
Second du nom, roi de C rète, il réfolut de les
chafler des Cyclades & de s’y établir. Ce Minos II
régnoit en Crète dans le même temps qu’Egée, père
de Tliéfée, régnoit à Athènes, environ 1229 ans
avant J. C. C ’eft le roi le plus ancien qui ait eu
une flotte, & qui fe foit attribué l’empire de la mer ;
il fournit les Cyclades, il nettoya la mer de pirates,
le plus qu’il put : & pour s’affurer les revenus de ces
îles, il y envoya des colonies, & y fit paffer quelques
uns de fes fujets de Crète. Thucydide, Dio-
dore de Sicile, Eufèbe & l’ancien.hiftprien qu’il a
fu iv i, font mention de la puiffance de ce roi for la
mer.
L’île de Délos étoit devenue comme l’entrepôt
des tréfors des nations; la foliation de file , les fran-
chifes dont elle jouiffoit, l ’attention vigilante des
Athéniens, & la célébrité des fêtes en l’honneur
d’Apollon, y attiroient une foule de marchands
étrangers qui y venoient échanger leurs denrées
contre le cuivre que l’on tiroit des mines de Délos,
& contre le produit du fol de des manufaéfores des
îles voifines.
Philippe, roi de Macédoine, avpit fait élever
près de la mer de. vaftes portiques. Le fameux
temple d’Apollon étoit un peu fur la gauche ; il
étoit d’ordre dorique, félon Paufanias & Vjtrüve.
La ftatne d’Apollon étoit un colpffe d’un feul bloc
de marbre de vingt-quatre pieds de hauteur. L’ancienne
ville de .Délos étoit bâtie, derrière ce temple :
pn badin ovale d’environ 48 toifes de diamètre,
q.ui étoit près du gymnafe, fervoit vrajfemblable-
ment à apprendre aux jeunes gens l’art de nager,
dans lequel on excelloit à Délos. Hérodote & Cal-
Jimaque font mention d’jin petit marais rond qui fe
trouvoit à Délos, Neptune avoit un temple dans
cette île : il étoit au nord de la ville, & Hercule en
avoir un au nord de celui de Neptune. Le théâtre
étoit au fini-eft du temple d’Apollon ; il étoit de
marbre blanc j5ç avoit 25.0 pieds dg diamètre.. La citadelle
étoit à l’eft du théâtre.
D é l o s , ville de l’ile de même nom. Elle étoit
fituée un peu plus au nord que le milieu de l’île.
Le temple d’Apollon étoit au centre de la ville, le
temple de Neptune étoit au nord, le gymnafe & la
naumachie au nord-pueft, le théâtre au fod-eft, &
Ja citadelle à l’eft-fod-eft.
DÊLPH'f, Delphes ( Çaflri ) , ville de la Pho-
cidç, fituée dans une vallée vers le fod-oueft du
pied .d’une des croupes du Parnaffe. Cette v ille ,
la plus renommée de la Grèce par la célébrité de
fon oracle, mérite que l’on entre à fooégard, dans
quelque détail.
Oncpn vient généralement qu’elle a aufîi porté le
pom de Pytho; mais les fentimens diffèrent lorfqu’il
s’agit dp dégidgr lequel des deux a précédé l’autre :
cela eft fort indifférent en foi. Je remarquerai
feulement que ce font les poètes qui emploient
, prefquç toujours le nom de Pytho, & que les hifto-
riens & les Greçs emploient çefoi de Delphi.
Ç£s*<foi ),
Le nom de Pytho, félon les mythologues, venoif
de ce qu’Apollon ayant tué en ce lieu le'ferpent
que l’on appeloit Python, il y avoit pourri fur la
place (1). Paufanias ne fait pas remonter fi haut
l’origine du nom de Pytho ; il dit qu’il fut donné à
la ville-de Delphes par Pythis, fils de Delphus t
petit-ffls de Lycorus.
Quant au mot de Delphi, on en donne plufieurs
étymologies; la plus probable, c’eft que ce nom
vient de l’ancien mot grec AsA<f>o?, feul, folitaire«
Q r , ce nom convenoit très-bien à une v ille , en
quelque forte, retirée entre des montagnes.
La ville de Delphes n’avoit que fept ftades de
circuit ; les rochers qui l’environnoient, s’oppo-
foient à ce qu'elle devînt plus grande. Il n’eft pas
étonnant qu’elle ait été remplie de maifons.
Cette ville devoit toutes fes fortifications à la nature.
Un des fommets du Parnaffe, dont la pointe
fu/pendue avoit la forme d’ un dais, la couvrait dit
cote du nord; une autre roche efearpée appelée
Cirphis, en défendoit l’approche du côté du midi.
