
avoit une puiffance fuprême ; mais il ne lui étoit
pas permis de fortir de l’enceinte du pays. Il étoit
'donc éle&if, & à égalité de voix entre les chefs
8c lés druides, celui qui avoit les voix de ces derniers
, obtenoit la préférence. Mais ce gouvernement
, cette puiffance, n’ont guère, duré que juf-
qu’à l’établiffement des Romains dans la Gaule.
Sous Honorius, eux 8c leurs, fujcts occupoient
prefque toute la province appellée première Lyon-
noife. Et voici l’idée affez jufte que l’on peut prendre
de l’étendue1 de cette puiffance.
Les Eduens feuls occupoient le pays compris
dan& les diocèfes d’Autun, de Châlons, de Mâcon,
avec partie de celui de Dijon.
Leurs alliés & leurs fujets comprenoient le relie
de la Bourgogne, la Breffe, le Lyonnois, le Beau-
jôlois, le Forez, le Bourbonnois & le Nivernois.
Æ D U S I I , les Edufes, peuple limitrophe de la
Celtique , félon Etienne de Byfance. Il paroît que
l’on a confondu ces peuples avec les Eduens ,
oü plutôt qu’il eft ici mention des Eduens, dont
le nom eft défiguré.
ÆEÆA , nom d e l’île habitée par C ircé, félon
Homère. Cluvier croit que le poète a voulu dé-,
ligner le promontoire appellé Circaum, & qui étant
prefque tout entouré d’eau , reffemble fort aune
île. Ce nom eft donné aulfi comme une\ épithète
à Circé elle-même , parce quelle étoit cenfée
être de la ville à'Æa en Colchide. On a aulîi
donné ce nom à M éd é e .Voye^Æx.
Æ G A , rivière de la Phocide. Euftathe , fur le
■ vers 132 de Denys le Périégète, dit qu’elle cou-
loit dans le terrein appelle Ægaum. Ce terrein ou
champ (prsS'(ov) é to it, félon Etienne de Byfance,
près de Cirrha. On en peut conclure que cette petite
rivière fe jettoit, dans le golfe de Corinthe. .
Æga. Hygin , cité par Ortelius , place une ville
de ce nom dans l’Æmonie, c’eft-à-dire, ce me
femble, la Theffalie.
Æga. Ortelius, en s’appuyant du témoignage
d’Ifidore, admet une île , ou plutôt un écueil
de ce nom, entre les îles de Tenedos &deCHio.
Il ajoute de plus que ce fut cet écueil qui donna
fon nom à la mer Egée : je ne le crois pas. Voye{
Ægæum Mare.
Æga , promontoire de l’Afie mineure , dans
l’Eolide , lelon Strabon. Il étoit en face de l’île de
Lesbos. Il faut obferver que Strabon remarque
expreffément que ce promontoire étoit appellé de
même que l’animal de ce nom, c’eft-à-dire , la
chèvre : ce qui juftifie la critique que l’on a faite
du mot Ægates dans Etienne de Byfance. Voye3.
Ægates.
ÆGADES INSULÆ, appellées aufli Ægates &
Æ g u sæ , les îles Egades, placées à l’oueft de la
Sicile , en face de la côte qui s’étendoit depuis Dre-
panum jufqu’à Lilybaum. La plus occidentale fe
nommoit Hier a 8c Maritima Sacra ; à l’eft de celle-
ci értoit Phorbaïuia, appellée aufli Buccina ; au fud
étoit Ægufa, que l’on a aufii nommé Aponania 8c
Capfarîa. Je ne fais s’il eft bien prouvé que ce foit
de ces îles que parle Virgile, Æn. I. 1, quand il
dit que ces rochers (Saxa) font nommés A ra ,
ou autels, par les Latins. Ce nom d’autels venoit
d’un traité juré entre les Romains 8c les Carthaginois.
Les îles Egades font d’ailleurs célèbres dans l’histoire
Romaine, parla bataille à laquelle elles ont
donné leur nom, & par la viâoire qui en fut la
fuite. Le conful Lutatius Catulus y battit complet-
tement les Carthaginois , & mit ainfi fin à la première
guerre punique.
