
traire ( i ) . Il croit que les Gaulois qui àffiégèrent.
Rome venoient de la Daunie dans là Grande-
Grèce. On peut voir les preuves de ce fentiment1
dans fon ouvrage , T. I , p. 340 dans les notes. Il eft
vrai qu’il ne dit pas quel fujet engagea cette Fois les .
Gaulois à venir Faire le fiège dé Clufium. L’hif-
toire du Fiège de cette v ille, non plus que les détails .
de la priFe de Rome, ne Font pas de mon objet. Ou
fait à quel prix les Romains obtinrent la paix, &
par quel a&e de violence & d’injuftice ils fe l’aflù-
'rêrent.
Un fait que nous tranfmet i’hiftoire vient encore
à l’appui du fentiment de dom Martin Fur les éta-
bliffemens des Gaulois en Italie : c’eft que peu
après que les Sénonois eurent levé le Fiège du
Capitole, ils firent alliance avec Denys l’ancien,
tyran de Syracufe. Il en prit à Fa Folde, & en
envoya en Grèce au fecours des Spartiates, où
leur valeur & leur manière de combattre, inconnue
aux Grecs, leur,obtinrent.des,vidoires réitérées.
Cependant.les Gaulois'; établis en Italie, cbn-
tinuoient d’avôir là guerre contre les Romains,
qu’ils battirent plufieurs fois, même de l’aveu des
hiftoriens latins. Rien ne prouve mieux les fuccès
des Gaulois que le traité de paix que firent avec eux
les Romains , Tan 339 aVairtT'ère vulgaire. Si les
Romains s'étoient Fentis en état de détruire entièrement
les Gaulois, ils auraient abufé de' cet avantage
y au contraire, ils firent un traité de paix pour
trente;ans, :
Vers l*an 306 avant Tèrç vulgaire, les Gaulois
envoyèrent encore une nouvelle colonie en Italie.
Ne pouvant s’établir dans les plaines du Pô , déjà
occupées par les Gaulois qui les avoient précédés ,
’ils s’avancèrent jufqu’à TEtrurie. Lès Etruîques les
accueillirent bien , parce qu’ils efpéroient fe fèrvir
avantageufement de leurs forces contre lesR'offiains.
;Ils Fe jetèrent tous enfemble Furies terres dès Romains.
Ils les battirent en effet ; mais les Gaulois
s’étant repofés, furent enfuite Furpris & défaits.
L’an 302 avant J. C. les Gaulois^établis dans la
Grande-rGrèce, firent alliance avec les Samnites,
& marchèrent aufli contre les Romains. Ils battirent
les Romains, qui, pçu après 9 prirent bien leur
revanche. Quinze mois après, ces mêmes.Gaulois
Fe jetèrent fur l’Etrürie. Ils s’accommodèrent pour
faire. epfemble la guerre aux Romains. Ceux -ci
venoient de çhaffer une partie des Samnites de
leur pays, Les Gaulois & les EtruFques entreprirent
de le leur faire rendre, On tranfporta le fort de, la
guerre en Ombrie. L’opiniâtretçté des Romains.,
qui nç çédoient jamais après une défaite,. & Fur-
tout le dévouement du conful Pécius , qui , fe
dé vpuaqt àveç des cérémonies fingulières pour Je
(?) Plutarque même ayoit dit, dans la vie de Camille.:
»< les Gaulois qui vinrent gu fecours d’Arüns, s’établirent
» au-delà des Alpes pUifleurs années' ayant ceux qui for?
„ mçrçfif Je fiège de Çlufium ;
falut de la patrie , exaltqit le courage de chacun
des foldats, caufèrent la perte des Gaulois.
Depuis cette défaite, lès Romains continuèrent
d’avoir l’avantage Fur les Gaulois, qu’ils Fournirent,
avec le temps, ae proche en proche. Vers l’an 126
avant J. C. les Romains panèrent les Alpes pour
venir au Fecours des Eduens, ou plutôt, ce me
Femble , pour avoir occafion d’entrer ' dans leur
pays , dont ils projetoient déjà Fans doute la con-
• quête.
Vers l’an 120 ou 12 1 , lès Romains réduifirent en
province romaine la partie dé la Gaule qui s’éten-
doit depuis les Alpes & les fources du Rhône, juf-
qù’au Rhône & à la Méditerranée. Et ce Fut le commencement
des malheurs qui ne ceflerent prefque
depuis d’accabler la Gaule.
