
efprits.
Caractère national. Le peuple d’Athènes, difoit
Plutarque, fe laiffe âifément emporter à la colère ,
& on le fait revenir avec la même facilité à des
fentimens de bonté & de compaffion : l’hiftoire
en fournit une infinité d’exemples. La fentence de
mort prononcée contre les habitans de Mitylène ,
& révoquée le lendemain ; la condamnation des dix
chefs & celle de Socrate, fuivies l’une & l’autre
d’un prompt repentir & d’une vive douleur.
Il aime mieux, ajoute Plutarque, faifir vivement
une affaire, & prefque la deviner, que de prendre
le loifir de s’en laiffer inftruire à fond. A cette in-
conféquence on doit joindre celle de perfécuter les
grands hommes qui lui donnoient de ‘l’ombrage,
& de montrer une indulgence exceflive pour les
gens médiocres qui careffoient leur forbleffe, ou
qui favoient les amufer. Un jour que l’affemblée
étoit toute formée, & que le peuple étoit déjà afiis,
Cléon-, après s’être fait long-temps attendre, arriva
enfin couronné de fleurs * & pria le peuple de
remettre l’affaire au lendemain, fous prétexte d’un
fbuper qu’il alloit donner à des étrangers de fes
amis. Les Athéniens fe mirent à rire, & rompirent
l’affemblée., Dans une autre occafion l’orateur Stra-
toclès ayant annoncé une v iâo ire, & en conféquence
fait faire des facrifices, on apprit trois jours
après qu’au lieu d’une vi&oire, c’étôit une défaite.
Le peuple montra d’abord beaucoup de mécontentement:
« De quoi vous plaignez-vous , leur dit-il,
» je voiis ai fait paffer trois jours plus agréablement
v que vous n’eu fiiez fait fans moi ».
Ce peuple, fi grand dans fes p rojetsn’avoir rien
de ce caractère dans tout le refte. Dans ce qui regarde
ladépenfe de-la table, les habits, les meubles,
les bâtimens particuliers, en un mot, la vie privée*
le peuple athénien étoit frugal, fimple, modefte ;
il étoit fomptueux & magnifique dans tout ce qui
concernoit l’état. Mais leurs meilleures qualités
étoient mêlées à de grands défauts. Les Athéniens*
Volages, inconftans, capricieux,. aimant le plaifir,
les fpe&acles ; facrifiant un grand homme à une
fantaifie; une affaire importante , aux amufemens
d’une fête. Malgré ces défauts, on ne balancera pas
cependant à le regarder comme le premier de tous
les peuples grecs.
Monnoies. Je prendrai ce que je vais dire fur les
monnoies d’Athènes, dans le favant ouvrage de
M. Pau&on, page 778.
Le Chalcons. Il eft incertain fi les Grecs
avoient des chalcons monnoie. Il en falloit
fix pour une obole : il valoit.......................6 f den.
L'Obole. L’obole paroît avoir été la plus
petite des monnoies d’ufage : on mettoit
cette pièce dans la bouche des morts en
les plaçant dans leur cercueil : l’obole
valoit fix chalcons......................................3 j de f.
La Drachme. Çette pièce valoit 3 6
chalcons 6 oboles, & répondoit à. . . . i l .
Le Didrachme. Cette monnoie , qui
étoit le double de la précédente, valoit
donc 72 chalcons 12 oboles & 2 drachmes.......................
2
Le Tètradrachme : quatre fois plus fort
que la drachme , valoit 144 chalcons 24
oboles 4 drachmes & 2 tétradrachmes. 4
Le Statere d'or valoit 20 drachmes. . . 20
La Mine Attique valoit 100 drachmes
5 ftatéres.. . . . . . ........................................ 100
Le Talent. Attique & le Talent Eüboique
valoient éoco drachmes 30a ftateres 60
mines. . • . . . ............► • . . . . . . . 600a
Le Talent Attique d'or valoit 60000
drachmes 3000 ftateres 6oo; mines 10
talens. ............................. ................... ; . . 60000
Les bornes de cet ouvrage ne permettent pas de
s’étendre davantage fur ce peuple intéreffant : on
peut confulter les favans ouvrages de Meurfius,.
les mémoires de l’académie des Belles-Lettres, &c.
Révolutions hijioriques. On fixe affez généralement
la fondation d’Athènes., on du moins la première
année du règne de Cécrops, fon premier roi, à l’an.
1582 avant J. C. On lui attribue l’établiffement de
plufieurs ufages religieux, qui fé maintinrent à
Athènes long-temps après lui'. Ce prince eutfeize
fucceffeurs, entre lefquels on diftingue Amphiétion,.
que fon croit avoir établi le confeil général de la
Grèce, qui porta fon nom ; Egée, qui fut père de:
Théfée ; Théfée, dont la fable a chargé l’hiftoire de
faits brillans, mais incroyables ; & enfin, Codrus>
qui mourut viétime de fon zèle pour la gloire de fa
patrie.
Les Athéniens, perfuadés qu’ils ne pourroient
jamais être gouvernés par un roi qui méritât de
remplacer celui, qu’ils venoient de perdre, changèrent
la forme de leur gouvernement. Iis l’érigèrent
en république démocratique, & mirent à.
la: tête des magiftrats appelés archontes.
Les archontes, au nombre de dix, furent d’àbordi
établis pour gouverner tout le temps de leur vie..
Ce furent les archontes perpétuels.:.il y en.eut.depuis.
t °25 jufqü’en. 73^4».