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On voit par cette double pofleflion d’une v ille,
dont le territoire eft nommé par Strabon eu«Tcuy.ov ,
ou 1*heureux, & d’un port fur le golfe de Corinthe,
que les Crifleens étoient un peuple conftdérable
pour ce temps-là. M. de Valois penfe qu’Anticyre
fàifoit partie des états des Crifleens. Ce peuple fc
•livra au commerce, & devint riche ; mais les ri-
cheffes les rendirent inloîens, puis injuftes. Ils
avoient d’abord exigé des droits fur les marchan-
difes qui entroient dans leur port; rien de fi Ample,
on n’y venoit que pour s’enrichir, ils' dévoient en
tirer parti. Mais ils allèrent jufqu’à en mettre fur
ceux que la dévotion ou la curioAté conduifoient
au temple de Delphes par leur territoire. Cette
conduite étoit abfolument contraire à une ordonnance
des Amphiélions, qui vouloitque tout homme, -
foit G re c , foit étranger, pût aborder librement à ce
item pie: Encouragés par le fuccès , & entraînés
par une avidité infatiable, ils fe jettèrent par in-
ïervalle fur les terres de leurs voifins, & enfin
pillèrent le temple de D e lp h e s& volèrent dans
fe bois fàcrê, qui étoit tout près, tous ceux que
la religion y avoit amenés. Ils commirent encore
■ d’autres horreurs. Les Amphi&ions ne tardèrent
pas à confuker l’oracle fur la conduite qu’il con-
venoit de tenir à l’égard des Crifleens : on fe
doute bien que la réponfe n e fut pas favorable à
ceux-ci. L’oraçle ordonna de les .attaquer, de les
réduire à l’efdavage, & de confacrer leurs tèrres,
délaiffées fans culture , à Apollon , à Diane , à
Latone & à Minerve. Après un Aège long & très-
meurtrier, la ville fut prife & abfolument détruite :
car on renverfa ce que le feu avoit épargné ; &
•ceux des Crifleens qui n’avoient pas péri par les
armes de leurs vainqueurs, furent vendus comme
cfclaves. Cette guerre avoit duré dix ans.
En cherchant pourquoi Pline parle de cette v ille .
& pourquoi Strabon nren dit rien, M. Larcher
penfe que l’on la rebâtit peu de temps après que
le dernier de ces auteurs eut écrit.
CRISSÆUS CAMPUS, plaine où fe trouvoit la
Ville de Criffa. ( Voyeç ce mot ).
C r is sæ u s Sin u s , nom d’un golfe de Grèce,
dans la Phocide. Il faifoit partie de celui de Corinthe
& prenott fon nom de la ville' de Crijfa,
félon Strabon. C ’efl: aujourd’hui Golfo di Salona.
CRISTENSI, peuple d’Ethiopie, fous l’Egypte ,
félon Pline, L. v ï , c. yo.
CRI5T O NÆ I , nom dTun peuple qne Stobée
place dans le voiAnage de la Scythie. Il ajoute
que les femmes s’y brûlaient vives fur le corps
de leurs maris morts.
C R IT A LÆ , ou C r i t a l i , ville d’A fie , dans la
Cappadoce, félon Hérodote, L. v u , c. 26. Je la
nomme ainfi au nombre phirier ; car dans l’auteur
cité , le feul qui en parle, ce nom a un cas oblique.
fsK KpiTolxcdv). L a Martinière a écrit Crijlala* c ’efl:
Une double faute.
C R ITH , torrent de la Paleftine , qui comrnen-
çoit dans l’Acrabaterre, près de Silo, couloit par
C R O
le nord-oneft , pafloit au fud-efl de Pluiftelis, &
fe jetoit dans le Jourdain. On a écrit aufli Corath.
C R ITHO TE , ville de la Chetfonnèfe de Thrace.,
félon Pline. Elle étoit Atuée fur le bord de la Pro-
pontide. Elle eft nommée Crethote par Scylax.
CRIUMETOPON W m ) , ou le Front du Sérier ;
promontoire de la Cherfonnèfe taurique, & la
pointe la plus méridionale de cette prefqu’îfe.
C r iu m e t o p o n , promontoire de l’ile dé Crète.
CRIUS. Selon Suidas, c’efl le nom d’un bourg
municipal de Grèce, dans L’Attîque.
C r iu s , rivière du Péloponnè’fe , dans FAchaie'.
Elle avoit fa fource dans des montagnes au - deffus
de Palîène, & aîloirfe perdre dans la mer auprès
de la ville'd’Egyres, félon Paufanias.
