
A L A N I , les Alains. Ce peuple, quoique afiatique
d’origine , comme l’étoient les Huns , étoit cependant
de race très-différente. Ammien Marcellin,
en les comparant aux,Huns , nation féroce Si de
■ figure hideufe, dit : viStu mitiores & cultn ; proceri
Alanï pene funt omnes, crinibus mediocriter fiavis ;
c’eft-à-aire, ils font bien plus policés que les Huns
dans leurs ufages & leur manière de vivre; prefque
tous les Alains font grands , ayant les cheveux tirant
vers le blond. Les anciens qui ne les ont connus qu’à
l’occafion de leurs incurfions en Occident, ont par-lé
de leur origine d’une manière'vague & incorreâe.
Pline en étoit mal informé. Ptolemée, qui l’étoit
un peu mieux, les place dans la Sarmatie d’Europe
& en fait des Scythes ,puifqu’il les nomme Akiovvoi
SxvTeti. C ’eft en confultant cet auteur que M.
Seconde ( Mèm. de littérature, tom. y , p. qoy ) dit
Simplement : « les Alains font Scythes d’origine ,
» & ils habitoient vers les bords du Tanaïs : ils
» s’établirent depuis vers le Danube». M. deGuines
a traité d’une manière bien plus approfondie,
ce qui concerne ce peuple ( i ) . ,
Le norndC Alin Signifie montagne, & il fut donné
à ces peuples à caufe des montagnes qui leur fer-
•voient d’habitations. Les plus anciennes demeures
de ce peuple étoient au-deffus des fources duJaïck
& à-peu-près vers le pays d’Oufa & de Solemskoi.
Enfuite ils paffèrent plus au fud, dans les plaines
qui font fituées au nord de la Circaffie & de Der-
ben. Vers l’an 73 de Jéfus-Chrift, ils firent alliance
avec le roi d’Hircanie, & entrèrent en Mé-
die par les portés Cafpiennes (Derbend). Pacor,
roi de Parthes , n’ofa s’oppofer à leur marche.
Comme ils ne s’étoient pas établis dans le pays, ils
eflayèrent d’y revenir de nouveau vers l’an 130,
fous le règne de l’Empereur Adrien , qui les chaffa.
Ayant apparemment renoncé à fe porter vers les
parties méridionales , ils s’avancèrent vers l’occident
; ce plan leur réuflit mieux, & fut porté par
eux à une grande exécution.
L ’empereur Gordien voulut d’abord s’oppofer à
leur paffage ; mais ils le battirent dans les campagnes
de Philippe en Macédoine. Enfin leur puif-
lance devint fi formidable qu’un grand nombre de
peuples voifins qu’ils avoient fournis furent confondus
avec eux. Tels font les Neuri, les Vïdini, les
Geloni , les Agathyrfi & plufieurs autres dont
parle Ammien Marcellin.
Peut-être, vers le temps dont je parle, convient-
il de faire une diftinâion des Alains, que j’appellerai
orientaux, qui, lors de l’ancienne irruption
des Huns, venus des environs de la Chine, &
chafTant devant eux les Alains , s’enfoncèrent dans
les montagnes, du Caucafe, & les Alains occiden-
iaux dont je vais fiuivre la migration.
(1) Ce que l’on a emprunté de eet auteur ( -Hifl. des
Huns, tom. z , 279 ) , a été en quelques endroits défiguré
dans le Di&ioanaire de la Martinière, à l'article
Alains.
Etablis furies bords du Danube, ils s’en éloignèrent
vers l’an 406 de Jéfus-Chrift, & s’avancèrent
avec les Suèves & les Vandales pour ravager
la Germanie ; ils traverfèrent les Gaules.& fe rendirent
au pied des Pyrénées.
N’ayant pu alors forcer les paffages entre ces
montagnes, Si la puiflance des Romains étant très-
affoiblie dans la Gaule, ils s’y répandirent en différons
cantons & y pillèrent beaucoup de villes.
Mais en 409, ceux qui gardoient les défilés des P y rénées
s’étant révoltés, les Alains en profitèrent
pour entrer en Efpagne, où ils commirent de grands
ravages , & s’y fixèrent en 411. Il faut fe rappeller
qu’ils étoient avec les Vandales & les Suèves.
