CHAPITRE V.
DE I,A TR I I flT F . AU TO RT DU ROI-GEORGES.
1826. A deux heures quinze minutes du matin, on m’a
3t juillet, prévenu qu’on apercevait la terre de l’avant, un peu à
bâbord; au point du jour, nous avons clairement distingué
les rochers de Martin-Vaz à trois milles environ
au vent, et l’ile de la Trinité k dix-huit ou vingt milles
sous le vent. A six heures vingt-deux minutes dn
matin, après une station géographique, nous fîmes
route à l’ouest sur le milieu de Tile ; à neuf heures
trente minutes, ne nous trouvant plus qu’à trois milles
à Test du Pain-de-Sucre, une seconde station eut lieu ;
et le thermométrographe fut envoyé à cent brasses;
mais une dérive trop forte dérangea tout-à-fait l’expérience.
Nous fîmes servir à dix heures ; alors le vent
avait un peu rangé le sud, et le courant portait le long
de Tile; de sorte que je vis le moment où j ’allais compromettre
la sûreté du navire en voulant doubler Tile
par le sud. Cependant à dix heures trente minutes
nous rangeâmes à moins d’un mille les brisans qui
bornent le morne immense, aride et sauvage, qui
termine Tile de ce côté, puis nous continuâmes de la
contourner en nous maintenant à deux milles au plus
de distance.
La partie occidentale de la Trinité offre les accidens
du sol les plus remarquables, savoir : à partir du sud,
cette masse singulière, à arêtes très-droites, qui de
loin semble un énorme édifice, et dont la hase offre
une ouverture à demi elliptique qui traverse sa charpente
entière, et permet d’apercevoir le jour de Tautre
bord. Sur sa gauche vient ce gros rocher incliné,
isolé, dépouillé, que les Anglais ont nommé le Pain-
de-Sucre, de onze cents pieds de hauteur. C’est au
pied de ce rocher que sont les deux seuls mouillages
de Tile, si toutefois on peut leur donner ce nom. L’un
est au S. L . , et Tautre au S. O. de Tile. C’était sur
les bords de la première, près de la petite plage qui
Tentoure, qu’était établie la colonie portugaise qu’y
trouva M. de La Pérouse en 1785. Ln effet, voilàle
seul endroit de Tile où l’homme puisse faire quelques
pas en droit chemin. Au N. O. on admire
un rocher non moins surprenant que les précédons;