
Il n’y auroit qu’une circonftance peut-être oii elle feroit raifonnable, ce ferait celle
où un auteur ne fe propoferoit de confidérer un pays, te l, par exemple, que la Terre,
fainte, que fous fon rapport avec notre religion. Mais ce point de vue étant particulier à
iel ou tel auteur, je n’ai pas cru devoir le faire entrer dans un fyftême général.'Je
comprends donc indiftinâement fous la dénomination de Géographie ancienne, toute
eelle qui nous offre la connoiffance de la terre avant l’ère vulgaire, 6c même jufqu’à
la chute de l’empire romain en occident. La Géographie du moyen âge- offre encore
beaucoup de confufion 6c de grandes difficultés, foit parce que les auteurs qui ont
décrit les ccmmcncemens de nos Etats modernes, dans les temps fi juftement appelés de
barbarie, ont défiguré une foule de noms que l’on ne reconnoît plus ; foit parce qu’ils
ont parlé de lieux inconnus aux auteurs de la faine antiquité, 6c que ces lieux ont celïé
d’exifter, ou du moins ont totalement changé de noms. Je n’ai pu me livrer particuliérement
à cette forte de recherche. Cependant, autant que je l’ai pu, à l’égard de certains peuples
6c de plufieurs lieux que l’ordre des temps ne peut faire regarder comme appartenants
Û la Géographie ancienne ; remarquant qu’il n’en étoit aucunement queffion dans le
diâionnaire de Géographie moderne, je leur ai donné place dans le dictionnaire de
Géographie ancienne.
Je viens de dire que j’avois parlé de quelques peuples. J’a i, à cet égard, une autre
obfervation à faire. Le diâionnaire de politique & de diplomatique ( i ) renferme à-
peu-près tout ce qu’il convient de lavoir concernant les peuples modernes. Ainfi, les
notions élémentaires que l’on eût pu inférer dans le diâionnaire'de Géographie moderne,
euffent été infuffifantes à quelques égards, & fuperflues à d’autres. On a donc dû
s’abftenir de les y placer. Mais ce diâionnaire de matières politiques, économiques, &c.
ne remonte pas à l’antiquité. D ’un autre côté , le diâionnaire hiftorique ne parle que
des hommes 6c non pas des peuples. Cependant, il me fembloit qu’il eût été hors
de toute convenance 6c de l’attente raifonnable du public, qu’ayant un corps d’ouvrage
tel que la nouvelle Encyclopédie méthodique, il ne fût pas poffible avec cet ouvrage
de prendre une idée du peuple Egyptien, Athénien, &c. des Grecs, des Perfes. Les
noms même de leurs provinces & de leurs villes perdent la plus grande partie de leur
intérêt, fi l’on ne peut en même temps trouver un mot fur leurs perfonnes. Auffi
ai-je expofê dans mon tableau , que la géographie s’occupoit des pays 6c des peuples.
Si l’on m’objeâoit que je prétends faire ufurper à la Géographie les droits de l’Hiftoire,
je répondrais que la Géographie ne préfente, dans ce genre, que de courts réfumes
fournis par l’Hiftoire, & qu’elle ne s’en fert que pour préparer les efprits à tirer un
parti plus grand & plus utile des leçons de cette fcience. Je.me fuis donc déterminé â
m’étendre un peufur les peuples anciens qui méritent le plus d’être connus. Mais en même
temps que j’ai cru devoir parler de leur origine, de leurs gouvernemens, &c. je me
fuis abftenu d’entrer dans les détails de leur hiftoire. C’efl tout au plus fi j’ai cru devoir
( i ) J’entends toujours parler dès diélionnaires particuliers qui entrent dans
nouvelle Encyclopédie méthodique.
le plan général, de la
placer les grandes époques de leur chronologie. J’évitois ainfi de fortir de mon fujef,
de tomber dans une prolixité déplacée; & cependant j’en difois affez pour que ce
•diâionnaire pût être regardé comme renfermant une introduâion fuffifante à la
connoiffance des peuples de l’antiquité. Si donc on trouve cette partie un peu abondante,
fi l’on ell furpris que la Géographie ancienne ait pu fournir à plus d’un volume, on
pourra s’affurer par l’examen meme du liv re , que ce n eft pas parce que je me fuis
étendu fur des détails que j’aurais dû fupprimer. Je puis certifier que j’ai trop à coeur
6c le bien dé cet ouvrage, 6c la confervation de l’eftime que l’on a paru accorder à
mes autres travaux, pour me rendre de plein gré coupable de négligence dans la
manière dont j’ai du faifir le plan de mon travail, ou de relâchement dans fon
exécution.
En général, les articles de cette Géographie ancienne font fort courts, mais ils font
en très-grand nombre. Autant il me paroiffoit important de les refferrer 6c de ne mettre
dans' chacun que ce qui pouvoit rendre chaque lieu recommandable, autant je croyois
devoir rendre ce diâionnaire le plus complet poffible. On n’a pas encore fait (excepté
quelques abrégés ) , de diâionnaire de Géographie ancienne ; & quoiqu’il s’en trouve
beaucoup dans le grand diâionnaire de la Martinière, il biffe cependant beaucoup à
defirer, foit pour l’exaâitude, foit pour la colleâion des noms. J’ai donc dû me propofer
de faire ce qui n’exiftoit pas 6c ce que le public étoit en droit d’attendre, c ’eft-à-dire,
un diâionnaire allez complet.poqr que tous les noms de lieux, de rivières, &c. connus
par les auteurs de l’antiquité 6c par ceux des favaps qui ont travaillé d’après eux, fe
trouvaffent dans mon ouyrage. Je me fuis abftenu, autant qu’il a été poffible, de
toute difeuffion critique, de tout ce q u i, ayant l’air de differtation, eût pu alonger les
articles ; mais j’ai tâché de compléter la nomenclature, afin de rendre l ’ufage de ce
livre intéreffant pour la leâure des auteurs anciens. Auffi je crois pouvoir affurer que
j’ai peu omis de noms géographiques, de ceux au moins qui fe trouvent dans les auteurs
grecs 6c latins regardés comme claffiques ; & , s’il m’en eft échappé , c’eft abfolument
contre mon gré. J’ai préparé même pour la fin de tout l’alphabet, un fupplément pour
le's articles que j’aurais pu oublier ou qui auraient été égarés pendant le cours de
l’impreffion.
Cependant, je fuis bien éloigné de croire cette nomenclature complette ,& mes articles,
quoique faits avec foin, exempts de fautes. Mais, comme il me feroit bien doux, après
un fi long travail, de voir cet ouvrage porté à un degré raifonnable de perfeâion , je
prends la liberté d’inviter ici les favans françois 6c étrangers, qui ne trouveront pas
mon ouvrage indigne de leurs remarques; je les invite, dis-je, à me les faire paffer
foit par la voie de MM. les ambaffadeurs & celle du miniftre des affaires étrangères,
q u ia daigné m’en accorder la permiffion,. foit par telle autre voie qu’il leur plaira,
pourvu qu’elle ne me foit pas trop onéreufe. Je puis affurer que j’en profiterai avec une
tres-vive reconnoiffance ; que je me ferai un devoir de nommer ceux qui ne m’auront pas
jmpofé la loi contraire; & q u ’enfin,je m’enfervirai pour la perfeâion de ce diâionnaire,
s il a quelque jour l’avantage d’une fécondé édition.
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