
Les tétrarchies étoient d’abord héréditaires, félon
dom Martin ; mais Wernfdorf penfe qu’elles étoient
éleélives. Au refie, le temps, l’ambition des grands
& la politique des Romains, y apportèrent de
grands changemens.
Ils furent meme affez rapides. Strabon allure que
de fon temps,. les tétrarchies furenr réduites d’abord
à trois, puis à deux, enfin à une, qui corn-
prenoit toutes' les autres, & qui fut poffédée par
Déjotarns. 11 efl vrai que ce fut de fa part une ufur-
patîon. Les tétrarques portèrent leurs plaintes à
Céfar. C’étoit s’adreffer affez mal, puifque lui-
même eût . voulut foumettre le fénat & le peuple
romain ; mais enfin il étoit diélateur, & dans cette
place, il étoit à la tête de la république. Il ne fit pas
grande attention au fond delà plainte; car il ne diminua
en rien l’autorité que s’étoit arrogée Déjotarus.
Mais il démembra une tétrarchie pour la donner à
Mithridate de Pergame, auquel elle appartenoit par
le droit de fes ancêtres. Encore faut-il ajouter,
i° . que Céfar dédommagea Déjotarus en lui donnant
une partie de l’Arménie ; 2°. que ce prince,
après la mort de Céfar, rentra dans.lës biens que. le
diélateur lui avoit ôtés.
L’élévation de Déjotarus doit avoir fuivi. le maf-
facre que fit Mithridate des tétrarques de la Galatie.
Il les avoit raffemblé tous les douze ; trois feulement
échappèrent à fa cruauté. Ils furent, il efl
vrai, rétablis par Pompée. Mais ce fut-làl’époque
de la fin de cette efpèce de gouvernement.
Le dernier tétrarque & roi.de la Galatie fut
Amyntas. Il avoit d’abord été fe.crétair.e de Déjotarus
I , & fut fait roi de la Pifidie l’an de Rome
714. Ce fut Marc-Antoine qui, en 718 , lui donna
la Galatie.
Comme les tétrarques étoient à la tête des affaires
générales de la nation,, ils ne pouvoient s’occuper
de tous les détails. Auffi avoient-ils fous eux un
juge ( «TikclcT»r ) , un. chef de la guerre ( çpeno-
q>uA«t| ) , & deux lieutenans ( v 'xoçpctT.oquhccKiis ).
Religion.. On n.’a pas de grands détails fur la religion
des Galates. Ils eurent d’abord desfacrifices humains.
Ils immoloient les prifonniers faits à. la guerre. On
cite plufieurs traits comme une preuve de leur penchant
à la fuperflitiôn. Au refie, le trait que cite
Cicéron prouveroit qu’il n’en , étoit pas lui-même
exempt, puifqu’il dit quela.vue.d’un aigle empêcha
le roi.Déjotarus de loger dans une mailon ; & qu’il
ajoute que. cette maifon tomba la nuit fuivante. Il
faudroit donc en conclure que la fuperffitîon a
fes avantages ; ce qui efl ridicule: Ils adoroient la
mère des dieux fous le nom d’Agdiftis.
Cara&cre, moeurs.,ufages. Les Galates, pourvus
par la nature d’une haute flatuie,.. avoient une
grande réputation de valeur, .Leurs armes n’étoient
guère qu’une épée & un bouclier, quoique cependant
ils combattiffent ordinairement nus. Mais l’im-
pétuofité de leur attaque étoit prefque infoute-
nable, & leur proeuroit prefque toujours la victoire.
Qiipique les Galates aient été quelquefois traités
d’irieptes, cependant on v o it, par différens paffages-
d’auteurs, qu’ils s’appliquoient à l’éloquence, qu’ils
aimoient la mufique. Ils avoient un infiniment particulier
qui fe nommoit Carnyx. Ils faifoient ufage
du bain. On cite plufieurs exemples de leur chaf-
teté & de leur fidélité au lien conjugal,-.
Les repas des Galates étoient fplendidès & bien
ordonnés. On couvroit la table- de pain & de
viande; perfonne n’y touchoit que la première
perfonne de la compagnie n’y eût porté la main.
Ces repas étoient fréquens. Athénée & les infcrip-
tions d’Ancyre font fo-i que les Galates s’en don-
noient réciproquement & les faifoient durer plw-
fieurs jours. Les plus riches,terminoient ces fortes
de fêtes par une diflribution • de bled.
Fin de l’état des Galates. A la mort d’Amyntas
( l’an 26 avant J. C . ) , Augufle rérîuifit en provinces
romaines la Galatie, la Pifidie & la L y caonie.
Il rendit là liberté aux villes de la Pam-
phylie, qui avoient été au pouvoir d’Amyntas.
