
des mathématiques, il y fit des progrès fi rapides , qu’il eut la charge de premier
architefte du royaume & de chef des mathématiques. Le roi le mit à la tête des arpenteurs
de fon royaume, pour lever géométriquement leur diftrift. Eureus recevant les morceaux
leves par ces arpenteurs, en compofa une carte générale du royaume qui parut à
Stockholm en 1625 , en fix grandes feuilles, gravées par Trantman.
Après la mort de Guftave Adolphe, la Géographie languiffoit en Suède jufqu’à ce
que Charles XI monta fur le trône. Ce monarque , non-feulement remit en vigueur
les anciens établifle-mens, mais même il les augmenta & les perfeftionna, en nommant
une comrmflîon d’arpenteurs pour la Livonie, l’Eftonie, l’Ingermanie, la Poméranie
& le duché des Deux-Ponts. Le baron Charles de Gripenheim fut mis à la tête de
cet etabliffenïent. Il mourut en 1684, & eutpourfucceffenr le colonel comte de Dalliberg,
qui pouffa fi vivement les travaux, qu’en 1689 on pouvoit donner des cartes exaêfes
de toute la Suede, lorfque, par ordre du r o i, la publication en fut défendue. On
reconnut bientôt l’abus de ces défenfes. Les cartes parurent fucceffivement, & elles
contribuent encore à étendre la réputation du bureau géographique de Stockholm.
La Ruflïe n’a commencé à cultiver la Géographie avec fuccès que vers la fin du
dernier fiecle. On avoit cependant déjà dreffé une Carte fous le Czar Michel Fédérowitr;
mais il falloit un Pierre-le-Grand pour appeler les fciences dans fes états. Ce monarque
defîroit connoîtrè l’etendue de fon empire. Il fit lever des plans & des cartes : en 1 7 1 5 ,
le fénat fut chargé de recevoir les rapports des arpenteurs employés pour cette entreprise»
■ Sous ce règne, la mer Cafpienne changea de forme. Et quoique l’on ait voulu, dans
ces derniers temps, apporter des changent ens à fa configuration méridionale, les autorités
fur lefquelles on appuyoit cette affertion ont paru fi foihles à l’académie de Pétersbourg ,
qu’elle n’a pas daigné y donner la moindre attention.
Lorfque cette académie commença à s’occuper de la Géographie de tout l’empire,
on appela de Paris Jofeph de Lille, qui paffa en effet à Pétersbourg en qualité d’aftronome
& de géographe, en 1726. Le grand atlas de Ruffie fut achevé en 1745. Mais on doit
le regarder comme un ouvrage bien imparfait en comparaifon des travaux que l’académie
a publies depuis . & (le ceux que fait faire 1 auguffe impératrice aujourd’hui régnante. On
doit préfumer même qu’à fon retour de la Beffarabie & de la Crîmee, elle en fera
publier des cartes plus exaûes que celles que l’on a-voit eues jufqu’à préfent. Il eft raifon-
nable que cette princeffe prenne un grand intérêt aux progrès de la Géographie; aucun
Souverain ne pofsède un empire auffi étendu.
Mais ce fut particuliérement en France que la -Géographie fit des progrès plus marqués.
Il y avoit déjà quelques cartes i mparfaites de province, lorfque François de la G'uillotière,
natif de Bordeaux, fut, pour ainfi dire, le premier qui, profitant des lumières des favans
antérieurs Sc contemporains, ainfi que des fiennes propres, publia , en 1584, une carte
générale du royaume. On dit qu’il avoit auffi dreffé les cartes particulières de toutes les
provinces. '
■ Celui qui s’eft le plus diftingué dans le fîëcle fuivant, fut Nicolas Sanfon, d’Abbeville,
né en téoo , d’une famille très-honnête de -la Picardie. Ses fils Nicolas, Guillaume &
Adrien coururent la même carrière & foutinrent avec honneur la réputation de leur
père. Pierre-Moulard Sanfon, petit-fils de Nicolas Sanfon, entra auffi dans les vues
de fon aïeul. Le reproche que l’on a fait à ces favans, a ete de n avoir pas mis en
ufage les obfervations aftronomiques. Mais elles étoient trop récentes ; on en avoit
encore trop peu du genre qui appartient à la Géographie, pour que le premier des
Sanfon pût s’en fervir, & même pour que fes fils entrepriffent de refondre les ouvrages
de leur père.
