
Les Archontes enfuite ne relièrent plus que dix
ans en place, ce qui les fit nommer décennaircs. Ils
commencèrent en 754, & celïèrent en 687.
Après un interrègne de trois ans, on recréa des
Archontes ; mais le temps de leur magiftrature fut
réduit à un an. On les nomma Archontes annuels : la
lifte de ceux-ci va jufqu’en 293. Ceux que l’on
trouve enfuite ne font indiqués que par intervalles*
On n’a pas de détails fur l’hiftoire d’Athènes
depuis la mort de Codrus jufques vers 624. Alors
on voit Dracon réformer les loix , & s’oppofer au
relâchement qui s’étoit introduit dans la république.
Mais ayant eu trop peu d’égard à la foiblefîe infé-
parable de l’humanité, la trop grande févéritê de fes
loix en empêcha l’entière exécution.Trente ans après
Solon en donna de nouvelles. Elles parurent plus
fages, plus accommodées aux moeurs des Athéniens.
Mais, l’oit que le caraétère’extrêmement léger de ce
peuple n’ait pu être arrêté par aucun frein raifon-
nable ; foit que le légiflateur ait manqué de vues
affez profondes pour donner à fes loix le point jufte
de force qui devoit en affurer la folidité, la réforme
ne maintint pas le bon ordre plus de trente ans.
La tranquillité fut troublée par trois ambitieux,
qui afpiroient à la royauté : Pififtràte l’emporta.
Athènes eut donc un maître. Il y mit tous les mé-
nagemens qui convenoient à fes intérêts & aux
circonftances. Ses deux fils, Hippias & Hipparque,
trouvèrent même le moyen de lui fuccéder. Mais
le fentiment de la liberté n’étoit pas éteint dans
toutes les âmes. Quelques Athéniens s’armèrent :
Hippias fut tué, & Hipparque chaffé en 508. Cette
démarche républicaine, qui fembloit n’être qu’un
événement domeftique, fut la première caufe'des
maux qui tombèrent bientôt fur toute la Grèce.
Hipparque, paftfé en A lie , fe rendit à la cour
du roi de Perle, l’intéreffa en fa faveur-, & lui
montra, comme un expédition facile, la conquête
des poffeflions des Athéniens. L’événement ne
répondit pas à fon attente. Les Athéniens s’étoient
paifionnés pour la liberté : ce fentiment s’étoit dé-
véloppé dans toute fon énergie. Les troupes de
Darius, au nombre de onze cent mille hommes,
furent défaites à Marathon par Miltiade , qui n’en
commandoit que dix mille. Ce premier fuccès enfla
leur courage, & montra aux Grecs ce qu’ils pou-
voient. Les Lacédémoniens, fe joignirent aux Athéniens
, & les Perfes furent battus de nouveau fous
Xerxès aux Thermopyles , à Salamine, à Platée ;
enfin ils abandonnèrent le pays, & remirent à des
temps plus favorables l’exécution de leurs projets.
Cependant Lacédémone & Athènes, toutes
deux loumîfes à un régime différent, ne s’en dirigèrent
pas moins vers un même but. Ces grands
luccès avoient exalté leur courage. Chacune prétendit
à la fupériorité. De-là la guerre que fe fi-
’rent ces deux puiffances fous le nom de guerre du
Péloponnèfe. Elle dura depuis 428 jufqu’en 400.
L ’iffue en fut malheureufe pour les Athéniens. Un
général Lacédémonien , Lyfandre, prit AthènesJ
& y établît trente tyrans pour la gouverner. Après
quelque temps d’une humiliation douloureufe,
Thralybule les chaffa, & Athènes recouvra fon
premier luftre.
Pendant le temps qui s’étoit écoulé depuis
les premières défaites des Perfes jufqu’à la fin
de la guerre du Péloponnèfe, les Athéniens s’étoient
étendus au-dehors par des conquêtes, &
avoient cultivé chez eux les arts qui doivent leur
naiflance au génie. La poéfie, l’éloquence, la
peinture, la fculpture, l’architeiftiire & laphilofo-
phie fembloient avoir fait d’Athènes le fiège de leur
empire. L’ambition des rois de Macédoine porta
bientôt les coups les plus funeftes au bonheur de
ce peuple, qui tir oit toute fa gloire dès arts St dé
fa liberté. Il faut convenir aufli que les Athéniens
étoient bien loin d’avoir la vertu modefte qui fe
fait pardonner le mérite. Inconftans & vains, ils
avoient fouvent varié leur conduite, maltraité leurs,
plus grands hommes, & toujours infulté leurs
ennemis & bravé leurs voifins.