C R IX IA , ville de l’Italie, dans la Ligurie. Elle
étoit Athée entre Aqiiat & CanaLicum félon Fitinéy
raire d’Antonin.
Sur la carte de M. cPAnville, elle eft placée, au
fud-ouefl d’Aquoe Statielhz.
CROBIALUS, ou C r o r ia l u m , petite ville de
l’A fte , Atuée près du Pont- Eirxirt , vers la Paphlagonie
, félon Valerius Fl accus. .& Apollonius.
CROBYSI, peuple qui habitoit au-delà du fleuve-
Axius , félon Pline, & fur le bord de l’Ifter, félon
Etienne de Byfance. C’étoit un peuple de Thrace,
félon Athénée. Ptolemée le compte parmi ceux de
la baffe MeeAe.
C RO CA LA . Pline & Arrien nomment ainA une
île fablonneufe , qu’ils placent près- de l’embouchure
du fleuve Indus#
CROCEÆ, ou C r o c e a ( Crocée) , petit bourg dé
la Laconie, au fud-eft à’Uelos.
On y trouvoit une carrière de pierres- fort dures,
& propres à être employées dans les lieux où la
pierre a le plus à craindre des'injures de l’air ou
du‘frottement des eaux. Paufanias vit auprès de
ces carrières, des ftatues des Diofcnres, en airain;
& un peu au-delà,un temple de Jupiter Crocéates.
CROCIATONUM PORTUS, ville capitale des
peuples Unelli. Elle étoit Atuée dans la partie maritime
de la Gaule lyonnoife, félon la table de Peu-
tinger. Ptolemée en fait mention.
Le plus grand nombre dès géographes difent que
c’eft aujourd’hui Carentan.
_ CROCIUS. Strabon nomme amfi une'campagne
de Grèce, dans la Theffalie. Il ajoute qu’elle étoit
traverfée par le fleuve Ambrijfus-.
C R O CO -C A LAN A , ville de l’j&e d’Albion, fur
la route de Londinium à Lindum, entre Lindum, &
le lieu ad Pontem, félon l’itinéraire d’Antonin.
CROCODILOPOLIS ( Feium) , ville d’E gypte,
au fud-eft du lac Maris: elle eft connue aufli fous le
nom à'Arjînoè, & fut capitale du nome Arfinoïtes.
On y adoroit les crocodiles d’une manière par-
ticnlière. Strabon dit que Ton en-nourriffoit dans
des étangs où ils étoient apprivoifes, & venoient
, prendre, de la main de ceux qui les nonrrifloient,
de la viande & du pain : ils fe laiffoient même
C R O
ôh^rîr la gueule pour que l’on y versât un bien* j
vage préparé. ...
C r o c o d ïl o p o l is , autre ville d Egypte dans le
tiôme Aphroditopolites, fur la gauche du Nil > dans la
Thébaiae. - , r. •
C ro coOiLôPô LiS , ville d’AAé » dans la "ne-
nicie. Elle étoit Atuée au midi, mais au voiAnage
-de la ville de Dota (ils auroient du dire même au
fhd dé Coefarea) , félon Strabon & Pline, qui en
parlent comme d’une ville qui ne fubftftoit plus. Le
dernier la nomme Crocodilon.
CROCODILORUM LACÜS. Ce lac étoit dans
la Paleftihe', ou plutôt fur la côte de la Phenicie,
au fud de Cczfared, & probablement c etoirpres de
ce lac' qu’avoit exifté la ville de même nom.^
Ce lac recevoit le fleuve Cana, qui fortott du
mont Gariÿm*
CROCODÏLUS, montagne d’Afle, dans la Cï-
liçie. Pline la met auprès du paffage- du mont
Aman.
CROCOLANUM , yille de l’île d'AVbion, chez
les Contant«
CROCOTUS CAM PUS, campagne de Grèce,
dans-la Theffalie.
