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y prit place; enfin Valliance devint prefque générale
entre les villes du Péloponèfe : il n’en faut
excepter que les Eléens 8c les Lacédémoniens.
Cette confédération mérite d’êtrè connue.«
Etat conflitutif de la ligue des Achéens. Toutes
les villes entrées dans cette ligue, étoient fou-
onifes à un confeil général, fuppofé l’afTemblée
de toute la .nation. Chacune des villes avoit le
droit d’y envoyer un certain nombre de députés :
on les élifoit chez eux à la pluralité des voix. Cette
affemblée générale avoit lieu deux fois par an , au
printemps & en automne. Il s’eft trouvé des cas
qui exigèrent des affemblées extraordinaires. C ’é-
toit dans cette affemblée que l’on donnoit aux
loix leur fan&ion, que l’on arrêtoit la guerre 8c
la paix, que l’on convenoit des alliances, &c.- C ’étoit
aufli dans cette affemblée générale que l’on fàifoit
l’éleélion du chef de la ligue appellée par les Latins
Preetor y 8c Strategos par les Grecs. Il étoit le président
né du confeil, & le chef de l’armée. Ce
magiftrat fuprême étoit rarement deux années de
fuite en place ; il avoit au-deffous de lui les Démiurges.
« Le pouvoir de Strategos étoit très-confidéra-
v ble, for-tout en temps de guerre ; mais il étoit
y> comptable de l’ufage qu’il en avoit fait, devant
» l’affemblée générale , 8c dès-lors étoit fournis à
» toute la rigueur des loix.
» Les Démiurges étoient immédiatement au-
» deffous du Strategos. Ils étoient au nombre de
» dix, & choifis parmi les plus eftimés dans toute la
» ligue par leur profonde fageffe & leurs vertus. Ils
» formoient le confeil du.préfident qui ne pouvoit
» rien propofer à l’affemblée fans en avoir au-
» paravant le confentement du plus grand nombre
» des Démiurges. Ils étoient même, en fon abfence,
» chargés de l’adminiflration des affaires civiles ».
Voici celles de leurs loix qui font parvenues
jufqu’à nous.
« i°. Qu’une affemblée extraordinaire devoit
» n’être convoquée à la requifition de tout ambaf-
» fadeur étranger , que préalablement il n’eût com-
» muniqué par écrit au Strategos & aux Démiurges
» le fujet de fon ambaffade.
» 2°. Qu’aucune ville affociée à la ligue ne pou-
» voit envoyer une ambaffade à quelque prince
» ou à quelque État étranger, fans le confente-
» ment de la ligue.
» 3°. Q u’aucun membre de l’affemblêe géné-
m raie n’accepteroit des préfens de quelque étran-
» g e r , fous quelque prétexte que ce fut.
» 4°, Qu’aucune puiffance , prince, État ou ville
» ne pourroit être affociée à la ligue fans le cop-
» fèntement de tous ceux qui la compofoient.
» 30. Que l’affemblée générale ne pourroit ja-
» mais durer plus de trois jours ».
Evénemens hijloriques. La jaloufie des Etoliens fut
la première eaufe des guerres qui troublèrent bientôt
, .& pour toujours, la paix r am e n é e & en
quelque forte cimentée par l’importance de la
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ligue Achéenne. C e peuple inquiet & toujours,
avide de combat, parce qu’il l’étoît de butin
fouleva les Lacédémoniens contre les Argiens.
Telle fut l’origine des nouveaux malheurs de la
Grèce qui s’étoit affranchie pendant quelque temps
de la tyrannie des rois de Macédoine. Les forces
des Achéens n’ayant pu réfiffer a celles de Cléo-
mène, roi. de Sparte, Aratus prit un parti que
le bien général condamnoit, mais qui étoit la
feule reffource des Achéens ; il appella à leur fe-
cours Antigone. Il y vint en effet. Cependant
Cléomène lui oppofa des forces & une a&ivitè
qui arrêtèrent fes progrès. Mais enfin, ayant perdu
la bataille de Sélafie, il retourna promptement à
Sparte , d’où il paffa à Gythium & s’y embarqua
pour l’Egypte. Antigone qui s’étoit rendu à Sparte
content de fes fuccès, déclara tous les Grecs libres
8c reprit la route de fes états. Il mourut peu
après.
