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extravagante ; mais je conçois aufli que la malle
du peuple a pu admettre la formation des Arcades
avant celle de la lune. Et dans le fait, l’un n’eft
pas une conféquerice de l’autre. Quant aux bergers
d’Arcadie, on peut y ajouter toute croyance.
C ’eft, avec la culture des terres, le genre de vie
le plus naturel à l’homme ; 8c comme il eft moins
pénible que la culture , il laifîe bien plus de loiflr
à ceux qui l’exercent. Ils avoient profité de ce
loifir pour l’amour & pour la mufique ; encore je
crois que l’on avoit bien exagéré leurs tâlens. Car
"Virgile, Eclog. X , v. 30, dit que feuls les Arca-
diens poffédoient l’art du chant.
. . . . ^ Soit cantare periti
Arcades.
Ceux qui ont voulu; fuivre de plus près la marche
de la nature, ont dit que les Arcadiens n’a-
voient, pendant long-temps, mangé que du gland.
C e qui au fond pou voit être, puifqu’ils ne con-
noiffoient pas l’ufage des gramens. Mais ces glands,
ils les faifoient cuire fans doute avec la chair de
leurs troupeaux.
Ce fu t, dit-on, Pélafgus qui apprit aux Arcades
à bâtir des cabanes , 8c les accoutuma à vivre en
fociété. Infenfiblement ils furent connus au-dehors
par la bonté de leurs pâturages & leurs richeffes
en. troupeaux ; il n’en fallut pas davantage pour les
expofer aux incurfions de leurs voifins. Troublés
dans leurs jouiffances, les Arcadiens s’occupèrent
des moyens de fe défendre. Us adoptèrent l ’ufage
du javelot, & parvinrent à le manier, avec une
extrême dextérité. Enfin, ce peuple, né fous un
ciel pur, & exercé de bonne - heure aux travaux
champêtres, devint fi propre à la guerre, que les
foldats Arcadiens étoient recherchés, comme auxi*
flaires , de tous fleurs voifins. Comme leur population
étoit coufidérable, une parue de leur jeu*
neffe alla dans la fuite fervir dans différens pay s ,
comme font encore aujourd’hui les Suiffes. Leurs
femmes, fortes & robtiftes, partagèrent, dans plufieurs
occafions , les travfux guerriers de leurs
maris. Les Arcadiens adoroient Jupiter, Mercure,
Pan, 8c plufieurs divinités champêtres,
fi» On regarde Lycaon comme le premier légifla-
teur de ce pays. Le rapport de fon nom avec
celui qui en grec fignifie un loup, & peut-être fa
férocité, puisque l’on dit qu’il inftitua des facri-
fices humains , firent imaginer que Jupiter étoit
venu chez lu i, & l’avoit métamorphofé fous la
forme de l’animal dont il portoit le nom. Ce prince
eut un grand nombre de fils qui bâtirent des villes,
& policèrent les moeurs de la dation.
Sous ce règne les Arcadiens commencèrent à
femeï du blé, à faire du pain, à filer de la laine,
& à fe faire des habits; & même, félon Juftin ,
ils recueilloient du lait, du miel, faifoient de l’huile
& du fromage ; enfin ils arrivèrent à un état focial
§c à un gouvernement régulier.
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Le gouvernement y fut d’abord monarchique 8c
un peu arbitraire. La nation fentit la pefanteur de
ce jou g , 8c travailla pour l’alléger. Ils commen*
cèrent par établir que la nation pourroit contrebalancer
les volontés du roi, 8c dans les grandes
affaires il ne pût, fans leur confentement, faire la
guerre ni contra&er d’alliance. Dans la fuite ils
fupprimèrent entièrement la royauté.
On voit aufli que les Arcadiens ne furent pas
toujours fournis à un feul roi. Le royaume fut
quelquefois partagé par un père entre les fils ; &
même il eft aifé. de voir que plufieurs villes for- >
mèrent, en différens temps, un petit Etat ifolé 8c
indépendant. Chacun de ces peuples portoit le nom
de fa capitale; ainfi l’on défignoit les Trapeziens,
les Mantinéèns , &c. lorfque l’on Vouloit les distinguer
pour les guerres particulières, pour les alliances
, &ç.