On Fait que les habitans de ces provinces con-
qtiifes étoient, pour leur état c iv il, compris fous je
fiom d eDeditii, lorfque réduits par les armes, ils
s’abandonnoient à la difcrétion des vainqueurs. Par
çetté foumifliôn Forcée, ils mettoient au pouvoir
des Romains leurs corps, leur v ie , leurs biens,
leurs femmes, leurs énfans, leurs efclaves, enfin
jufqu’à leur volonté. Ces peuples ne pouvoient plus
ri#n Fans l’autorité 8t la fan&ion des Romains, ou
*du moins Fans leur participation. Cela étoit au
point , que même ils ne pouvoient pas faire le
^commerce en ;leur nom : il fallojt s?affocier un
Romain , dont le nom paraifïbit dans les aéles,
qui, ordinairement, venfiôit Fort cher l’avantage
dé cette- afioçiation. En juftice, leurs créances &
leurs regiftres ne faifoient foi qu'autant que les
titres , les regiftres, &c." étoient vifés & paraphés
par un citoyen romain (2-)* Ainfi:, les hommes du
premier rang dans lès pays conquis, étoient 5 dans-
l’ordre civil, au-deftbus des gens de.la lie du peuple
de.Romè.; :i ; r ; /
Non-Feulement les Gaulois de la partie qui porta
d’abord le titre de Provincia, Furent traités de cette
Forte , mais aufli tout le refte de la Gaule après la
conquête de Céfar, qui la fournit vers l’an 55 avant
J. C. Les détails de cette guerre ne font pas de mon
objet. L’an avgnt la même ère, les Gaulois répandus
dans les Alpes furent fubjugués par les Romains.
Depuis les conquêtes de Jules- Géfar, les Gaulois
n’eurent prefque pas d’exiftence à eux. Augufte
partagea leur province pour avoir la facilité de les
contenir plus aifément. Cependant, il reftoit dans
tous leurs coeurs un germe de liberté, qui s’annonça
quelquefois par dés efforts, que prefque toujours
les forces de leurs oppreffeurs rendirent infructueux.
Suétone dit, dans la vie de Néron, quç
le monde ayant gémi treize ans Fous fa tyrannie,
(2) Je m’arrête un inftant fur qetobjet, parce que cette
coqnoiffance peut s’étendre à tous -les peuples vaincus
& fournis par les Romains, & parce que l’on voit aufli
d’où vient que Je droit de citoyen romain étoit fi fort
recherché dans la province ; on finit par le vendre. •
-feçoua
fècoüà le joug ; & que les Gaulois en donnèrent
l’exemple. Quelque temps après, les Gaules Furent
partagées en Feîze provinces.
Les Gaulois firent de grands efforts fous le règne
de Vefpafien; &. ce prince aima mieux faire avec
eux un traité , que de les obliger à tpurner leurs
armes contre lui. Malgré la vigueur qu’ils montrèrent
en différentes ©ccafions, les. Gaulois; ne
continuèrent pas moins d’être écrafes par les Romains
, affez forts pour contenir des peuples Fournis,
auxquels on avoit tout ôté; mais trop foiblçs pour
empêcher de nouveaux vainqueurs de leur enlever
cette belle conquête. Aufli les Vifigoths s’y éta?
blirent-ils dans les . provinces méridionales ; les
Bourguignons , dans les provinces orientales, &
les Francs dans les provinces occidentales.,Les rp,is
de ces derniers, à commencer du règne de Clovis,
s’étendirent dans toute la Gaule, diftribuèrent les
terres à leurs troupes ; & le nom de Gaulois difparut
pour laiffer la place à celui de Eraucs oii François.
. GALLIA. Le nom de G au le i qui etpit propre
au pays que l ’on comprend aujourd’hui fous des
noms de France & de Pays-Bas, &c. s’étoit aufli
étendu à la partie feptentrionale de l’Italie où
s’étoient établis des Gaulois. De-là la divifton de
la Gaule, èn Gaule Tranfalpine & en Gaule Cisalpine.
Je les fuivrai l’une & ^l’autre dans leurs
fubdivifions. On Fent bien que cette diftinéfion
entre les Gaules, d’au-delà & d’en-deçà des Ajpes
ayant été Faite par les Romains, la Gaule Tranfalpine
eft la France, & la Gaule Cis- Alpine le
Piémont & la Lombardie. 1
Gallia T ransalpina. Ce vafte pays avoit
pour bornes, au nord, l’Océan Britannique & Germanique
; à l’eft, le Rhin & les Alpes ; au fùd» la
Méditerranée 8i les Pyrénées; à l’oueft, 1 Océan
Occidental.il comprenoi’t , outre la France aéhielle,
la Suifle, une.petite portion de l’Allemagne, au
nord-eft, ainfi que les Pays-Bas, auxquels il faut
joindre une partie des Provinces-Unies.