Philippe, roi de Macédoine, marcha contre eux,
& les battit à la bataille de Chéronée en 338. Le
célèbre Démofthène vivoit alors. Alexandre traita
les Athéniens en vainqueur généreux* Content de
les avoir humiliés, il ne leur ôta rien de leur liberté
; mais c’étoittrop pour des âmes libres , que
d’avoir à craindre un maître. Us fe montrèrent
toujours oppofés à ce prince. Ses fuccefTeurs traitèrent
, en différentes occafions, les Athéniens
beaucoup plus mal que n’avoit fait Alexandre. Les
Romains, fous la conduite de Sylla, détruifirent
Athènes, confidérée comme puiflance fouveraine.
Il lui refta le fouvenir de fa gloire paffée , &
l’honneur d’être encore long - temps l’école du
monde alors connu des Grecs & des Romains.
Cependant, malgré les malheurs que les Athéniens
ont éprouvé tant de fois différentes'depuis ce temps,
& malgré l’état d’anéantiffementdans lequel ils ont
été réduits par le gouvernement defpotique des
Turcs, on voit encore dans leurs yeux & dans
leurs manières quelque chofe du caraftère v if &
. fpirituel de leurs ancêtres.
ATHENIENSIUM PORTUS, où port des Athéniens,
port de la Grèce, entre le port Bucéphalon
& le promontoire Spirée, fur la côte orientale de
l’Argolide, c’eft-à-dire, dans le golfe Saronique.
ATHENOPOLIS, ville de la Gaule Narbon-
noife, - fur la côte des Maflïliens, entre le port
Citharijla & Forum Julii, félon Pline. M. d’Anville
croit en retrouver l’emplacement dans le lieu appelle
maintenant Agay ; mais ce n’eft qu’une con-
jeâure : il y a eu d’autres fentimens ; mais on doit
fe défier de ceux qui placent ce lieu dans l’intérieur
des terres, puifqu’il relevoit des Maflïliens
ou Marfeillois, & qu’ils n’avoient précifément que
la côte.
ATHESIS (/’Adige}. Ce fleuve, commençant
fon haut au nord, dans la Rhétie, pafloit à Triden-
tum (Trente ) , dans le même pays, entroit dans le
Venitia,
Venitia., côtoyoit le Benacus, arrofqit Vet'ona,
tournoit au fud-eft, puis à l ’eft, & fe jettoit dans
le golfe, un peu au nord du Padus. Ce fut par les
défilés qui fe trouvent à l’eft de ce fleuve, dans la
partie fupérieure, qu’avoientpafle les Cimbres pour
entrer en Italie. Ils avoient enfuite forcé le paflage
de l’Athéfis, près Vérone, malgré les foins de
Catulus à le défendre ( l ’an de Rome 652) ; heu-
reufement pour les Romains, que les délices de ce
pays affoiblirent leurs forces en énervant leur
courage. Nous avons parlé de leur défaite par
Marius, dans l'es RaudiiÇampi.
A THIS, ville de l’Afie, qui étoit fituée fur la
rive occidentale de l’Euphrate, vers lefud-oueft
de Nicephorium, au 35e degré 3 5 min. de latitude.
ATHLULA, ville de l’Arabie, félon Dion Caflîus.
A THM A TH A , ville de la Paleftine, dans la
tribu de Jtida, félon le livre de Jofué, ch. /ƒ.
ATHMONENSES,les Athmonéens, peuple de
Grèce, dans l’Attique. Paufanias rapporte {in Attic.
ch. 14. ) qu’ils avoient chez eux un temple de Vénus
célefte, qu’ils croyoient avoir été fonde par Por-
phyrion, qui avo.it régné dans l’Attique, meme
avant A&ée. Et dans le même liv. ch.. 31, il dit
•qu’ils honoroient Diane Amaryfie, épithète dont il
n’a pu, dit-il, connoître l’origine : mais il préfume
que ce culte étoit venu de l’île d’Eubée.
ATHMONIA , ou A t h m o n o n , nom d’une
bourgade de l’Attique, dans la tribu de Cécropide
( Voye% ATHMONENSES).
ATHMONON, bourg de l’Attique, le même
qu'Athmonia; & même Athmonon devoit être le
nom Grec.
A TH O N , ville de la Palèftine, aux frontières
de l’Arabie, félon Jofeph, antiq. qui dit que cette
ville fut prife par Alexandre Jannée, fur Arétas,
roi d’Arabie.
