
le lac Vtrbanus, & que Plutarque efi fait mention
dans la vie de Marius.
A T L A N T A , ville de Grèce, dans le pays des
Locres, félon Eufèbe, qui dit qu’elle fut défolée
ar un tremblement de terre, avant la n ai fiance de
laton.
A T L A N T E S , les Atlantes. Ce peuple étoit un
dè ceux que les anciens plaçoient dans la Libye.
.Hérodote remarque que ce peuple étoit le feul auquel
on ne connût pas de nom de particulier.
v A t l a n t e s ( le s ) , ou A t l a n d e s , habitans de
l’île Atlantide, font fans doute très-différens des
précédera. Je réferve pour le mot Aûantica les détails
relatifs a fa fituation. Je me borne ici à ce que
Platon nous apprend de ce peuple. Ce peuple avoit
«té fort puiffant, & avoit porté fes armes au loin.
Dix archontes y régnoient chacun dans fon dif-
tr ia , fuivant les ufages qu’ils avoient établis, &
avoient droit de vie & de mort fur les peuples.
Cette république fédérative avoit été établie par
une loi émanée de Neptune lui-même, gravée fur
une colonne & placée dans un temple. C’eft-là
qu’ils <c s’affembloient alternativement tous les cinq
« ans ; car ils avoient la même vénération pour le
» nombre pair & pour le nombre impair : ce con-
* grès fe pafloit à délibérer furies affaires publiques.
» Les archontes s’informoient fi quelque citoyen
» avoit tranfgreflè la lo i, & ils le jugeoient fur fon
yy délit. Avant de prononcer ils fe juroient une foi
» mutuelle avec des cérémonies dont je fupprime le
» détail.
» On peut obferver qu’outreJa loi gravée fur la
» colonne , il y avoit encore un ferment avec des
»> imprécations contre le facrilege qui oferoit l’en-
» freindre.
” Les archontes , après le facrifice, remplifloient
yy un vafe du fàngdelà viéfime, en verfoient une
yy goutte fur chacun d’eux, jettoient le reffe au feu
» & nettôyoient la colonne. Enfuite ils puifoient
» lefang du vâfe avec des fioles d’o r, le fajfoient
» couler en forme de libations dans les: flammes, &
» prononçoientle ferment redoutable.
» Ce ferment cohfiftoïtà promettre qu’ils juge-
yy roient félon la loi empreinte fur la colonne , &
» qu’ils en puniroient les infra&eurs. Il étoit fuivi
yy d’imprécations contre foi-même & contre fa fa-
yy mille. Alors chacun buvoit du fang du vafe : on dé-
yy pofoit le reffe dans un endroit particulier du fanc-
yy tuaire, & les archontes libres fortoientdu temple
yy pour aller vaquer aux affaires du gouvernement.
yy Telle étoit la légiflation de l’Atlantide; légifla-
yy tion que la providence des dieux femble avoir
yy fait revivre parmi nous (r) pendant un grand
yy nombre de générations, les Atlantes obéirent aux
yy lo ix , envisagèrent avec ftoïcilme lesévénemens
( i) Comme il y a ic i, dans le morceau de Platon, beaucoup
de morale que l’auteur de l’hiftoiré des hommes a
juge à propos deiupprimer, je m’y conforme, en empruntant
ce morceau de cet ouvrage.
» de la fortune, & dédaignèrent tout, excepté la
yy vertu. L’or leur paroifloit un fardeau plutôt
yy qu’une jouiflance, & le breuvage enivrant de la
” profpérité ne les rendoit ni infolens ni furieux ;
» mais les hommes ne favent pas être juffes &
y\ long-temps heureux. A la fin, le luxe amena la
»dépravation des moeurs & le defpotifme; alor*
yy Jupiter, le dieu des dieux, le vengeur des loix
» qu’il a données à la terre & par lefquelles il
» règne fur elle ; Jupiter, dis-je, à la vue des dé-
» fordres des Atlantes, réfolut de provoquer leurs
» remords, par un coup éclatant de fon pouvoir.
» Il convoqua les immortels au centre de l’univers,
» là où il contemple toutes les générations, & quand
» ils furent en fa préfence. . . . (Le refie de ce dialogue
efi perdu ).
