
Jupiter changea en taureau, & emportant fur fon
dos la princeffe Europe, avoït pané ce détroit à
la nage. Quoique l’origine foit différente, on voit
que l’étymologie eft la même.
BOSPHORUS CIMMERIUS ( détroit de Cafa).
On avoit auifi appelé ce détroit Bofphore, en le
diftinguant par le nom des peuples Cimmériens que
l’on difoit habiter de ce côté. ( Voycç C i m m e r i i ) .
Il fe forma même un royaume qui en prit le nom.
( VoyerfBofeh, Am. Regnum ). Ce détroit fe trouvoit
entre la Cherfonnèfe taurique, qui appartient à
l’Europe, & les terres de l’A fie ; il établiffoit la
communication entre le Pont-Euxin & le Palus-
Méotide.
BOSPHORUS THRACIUS ( détroit ou canal
de Conflantinople). Les anciens lui donnoient ( Pline,
l. i v , c. 24. ) cent vingt ftades de long, & environ
fept ftades de large. Polybe avoit raifon quand il
difoit ( l. iv . ) que ce détroit fe courbe dans fa longueur
en formant divers angles (1). Ammien Marcellin
( x x u , 8) dit que dans l’endroit le plus
refferré, on peut entendre d’un rivage à l’autre,
le chant des oifeaux, les cris des animaux, & même
que des hommes peuvent fe parler. Pline, Polybe
, &c. difent que ce fut en cet endroit que
Darius fit jetter un pont pour faire pafier fon
armée lorfqu’il portoit les armes contre les Scythes,
l’an 508 avant l’ère vulgaire.
N. B. Denys de Byfance avoit fait en grec une
defcription de ce Bofphore; on n’en a plus que
la tradu&ion latine par P. Gyllius. Elle le trouve
dans le troifième volume des petits géographes.
BOSPHORUS, ou P a n t i c a p æ u m ( lénikalé) ,
ville qui étoit fituée dans la partie orientale de la
Cherfonnèfe taurique ,fur le bord & vers le milieu
du détroit de Caffa ou de lénikalé, & nommé par
les anciens Bofphorus Ctmmerius.
M. de Peyffonnel, dans fes'obfervations hifto-
riques & géographiques, dit que l’on n’a pas encore
décidé fi Bofphorus eft la même ville que
Panticapæum ; qu’Etienne de Byfance en fait deux
articles féparés ; mais que ce qu’il dit de l’une
& de l’autre n’établit pis une différence bien marquée
; qu’Eurrope dit qu’Augufte ajouta à l’empire
toutes les places maritime du Pont, entre autres les
villes remarquables de Bofphorus & de Panticapæum
; que Strabon & Ptoîemée parlent de Panti-
capatum , & ne difent rien de Bofphorus ; que
Procope fait mention de Bofphorus, & garde le
filence fur Panticapæum : d’où l’on doit conjeéhifer
que ces deux noms appartiennent à la même v ille,
appelée diverfement en différens temps. Il ajoute
que Panticapæum, que l’on trouve dans Strabon,
Ptoîemée & Pline,, étoit le nom qu’elle devoir
porter dans l’antiquité; & celui de Bofphorus, que
(1) O n peut s’en convaincre par la vu e d’un plan de ce
canal av ec la v ille de Conflantinople, donné à Nuremberg
en 17643 & par la carte des mêmes o b je ts , donnée depuis
par M. le Comte de Choifeul-GcufSe-r.
lui donne Procope, ne lui a été donné fans doute
que depuis l’etabliffement du royaume de Bofphore*
dont elle.étoit la capitale. Pline, cependant, dit
que quelques-uns 1 appellent Bofphorus. Le même
auteur dit que cette ville étoit, dans l’origine, une
colonie de Miléfiens.
On lit dans Procope, quë C y rène, roi d’Ibérie,
ayant implore la protection des Romains contre
les Perfes, l’empereur envoya Probus à Bofphorus,
ville maritime, pour y faire une levée de Huns.
! M* rïe Peyffonnel dit que les Bofphoriens ,
rivaux des Cherfonnites, habitoient la ville de
Bofphorus, capitale d’un royaume qui comprenoit
autrefois tous les Sarmates des environs du Palus*
Méotide.