Ses principaux fleuves étoient, en commençant
par le nord, la Mo fa ( là Meufe ) , la Sequana (la
Seine), le Liger (la Loire), le Rhodanus (le Rhône),
& la Garumna (la Garonne). Le Rhenusf le Rhin)
la féparoit à l’eft de'la Germanie. Je parlerai des.
autres fleuves moins confidérables, en traitant des
peuples auxquels ils appartenoient.
On ne connoît pas l’intérieur de 1# Gaule avant
le temps où Céfar y pénétra ; & c’eft par lui que
l ’on commença à la connoître. Non pas que les
Romains ne pofledaffent'déjà une petite'portion de
la Gaule, qu’ils appeloient Provincia , ou Romana
Provincia ( 1 ) , d’où nous avons fait Provence; mais
(1) Les noms de,Gallia Braceata & Gallia Togata, n’ont
rapport qu’à la manière de s’habiller des habitans de certaines
parties de la Gaule» Dans la Gaule Cifalpine, ils,
avoient pris la toge romaine : de-là le nom de Gallia Td-
gata. Dans la partie de la Gaule Tranfalpine , appelée
Provincia Romana, l’ufage d!un vêtement qui envelop-
Géograpjiie ancienne,
on n’avoit pas décrit le pays. C ’eft doflC Céfar
qu’il Faut confulter d’abord : mais comme lçs cli-vi-
fions politiques de la Gaule éprouvèrent ^ijfférens
changemens; que l’on pourrait avoir befoin de fe
les rendre très-préfens pat un tableau précis ou par
des cartes , c’eft Fur-tout dans un ouvrage confacrâ
à la géographie ancienne , que ces differentes révolutions
doivent Fe trouver. Je vais les expofer le
plus clairement qu’il me fera poflible, d après
les anciens &;d ’apj?ès.' cêùx des modernes qui me.
paroiflent s’en être, occupés le plus.heureufement,
tels que M. d’Anville, dom Martin, &c.
I. En arrivant dans la Gaule, Gefar la trouva partagée
entre trois nations principales, les Celtes «
les Belges, les;Aquitains. {Celti, Belgee, Aquitâni).
Il nomme les preriiiers Gaulois (G.t//i), en obfer-
vant qu’ils Fe fervoient de la langue celte. G eft.
qu’en effet ils différaient des autres nations par les
moeurs & le langage. Les Belges, fitués au nord de
la Gaule, paroiffoient tenir beaucoup des Germains/^
dont la plupart .étoient fortis ; & les Aquitains
avoient une grande affinité avec les nations Ibé-.
riennes qui babitoient en Efpagne, auxquelles ^
Félon, Strabon, elles reffembloient beaucoup ; &
dont elles n’étoient féparèes que par les Pyrénées.
Quant aux Celtes ou Gaulois proprement dits , il
paraît qu’ils étoient les plus anciens poffefténrs du
pays. Ils avoient la Marne ( Matrona) » au nord r
& la Garonne ( Garumna ) , au fud. Ils s’étoient
même étendus ju(qu’à la Méditerranée; car ce fut
Fur eux que les Romains firent la conquête du
pays qu’ils nommèrent Provincia, & que l’on
nomma aufli Gallia Braceata , a caufe de.la partie
de leur vêtement,1 efpècëj de culottes dont -ils s;cn-
veloppoient les cuiffes, & que l’on appeloit bracca.
Cette partie s’étendoit depuis Narbonne jufqu’au
Var.
Je vais préfenter ici les noms des peuples renfermés
dans chacune de ces grandes divifiôns, en
renvoyant pour ce qui les concerne ? à leur article
particulier.
Peuples, de la Belgique.
Ambiani. Catalauni.
Ambivareti, ou Ambi- Centrones.
liâtes. Cimbri.
Atrebates. Condrufi.
Atuatici. Eburones.
Batavi. Frifiabones.
Bellocafli. Gorduni.
Bellovaci. Grudii.
Betafi. Gugerni.
Britannii. Lavaci.
Carefi. Leuci.,. ^
Calates. Mediomatrices.
poit les cuiffes, efpèce de culottes, nommée bracca, avoit
donné lieu à l’exprefîion Gallia Braceata. La Gallia Comat cl
étoit célle où fôn portoit de longs cheveux : c’étoit la
Gaule proprement, dite» Tttt