
Ariens. De-là la haine qu’ ils montrèrent fi vivement
contre les catholiques.
Mon objet n’eft pas de prèfenter ici l’hiftoire des
Goths. Mais il eft important de ne pas laiffer ignorer
que ce fut cette nation qui, divifée par leurs portions
en Europe, à l’orient & à roccident, en
reçurent la dénomination de Goths orientaux ou
d'OJirogoths, & de Goths occidentaux ou Wifî-
goths ( i) . Ce fut fous l’empire de Valens, vers
l’an 3 76, que cette divifion fut connue des Romains.
Cette divifion donna lieu à deux nations très-
diftin&es, qui eurent chacune leurs rois. Selon
Jornandès, la famille royale des Oftrogoths fe nom-
moit les Amales, d’après Amale , ancien roi de la
nation : la famille royale des Wifigoths portoit le
nom de Balihes, dérivé de Balth , hardiefie.
Des OJirogoths.
Les Oftrogorhs étoient répandus dans les parties
orientales de l’Europe ,• lorfqu’au milieu du quatrième
fiècle, les Huns, venus au travers de l’Afie,
des frontières de la Chine, tombèrent fur eux &
les repouffèrent vers l’occident. Ils demandèrent à
à Valens la permiffion de s’établir fur les terres de
l’empire : ce prince la leur accorda en leur cédant
une partie de la Thrace, l’an 377 de notre ère. La
mauvaife conduite des officiers de l’empire à leur
égard, les indigna.. Ils prirent les armes.pour s’én
venger. Cette démarche fut traitée d’ingratitude &
de trahifon. Valens marcha contre eux ; il y périr,
Les Goths effayèrent inutilement de profiter de cet
avantage ; car ayant affiégé fucceffivement plu-
fieurs places de la Thrace, & entre autres Conf-
tantinople, ils échouèrent dans toutes ces entre-
prifes.
Ils s’en dédommagèrent par des courfes, à la
faveur defquelles ils fe répandirent en pillant juf-
qtr’aux Alpes Juliennes.
Théodofe, envoyé contre eux par l ’empereur
Grarien, eut des fuccès fi étonnans, qu’il mérita-
d’être affocié à l’empire. Il eut encore occafion
d’exefcer contre eux fa valeur. Enfin, il les força
de mettre bas les armes, & de fe foumettre à vivre
en paix. Ufant de fés victoires en grand homme, il
leur fit donner des vivres & leur affigna des terres
dans quelques provinces de l’empire.
Ce peuple, long-temps féroce, mais toujours fier
& prêt à prendre les armes r eut honte, après la
mort de leur refpe&able vainqueur, d’obéir à fes fils
Arcadius& Honorais, qui fe livroient à lamolleffe.
Ils élurent pour roi Alaric ; un autre parti, que l’on
foupçonne être les Wandales, eut pour roi Rada-
gaife ; ils s’avancèrent en armes fur les terres de
(1) On retrouve ici les noms Eft & Oueft, écrit dans
quelques langues Weft, dont nous nous fervons pour
défigner les points de l’orient & de l’occident.
l’empire. Radagaife, entré le premier en Italie , y
fut battu, pris & mis à mort par Srilicon, général
des troupes d’Honorius. Alaric accourut pour
venger Radagaife. Il fournit l’Italie, prit, pilla,
faccagea Rome, & emmena avec lui Placidie, foeur
d’Honorius. Il mourut peu après à CoJ'en^a.
Ataulphe gouverna les Goths, époufa Placidie,
fit alliance avec les Romains, & paffa en Italie.
Les Goths qu’il conduifoit portèrent effentielle-
ment le nom de Wijigoths. Ce fut alors que le Languedoc,
la Provence, le Rouffillon & la Catalogne
commencèrent à porter le nom de Gothie, & les
habitans, ou plutôt leurs conquérans, celui de 1VU
Jtgotks.
Cependant, les Ofirogoths qui étoient reftés en
Thrace prirent les armes contre l’empereur Zénon.
Celui-ci les amena, par des infinuations adroites, à
paffer en Italie. Théodoric les gouvernoit alors ;
& Odoacre, roi des Hérules, maître de l’Italie,
foutint contre lui dans Ravenne, un fiège de trois
ans. A la fin, il fe rendit au roi Goth, qui le fit
mourir peu après. C ’eft à cette époque que com-~
mence le royaume des Goths en Italie.