On n’y pouvoir arriver que par des fentiers étroits»
Aufîi ƒuftin dit-il que l’on ne favoit ce qui étoit le
plus digne d’admiration, des fortifications du lieu ,
ou de la majefté du dieu qui y rendoit fes oracles»
Incertum, utrum loci, an majefas dei plus hic admiras•
ùçnishabeat.
Les rochers qui environnoient la ville de Delphes
s abaiffpient doucement & comme par degrés ; c’eft
ce qui a Fait dire à Strabon qu’elle avoit la figure
d’un théâtre (r?*'tpostS'ss).
Cette v ille , bâtie, èomme nous le diforîs, en
amphithéâtre, étoit divifée en trois parties. Celle du
haut fe nommoit la ville haute (vVctT») , celle qui
etoit au-deffous fe nommoit la ville du milieu, ou
fimplement le milieu ! c’étoit-là qu’étoit
l’antre prophétique & le temple d’Apollon; enfin,
la partie qui étoit au fond du vallon, & que l’on
peut appeller la ville baffe, fe nommoit le bocage
{ywnï), fans doute parce qu’il y avoit eu des arbres
en ce lieu avant d’y avoir des bâtimens.
Le temple ,d’ApoIlon occupoit, félon Paufanias,
un fort grand efpace-, & plufieurs rues y venoient
aboutir. C ’étoit, par rapport aux Grecs , ce que,
fans comparaifon, Notre-Dame de Lorette fut
longtemps en Italie. Une fainte vénération y
amenoit de tous côtés, des âmes curieufes & th
jnides qui payoient des plus riches préfens, l’ef-
pérance d’un meilleur fort, ou du moins celle d’arracher
à l’avenir le fecret de leur deftinée, La
reconnoiffance y apportoit aufîi fes offrandes. On
eft étonné, en lifant la defeription de ce temple
dans Paufanias, de la quantité de ftatii.es & dç
(1) Si en effet ce nom vient de l’anqien verbe iru%s<rTtu,
pourrir, le nom même du ferpent s’en étoit formé. Il fe
peut que les^ exhalaifons du lieu .avant qu’il fut habité
euffent donné lieu à cette petite fable. II eft très-probable
qu’après le déluge de Deucalipn, il y a eu beaucoup de
Iunon j8t de pourriture en ce lieu*
richeffes de toutes fortes, raffemblêes dans ce |
temple. On fait avec quelles monnoies les prêtres
& les prètreffes de Delphes payoient tant de ri-
çheffes. Une réponfe courte, ambiguë, & en fi
mauvais vers, qu’on finit par les tourner en ridicule,
étoient les feul s frais que les Delphiens euffent
à faire pour obtenir tant de biens. Ainfi, pour des
richeffes bien réelles, on venoit chercher des avantages
que l’on regardoit fans prix, & l’on n’obte-
noit que l’erreur, & la dérifion fecrète des fourbes
dont chacun étoit la dupe. Car on ne peut-pas
regarder comme une jufte compenfation de tant de
dépenfes & de la fatigue de voyages quelquefois
fort longs, le bien que l’on pouvoit recueillir de la
leélure des fentences qui fe lifoient avant d’entrer
dans le temple. Dans le pronaon, c’eft-à-dire, dans
le veftibule du temple, on lifoit des fentences utiles
aux hommes pour la conduite de la vie. É> S'e
Toi rrpovdco tco sv Asxqoïç yeypcip.pÀvcL sçtv aeps-
X»f/.a,Tci elv%pco'7roic sç (&tov.. Ces maximes avoient
été données par les fept fages, dont les rfoms font
étrangers à mon fojet. Encore fi le nombre de ces
fentences fe borne aux deux que rapporte Paufanias
, on peut croire qu’elles étoient déjà connues,
& que ce fentiment d’une morale univerfelle que
chaque homme porte avec lu i, les avoit déjà fait
connoître ailleurs (1).
Près du temple étoit un théâtre magnifique; &
.dans l’endroit le plus élevé , il y avoit une ftatue.
On fent bien'que, quoique la ville de Delphes fût
entre des rochers, dans un des lieux les plus ftériles
de la terre, fes habitans dévoient fe,trouver dans
une grande opulence» Car, dit M. Hardion (dif-
fertation fur l’oracle de Delphes, mém. de Litt.