On voit dans Conftantin Porphyrogénète que,
fous le régné de Dioclétien,les Bofphoriens s’étant
avancés dans la Colchide jufqu’au fleuve Halys,
fous la conduite d’un nommé Crifcon; Confiance,
depuis empereur, qui avoit été envoyé pour s’op-
pofer à leurs progrès, ayant de la peine à les
contenir, fe fervit fort à propos contre eux, d’une
divifion de Cherfonnites. Ces derniers prirent la
ville de Bofphorus, & ne la rendirent que lorfque;
Crifcon eut fait fa paix avec les Romains. Sous
Pharnace, les limites des Bofphoriens furent ref-
treintes à Cybernicum, & les Cherfonnites ne leur
laifsèrent que quarante milles en-deçà du détroit.
Bo spho rus, ville de l’Inde, félon Etienne de
Byfance.
B os pho ru s, ville que Suidas place vers l’Hel*
lefpont. Il ajoute qu’elle fut ravagée fous l’empire
de Juftinien.
BOSSOGRADA. Cédrène & Curopalate difent
que c’eft le nom d’une petite ville ou bourg de
l’Europe, & Ortélius le met vers la Bulgarie.
BOSTR^A (2 ), nom de l’une des principales
villes de l’Arabie, & qui étoit la capitale d’un
canton appelé XAuranite. Selon la table de Peu-
tinger, elle étoit fituée fur les confins de la Pa-
leftine, à l’orient de Tibériade.
Alexandre prit cette ville après la bataille d’Iflus,
& l’affeâionna beaucoup ; mais, après fa mort,
elle fut foumife aux rois Séleucides de Syrie, juf-
qu’à Antiochus Dionyfus : .alors un prince arabe
en fit la conquête ; mais fous le règne de Trajan ,
elle pafla fous la domination des Romains.
La ville de Boflra fut comprife dans la province
d’Arabie; l’emperèur l’orna de différens édifices
& en fit une ville nouvelle, dont les habitans
obtinrent la permiflion de l’appeler Trajane. L ’empereur
Septime Sévère fit tant de nouvelles augmentations
à cette v ille, qu’il en fut regardé comme
le fondateur. Ce prince, ou fes fucceffeurs immédiats,
lui accordèrent le nom & les honneurs de
métropole. 2
(2) Le nom oriental de cette v ille étoit Botfra d’eù
les Grecs firent Bofira,
Sous le règne d’Alexandre Sévère , comme la
ville de Boftres étoit une place importante, à caufe
de fa fituation fur les frontières de l’empire, le
gouvernement crut devoir y établir une colonie
romaine. La nouvelle prit le nom d1 Alexandrienne,
en l’honneur d'Alexandre Sévère, fon bienfaiteur.
Bacchus & Uranie étoient les deux principales
divinités adorées à Boftres. Diodore de Sicile dit
que Bacchus Dionyfus étoit l’Ofiris des Egyptiens-.
Ce dieu étoit nommé Dufarès par les Arabes Na-
batéens, voifins de Boftres. Les habitans de cette
ville firent graver leur dieu Dufarès fur leurs médailles
, avec un prefloir compofé de fa table &
de fa vis ; ils n’oublièrent pas Silène, qu’ils repré-
fentèrent partant fur l’épaule une outre remplie
de vin. Il y avoit à Boftres, un temple de la déefle
Uranie, qui eft gravé fur une médaille de Septime
Sévère & fur une de l’impératrice Marnée; on y
voit la ftatue de la déefle, tenant de la main droite
une hafte, & de la gauche une corne d’abondance,,
le pied gauche pofé fur la proue d’un vaifleau.
Le culte de Jupiter Am mon 8c de Sérapis fut admis
par les habitans de Boftres, & ils reçurent des
Grecs, le culte de Jupiter Pius ou Araicus.
La déefle Uranie étoit regardée par les habitans
de Boftres, comme la divinité tutélaire de leur
ville.
On voit les jeux dufariens, pour la première
fois , fur les médailles connues fous le règne de
l’empereur Philippe. Ils étoient célébrés par la ville
de Boftres, en l’honneur de Dufarès, le Bacchus
des Arabes.
L’Arabie fut divifée lorfqu’elle fut conquife par
Trajan; Boftres fut créée métropole de la partie
qui conferva le nom d'Arabie.
La ville de Boftres ayant été établie dans l’ordre
c iv il, fon évêque étoit le métropolitain de la province
eccléfiaftique.
La ville de Boftres étoit vers le 23e deg. 40
min. de latitude.
BOSUTENSIS, ou Bosetensis. La conférence
de Carthage fait mention de deux évêchés de ce
nom, en Afrique ; l’un dans la Numidie, & l’autre
dans la province proconfulaire.