Lollius fut mis à la tête de ces provinces, avec le
titre de propréteur. Ce changement dans la forme
générale du gouvernement n’en occafionna pas un
total dans les détails de l’adminiftration. Ajnfi D y ten-
tus continua d’exercer la grande facrificature de la couronne
avec lafouveraineté qui y étoit attachée (1).
Paffé ce temps, on ne trouve plus rien d’intéref-
fant concernant les Galates..
Ils furent gouvernés par des propréteurs jufqü’àu
règne- de Théodofe-lè-Grand 011 de Valens, qui
drvifa la Galatie en deux. La première avoit pour
métropole Ancyre*, & contenoit fept villes,-félon
la notice d’HiéEociès; la fécondé, appelée-Salu-
taris,.avoit pour métropole Peflinonte., &- renfer-
mort- neuf-villes.
G A L A T A N I , peuple de là Sicile,.félon Pline;'
L. 111, c. 8. Ce peuple efl. le même que les Cala-,
ttni de Cicéron..
G ALATE A , nom allégorique qu e-Virgilé,ic/og.- /,
v 577 donne à la-ville dé*Mantoue.
G A L A TH E A , ville éloignée de cent cinquante
mille pas de la ville, de Gonflantinople. Grégoire
de Tours, de glor. martir. dit que l’on y confervoit
la tunique de Notre-Seigneur.
(i-) G-e prince étoit fils aîné d’Adiatorix, & il avoit été
condamné par Augufte à perdre la tête,.ainfi.que fon
père, pour avoir pris le parti d’Antoine. Le bourreau
alloit exécuter cette horrible fentenee, lorfqu’un frère
cadet de Dytentus prétendit qu’il étoit fon aîné, & qu’en
oonféquence c’étoit à lui à perdre la vie. Dytentus. ne
voulant pas lui céder en générofité,,Toutffnoit le contraire
, & défendoit fon droit d’aîneffe comme s’il eût dû
lui procurer un trône. Enfin , les parens l’engagèrent à
céder auxinfiances de fon frère l’honneur d'une fi belle
mort, parce que étant réellement plus âgé, il pouvoit
être plus utile à fa famille. Le cruel Augufte fut-pourtanc
{gnfible à .ce trait de dévouement ,& ne pouvant.réndre
là vie au prince mort, il donna à celui qui vivoit la.
dignité de grand-pontife de Comane, qui le rendoitfou-
1 verain dans le Pont,
G A L A T IA , province de. l’Afie , qui prit fon j
nom des peuples gaulois, appelés Celtes ou Galates
par les Grecs; Mais comme ces peuples avoient
poffédé dans l’Afie mineure une bien plus grande
étendue de pays que celui auquel la Galatie proprement
dite, fut enfuite réduite, les-auteurs ont
attribué à la-Galatie des bornes tres-reculees ,^des
montagnes, des fleuves & des villes, qu’ils nont
jamais poffédés tout à la fois.-
On v o it, à l’article G a l a tæ -, comment ces
peuples-eurent occafion de paffer en Afie. Leurs
premiers- établiffemens furent vers la mer Egée ,
& infenfiblement ils s’étendirent jufqu’au mont
Taurus. Enfuite ils prirent fin étabüffement plus
fiable, & l’on donna le nom de Galatie à tout le
pays qui s’étendoit depuis- le' Sangarius jufqtia |
VHalys. ; _ 1
De la confufion qui régnait entre les peuples
vainqueurs & les peuples vaincus, il refultoit que,
du temps de Strabon, on ne pouvoitpas afligner des
bornes très-précifes entre les Bithÿniens, les My-
fiens, les Phrygiens, les Doliones, les Mygdoniens,
les Troyéns ou Dardaniens'-;. de-là auffi les différentes
bornes que les auteurs aflignent a la Galatie.
Ptolemée fur-tout- lui donne une étendue qui n’eff
pas admiflible ( i ) .U la borne au fud par la Pam-
phylie : c’efl y comprendre prefque toute la Phrygie,
la Pifidie & la Lycaonie ; au nord, il porte la Ga-
latie jufqu’au Pont-Euxin c’efl y comprendre
toute la Paphlagonie.
Avant d’indiquer les bornes précifés de la Ga*
làtie, je vais nommer les montagnes, les fleuves
& les villes que l’on attribue à la Galatie,. ou
plutôt aux Galates.