Depuis Pélafgus, regardé comme le premier roi
d’Arcadie, jufqu’à Ariftocrate I I , qui en fut le
dernier, on compte en tout vingt-cinq rois. La
mort d’Ariftocrate, toute, criminelle qu’elle fût pour
fes fujets , prouve cependant en faveur de leur
amour pour la juftice.il fe rendit coupable d’une .
trahifon révoltante envers les Mefféniens, qu’il
livra à la fureur, des Lacédémoniens leurs ennemis.
I,è peuple indigné., fe fouleva contre lui, 8c l’af-
fomma : cet événement efl; de la première année
de la 2.8e olympiade, qui répond à l’an 668 avant
l’ère vulgaire. On n’a pas, la même certitude fur
les commencemens du royaume des Arcadiens.'Si
l’on s’en rapporte à Paufanias, Lycaon étoit contemporain
de Cécrops , qui vint en Grèce, félon la
chronologie reçue , l’an 1.582 avant J. C. Ces époques
dônneroient un peu plus de neuf cens ans à
la monarchie des Arcadiens.^
A R C AD IA ( 1’ ) , contrée de la Grèce qui occu-
poit l’intérieur du Péloponèfe. Elle avoit au nord
l’Achaïe & la Sicyonie ; à l’eft , l’Argolide ; au
fud , la Laconie,-en partie, & la Meflenie; & à
l’ouefl ; l’Elide,
Elle avoit à peu-près 17 lieues du nord au fud,
& 12 de l’eft à l’oueft.
Ce p a y s , que l’on ne connoît guère que par
les amours de fes bergers, & la race de fes ex-
cellèns ânes , étoit très-montueux & très-fertile
en pâturages. On y nourriffoit du bétail de toute
efpèce, & fur-tout des porcs, à caufe de la grande .
quantité de glands qui s’y trouvoient: on préteri-
doit même que les premiers habitans n’y avoient
point eu d’autre nourriture pendant long - temps.
Ce pays , qui étoit très-peuplé, étoit un des plus
curieux de la Grèce à parcourir ; & il femble que
Paufanias fe foit plu à en faire le chef-d’oeuvre de
fes defcriptions.
Les principales montagnes de l’Arcadie étoient
le mont Cyllene, au nord ; \Erymanthe, au nord-
oueft ; le Ménale à peu - près au-centre; le mont
Lyceus au flud.-eft.
C ’étoit dans la partie méridionale que l’Alphée,
* ' formé
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formé de la réunion de plufieurs petites rivières,
prenoït fa fource.; il remontoit par le pord-oneft,
jufqu’aù-delà d'Heroea, puis tournoit à l’oueft pour
aller à la mer en traversant l’Elide.
U Arcadie, au temps d’Homère, avoit plufieurs
villes confidérables ; ce poète nomme Phénéos, Or-
chomène , abondantes en troupeaux ; Ripée, Stra-
tia , Enifpée, où fe faifoient fentir des vents vio-
lens ; T égée, & la délicieufe Mantinée, Stymphale
8c Parrhafie. Il n’eft pas probable que ce fuffent
là toutes villes de Y Arcadie, ou leur nombre fe feroit
bien accru dans la fuite ; car on en voit b,ien davantage
dans Paufanias.
Mais ce pays avoit éprouvé une révolution géographique,
fi je puis m’exprimet ainfi, très-confi-
dérable au temps d’Epaminondas. Cet illuftre capitaine,
fentant que les Arcadiens feroient toujours
très-aifément écrafés par les Lacédémoniens leurs
voifins , tant qu’ils feroient divifés de force 8c
d’intérêt, leur perfuada de fonder une ville qui
dçvînt le centre de, leurs opérations 8c leur principale
place de défenfe. On la nomma la grands Ville,
ou Mégalopolis. Cet événement eut lieu l’an 365
avant-J. C. Mais on ne put la peupler qu’aux dépens
de plufieurs-autres villes, dont quelques-unes
n’offroient plus que des ruines au- temps de Paufanias.
M. d’Anville n’a pu indiquer toutes ces
villes fur fon excellente carte de Grèce. On les
trouvera fur la carte du Péloponèfe qui fait partie
de mon Atlas.
Voici les villes que Ptolemée fait connoître en
Arcadie.
Æeræa (Eræa).
Phialia.
Tégea.
Psôphis.
Lyuas. -
Antigonia, la même que Mantinée;
Stymphalus.,
Clitôr.
Lilæa. .