On en fixe le commencement à l’an 493 : & la
fin à l’an 553.
Théodoric régna avec autant d’éclat que plufieurs
des empereurs romains. Son empire s’étendoit juf-
ques fur la Rhétie & fur la partie méridionale de
la France. Ce prince laifia pour fucceffeur un jeune
enfant, fils de fa foeur Amalafunthe. Cette princeffe,
après avoir gouverné fagement du vivant de fon
fils, qui mourut au bout de huit ans, partagea le
trône avec Théodat. C’étoit un monftre d’ingratitude
: il la fit mourir. Jufiinien , jaloux de recouvrer
l ’Italie, prétexta la mort de cette princeffe,
dont il parut vouloir tirer vengeance. Il envoya
Bélifaire contre les Goths. Malgré les fuccès de ce
général, il fut rappelé. Narfès lui fuccéda. Celui-ci
vainquit Téias, & mit fin au royaume des Goths ,
l’an 553.
Des Wifigoths.
Les Wifigoths, ainfi que je l’ai d it, s’étoient
formé un état puiffant dans la Gaule & dans l’Hif-
panie. Ce n’eft guère que d’Euric que l’on commence
à compter les règnes des rois Wifigoths en
ce pays. Ce prince, après de grandes conquêtes
fur les Romains, en 473 ,.mourut en 484.
Alaric , qui lui fuccéda, fut tué en France, à
la bataille cïe Vouglé , en 507. Géfalic, qui fut
proclamé par un'parti goth , fut chaffé en Afrique
en 509. Théodoric , roi des Ofirogoths , régna fur
les Wifigoths, à commencer de 511, & mourut en
52.6. On place après lui le règne d’Amalaric.
Theudis eft le premier qui ait établi le fiège de
fon empire en Efpagne : ce fut probablement à
Barcelone : il fut affaffiné l’an 548. On fait que pour
fe venger de l’outrage fait à fa fille par le roi Ro-
I drigue, le comte Julien appela les Maures d’Afrique
I en Efpagne. Ces Arabes y vinrent en effet avec une
flotte confidèrable. Rodrigue fut défait en bataille
rangée le 2.7 juillet de l’année 712.
Telles furent à-peu-près les grandes révolutions
qu’éprouvèrent les Goths, tant fous leur premier
nom de Gothi, que fous celui Ü QJlrogothi & de
Wfgothi.
GO THI A. On trouve quelquefois ce mot dans
les auteurs du moyen âge, pour défigner le pays
habité par les Goths. Mais comme ces peuples ont
paffé dans plufieurs contrées fucceffivement, ce
nom de Gothia eft toujours relatif à leur demeure,
lors de l’époque dont il eft queftion.
G o t h ia , ville & fiège épifcopal, dans la Cher-
fonnèfe de Thrace, félon la notice de Léon-le-
Sage. L’Anonyme de Ravenne la nomme Gothis,
Z. V., C. 12»
GOTHINI. Ces peuples font nommés Getones
par Tacite & par Juftin, & Guttones par Pline.
On lit dans les obfervations hiftoriques par M. de
Peyffbnnel, que ces peuples habitoient originairement
une partie de ces terres qui font entre l’O céan
feptentrional & la mer Baltique ; qu’ils quittèrent
cette première demeure & defcendirent juf-
ques fur les bords de la Viftule, plus de trois cens
ans avant J. C. & qu’alors ils fe trouvèrent mêlés
avec les Vandales. Il ajoute que ces peuples ayant
enfuite étendu leur domination par les conquêtes
qu’ils firent fur les Hérules, les Caffubiens, &c.
& quelques autres Vandales, ils ne firent plus, avec
toutes ces différentes nations, qu’un feul peuple fous
le nom de Goths, nom qui comprenoitgénéralemefit
tousles Vandales orientaux. M. dePeyffonnelajoute
que les Vandales, qui, fous Marc-Aurèle, joints
avec les Quades & les Marcomans, faifoient la
guerre aux Romains , & les Goths, qui * l’an 2,15,
commencèrent fous Caracalla d’inonder les terres
' de l’empire, étoient le même peuple connu fous
les noms différens de Vandales & de Goths, &
divifé en un nombre! infini de tribus.
Les Gothini firent des courfes jufques aux Palus-
Méotides & au Tanàïs, ou ils furent arrêtés'par
des peuples fcythes, qu’ils ne purent foumettre.