Montagnes. . . Le mont Agdiftis, félon Paufanias ;
mais on a très-bien remarqué que ce nom étoit ,
chez les Galates-, celui de la mère des dieux, &
non celui d’une montagne : on difoit que fon image
étoit tombée du c i e l . . L e mont Adoreus, connu
feulement par Tite-Live , qui dit que le Sangarius
avoit fa fource.........Le mont Ancyrium ,, que
enys d’Halicarnaffe traite de promontoire.. Mais
comme cette montagne devoit, félon M4 avoir
pris fon nom d’A ncyre, 011 ne voit pas comment
cette v ille , fituée dans l ’intérieur des terres, peut
avoir donné fon nom à un promontoire.........Le
mont Ballenoeus, qui rieû. nommé que dans P-lu*
tarque : il le place près du Sangarius, & dit que
(1) On pourrait foupçonner que . le chapitre- V , dans
lequel ce favant géographe traite de ce pays, a- été un
peu altéré pour , l’ordre des: divifions-, car-dans ce que
nous appelons l’argument & qui porte pour titre E’xS-»<nç
rrS>v y-spoSv t«î ç Atrias, on voit qu’il appelle Grande-
Afie, ce que nous appelons Afie mineure. De plus, il
annonce la Galatie comme devant être traitée féparé?
ment, & cependant cette province efl ^confondue avec
la Paphldgonic dans l’un des chapirres de ce livre. Aùffi-
attribue-t-il à la Galatie un bien plus grand nombre de
villes qu’elle n!en. renferme comme province particulière.
fon nom fignifie en phrygien, fleuve royal. Selon
cet auteur, on y trouvoit une pierre phofphorique,
dont l’effet, d’après fon récit, devoit être à-peu-
près le même que celui de la pierre de Bologne....
Le mont Berecynthus, près du fleuve’ Marfyas. On
y trouvoit une pierre appelée machoera, parce
qu’elle étoit de la couleur du fer des épées........ Le
mont Celcenus, qui étoit en Phrygie, & fur lequel
Hyagnis avoit inventé la flûte........Le mont Didymus
, tout près de Peflinonte: Wernfdorf penfe que
c’efl le mont Agdiftis........Le mont Gigas, félon
Ptolemée. L’auteur que je viens de citer croit qu’il
faut lire Olgaffys, montagne placée, ainfi qu’il efl
dit du Gigas, entre les Trocmi & les Paphlagoncz .«.
Le mont Magaba, appelé auffi Modiacus ; il étoit
fitué au-delà d’A n cy re , chez les Te&ofages. Il efl
célèbre par la défaite des Te&ofages & des Trocmes,
qui s’y retirèrent après leur défaite par Cn. Manlius...
Le mont Glgaffys, le même, à ce que l’on croit7
que le Gigas de Ptolemée: cette montagne étoit
très-élevée & fa cime inacceflible : fon nom étoit
paphlagonien. ( Voyeç Strabon ) . . . Le mont Olympus,
qu’il ne faut pas confondre: avec une autre
montagne de même nom , fituée fur les confins de:
la Bithynie, de la Phrygie & de la Myfie : le mont
Olympe de là Galatie n’étoit pas moins élè vé ,
mais il fe trouvoit entre le Sangarius Ancyre.
Les Tolifloboges s’y étoient retirés pour s’y mettre
à l’abri des armes romaines (2).
Fleuves. Les principaux fleuves étoient.. . VAn-
lander, petit fleuve que Tite-Live feul nous fait
çonnoître : fur l'excellente carte de M .d ’Anville;
il coule du fud-ouefl au nord-efl pour fe rendre
dans le Sangarius,. à peu-de diftance an - deffus ■
d'Amorium (3).........UAtnnias, qui^couloit dans là
Paphlagonie, près du mont OlygaJJls. . , . . Le Cal-
letes ou Cales, petit fleuve près d’Héraclée.. . . . Le
Cappadox, qui féparoit au fud-efl: la Galatie de la
Cappadoce, Si fe jetoit dans l’Halys par fa droite...
YÏElatas (4) , indiqué par Ptalemée entre Y Hypi us
& 1 Q.Partheniusi.. Le Gallus -, qui, félon les auteurs;
apparterroit ; à da Bithynie , mais • que Wernfdorf
nous offre comme fi Strabon avoit dit qu’il arro-»
foit Peflinonte ( Str-abo luculenter tefiaiur Gallunt
Pejfmontem Jlluere: De rep. gall.-p. 24y ) . Mais Strabon
ne dit pas cela; il dit feulement qu’il paffe par
(2) M. de Tournefort a confondu cette montagne avec
celle du même nom en Bithynie. Il étoit fur cette dernière
, & non pas fur celle où les Toliftobroges fe retirèrent.^
- A
(3) Le favant Wernfdorf me paroît s’être mépris en parlant
de ce fleuve ; qui, félon lu i, fe jetoit dans le Thym-
brit. Il- cite cependant Tite-Live (T. x x x v m , /ƒ. &j8y.
Mais il a lu ce paffage trop v ite , ou l’avoic perdu de vue •,
c’éft du Sangarius, que Tîte-Live dit, « qu’ il commence
»* au mont Adoreus, & mêle fes eaux à-celles du fleuve
>* Thymbris ». Sa carte eft conforme à-fon texte -, mais pas
du tout au texte de Tite-Live.
(4) Je le crois le même que VEtaus, fleuve de la Paphlagonie
, ayant fon embouchure-au-nord ■ dans ffe
Pont-Euxin. -