
contre les Cyrénéens, par qui fon armée fut mife
en pièces. Arnafis, confident du roi, fie révolta contre
lui p & / après des fuccès divers , Âpriés fut fiait
prifonnier, conduit à Sais, ou il fut livré à la
multitude, qui l’étrangla.
Àmafis fuccéda à Apri'es. Ce prince , d’une naif-
. fance obficure , gouverna avec équité , & jamais
l’Egypte ne fut aufîi heureufe que fious fon règne ;
suffi a-t-il été regardé comme fion cinquième lé-
• giflateur. Hérodote rapporte qu’il reçut une vifite
de Solon, qu’il ouvrit l’Egypte à tous les Grecs,
■ & leur permit de s’y établir, pour y faire le commerce.
11 leur donna des endroits pour y bâtir
des temples en l’honneur de leurs dieux. Il donna
mille talens pour aider à la reconftru&ion du temple
de Delphes j & époufa une grecque , nommée
Laodice. Il fubjugua file de CypreJ félon Hérodote
, & força les habitans à lui payer un tribut.
La fin du règne d'Amafis ne fut pas heureufe.
Ce prince fut trahi par fon général Phanès , qui,
de concert avec Polycrate, tyran de Samos, excita
Cambyfes , roi de Perfe, à faire la conquête
de l’Egypte : mais il mourut avant qu’on ne vînt
Pattaquer, & laiffa le trône à fon fils.
Dès que Pfammenitus eut fuccédé à fon père
Amafis, il fut attaqué par Cambyfes , qui fie vainquit
, fut fiaffiéger dans Thèbes, oii il s’étoit réfugié
, & le fit prifonnier. Ce prince mourut après
fix mois de règne, & une dure captivité.
L’Egypte devint alors une province des Perfes ;
mais les Egyptiens fe révoltèrent fous le règne
de Darius Hyftafpes , & ne furent affujettis que la
fécondé année du règne de Xerxès, 460 ans avant
J. C. Les Egyptiens fe révoltèrent de nouveau.
Ils choifirent le roi de Libye pour régner fur eux ,
& appelèrent à leurs fecours les Athéniens , qui
ffifirent cette occafion de chaffer les Perfes de
l’Egypte ; mais vers la neuvième année du règne
d’Artaxerxès, ils furent tout-à-fait vaincus, & n’éf-
fayèrent plus de fe remettre en liberté.
Vers l’an 414 avant J. C . , & fous le règne
de Darius Nothus , roi de Perfe , les Egyptiens fe
révoltèrent fous la conduite d' Amyrthoeus, qui chaifa
les Perfes, & devint roi de toute l’Egypte. Ce
prince fut attaquer les Perfes dans la Phénicie ; mais
Darius lui ayant livré bataille, il fut battu, tué
dans l’aéfion, où il mourut peu après. L’Egypte
refia gouvernée par quelqu’un de fa nation, quoique
peut-être tributaire des Perfes.
A Amyrthæus fuccéda Paufiris, & à ce dernier
fuccéda Pfammétique, defeendant de celui dont
il a déjà été parlé. C ’étoit un prince ingrat & inhumain
, dont le règne fut fouillé par l’affaflînat
de Tarhus, pour s’emparer de fes richeffes. ..
Nephereus , fon fucceffeur, fut invité par les Lacédémoniens
à fe liguer avec eux contre les Perfes.
Il leur envoya des vaiffeaux & du grain.
A coris fuccéda à Nepherèus. Ce prince forma
une ligue contre les Perfes_, avec le roi de C yp re , j
le sT y r ien s, des Arabes, &c. Il mourut'fans que
l’Egypte éprouvât aucun changement, ni fious deux
de les fucceffeurs. Après ceux-ci régna NeAjnelis
le premier de la race fébennytique, vers Tan 37g
avant J. C._ Les Perfes effayèrent inutilement de
fe rendre maîtres de Pelufe, la fécondé année de
fon règne. Avant fa mort, Agéfilas, roi de Sparte,
vint lui demander des fecours contre lesThèbains!
Tachos, fon fucceffeur, raffembla fes forces*
pour fe défendre contre les Perfes, chez lefquels
il fut obligé de fe réfugier, par la révolte de fes
fujets, qui mirent fon parent Ncttanebus fur le
trône.