Mais les Etoliens, ce peuple qui , au rapport
de Polybe , ne refpe&oit ni amitié, ni alliance,
qui regardoient comme ennemis tous ceux qui
avoient des biens à perdre , 8c qui s’arrogeoient
une efpèce de droit fur tout ce qui pouvoit être
pris & enlevé ; les Etoliens, dis-je , donnèrent
bientôt lieu à une nouvelle guerre. Malheureufe-
ment Aratus, mal fecouru par des alliés peu actifs
, & s’étant hafardé inconfidérément, fut battu
près de Caphyes..
Ce revers fit de nouveau appeller le roi de
Macédoine : c’étoit Philippe, père de Perlée., Il
battit les Etoliens dans leur propre pays » & ce
ne fut qu’après la prife de leur capitale , qu’on
leur accorda une treve de trente jours. Quelque
' temps après on fit la paix.
Cependant Philippe, que lès fuccès aveugloient,
changea de conduite avec les Achéeps ; il médita
lourdement leur ruine. Aratus s’en apperçut,
ne le diffmiula pas , & mourut empoifonné. par
ordre de Philippe. Voilà, difoit ce grand homme
en mourant,, ce que Von retire de Vamitié des. rois*.
Philopémen fuccéda peu après au préteur Aratus.
Chargé du commandement des troupes, il changea,
leur armée, 8c s’occupa beaucoup de remettre en v igueur
la difcmline militaire. Bientôt avec ces troupes
il battit les Spartiates, 8c coupa la tête à leur tyran
Machanidas. Ce fut pour perpétuer la mémoire
dé cet événement 8c le fouvenir de leur recon-
noiffance, que les Achéens firent placer à Delphes
, dans le temple d’A pollon, une ffàtue qui
repréfentoit Philopémen abattant le tyran fous les
coups. Alors on nt la paix.
Malheureufement elle ne fut pas de longue durée.
Les Achéens. étoient reliés dans le parti de
Philippe : ce prince vouloit faire la guerre contre
les Romains. La république envoya des troupes,
contré eux. La politique des Achéens les porta à
faire alliance avec les Romains ; mais a lor sp lu-
fieurs villes fe retirèrent de la confédération. Elles,
furent dès ce moment traitées comme ennemies.
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Les Achéens fournirent même des troupes aux Romains
, pour leur aider à faire le fiège de Corinthe.
Dès-lors il y eut deux partis dans le Péloponele,
celui des Achéens 8c des Romains, & celui de
Philippe. Les événemens de cette guerre appar-
tiennent à l’hiftoire générale de la Grèce. Je dirai
feulement qu’après avoir vaincu Philippe, les Romains
, l’an avant Jéfos-Chrift 196, firent déclarer
dans une affemblée des jeux iffhmiques ( v. Ifinme
de Corinthe ) , les peuples fuivans libres comme ils :
l’avoient toujours été ; c’étoient les Corinthiens ,
les Phocéens, les Locriens, les Eubéens, les Ma-
gnéjiens , les Theffalienr, les Perrhèbes, les
Achéens & les Phthiotes. Le proconful Quintius
Flaminius, qui préfidoit à cette affemblée, fit proclamer
par un héraut, qu’ils pouvoient fe gouverner
«félon leurs propres loix. C’étoit rendre a
k ligue achéenne toute fa vigueur.
Les Spartiates étoient depuis long-temps ennemis
des Achéens : il fut réfolu dans 1 affemblee
générale qu’on leur déclareroit la guerre. Philopémen.
qui étoit alors Strategos, ou prêteur des
Achéens, chargé par fa place du commandement,
échoua dès le premier combat, parce qu’il fe donna
former, & que cet élément lui étoit tout-à-fait inconnu.
Mais ayant bientôt après mis fes troupes
â terre, il battit deux fois de fuite les troupes de
Nabis, & obligea enfin les Lacédémoniens d’accéder
à la ligue..
Des troubles inteftins amenèrent de nouveaux
malheurs. Il y eut d’abord divifion entre les membres
de l’affemblée générale for le lieu où elle fe
tiendrait dorénavant. Quelques peuples, entre
autres les Lacédémoniens , fe retirèrent de la ligue.
Philopémen les réduiiit par la force des armes
, 8c les força d’abattre les murailles de leur
v ille , & abolit les loix de Lycurgue.
