les ans dans la même faifen. La plus folemnelle
de toutes étoit celle que l’on eèlébroit au commencement
de chaque printems, & à laquelle les nations
entières fe réuniffoient par leurs députés, pour
délibérer fur les befoins de l’état. Cette fête etoit
appelée le champ de mars, & étoit, préférablement
à toutes les autres fêtes des Celtes, un temps de
réjouiffance & de bonne chère.
Les druides étoient les minières des prières ,
des facrifices, des cérémonies , & en général de
tout le culte que le peuple rendoit à la divinité.
Ces prêtres des Celtes étoient les maîtres de la
doétrine qui fervoit de fondement à la religion &
au culte doijit ils étoient les minières. La docilité
d e . ces peuples , & la confiance qu’ils avoient
en leurs doéteurs étoit fi grande, que les inftruc-
tions du clergé étoient reçues comme des oracles
infaillibles.
Les divinations étoient une partie des fondions
du clergé, parmi les Celtes. Les gens d’églife paf-
foient pour être les favoris & les confidens des
dieux ; leurs divinations étoient les feules qui fuf-
fent accréditées & reçues comme autant d’oracles
infaillibles.
Les minifires de la religion exerçoient encore
la médecine, & ils prétendoient, par la divination ,
découvrir la véritable eau fe de la maladie. Ils trai-
foient aufii les malades par la magie, ce qui fe
pratiquoit en prononçant certaines paroles, & en
faifant certaines cérémonies, & fur-tout en chantant
, auprès du malade ou du bleffé , certains
cantiques auxquels on attribuoit la vertu d’étancher
le fang, de confolider les plaies, & d’appaifer les
douleurs.
Outre ces différentes fondions dont le clergé
celte étoit chargé, il s’attribuoit, en plufieurs oc-
cafions, l’autorité du magiftrat civil.
Quand une famille vouloit pourfuivre la vengeance
d’un meurtre, il falloit qu’elle intentât fon
a'ftion devant le clergé, qui étoit en poffeffion de
juger de femblables caufes. L’excommunication
dont le clergé frappoit les coupables fembloit fe
réduire à exclure un homme des affemblées reli-
gieufes : mais elle avoit des fuites terribles par
rapport à la vie civile, parce qu’un excommunié
devenoit déreftable aux yeux du public , étoit retranché
de la fociété, dans laquelle il ne pouvoit
occuper aucune charge, ni trouver aucune juftice.
Le clergé préfidoit aufii à ce que l’on appeloit
les jugemens de Dieu, dans lefquels on recherchoit
par le fort, par des divinations, en faifant fubir
l’épreuve du fer rougè, de l’eau froide ou bouillante
ƒ fi un homme étoit coupable ou innocent.
Le magifirat ordonnoit aufii ces épreuves quand
il ne pouvoit employer d’autres moyens pour dé-.
couvrir la vérité.
L’autorité des druides s’étendoit fur les particuliers
, de quelque rang qu’ils puffent être, & fur
les affemblées générales, qui étoient le confeil fou-
vèraiis des nations celtiques.
Les facrificateurs des Celtes fe tiroîent ordinairement
de certaines familles qui étoient chargées
du miniftère facré : en conféquettce de cet ufagë,
tous les enfans d’un facrificateur étoient membres
du clergé, demeuroient dans les lieux confacrés,
& y étoient entretenus des revenus fixes & ca-
fuels de l’églife ; de forte que les druides étoient
effectivement une efpècé de peuple féparé, qui
avoir fa demeure & tes revenus particuliers, &
qui s’âllioit rarement avec les autres familles de
l’état.
Les devins offroient les facrifices, interprétoient
les préfages, prédifoient l’avenir ; enfin, ils répon-
doient, de la part de la divinité, à tous ceux qui ve-
noient la confulter. Les druides étoient tous les
autres membres du clergé.
Le facrificateur du fanéluaire ou fe tenoit l’af-
femblée générale d’un peuple,étoit le fouverain pon^
tife du pays , & , en cette qualité, il avoit inspection
fur tout le clergé des différens cantons. Ce
primat s’élifoit ordinairement par les fuffrages des
autres druides, qui le choififfoierit toujours dans
leur propre corps.