Cé Neûanebus fut fur le point d’être détrôné
par un Mandéfien ; mais, aidé des confeils d’A -
gefilas, il battit & fit prifonnier le révolté. Ce
prince fut le dernier roi d’Egypte ; car fous fon
régné les Perfes l’envahirent & la confervèrent
jufquau temps d’Alexandre. Alors ce conquérant
ayant renyerfe l’empire des Perfes , fut reçu par
les Egyptiens comme leur libérateur. Ce fut l’an
332, avant J. C . , que ce prince entra en Egypte,
Il traça le plan , & fit bâtir la ville qui porte fon
nom, près de l’une des embouchures du Nil. Ce
pays refta fous fa domination jufqu’à fia mort, qui
arriva fept ans après.
Je ne finirai pas cet article des anciens rois
Egyptiens, fans rapporter ici brièvement l’opinion
de deux favans fur ces anciens rois. L’opinion du
premier a été attaquée dans le temps j mais le fond
du fyfiême qu’elle établit n’en a pas moins pris
une grande confédération dans le monde. Quant
au fyfiême que veut établir le fécond, quoiqu’il
n ait pas pris une certaine confiftance, on n’en
doit pas moins à fon auteur la. juftice de convenir
qu’il y a mis un grand favoir & une profonde
érudition.
I. M. de Guignes lu t, le 18 avril 1758 ( 1 ) , dans
une féance publique de l’académie des belles-lettres,
uh mémoire très-bien fait, & fort intérefîant, fur
l’origine & l’écriture des Chinois. Ce mémoire,
dont j’entendis la le&ure, &. dont la réputation
avoit attiré un très-grand concours de monde , fit
la plus grande fenfation. L’auteùr, pour ne parler
que des objets qui conviennent ic i, y établit que
les Chinois, comme empire, defeendent des Egyptiens
: « ils fon t, dit-il, une colonie d’Egyptiens,
v & célles de toutes les colonies de l’antiquité qui
” a le mieux confervé fon origine & fes mônu-
” mens ». Cette colonie y porta le nom & l’hif-
toire de' fes premiers fouverains, comme à-peu-
près les François avoient porté au Canada l’hiftoire
des rois de France, qu’ils regardoient comme leurs
fouverains. « Les premiers empereurs de la Chine ,
» ajoute ce favant, puis les deux premières dy-
» nafiies., que l’on dit avoir régné environ 1200
» ans, ne deviennent plus que des dynafiies égyp-
» tiennes, dont la colonie a fait la tête de fo»
(1) Voyti vol. 28 des Méjn% fo L-ittïraturt,
» hifioire n. Comparant enfuitê lös fiôïrts cîesprê-
miérs empereurs Chinois, & des premiers princes
Egyptiens, M. de Guignes dit qu’Jradoa reflembie
par le nom à Atlioès; Yabia, à Diables; Phenpht,
ï Pemphos ; Aïm, à Amachus. En effet, les noms
de ces cinq empereurs ont beaucoup de rapport
avec les noms des cinq premiers rois de Thèmes,
fucceffeurs de Menés. Cette colonie^ égyptienne
p.iroît à M. de Guignes avoir p Æ a la Chine ,
v e ïs l’an 1122 avant notre ère. .
•|I„ M. Guérin du Rocher publia en 1767 trois
s , fous le titre à'hifioire véritable des, temps
voit*
fabu'xu:
Selon ce favant, « toute la fuite des
„ règ nés des. rois d’Egypte , & les faits de chaque
» règne, répondent à l’hiftoire fainte, depuis Noé
„ le p ère, connu de tous les hommes jîifqu’à
v la fin de la captivité des Juifs à Babylone ; 8f.
w que ce n’eft même qu’un extrait fi.iivi, quoique
i> défiguré, de tout ce que l’écriture nous apprend
» de l’Egypte dans cet intervalle ; . que tout' çe
» qu’Hérodote, Manethon, Eratofthène , & Dio-
» dore de Sicile, nous montrent de l’Egypte juf-
» qu’à cette époque, n’eft , aux deferiptions près,
» qu’une tradu&ion , à la vérité , pleine d’erreurs.
» & de fautes groflières,que les Egyptiens s’ étoient
» faite ou procurée des endroits de l’écriture qui
•» les concernoient ,& dont ils s’étoient compofé
» une hifioire ». Je fens bien que l’on peut demander
à ce favant ce qu’étoient donc les Egyptiens
pendant tout ce temps, puifqu’îls font obligés
d’emprunter chez d’autres peuples les preuves
hiftoriques de leur exiftence ? On pourroit Caire
-encore d’autres objeâions : mais je nè me charge
ici ni de ces obje&ions, ni des réponfes.
L’auteur retrouve le nom de Menés dans celui
de N é , que nous prononçons Noé qui figaifie
repos ; le mot Thbe, qui fignifie arche , eft l’origine
du nom de Thèbes ; les trois cens trente rois q u i,
félon Hérodote , ont fuccédé à Menés , ne font
que les trois fils de Noé , qu’un verfet de récriture
mal entendu. Ce grand nombre d’ailleurs flatta
la vanité des Egyptiens : on l’adopta donc volontiers.