M. de Peyffbnnel dit qu’il y a lieu de croire qu’ils
fe les affocièrent par la fuite ; & qu’ayant pris le
parti de rétrograder vers l’occident & de retourner
du côté du Danube, ils menèrent avec eux plufieurs
de ces nations fcythes.
Lorfque Odoacre, roi de nation, & chef des
Hérules, mêlés avec les débris des Huns, eut pris
le chemin de Tïtalie, & par le feul bruit de fa
marche eut porté Auguftule, le dernier des empereurs
d’Occident, à abandonner l’empire ; Zénon ,
empereur d’Orient, employa utilement les Goths
contre cette nouvelle troupe de Barbares.
GOTH UNI. On trouve ce nom dans des vers
de Claudien j comme celui d’un peuple qui portoit
avec lui le ravage. On penfe qu’il n’eft pas ici
queftion des Gothones de Tacite, mais des Barbares,
q u i, formés par la réunion des Gothi & des Huni,
ravageoient l’empire romain aux temps dont parle
ce poëte, & dont le nom étoit formé de ceux des.
peuples qui le compofoient. ( Voye\[ d’ailleurs les.
articles G o t h i & G o th in i , car ce font les mêmes
peuples confidérés à différentes époques ). •
G O T T A , ville ou -bourg de la Mauritanie , fur
l’Océan, allez près -du-.flei.rve Lixus, félon Pline.
Elle ne fnhfift.oit déjà plus de fon temps, non
plus que Lixa; mais la place en gardoit toujours
le nom.
G O W , G Q U * ou Gau ( i ). C ’eft le nom que
les Celtes donnoient à un canton diftingué de tous
autres par fes bornes : on voit que cela répond au
mot latin pagus. Chaque peuple comprenoit une
certaine quantité de Gow. On fait que le peuple
entier , & non la v ille , portoit le nom de Civitas,
eu cité ; & chaque cité étoit çompofée d’un nombre
plus ou moins grand, de Gaw ou P agi»
Ce mot de Gow eft entré dans la terminaifon
de plufieurs noms géographiques. On le retrouve
encore dans la terminaifon des monts OJlergo,
Wejlergo , Rheingàu, Brifgau, &c.
Chaque Gaw avoit fon chef, & tous les chefs de
ces différens Gaw choififfoient entre eux celui qui
devoit commander à la nation, au corps politique
que les Romains nommoient Civitas.
Ce furent ces Gaw, qui, après les conquêtes des
Francs ou des Allemands, reçurent différens noms
félon la dignité de ceux auxquels le chef principal
les attribuoit. S’il étoit Cornes ou Grajf, le Gaw en
prenoit le titre de cpmté ; s’il étoit commis à la
défenfe des frontières, de-là même il portoit le titre
de Margrajf ou marquis : fon Gaw avoit celui de
marquifaf.
Enfin, de-là eft venu que chaque divifion eut fon
petit fouverain particulier, fi je puis m’exprimer
ainfi , lequel cependant étoit fouvent dans la dépendance
d’ un autre petit fouverain plus puiffant, en
raifon des liens du fang ou des charges qui l’atta-
choient à la couronne. Et ces feigneurs fi pniffans,
furent regardés eux-mêmes comme vaffaux du monarque
que l’on appela le grand fiéfeux de tout le
royaume.
G O Z A N , fleuve d’Afie, duquel il eft parlé dans
un paffage du quatrième livre des rois, c. ry, v. 6 9
& dans un d’Ifaïe, c. ^7, v. 11. Go\an marquoit aufli
le nom d’une province, o ù , fans doute, le fleuve
de ce nom couloit. Ptolemée place la Gauçanite
dans la Méfopotamie. Pline dit que la province
Elogonyne s’étend vers les fonrces du Tigre. Il y
avoit un canton nommé Gaunyin dans la Médie,
entre le fleuve Cyrus & le Cambyfe. Ptolemée met
dans le même pays la ville de Gauçanie.
G O Z A R T A , ou Be z a d d e , ville de la Zabdi-
cena. Elle étoit fituée à l’occident & fur le bord
du T ig re , par les 37 deg. 15 min. de’ latit.
(1) Les Bretons aftuels prononcent Caw &'Gaw. Ceft
d’où s’eft fprmé cave, caverne. Ce n’étoit au commencement
que des lieux de retraite.