BOTACHIDÆ , nom d’un lieu du Péloponnèfe,
dans l’Arcadie, félon Etienne de Byfance. Il paroît
que c’eft moins le nom d’un lieu que celui d’un
peuple : c’éft celui que Paufanias nomme Pota-
chidæ, & qu’il compte entre les anciens peuples
compris enfuite fous le nom de Tégéates.
B O T IEUM , ville de l’Afie mineure, dans la
Phrygie, où il y avoit un étang qui produifoit
du f e l , félon Etienne de Byfance 8c l’épitome
de Strabon.
BOTONTINUS AGER. Le livre des Limites
fait mention d’une campagne de ce nom, dans
l’ancienne Calabre.
BOTRIANENSIS, fiège épifcopal d’Afrique,
félon la conférence de Carthage.
BO TRO DU S , lieu de l’Hifpanie, dans la Celtibérie
; Martial en fait mention dans le premier
livre de fes épigrammes.
BO TRU S , ou Bo trys. Voye^ ce dernier mot.
B O TR Y S , ville de la Phénicie, qui avoir été
bâtie par Ethbaal ou Ethobal, qui régnoit à T y r
dans le temps qu’Achab, fon gendre, occupoit
le trône d’Ifraël, vers l’an 923 avant J. C. félon
Polybe, l. 'f ,p . 411. Cet auteur dit qu’Antiochus-
le-Grand étant entré en Phénicie par le promontoire
appelé la face de Dieu, étoit allé à Bérythe ,
8c qu’en paflant il s’étoit rendu maître de Botrys.
Cette ville étant devenue chrétienne, fut un fiège
épifcopal, 8c fon évêque, Porphyre, aflifta au concile
de Chalcédoine, tenu en 448. Cette ville étoit
fituée vers le 34e deg. 15 min. de latitude.
B O T T IA & BO T T IÆ A , contrée de la Grèce,
dans la Macédoine, au voifinage de la Thrace. Les
auteurs anciens ne font pas d’aeçord fur les limites
de cette contrée. Strabon , Pline, Hérodote, Thucydide,
&c. en font mention. Hérodote y met les
villes d'Ichnæ & de Pellæ.
BOUCARENSIS, omBoncarensis, fiège épifcopal
d’Afrique, félon Ortélius, qui cite la conférence
de Carthage.
BO U CO N IA , nom d’une ville de la Germanie,
dont fait mention l’itinéraire d’Antonin.
BOVIANUM (Boïano) , ville d’Italie, dans le
Samnium, & la principale place des Pcntri. Elle étoit
entre des montagnes. Cette ville fut prife plufieurs
fois par les Romains. En 442, fous le confulat de
Brutus & d’Emilius, elle fut Abandonnée au pillage,
puis revint cependant à fes anciens maîtres. Sylla
la reprit en 664. Bovianum eft fur-tout célèbre par
la bataille que Fulvius livra aux Samnites, fous
fes murs, en 455 , 8c après laquelle la ville tomba
au pouvoir des Romains. Les richeffes y étoient
confidérables. Elle devint colonie romaine, 8c jouit
des avantages accordés par la loi Julia.
BOVIASMUM, ville de la Germanie. C’eft où
réfidoit le roi Marobodius, félon Strabon.
BOVILLÆ (Marino), ville d’Italie, dans le
Latium. Elle fe trouvoit au dixième mille fur la
voie Appienne. On lit dans une infcription rapportée
par Fabretti, que les habitans de cette ville
fe qualifioient d'Albani longani, Bovillenfes muni-
cipes. D ’où l’on voit qu’ils prennent le titre d’Al-
baniens. On en tire cette conféquence, que Bovillæ
fut bâtie après la deftruéfion d’Albe, par des Albains
que ces mêmes Romains laifsèrent dans les campagnes.
Leur nom même pourroit faire croire qu’ils
y furent commis aux foins des beftiaux. Cette ville
apparemment devint affez confidérable, puifque
l’on y trouve quantité de ruines , entre autres celles
du temple dédié à Augufte. Peut-être fut-ce dans
ce temple que l’on dépofa le corps d’Augufte,
lorfqu’il fut apporté de Nola, où il étoit mort,
fur les épaules des décurions. Depuis Bovillæ, ce
furent des-membres de l’ordre équeftre, qui s’en
chargèrent. Dans quel état d’abaiflement étoient
donc tombés les Romains, fi fiers, qui s’étalent.