T. n i , m. p. 272 ), « tout ce qu’il y avoit d’habi-
» tans à Delphes, hommes & femmes, jeunes &
n vieux , tous, fans exception, travailloient à mé-
» riter les faveurs de leur dieu par le foin qu’ils
» prenoient d’attirer lès étrangers à fon temple,
» & de leur vendre fes oracles aux dépens des
» plus fomptueux facrifices & des plus magni*
» fiques offrandes. Tous étoient occupés, ou de
» ce qui concernoit ces facrifices, ou de l’enrre-
» tien .du dedans & du dehors du temple, ou
» des cérémonies qui précédoient & qui foivoient
v l’inftallation de la Pythie fur le trépied prophé-
» tique. Tous enfin briguoient avec empreffement
v l’honneur d’être les miniftres d’un dieu fi re-
» connoiffant, qui les combloit tous les jours de
» nouveaux bienfaits w.
Le temple d’Apollon n’avoit pas toujours été de
la même magnificence, ni de la même étendue. Il
y en avoit eu focceflivement plufieurs. Le premier
n’avoit été conftruit que de branches de laurier,
apportées de la vallée de Tempé. Cela n’eft peut-
être pas trop vrai. Ce qui l’eft encore moins , c’eft
que, félon Paufanias, ce premier temple ayant
(1) Connois-toi toi-même : rien de trop»
été détroit, des abeilles en conftruifirent un autre
avec leur cire & des plumes d’oifeaux. Le troifièmé
temple fut d’airain ; on en débitoit des merveilles
que Paufanias même fe refufe à croire ; car, félon
les Delphiens, il avoit été conftruit par Vulcain,
& au dôme il y avoit un grouppe de figures qui
charmoient les Oreilles par des concerts magnifiques.
Le quatrième temple fut bâti de pierres par Tro-
phonius & Agamedès, excellens architeéles, tous
deux fils d’Ergine, roi d’Orchomène. Ce temple
s’embrafa la première année de la cinquante-huitième
olympiade, c’eft-à-dire, 5 48 ans avant l’ère
vulgaire. Les Amphy&ions fe chargèrent du foin
d’en faire rebâtir un autre. Mais les Alcméonides r
famille piaffante d’Athènes, étant venus à Delphes ,
obtinrent l’honneur de conduire l’exécution de ce
bâtiment, & le firent plus magnifique qu’on ne
fe l’étoit d’abord propofé (2).
Les richeffes de ce temple les exposèrent à
des pillages qui eurent lieu en différens temps.
D ’abord, le fils de Crius , homme puiffant de
l’île d’Eubée, vint à main armée piller le temple
& les maifons des plus riches particuliers. Les
Orchoméniens Phlégyens, & enfuite Pyrrhus, fils
d’A chille, commirent le même facrilège. Les Phocéens
s’emparèrent à leur tour des tréfors dut-
temple. Ils en furent punis par les Amphyôions,
puifqu’ils perdirent le droit d’entrer à cette affem-'
blée. Les Gaulois, fous la conduite de Brennus,
278 ans avant J. C. y vinrent avec le même projet;
mais ils furent repouffés. Enfin, Néron en enleva.
! cinq cens ftatues, des plus belles fans doute.
N. B. Les détails concernant l’oracle & les jeux
fe trouveront fans doute dans le dictionnaire d’antiquité
, où c’eft leur place.
DELPHICUM TEMPLUM, nom d’un lieu
maritime de la Gaule narbonnoife, félon Strabon,
cité par Baudran. C ’eft à préfent un village de la
Provence, à l’orient du Gras d’Orgon, & nommé
les trois Maries. ( La Martimère. )
DELPHINION , ou D e l p h in iu m , nom d’un
quartier de la ville d’Athènes, où étoit la maifon
d’Ægée. C e lieu étoit ainfi nommé à caufe du templô
d’Apollon Delphinius. Il en eft fait mention par Plutarque.
DELPHINIUM, ville maritime de l’île de Chios.
Elle étoit fituée à l’eft & vers le milieu de l’îie, au
38e deg. 33 min. de latit. Cette ville futprifepar
Callicratidas , commandant des Lacédémoniens,
vers la fecoride année de la quatre-vingt-treizième
olympiade, félon DIodore de Sicile, L. X m ; ce
qui revient à l’an 407 avant J. C.
(2) Ces Alcméonides avoient été chafïes d’Athènes par
les Pififtratides. En confacrant leurs richeffes & leurs
foins au dieu , ils en efpéroient quelque reconnoiffance*.
.On peut croire qu’ils gagnèrent particuliérement la P y thie
; car l’oracle n’annonçoit jamais de fnccès aux Lacédémoniens
, qu’autant qu’ils auroient fait la guerre"»«
Pififtratides.