Dès le temps des Sanfon, Pierre D u v a l, d’Abbeville, leur parent, fit auffi fon unique
occupation de la Géographie ; mais fes ouvrages étoient négligés, & , pour la plupart,
des copies des cartes des Sanfon.
Le P. Briet, jéfuite, contemporain & compatriote de Nicolas Sanfon, s’occupa
beaucoup de la Géographie. On connoît fon ouvrage latin, dont le titre lignifie en
françois, parallèle de la Géographie ancienne & moderne (1).
■» Le commencement de notre fiècle doit être regardé comme l’époque d’un renouvellement
général de la Géographie en France, & , pour ainfi dire, dans toutes les parties de l’Europe.
L’académie des Sciences, par les travaux de plufieurs de fes membres, influa confidéra-
blement fur le progrès de la Géographie. On n’avoit guère connu l’application que l’on
pouvoit faire à cette fcience des connoiffances aflronomiques. Le P. Ricçioli, jéfuite
italien, l’avoit entrevue ; mais c’eft aux Picards, aux La Hire, aux Caffini, &c. que l’on
eft redevable de la grande entreprife de la mefure de la terre (2). Les opérations faites
depuis Dunkerque jufqu’à Colioure , pour» tracer une méridienne à travers toute la
France, firent naître l’idée de lever tout ce royaume géométriquement. Ce travail,
entrepris depuis long-temps, touche en ce moment à fa fin.
Guillaume de Lille, élève de Dominique Caffini, & agrégé fous ce titre à l’académie
des Sciences, fut le premier qui fit ufage des obfervations aftronomiques. Il publia un
très-grand nombre de cartes; & , s’il ne fit pas mieux, ce fut fur-tout par défaut de
meilleurs matériaux. Il s’occupa, auffi de la Géographie ancienne. Mais, je ne crains pas
de le dire ic i , c’eft la partie qu’il a traitée le moins heureufement ; & deux chofes, félon
m oi, y ont contribué: i° . défaut de connoiffance dans beaucoup de détails concernant
la Géographie ancienne : 20. défaut de critique dans l’étude qu’il fit des auteurs anciens.
La révolution, dans cette partie de la Géographie, ainfi que la perfeâion dans la Géographie
moderne, femblent avoir été réfervées à M. d’Anville.
; ( 0 Je l’ai dit dans le temps ; ce fut la lecture de cet ouvrage qui me fit naître le defTein 'de publier une
G é o g r a p h i e c o m p a r é e . Non - feulement l’ouvrage du- P. Briet eft en latin & n’eft pas achevé,
mais de plus on y trouve beaucoup d’inexaflitudes , une nomenclature trop fèche, & une méthode
qui laide beaucoup à defirer. Cela n’empêche pas que cet ouvrage ne foit fort utile à ceux qui travaillent
fur la Géographie ancienne, & que fon auteur fur-tout, n’ait été un très-habile homme.
(2) On fait que pour avoir une comparaifon jufte de deux-degrés de méridien., -prife à des diftancés
confidérables en latitude, le feu roi envoya des académiciens fous l’é q u a te u r& d’autres, fous le cercle
polaire. . Les réfnltats de leurs calculs démontrèrent l’applatiftement de la terre aux deux pôles, ainfi
que 1 avoit annoncée la théorie. M. de la Place , auffi de l'académie des Sci ences „ ayant repris cette,
matière * a trouyé que cet applatiflement devoit être d’un trois cent vingtième du diamètre de l’équateur*