A T L A N T IC A INSULA , ou île Atlantique *
que l’on nomme aufli feulement Atlantide. On a
beaucoup écrit depuis quelque temps fur cette île,
& fur les peuples qui l’habitoient. Plufieurs écrivains
ont exercé leur fagacité & leur érudition
pour découvrir dans quelle partie du globe elle étoit
fituée ; d’autres, s’appuyant des feules règles d’une
critique fage , ont mis en doute l’exiffence de l’île,
ne voyant qu’une allégorie dans les ouvrages de l’auteur
qui nous les fait connoître d’une manière plus,
particulièré. Comme je ne doute pas que dans le
grand nombre de leéleurs il ne s’en trouve qui ne
connoiffent pas l’origine de cette hiftoire vraie ©u
fuppofée, je vais l’expofer ici rapidement.
L’hiftoire de l’ile Atlantide eft racontée dans
deux dialogues; l’un eft intitulé Timée, &. l’autre
Critias. Platon , qui en eff l’auteur, commence par
nous donner la tradition des faits. C é philofophe y
étant encore enfant, étoit chez fon aïeul Critias, âge
de quatre-vingt-dix ans. Celui-ci, dans fa jeunefie
avoit,été inftruit également par Solon, ami de fon
père Dropidas. Solon, l’un des fept fages de la.
Grèce, avoit appris en Egypte, d’un prêtre du pays*
que les Athéniens avoient autrefois réfifté à une
grande puiffance fortie de la mer Atlantique. Selon,
ce prêtre les faits hifforiques dont il étoit inftruit
remontoient à 9000 ans. Cette puiffance, fortie de
la mer Atlantique, avoit injuftement envahi toute
l’Europe & l’Afie. Cette mer étoit alors guéablei
fur les bords « étoit une île, vis-à-vis de l’embou-
» chure que dans votre langue, difoit le prêtre,.
» vous nommez colonnes ÉHercule ; & cette île
yy avoit plus d’étendue que la Libye & l’Afie
» enfemble ».
E)ans cette île Atlantide il y avoit des rois dont l'a
puiüàneeétdît très-grande : elle s’étendoit fur to ute
cette île, far plufieurs autres & fur des parties du
continent, ils régnoient en outre d’une part fur tous
les p ay s , depuis la Libye jufqu’en Egypte ; & de
l’autre , favoir du côté de l’Europe, jufqu’à la Thir-
rhema. L’orgueil de leurs forces réunies, conti-
nuoit le prêtre Egyptien, les a portés à foumettre
votre pays, le nôtre, & toutes les provinces fituées
en-deçà des colonnes d’Hercule, où a commencé;
leur irruption. C ’eft alors que votre république
s’eff montrée fupérieure à tous les mortels par la
force & par: la vertu. Elle commandoit à ceux de
vos peuples qui ne l’avoient pas abandonnée ; fon
génie & fes connoiffances dans l’art militaire la fe-
coururent dans ce preffant danger ; elle triompha
de fes ennemis, & elle érigea des trophées de fa
viétoîre, après avoir garanti de la fervitude ceux
qui en étoient menacés,& nous avoir à tous rendu
le falut & la liberté. Mais lôrfque dans ces derniers
temps il arriva des tremblemens du globe & des
inondations, tous vos guerriers ont été engloutis
par les eaux dans l’efpace d’un jour & d’une nuit ;
î’île Atlantide a difparu dans la mer. C ’eft pourquoi
la mer qui fe trouve là , n’eft ni navigable,
ni connue de perfonne, puifqu’il s’y eft tormé,
peu-à-peuun limon provenant de cette île fubmer-
gée. (Plat. dial, de Timée').
Platon reprend le même fujet dans le Critias. Il re-
monte au temps où les dieux fe partagèrent la terre.
L’ile Atlantide fut, félon lu i, le lot de Neptune. Il
y trouva fur une petite montagne, un feul homme,
nommé Evenor, avec fa femme Leucippe. Ils avoient
été formés d e là terre. Clito étoit la fille unique
de ce couple folitaire. Neptune en devint amoureux
& l ’époufa. Sa poftéritéfut nombreufe; il eut
cinq couples d’enfàns mâles & jumeaux. Alors il
divifa fon domaine en dix parties pour apanager
fes fils. L’aîné s’appelloit Atlas, & donna depuis
fon nom à l’île entière ; il eut en partage le centre
de l’île & la petite montagne où avoient habité fes
aïeux.
La poftérité d’Atlas régna long-temps avec gloire.
Le royaume étoit toujours tranfmis à l’aîné de la
famille, & les enfans de cette race ont confervé
le feeptre pendant un grand nombre de générations.