La grande réputation de la ligue Achéenne fut
eaufe- de fa ruine. Ses fuccès dans le Péloponèfe,
les ambaffades qu’elle recévoit de plufieurs princes
d’A fie & du roi d’Egypte, éveillèrent la jaloufie’
naturelle des Romains. Le fort que venoit d’éprouver
Sparte leur fervit de prétexte pour fe mêler
des affaires de la Grèce : ils envoyèrent for les
lieux, reçurent des ambaffadeurs, 8c enfin prirent
parti contre la ligue. Les Achéens eurent du/dé-
favantage. Philopémen, ce grand homme que l’on
a nommé le dernier des Grecs,. fut bleffè, fait pri-
fonnier 8c empoifonné par ordre des magiftrats
de Meffène. Les détails de la conduite de ce grand
homme, & la manière noble 8t généreufe dont
il mourut, ne font\pas de mon objet, mais méritent
d’être fus.
Les Romains continuèrent à s’occuper plus que
jamais dés moyens., d’affervir la Grèce. Enfin ils
y envoyèrent Mummius ; il prit Corinthe, 8c prononça
for le fort des Achéens.
Les Corinthiens furent faits efclaves ; les Achéens
obligés,de payer deux cens talens aux Lacédémoniens.
Bientôt après, on abolit par-tout le goua
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vernement populaire, 8c l’on établit feulement des
magiffrats qui dévoient gouverner fous l’approba-
tiqn d’un préteur romain.
Ainfi fut détruite cette fameufe ligue dont 1 hif-
toire mériterait d’être traitée féparément par \ui
hiftorien qui fut tout-à-la-fois verfé dans la poli-
tiqùe & dans l’art militaire.
Il auroit un grand modèle en Polybe, dont j al
emprunté prefque tout ce qui fe trouve i c i , mais
qui ne peut qu’en donner une bien foible idee.
A chæi , Achéens. Ge petit peujffe, félon Pto-
lemée'-, habitoit dans la Sarmatie ron dit qu ils
portèrent dans la fuite le nom de Zichi. Les géographes
les placent entre les branches du Cau-
cafe ; 8c fur la carte de M. d’Anville, on les trouve
furies bords du Pont-Euxin, entre le 56e 8c 58e
deg. de long, du méridien de l’île de Fer.
Strabon ait que c’étoient des Grecs Phthiotes
qui avoient fait partie de l’armée de Jafon ; c eff
leur donner une origine fort ancienne. Au refte,
il èff probable que l’hiftoire_de Jafon n’avoit^ dé
réel que quelque expédition des Grecs de ce cote.
Ils devinrent dans la fuite de Vrais barbares. Ces
Achéens paffoîent pour les plus féroces.^ de tous
les Scythes. Ils ne vivoient que de rapines, 8c
comme ils fe familiarifoient avec le meurtre dès Len-
fance , ils parvinrent au plus haut degré d’inhumanité,
félon Ammien Marcellin. Ils perdirent l’ufage
de leur langue, 8c ne fuivirent ni les loix ni le
culte de la Grèce. Ils égorgeoient tous les étrangers
; dans la fuite, ils chqifirent les mieux faits
pour les immoler aux dieux du pays ; 8c plus récemment
ils ont borné ce facrifice à une feule victime
tirée au fort. Appian.
ACHÆMENES, les Achemènes, peuple d’Afrique
, dans la région Syrtique.
ACHÆORUM A C T A . Cette partie de côte
de l’île de Chypre fe trouvoit, félon M. d’Anv
ille , entre Aphrodijium 8c Carpafia, fur la cote
feptentrionaie de la prefque île que forme l’île
vers l’eff.
A chæ o rum po r tu s , pu le port des Achéens.
Selon Pline, ce lieu devoit fe trouver à l’eff du
promontoire de Sigée. C ’eff-ià que fe rendoient
les eaux du Xanthus 8c du Simoïs _> réunies après
avoir formé le petit étang que l’on appelloit 1 ancien
Scamandrq , Palaijcamand&r.
ACHÆUM , lieu de la Troade * au rapport
deScylax, fur la côte occidentale. M. d’Anville 9
qui l’a placé fur fa carte ,• l’a mis au nord de La-
riffe, en face de Tenëdos. :
N. B. Il y a dans le texte grec ky%ietheiov,
mais les commentateurs s’accordent à°croire.qu’il
faut lire -k%ciïav., ou kyjiïèv ; c’eff-à-dire, Ac/ueum ,
au lieu d'Anchialeum.
A CH A IA ou A c h a ï k (F ) , Quoique par le
nom d’Achàïe on ait quelquefois défignè toute la
côte feptentrionaie du Péloponèfe , que même, depuis
la conquête de ce pays par les Romains, il