C R O C Y L E A , ou C rOcYEÉe. On n’eft pa& d’accord
fur l’orthographe du nom de cette v ille, nofi
plus que fur l’objet qu’il déftgne. Homère écrit
KpoKVhsiet} & Thucydide Kpox.vhiov. Mais ce dernier
auteur dit qu’il entend parler d’une ville de
l ’Etoliei Lé paffage d’Homère n’eft pas f à beaucoup
près , A précis. Comme en parlant des peuples
de l’îie d’Ithaque que conduifoit' Ü lyffe, il paroît
confondre avec eux les habitans de CroGylée ; ori
a cru qne c'etfé Crocyîée appartefioif à îa même
île. On voit par Etienne de Byfance, qu’Héracléoû,
fils de Glaucus ,• croyoit Ithaque diVifée en quatre
parties , dont Crocylée fait nombre. Mais on peut
conjefturer qu’il fuppofoit cette divifion pour expliquer
le vers d’Homère 1 quand on voit que
Strabon, ce géographe A exaét, entend Homère
différemment , & affure qu’il joint aux- habitans
de File d’Ithaque ceux de Crocylée, qui étoit aux
Acarnaniens. Et il ajoute un exemple tire du même
poète, par lequel il fortifie ce fentiment. Quant à
ce' que j’ai dit que Crocylée appartenoit à l’Et-olie,
nulle difficulté ; 011 fait que les limites entre ces
deux états n’ont pas toujours été les mêmes.^
CROCYLIUM, omC r o c y l iô n , ville de Grèce,-
dans l’Êtolie, félon Thucydide : M. d’An ville la
place à quelque diftànce dans les terres. Voyez^
C r o c y l e a .
CRODUNUM , lieu de la Gaule. Il en eft fait
mention par Cicéron# Ce lieu étoit aux environs
de Tonloufe.
CROINOS. Conftantin Porphyrogénète, cite
par Ortélius, nomme ainA un lieu de l’AAe mineure.
CRO IS , ville des Arabes, félon Hécatée, cité
' par Etienne de ByAmce#
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CROITES NOMOS. Selon Etieiinede Byfance,
on nommoit ainA le territoire de la ville de Cros ;
Atuée en Egypte.
C ROM IT IS , Contrée de la G rè c e , dans lê
Péloponnèfe. Elle étoit le long de l’Alphée, felofl
Paufanias. C ’étoit le territoire du bourg Cromutti,
dans l’Arcadie.
CROMMYONj owC rômmYN A cris , promorf^
toire de File de C y p r é , à l’extrémité de la pref-
qu’ile îa plus avancée, vers le nord, entre Soloe3
au fud-ôueft, & Lagethas, au fud-eft.
Il en eft fait mention par Dion Caflîus & paF
Strabon. C ’eft aujourd’hui Capo Cormachilù.
Cro-mmyon , ou C rqmyon , village de G rè ce ,
dans le territoire de Corinthe ; mais auparavant il
avoit été de la Mégaride , félon Strabon.
Quant a ce qui concernelebrigandPityoCamptès,
voye^ l’article C r o m y o n .
CROM MY QNN ES US". Pline nomme ainA une
petite île de l’AAe mineure. Il la place dans le voifl-
nage de la ville de Smirna.
CROM NA , ville Atuée fur la côte de la Paphla*
gonie, près du fleuve Parthenius.
Etienne de Byfance prend cette ville pour Fart-
ciènne Amaftris ; mais il fe trompe, puifque,
félon Arrien ÿ il y avoit cent vingt ftades de dif-
tance entre ces deux villes. Cette ville de Cromrki
étant détruitecontribua, ainA que plufieurs autres
lieux ÿ. à l’agrandiffemem d’Amaftris.
CROMNUM,-ville de Grèce, dans le Péîopom-
nèfe. Elle étoit Atuée près de Mégalopolis, félon
Xénophon & Athénée.
CROMONUM, foTterefîe de la partie la plus
feptentriorralé de FItalie, dans la Vénétie, félon
Sigonhis. .
CROMUM, boufg du Péloponnéfe, dans l’Arcadie.
Paufanias dit qu’on n’en voyoit plus que les
ruines. Cet ancien ajoute que le territoire de ce
bourg étoit nommé Crotiüûs.
C R OM YO N , bourg de la Corinthie, fur le golfe
à Feft de Schoenus.
On prétendoit qu’il avoit pris fon nom de
Cromus, Aïs de'Neptune. Ce lieu étoit encore
célèbre au temps de Paufanias pour avoir donné
le jour, dans les'premiers temps de là Grèce, au
fameux fcèlérat nommé Sinis, & furnommé Pi~
ty&campùs, ou le courb'eur de pins.
Ce brigand, dit-on, arrêtait en ce lieu leS Voyageurs
, leur attachoit les jambes & les bras à des
pins qu’il courboit jufqir à terre rendant aux
arbres la liberté de fe redreffer, la force de leur
reffort écarteloit c'es infortunés. Théfée le fit périr
de la même manière. Paufanias dit avoir vu fur le
rivage un pin qui rappeloit le fou venir de cet
événement : c’étoit vers la pointe de Fifthme qu’ il
exerçoit ces cruautés. . ..
Là fe voy c it aufli uri autel de Mélicerte. Lorfr
qu’Ino fe fut précipitée dans la mer, la fable ajoute
qu’un dauphin l’apporta fu? le rivage. Srlÿphe Fy