ÆGÆ. Pour entendre plufienrs des articles qui
vont fuivre , foit par rapport aux opinions des
grecs, fur l’origine du nom- des villes appellées
Æga ou Egées , foit par rapport à l’étymologie de
ces mêmes noms, félon quelques modernes , il Faut
favoir, i° . que les Grecs dérivoient ce nom du mot
, génitif A’tyoç, une chèvre. De-là venoit, félon
eu x , que prefque toutes ces villes dévoient leur
commencement à un événement dans lequel les
chèvres entroient pour quelque chofe. Et comme
ordinairement ces petits contes fe font toujours
long-temps après l’époque à laquelle on les rapporte
, rien n’empêchoit un peuple fuperftitieux,
& fouvent entraîné par fon imagination, de les
adopter comme une vérité que l’on ne pouvoit pas
mettre en doute. 20. Que quelques modernes, entre
lefqùels je difiingue fur-tout MM. l’abbé Bergier
8t Gebelin, ayant fuivi les traces de ce nom
d'Æga dans fes racines primitives, ont trouvé que
A g , A ig , ont conftamment défigné des eaux ou
des contrées maritimes dans les langues celtiques
& pélafgiques ; ils en ont conclu, avec beaucoup
de vraifemblance , que ce nom avoit fur-tout été
donné à des villes placées fur le bord dès eaux,
& peut-être dans des lieux plus aquatiques, ou
mieux fitués pour le commerce que quelques autres
villes qui en étoient voifines. On ajoute à la probabilité
de cette opinion, en démontrant, par le témoignage
des auteurs, que Neptune étoit particuliérement
révéré dans les villes d’Eges. On peut
voir ce qu’Homère dit de ce dieu , relativement
à la ville d’Eges en Achaïe, & à celles de l’île
d’Eubée.
Je penfe donc que les anciens n’ont imaginé
les petites hiftoires où il entre des chèvres, que
faute de connoître la véritable étymologie des noms
qu’ils vouloient expliquer.
Ægæ , ou Eges. Etienne de Byfance com-
•meiîce cet article par dire qu’il y a eu beaucoup de
'villes de ce nom. Je les indiquerai dans le même
ordre que cet auteur.
Ægæ , ville de Cilicie. On la trouve fur la
carte de M. d’An ville , fur un promontoire qui,
en s’avançant, forme de ce côté Fentrée du golfe
IJJlcus. Elle avoit au nord-eft la ville ÜIJJus, Qc
celle de Mallos au nord-oueft.
Ægæ , ville de Macédoine. Cette ville étoit la
même quÆdejfa» On prétendoit que Caranus,
ayant fuivi un troupeau de - ch è v re sp o u r fe déterminer
, par l’augure qu’il en vouloit tirer, dans
quel lieu. il fixeroit le fiège de fa puiffance , les
chèvres s’arrêtèrent à Edeffe, dont il changea le
nom en celui d'Eges. Pour entendre la raifon de
çe changement, voye^ÆGÆ* Pour ce qui concerne
Æga de Macédoine , voye^ E d e s s a .
Ægæ , dans la Cherfonèfe de Thrace. Je crois
qu’Etienne de Byfance veut indiquer ici le lieu
appellé Ægos Potarnos : du moins je n’en connois
pas d’autre de ce nom dans la prefqu’île dont il
parle. _
Ægæ , dans la Myrrhina, contrée de l’Eolide
( car c’eft ainfi qu’il faut entendre ce paffage de
l’auteur grec). Cette ville fe trouvé fur la carte
de M. d’Anville , prefque au fud de Cume , & à
l’eft de Phocée, fur le bord du golfe. Tacite nous
apprend qu’elle fut renverfée par un tremblement
de terre.
Ægæ , ville de la Lydie. Comme la Lydie s’eft
étendue jufqu’aû bord de la mer, où fe trouvoient
l ’Eolide & l’Ionie , il fe peut qu’Etienne de B y fance
, en fuivant différens auteurs, ait indiqué par
cette ville celle qu’il âvoit nommée précédemment
: du moins je le crois.
Ægæ , ville de la Locride. Il n’en eft pas parlé
ailleurs. J’ignore fa pofition. -
Ægæ , ville d’Etolie > inconnue.
Ægæ , ville de l’île d’Eubée. Elle étoit fur la
côte occidentale j à-peu-près en face des limites de
la Locride & de la Biéotie. Il y avoit tout auprès
un temple de Neptune : aufli Homère, Liv. X I I I ,
v. 2 1, dit-il que ce dieu y avoit fes chevaux.
Ægæ , (ou Egées.) ville de l’Achaïe, fur le
golfe de Corinthe , à l’embouchure du fleuve Cra-
this.
Etienne de Byfance ne parle pas de cette dernière
: mais Homère , Iliade Liv. V I I I , v. 208 ,
en parle avec éloge , en rappellant à Neptune ,
par la bouche de Junon , les beaux préfens 8c les
facrifices quelle reçoit d’Elicé & d’Egées,ou d’Eges.