Ceux-ci occupoient la Bétique & la Galice; des
Alains, les uns entrèrent dans la Lufitanie, les
autres, dans la province de Carthagènes. Un grand
nombre étoit refté dans les Gaules, particuliérement
dans la Bretagne & dans la Normandie. Les
Goths en Efpagne, les Francs en Gaule, cliaf-
fèrent ces peuples, ou les firent difparoître en
les foumettant; alors les vaincus furent confondus
avec les vainqueurs.
Voici ce que dit Ammien Marcellin de la manière
de vivre de ces peuples : félon cet auteur, les
Alains vivoient fous des tentes qu’ils tranfpor-
toient, comme les Huns , dans les endroits les plus
propres à la nourriture de leurs troupeaux. Ç ’étoit
en quoi confiftoient toutes leurs riche (Tes ; ils en
mangeoient la chair, en buvoient lé lait. Sous ces
tentes demeuroient les femmes, les enfans & les
vieillards, pendant que ceiix qui étoient en état
de porter les armes alloient faire des courfes chez
les peuples voifins. Ils faifoient de la guerre leur
plus grande occupation ; ils y mettoient toute leur
gloire, & .pour s’y rendre propres, ris s’accoutu-
moient dès l’enfance à monter à cheval. Il étoit
honteux de vieillir & de 'mourir paifiblement dans
fa famille ; heureux celui qui expiroit dans les
combats après avoir tué de la main plufieurs ennemis,
leur avoir coupé la tête & arraché la chevelure
pour en faire des ornemens aux chevaux.
Un fabre nud planté en terre & auquel ils ren-
doient quelques hommages , faifoit tout le fondement
de leur religion., & le feul objet de leur
culte. Ave c dès baguettes ils prétendoient annoncer
l’avenir. On voit que c’étoit un peuple nomade dans
fon origine ; s’il en- a perdu dans la fuite quelque
chofe, c’eft quand il s’eft trouvénlans les pays
où il rencontroît un grand nombre de villes. \
A l a n i , montagne de la Scythie, en deçà de
VImaûs ; mais plus orientale que les montagnes
Hyperborées.
A L A N IA , fiège épifcopal que l’on croit avoir
exifté aux environs de Conftantinoplc.
ALANORSI. On eroit que c’eft ainfi qu’il faut
lire lè mot Agathyrfi j qui fe trouve dans Ptole-
méè. Ce peuple faifoit partie des Alani ou Alains.
A LAN TO N ÏS, ville de l’Hifpanie, qu’Anto-
nin indique à huit milles de Pomp (do.
ALANUS
ALANUS M O N S , ou Mont Alani, dans la
Sarmatie européenne. Cette montagne a pris fon
nom des Alains , qui s’y étoient raffemblés , ou du
moins qui parurent partir de ce point pour fe répandre
dans plufieurs contrées de l’Europe.
ALAPENI. Un ancien interprète de Ptolemée
penfe qu’il faut lire ainfi le nom d’un peuple de
l’Arabie heureufe , nommé dans le texte grec ,
Salapeni.
A L A P IA , ville de la Ccelo-Syrie : on la nom-
moit aufli Nerea.
A L A P T A , ville de la Macédoine > près de
celle d'Acanthus, félon le périple de Scylax.
A L AR AN TE , ville de la Gaule Narbonnoife ,
dont la table de Peutinger fait mention. Elle étoit
la capitale des peuples Tricolliens.
A L ARES. Tacite nomme ainfi quelques habitans
de la Pannonie. Ortélius croit que c’étoient des fol-
dats établis dans un lieu qu’on leur avoit accordé ;
Si que leur nom vient du latin A la , aile ou bataillon.
A L A R O D I I , les Alarodiens, peuple qu’Etienne
de Byfance place près du Pont n e fi rov TIovlov ,
& s’appuie de l’autorité d’Hérodote ; mais cet auteur
a lu fans doute avec précipitation le paffage
qu’il c ite , car cet hiftorien ne dit pas que les
Alarodiens étoient près du Pont. Mais ils les cite
en même temps que .les Colchidiens & quelques
autres peuples , ce qui eft très-différent. On ne fait
pas-quel pays ils habitoient.
ALASARNE , nation de l’île de Cos.
A L A S I , ville ou bourg de l’Afrique intérieure,
Si dont, au rapport de Pline, s’empara Cornélius
Balbus.
A LA S IA , métropole de l’Orient.
A lasia , ville de l’Afie mineure, arrofée par le
fleuve Rymus. On ne croit pas que ces deux villes
foient la même, parce que celle-ci paroît avoir
cefle d’exifter tandis que l’autre étoit .comptée
entre les métropoles. ‘
ALATA-, ville de l’Arabie déferte, félon Ptolemée.