Comme il y avoit quelquefois plufieurs pré-
tendans au fouverain pontificat, quelques druides
ambitieux prenoient les armes pour emporter par
la force une charge qu’ils croyôienï mériter par
la .fupériorité de leurs talens : mais cette guerre
étoit bientôt terminée ; elle fe décidoit par le duel.
Un combat en champ clos faifoit cônnoître celui
qui étoit le plus digne d’être revêtu du fouverain
pontificat.
Quoique les eccléfiaftiques formafient dans l’état
un corps entièrement féparé de celui des laïques,
cela n’empêchoit pas qu’ils ne füflent eux-mêmes
membre de l’état, & qu’ils ne tinfient un rang
confidérable dans la fociété civile.
Les femmes des facrificateurs celtes partageoient,
avec leurs maris, la plupart des fondions du miniftère
facré. Elles offroient les facrifices , préfi-
doient aux divinations , & exerçoient la magie.
Elles étoient fi expérimentées dans les divinations,
que lé peuple les confultoit fouvent de préférence
à leurs maris.
L e clergé des Celtes s’habilloit de blanc pour
cueillir le gui de chêne, & une autre plante appelée
felago, à laquelle ils attachoient de très-grandes
vertus. C ’étoit leur habit de cérémonie, l ’habit
qu’ils avoient coutume de porter pendant le fer-
vice.
Tous les peuples celtes offroient des viélimés
humaines à leurs dieux ; ils difoient que l’homme
étant plus parfait & plus excellent que les animaux,
ils en concluoient que le facrifice le plus excellent
que l’on pût préfenter aux dieux, étoit Celui d’un
homme.
Les Celtes prétendoient que les dieux immortels'
ne pouvoient être appaifés, à moins que la vie
d’un homme ne fût rachetée par celle d’un auire
homme.
Les Celtes, en immolant des vi&iines humaines ,
cherchoient à découvrir quelque événement qu’ri
leur importoit de prévoir, ou de s’inftruire de leur
propre deftinée par le fang & par les entrailles
des viélimes. .
L’ufage le plus ancien & le plus commun étoit
d’immolerceux que l’on faifoit prifonniers de guerre.
Ces peuples belliqueux promettoient à leurs dieux
de femblables viàimes à l’entrée de la campagne,
& ils ne manquoient jamais , apres le gain des
batailles , de s’acquitter de leurs voeu x , & ^offrir
le plus excellent de tous les facrifices aux dieux,
par le fecours defquels ils croyoient avoir remporté
la viéloire.
Plufieurs peuples de la Celtique immoloieny a
leurs dieux non-feulement les prifonniers _qu’ils
faifoient à la guerre, mais encore les étrangers
qu’une tempête ou quelque autre accident faifoient
tomber entre leurs mains : cependant ces^ peuples
recevoient avec beaucoup d’humanité les etrangers
& les voyageurs qui pafloient volontairement par
leur pays.
Le dogme capital de la religion des Celtes, qui
croy oient ne pouvoir entrer dans le paradis que
par une mort violente, faifoit regarder comme des
lâches, & même comme des impies, tous ceux
qui confentoient à mourir d une mort naturelle.
Plufieurs peuples celtes embraffèrent le chrif-
tianifine par conviction, & de bonne heure il y
euf des églifes chrétiennes en Efpagne , dans le s .
Gaules, dans la Germanie première & fécondé,
dans la Grande-Bretagne, & dans toutes les autres
parties de la Celtique qui obeiffoient aux empereurs
romains.
Beaucoup de ces peuples embraffèrent Cependant
le chriftianifme par intérêt, dans le cours du
quatrième & du cinquième fiècle. De ce nombre
furent les Goths, les Vandales , les Suèves, les
Gépides , &c. Ils étoient voifins des provinces de
l’empire qui avoient à leur tête des princes chrétiens.