A TH O S , (en grec moderne Aghion Oros, en italien
Monte Samo}, montagne d’Europe, que les
anciens ont attribuée les uns à la Titra ce, les autres
à la Macédoine. Cette différence tient au peu
d’étendue qu’avoit d’abord la Macédoine de ce
côté. Mais ' d’abord la Thrace s’étendôit jufqu’à
VAxius. Quoi qu’il en foit, l’Athos termine une
prefqu’île fôus le 42e deg. de long, du mérid. de
Paris,& touchant prefqu’au 40e de latit. Cette petite
prefqu’île eft la plus orientale de la Chalcidi-
que, qui eft elle-même une prefqu’île.
Les anciens ont parlé avec admiration de la hauteur
du mont Athos ; je n’en fais pas la mefure
géométrique : il eft certain qu’il eft très-haut. On en
peut prendre une idée par ce que dit Pline, qu’au
temps du folftice d’été, fon ombre portoit julques
fur la ville de Myrine qui étoit dans l’île de Lemnos,
à 72 milles de diftance. Mais il faut obferver que ce
devoit être au foleilcouchant, lorfque le foleil s’a-
baiffok fous l’horifon.
Lorfque la flotte de Xerxès, dans fon invafion en
Grèce, fut arrivée, en longeant les côtes, à l’eft de
çette montagne, pour éyitcr les dangers qu’elle
Qéographiç ancienne,
couroît à doubler le cap, ce prince fit féparer la
montagne d’avec la terre-ferme par un canal. La
nature même du terrain l’y invitoit, car il y a en ce
lieu une efpèce d’anfe qui dut lui fervir.
On rapporte qu’un célèbre architeéle de la fuite
d’Alexandre, avoit propofé à ce héros de faire tailler
l’Athos de manière qu’il re'préfentât un géant
qui dans une de fes mains tiendroit une ville, &
de l’autre laifferoit aller un fleuve. Ce projet ne fut
pas accepté (1).
ATHR E S, nom d’une rivière de la Scythie en
Europe, félon Hérodote.
ATHRIBIS, ville de l’Egypte, dans le Delta.
Elle étoit la métropole du nome Atthribites, & étoit
fituée fur un canal du N il, qui en prenoit le nom
d’Athribitique, félon Ptolemée & Strabon.
Quelques auteurs écrivent Athlibis.
A th r ib is , ville de l’Arabie, félon Etienne le
géographe, à l’article Athlibis.
ATHRIBITES, nom d’un nome de l’Egypte,
dont la capitale étoit Athribis, félon Strabon 8c
Ptolemée.
A TH R ITÆ , les Athrites, peuple de l’Arabie
heureufe, félon Ptolemée.
ATHRULL A , ville de l’Arabie heureufe, félon
Strabon.
ATHMYBRA, ancien nom de la ville de Nyfa ou
N y fle , félon Etienne le géographe ; elle étoit de
l’Àfie Mineure. Cet auteur la place dans la Carie*
Je fais que les limites de ce côté ont varié. Mais
comme elle étoit à la droite du Méandre , elle eft
plus ordinairement attribuée à la Lydie.
ATIL IÀNA , nom d’un lieu de l’Hifpanie, entre
AJlorga 8c Tarraco, à trente mille pas de Virovena,
& à trente-deux mille pas de Barbariana, félon
l’itinéraire d’Antonin. •
ATINA ou A t in um ( Atlno ) , ville d’Italie,
dans le Latium, vers le nord-eft, au fud-eft de
Sora. Elle avoit d’abord appartenu aux Samnites*
Frontin dit que Nero Claudius Céfar y menaune;
colonie.
A t in a , dans la Lucania, au iud-eft de Forum.
Popilii : ce doit être celle dont parlent Pline Pto-
leniée : du moins je le crois, quoiqu’il y ait quelque
différence dans les indications.
A TINTANE S , les Atintanes, peuple d’Europe.
Selon Thucydide, ils habitoient la partie orientale
de l’Illyrie. Mais Tite-Live & Polybe réunifient
leur pays à la Macédoine. Voulant s’affranchir de
la domination des Romains, par le confeil de De-
metrius de Pharos, ils fe fournirent aux Romains
commandés par Pofthumius.
A TINUM, voyez A t in a .
A TISIS , & A tiso , rivière de l’Italie, dans l’In-
fubrie, félon Qrtélius, qui dit qu’elle fe jette dans
(1) J’ai donné à la fin de la nouvelle édition de la troi-
fiènie partie de ma Géographie comparée(Turquie d’Europe),
une defeription très-détaillée de l’état aftuel de l’Aghio^
Oros ; elle m’a été envoyée de Conftantinople.
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