Mégalopolis (en grec Mégalè-polis) ou la grande
Ville.
A r c a d i a , nom d’une ville maritime, qui étoit
fituée fur la côte occidentale de l’île de Crête,
félon Etienne de Byfance.
A r c a d i a . Etienne de Byfance met une ville
de ce nom dans l’Egypte.
ARCAGANTES ( les Arcagantes ). Ils étoient
Sarmates, 8c paroiffoient avoir porté autrefois le
nom de Liligantes, ou plutôt Limrgantes. Ces peuples
maîtres d’un pays, furent chaffés de leursterres 8c
forcés de pafler fur celles des Romains. ,
A R C A S , ville de l’Arménie - Mineure, félon
l ’itinéraire d’An$onin.
•A R C A T IS REGIA SO RÆ , {Arcate) ville de
l’intérieur de. la prefqu’île de l’Inde en-deçà du
Gange, 8c la capitale de la contrée appelée Soreta-
jmtii Par alla.
géographie ancienne,
A R C 195'
A R C E , 0« A r c æ , ancienne ville du pays de
Canaan, qui étoit fituée au pied du mont Liban
félon Etienne le géographe. L’itinéraire d’Antonin
la place entre Tripoli 8c Antarade.
Dans les derniers temps de la république des
Juifs, cette ville étoit du royaume d’Agrippa.
A r c e ,' ou A c t ip u s , nom d’une ville qui étoit
fituée dans un canton voifin de Sidon, dans la por-*
tion qui échut depuis à la tribu d’Afer, félon Jofeph,
antiq. .1. 6, ch. 22. Cet auteur la qualifie de maritime
, /. 8 , ch. 2 , n°. y. Elle fiit la capitale d’un
des douze gouvernemens dans lefquels Salomon
partagea fes Etats, félon le troifième livre des Rois,
ch. 4 , v. 16.
ARCESINE, ville qui étoit fituée darisl’îled’A -
morgus, l’une des Cyclades, félon Ptolemee 8c
Etienne le Géographe.
ARCESIUM, caverne du mont Ida, dans l’ilc
de Crète , félon le grand Etymologicon.
ARCEUTHÜS, rivière de la Syrie. Elle arrofoit
le territoire d’Antioche , félon Strabon.
ARCHABIS, fleuve de l’A fie , dans la Colchide.
Il alloit, au rapport d’Arrian , fe perdre dans le
Pont-Euxin. Il arrofoit le territoire de CiJJii, peu
éloigné à l’oueft du Bathys 8c des terres des Laçii.
A R CH A D , appelée aufli A c c h a d . Cette ville,
félon l’Ecriture , fut bâtie par Nimbrod, depuis
qu’il eut fondé- Babel ou Babylone. Elle devoir
être peu éloignée de la Babylonie ; 8c félon Boc-
chard, fur les bords de la rivière d’Argad, qui
arrofoit les murs de Sitace. Ce Savant fe croyoit
en droit de conclure que c’étoit la même ville fous
deux noms différens.
ARCHADIOPOLIS, ville épifcopale de l’Afie.
Il en eft fait mention dans le cinquième concile de
Conftàntinople.
A R CHÆ A , nom d’une ville d’A fie , dans l’Eo-
lide, félon Paufanias.
ARCHÆATIDIS , nom d’une contrée de la
Grèce, vers le Péloponèfe, félon Polybe.
ARCHÆOPOLIS , ville de l’Afie - Mineure ;
dans l’Ionie, félon Pline. Elle étoit détruite de fon
temps, quoiqu’on l’eût rebâtie plufieurs fois fous
divers noms. Elle avoit été appelée Cobe, Sipytum,
8c Lebade.
A r c h æ o p o l i s , ville de la Colchide, 8c méfiro-
'pole de la Lazique. Prodfepe , dans fon hiftoire
mêlée, dit qu’elle étoit fituée fur une colline inculte,
8c arrofée par un fleuve qui defeend d’une montagne
voifine.
A R CH AM A , ville de la Cappadoce, dans le
département de la Cilicie, félon Ptelemée.
ARCHANDROPOLIS, nom d’une ville d’Er
g y p te , félon Hérodote 8c Etienne le Géographe.
Mais le premier de ces auteurs décompofe ce nom
8c la nomme la'ville Achandrus, qui étoit, dit-il,
cendre de Danaüs. Ptolemée n’en fait pas mention*.
* B b