La fuite des rois d’Egypte , félon ce favant,
fe trouve dans le petit nombre des patriarches
connus : le fameux Sefoftris eft Jacob. Les rois
pafteurs font Jofeph, & les Ifraélites établis en
Egypte ; Micerinus eft Moïfe. Je ne poufterai pas.
plus loin cette coniparaifon. C ’en eft affez pour
lentir le plan de l’auteur. Au Tefte, cet ouvrage ,
qui annonçoit le même travail fur les Aflyriens,
les Babyloniens , les Lydiens, &c. , n’a pas été
continué.
P T O L E M É E S,
Les généraux d’Alexandre partagèrent fes états
après fa mort. Ptolemée, fils,de Lagus, eut l’Egypte
en partage , l’an 304 avant J. C. Ce
prince embellit Alexandrie, & fonda cette bi-
Ibliothèque, qui fut augmentée jufqu’à 700,060 volumes
par fou fils. C e prince fit aufii élever, dans
l’île de ÇhâïôJj fine tour, qui paffpft chez les anciens
pour une des fept merveilles du monde«;
Ptolemée régna avec douceur & juftice. Il réduifit
la L ib y e , la baffe Syrie , Sc file de Cypre. l i
affocia fon fils Ptolemée à l’empire, la 39e année
de fon règne, & mourut deux ans après, âgé de
84 aiis.
Ptolemée Philadelphe, affpcié & fucceffeur de
fon père, éppufa fa foeur A-finoé. Cè, prince fif
allançe avëç les Romains les Carthaginois, fijt
fleurir le çommèree dans fes états , & foutint une
longue guerre contre Antiochus. Pendant un règne
de quarante ans, quoique ce prince aimât les plai-
firs, il gouverna avec douceur & juftice, penfa
à peupler fon royaume , & à rendre fes fujets
heureux.
Ptolemée Evergette fuccéda à fon père Philadelphe
, l’an 244 avant J. C. Au commencement de
fon règne , il s’empara des états d’Antiochus Thcos
roi de Syrie. Bérénice , femme de ce prince, fit
couper fes cheveux , & les confacra dans Le temple
de Vénus. Cette chevelure s’étant égarée , les
prêtres, pour éviter la colère de Ptolemée , dirent
qu’elle étoit au c ie l, çe que les mathématiciens
affirmèrent, Remontrèrent fept étoiles près, de la
queue du lion , auxquelles on donna cç. nom. Ce
prince mourut après vingt-fept ans, de règne.
Ptolemée Philopator, fucceffeur du précédent,1
monta fur le trône, 217 ans avant J. C . , à l’âge
de vingt ans. Au commencement de fon règne,
-ce prince fit mourir fon frère-Magas, & Cléomène,
roi de Sparte , qui avoit été chaffè de la Grèce
par Antigone, & qui s’étoit réfugié auprès de fon
prédécelleur. Philopator régna 1.7 ans , éloigné des
affaires, & plongé dans la débauche. Ses fujets
irrités fe révoltèrent; mais il les fournit. Ce prince
fit mourir fa femme Àrfinoé , & mourut lui-même
à la fleur de fon âge.
Ptolemée Epiphane fuccéda à fon père à l’âge
de cinq ans, & 200 ans avant J. G. Il fut mis
fous la prote&ion des Romains, & reprit la ‘Pa-
leftine & la Céléfyrie , qu’Antiochus lui avoit
enlevé. Dès que ce prince fut fon maître, il s’abandonna
aux mêmes vices que fon père. Il fit mourir
Ariftomène , qui avoit eu foin de fon enfance, &
qui étoit fon premier miniftre ; mais il cultiva
l’amitié des Romains, fit alliance avec les Achéens,
& époufa Cléopâtre, fille d’Antiochus, roi de
Syrie. Ce prince mourut empoifonné , à l’âge de
vingt-neuf ans.
Ptolemée Phllometor fuccéda à fon père à l’âge
de fix ans, & 176 ans avant J. C . Il eut une
guerre, à foutenir, les premières années de fort
i règne, contre Antiochus, qui le fit prifonnier. Ses
fujets élurent à fa place fon frère Phifcon ; mais
| Antiochus chafla celui-ci, •& rétablit Philometor
fur le trône. Ce prince fe retira à Rome, où il
demeura quelque temps. Le fénat le raccommoda
avec fon frère, à qui on donna la Libye & la
Cyrénaïque, & àPhilométor on lui donna l’Egypte,