A xât A-,autre ville de même nom que ce même
Géographe place dans l’Arabie heureufe.
A lata C astra , ville de la Calédonie ,
félon Ptolemée. Elle étoit fituée au 'nord fur le
. Bo do tria Æfluarium. Son nom grec , Tl'lefcûçov
-ççcL'lâ'7TëS'w, rendu fidellement par Alata Cafira ~
répond, àce quifemble, à notre expreffion camp-
volant. Il eft probable qu’elle avoit commencé
,p/ir un camp, Ou peut-être on y avoit placé un
de ces corps de troupes qu’ils plaçoient fur les
ailes ( Ala. ) , lorfqu’ils rangeoient l’armée en bataille.
ALATRIUM ( Alatri ) , ville dTtalie dans le
L a t ium v e r s l’eft <XAnagnia. .Strabon l’appelle
Aleflrhim. On y voit encore des reftes d’antiquités.
A L A U N A , ( les Moufiiers d’Alone )., ville de là
Gaule. Sa pofition a été foupçonnée par les auteurs,
d’urre manière fort différente. Valois croit
Géographie ancienne.
que c’eft Quimper-Corentin : Don Martin ne s'éloigne
pas de fon fentiment. M. d’Anv-ille remarquant
que dans la table théodofienne , ce lieu
eft le terme d’une route, & trouvant en Baffe-
Normandie , .au fud de Valogne, un emplacement
nommé les Mouftiers d’Alone, adopte cette
pofition , Si place Atauna chez les Unelli, au nord
de Cojfedia , & à l’oueft de Crociptonum.
A lau n a ( TVhitles ) , ville que Ptolemée attribue
aux Damnii, peuple de la Grande-Bretagne,
au nord-oueft.
A L A U N I , peuple que Ptolemée place dans la
Norique, .
A launi^, autre peuple que le même auteur
place dans la Sarmatie européenne.
Ces deux peuples pourroient très-bien être les
Alani, ou Alains.
A LAUN IUM, lieu de là Gaule, dans la fécondé
Narbonnoife placé , félon l’itinéraire d’Antomn ,
à vingt-quatre milles romains de Segufieto, & félon
la table théodofienne, à quatorze. M. d’An-
ville démontre que le compte de la table doit être
préféré. Mais il ne connôît pas de lieu moderne
qui réponde à V Alaunium ancien. Il le place fur (à
carte dans les montagnes, entre Segufiero, au
nord-eft, Si Apta Julia , au fud-eft.
Selon Dom. Martin, Alaunium répond à Mane
à trois lieues de Ceirefte , & à fix de Sifteron. ;
mais il ne motive pas cette opinion.
ALAUNUS , ou Haloenus , rivière de la 2?ri-
tannia ou Angleterre.
A launus Mons , que je foupçonne le même
qfiAlanus Mons.
À L A V O N A , bourg de l’Hifpanie, félon Ptolemée
& la même qu Alabona.
A L A Z IA , ville d’A f ie , dont Strabon ne donne
pas d’autre indication, fi ce n’eft qu’elle étoit fi-
tuée fur le fleuve Rymus, qui coulait dans la Myg-
donie.
A L A ZO N , nation qu’Etienne de Byfance dit
être voifine des Scythes ; & qui paroît être la
même que les Alaçones de Strabon.
A lazon. Voyez A lazonius.
ALAZONES, nation d’Afie dont parlent Strabon,
Etienne de Byfance, &c. L’origine & l’hiftoire en
font inconnues. Il paroît qu’ils étoient comptés
entre les nations Scythiques, établies fur le bord
du Pont-Euxin. Il eft probable qu’ils avoient la
ville d'Alafia pour capitale. Plufieurs de leurs
villages , arrofés par le fleuve Odryces , étoient
encore habités, lorfque la ville & Ala fia étoit déferte.
On y révéroit Apollon.
Ces villages étoient fous -la dépendance de Çy-
-zyque.
ALAZONLUS , fleuve d’A fie qui tomboit du
Mont Caucafe, & ferendoit dans le Cyrus;
ALBA LONG A., Albe la longue , ville d’Italie
-dans le Latium, au fud-eft de Rome. "Cette
ville avoit précédé la naiffance de Rome, Si le .préjugé
romain/en attribuait la fondation à Afcagne,
N