L’Atlantide fourniffoit en abondance toutes les
chofes néceffaires à la vie. Elle étoit riche en métaux,
abondante en bois de conftru&ion, en pâturage,
en grains, nourriflant beaucoup d’animaux
domeftiques & fauvages. Les palais y brilloient
d’une magnificence dont le récit tient beaucoup de
ceux de nos fériés.
Cette île étoit un quarré long de 30000 ftades,
& large de 2000. La partie feptentrionale renfer-
moit des montagnes couvertes de villages & de
riches habitations. J’ai dit deux mots du gouvernement
à l’article Atlantes.
La pofition de cette île a donné lieu à plufieurs
opinions. Rudbeck avoit déjà entrepris de prouver
que cette île, les champs élyféens, &c. aevoient
fe trouver dans le nord. M. Bailly qui a écrit fur
l ’hiftoire de l’ancienne Aftronomie, avec tant de
profondeur & de clarté, a repris cette thèfe; &
s’il n’a pas convaincu fes leéleurs, il leur a pref-
que enlevé tous les moyens de lui répondre avec
avantage. Ces lettres fur l’Atlantide font un morceau
curieux & très-intéreffant par la manière dont
il a fu fe fervir des avantages qu’il tient de la nature
& d’un long travail, une excellente logiquê & une
vafte érud’tîon. Mais pour tranfporter l’Atlantide
vers le nord, il faut y tranfporter beaucoup d’autres
lieux, entre autres, le détroit que, félon le
prêtre Egyptien, les Grecs, au temps de Solon,
norrtmoient colonnes d'Hercule. O r , il me paroît
qu’au temps dont il eft queftion, ce détroit étoit.
celui que nous nommons aéluellement Gibraltar.
Et cette opinion me paroît décifive, quelque pofiî-
bilité que l’on admît, qu’autrefois ce nom avoit été’
donné à d’autres lieux.
Je pourrois oppofer la même objeélion à l’opinion
de M.Baër, correfpondant de l’académie des fciencès
& aéluellement en Suède, ainfi qu’à celle de l’auteur
de l’hiftoire des hommes. Le premier place
l’Atlantide dans la Paleftine, & le fécond dansMc
baflin de la Méditerranée qui s’étend entre l’Ef-
* pagne & l’Iialie, & où font encore aéluellement
les îles de Sardaigne & de Corfe, ‘ainfi que les îles
Baléares.
Quoique le fond de cette queftion, affez indifférente
en elle-même aéluellement, ait exercé &
exerce encore plufieurs favans, je m’en tiendrai
à ce que j’en ai dit. J’ajouterai feulement deux
mots qui ne préfentent pas une opinion à moi particulière,
mais au mains celle qui-me paroît la plus
vraifemblable.
1Q. Par le récit’du prêtre Egyptien , l’Atlantide
étoit au-delà des colonnes d’Hercule; elle a été
renverfée par un tremblement. Il eft probable qu’un
tremblement de terre a caufé ce ravage.
I Or, je ne vois rien qui physiquement s’oppofe à la
| fuppofition qu’il a exifté autrefois entre l’Afrique,
une partie de l’Europe & l’Amérique, une très-
grande étendue dq terre, dont Madère, les Canaries
, les Açores, peut-être même les îles du Cap-
Verd fon£ des reftes encore fubfiftans. On retrouve
dans les Canaries les traces du feu -, & le Pic de
Ténérif, fi prodigieufement élevé au-defibs des îles
qui l’environnent (1 ), eft peut-être dans remplacement
de la petite île fur laquelle étoit :Evenus.
Cette montagne, petite à fa bafe, fe fera élevée à
: la hauteur où nous la voyons par l’aétion d’un ancien
volcan, tandis que les terres qui formoient-
toute l’étendue de l’île, fe feront abymées ou auront
été fubmergées. Seulement quelques parties
plus élevées font demeurées au-defiùs des eaux &
forment aéluellement les îles dont j’ai parlé. Il fuf-
fifoit du fouvenir très-vague de cet événement pour
; fournir aux Grecs des hélions fur l’ancienne A tlantide.
2°. Je penfe de plus avec des écrivains très-efti-
mables, que .tout ce que dit Platon, relativement
au gouvernement, aux magiftrats, à la puiffance
des Atlandes, n’eft qu’une allufion très-fine aux
mêmes objets chez les Athéniens. Soit que l’auteur
, parle des chofes qu’il loue, foit ce qu’il veuille
(1) Çe pic, mefuré avec toute l’exaélitude que M. le
chevalier de Borda porte dans tout ce qu’il fait, a 190.3
toifes de hauteur au-deflus du niveau de la nier.
K k 2