Ils afpiroient tous a la qualité de foederati
ou d’alliés, pour laquelle on leur payoit de gros
fùbfides , pour fournir des troupes à l’empire, ou
pour en garder les frontières, & meme pour les
obliger de vivre en paix avec les Romains, &
dé ne plus faire d’incurfions fur les terres de l’em-
pire.
Parmi les peuples celtes qui embraffèrent le
chriftianifme, plufieuis ne renoncèrent pas à l’idolâtrie
& aux fuperftitions païennes. Procope le
difoit des Francs. Le duel, confidéré comme un
moyen de diftinguér l’innocent du coupable, les
épreuves du feu, de l’eau froide & bouillante,
fubfiftèrent pins long-temps chez les peuples celtes,
parce qu’on trouva le moyen de les féparer du
paganifine,, pour ainfi dire , dans la religon chrétienne.
Le •clergé , qui préfidoit à ces différentes,
divinations, les foutenoit de tout fon pouvoir,
parce qu’elles fervoient à affermir fon autorité,
& qu’elles étoient une branche confidérable de fes
revenus.
Les druides fubfiftèrent dans les Gaules aufii longtemps
que le paganifine : mais les chofes changèrent
lorfque la religion chrétienne commença à
s’y établir. Le peuple plus inftruit abandonna fes
druides , & ne leur apporta plus les prèfens & les
offrandes d’où ils tiroïent une partie de leur fub-
fiftànce. L’égîife, foutenue du bras féculier, alla
ruiner les forêts confacrées, & les autres fanc-
tuaires, & on publia des édits rigoureux contre
ceux qui alloient faire leurs prières dans les campagnes
& dans les bois. On fit palier les druides
pour des forciers, qui tenoient dés affemblées nocturnes
en l’honneur du diable; & de cette manière
on fournit au faux zèle un prétexte pour les per-
fécuter à outrance : enfin, la ruine du paganifine
entraîna néceffairement celle des druides.
Etudes des C eltes. Les nations celtiques fe
réduifoient uniquement à apprendre par coeur des
hymnes qui renfermoient leurs lo ix , leur religion,
leur hiftoire, & en général tout ce que l’on vouloit
bien que le peuple fût. Ces hymnes étoient anciennement
les feules annales des peuples de l’Europe.
Les poètes qui les compofoient portoient, parmi
les Celtes, le nom de bardes. La confidération que
l’on avoit pour les bardes était fi grande ", que leur
préfence &. leurs exhortations avoient fouvent arrêté,
des armées prêtes à en venir aux mains.
Les Celtes chantoient leurs poèmes en s’accompagnant
du fon d’un infiniment. Ils dévoient avoir
un très-grand nombre de poèmes. La jeuneffe, dont
on 6onfioit l’éducation aux druides, employoit quelquefois
vingt ans pour apprendre des vers. Prefque
toutes les études de la jeuneffe fe réduifoient à
charger la mémoire des jeunes gens d’une infinité
" de pièces de pcéfiè.
La férocité naturelle des peuples Celtes fut
félon les apparences, la principale caufe de l’aver-
fion qu’ils témoignoient pour les lettres. Uniquement
occupés du métier de la guerre, ils auroient
cru fe déshonorer d’apprendre à lire on à écrire.
L o ix des C eltes. On ne fait pas en quoi con-
fiftoient les loix de ces peuples ; fi elles formoient
une efpèce de corps, ou fi elles dépendoient de
la volonté de leur fouverain. On prétend que Mercure
les poliça & leur donna des loix ; mais quelques
auteurs difent que Samothes, appelé autrement
Dis & Dïfcelta, homme d’un favoir & d’une fa-
geffe extraordinaire, & fondateur de la monarchie
celtique , leur donna un corps de lo ix , qu’il'écrivit
en langue hébraïque, mais en caractères phéniciens.
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Les curètes étoient les interprètes de leurs loix ,•
jugeoient toutes les caufes civiles & criminelles.
Leurs fentences paffoient pour une chofe fi facrée ,
que ceux qui refufoient de s’y foumettre perdoient
le privilège d’aflîfter à leurs rites faerêy Perforine,
après cela, n’ofoit converfer avec l u i & cette
punition paffoit pour plus févère que la mort ‘même.-
M m m a