Elle fut dans la fuite abandonnée, & fes habitans
fe tranfportèrent ailleurs. On peut croire qu’une
des caufes de fa ruine fut l’inondation qui défbla
toute cette côte. Paufanias ne dit pas même qu’il
en eut vu les ruines.
ÆGÆA , ville de la Mauritanie céfarienne ,
félon Ptolemée , qui la place au 2.6e degré de longitude,
& au 0,7e deg. 10 min. de latitude.
Ægæa , ville de la Macédoine, félon Pto-
lemèe. C ’eft la même quJÆga.
ÆGÆÆ. Strabon nomme ainfi la ville de Cilicie
3 fitjiée au fud-eft de Mallos, & au fud-oueft
à'Iflus, que d’autres auteurs lifent Æga.
ÆGÆONIS PROMONTORIUM. Apollonius
8c fon Scholiafte, indiquent ce promontoire dans le
Pont-Euxin, à l’embouchure du fleuve Rhyndacus,
c’eft-à-dire donc , fur les confins de la Myfie &
de la Bythinie.
ÆGÆUM M A R E , ou mer Egée. Les anciens
.app'elloient ainfi la portion de la Méditerranée , qui
s’étendoit depuis le promontoire de Sunium 8c l’île
de .Crète , iufqu’à l’Hélefpont. Qn a donné différentes
étymologies de ce nom. Je commencerai
par celle des anciens.
i° . ■ Les- hiftoriens mythologues prétendoient
qu’Egée , roi d’Athènes, attendant impatiemment
le retour du vaiffeau qui avoit porté Tliéfée Ton
fils en Crète, où il alloit combattre le Minotaure ,
& ne voyant que des voiles noires au vaifleau ,
au lieu des voiles blanches que Fon étoit convenu
d’y mettre s’il revenoit vainqueur, entraîné
par fon défefpoir, s’étoit précipité dans la mer ,
qui en avoit pris fon nom.
2°. Strabon, Liv. V I I I , croit que le nom de la mer
Egée vient de la ville de ce nom , qui étoit dans
l’île d’Eubée. Mais cette ville étoit \ l’oueft, c’eft-
à-dire , fur le détroit qui fe trouvoit entre cette
île 8c la terre-ferme de la Grèce. Il auroit fallu
quelle fût bien célèbre, pour donner fon nom à
une mer fur laquelle elle n’étoit pas.
3°. Quelques auteurs ont prétendu que l’agitation
des vagues, à-peu-près femblable au mouvement
d’un troupeau de chèvres qui gravit une
colline, avoit été la première origine de ce nom.
Je paffe fous filence d’autres étymologies, encore
moins vraifemblables, pour arriver aux con-,
je&ures de quelques modernes.
i°. Bochard penfe que les Phéniciens nommoient
cette mer A ^ o u violente (elle eft en effet très-
dangereufe), & que ce mot ayant été confondu par
les Grecs avec le mot Eç ou A i x , une chèvre , ils
le rendirent dans leur langue par le nom de cet
animal. Cette opinion n’eft pas dénuée de vraifemblance
, & on pourroit la juftifier par des exemples
affez concluans.
20. M. Gebelin, dans fes origines grecques, démontre
, ainfi que je Fai dit ci-deffus, que le mot
primitif A i A c , a lignifié eau. Dans cette hypo-
thèfe , on conçoit aifément comment il a pu être’
donné à une mer.
Au refte , cette mer , tant à caufe des îles C y -
clades , 8c des Sporades, que de beaucoup d’autres
qu’elle renferme, eft d’une navigation très-difliçile ,
d’où venoit le proverbe, il navigue fur la mer
Egée ( tqv klyctiAv 'ttKs ï) , pour dire de quelqu’un
qu’il étoit dans une circonftanee périlleufe.
La mer Egéè fe divifoit en fept parties.
i°. La mer de Crète, entre cette île 8c le Pé-,
loponèfe.
20. La mer Myrtoum, devant le Péloponèfe &
l’Attique.
30. La mer de G rè c e , le long de la Grèce.
40. La mer de Macédoine, fur les côtes de ce
royaume 8c. de la Thrace.
• 50. La mer Ægée, proprement dite entre l’Eubée
& Lemnos.
6°. La mer Icarienne, vers File d’Icareî
70. La mer Carpathienne 8c de Rhodes, éntre
cette île 8c c^lle de Crète.
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