c endu à te rre , au b ru it de la niousqueterie des tro u p es
qui env iro n n a ien t le m o n um e n t, et de l’artillerie d e UAstrolabe,
avec le recueillement e t la tristesse q u ’inspire
une cérémonie funèbre.
Quelque temps après l’arrivée de M. d ’Urville à Vanik
o ro , l ’influence pestiférée d u climat se fit sen tir. Qua
ra n te hommes de VAstrolabe éta ien t su r les cadres lorsque
M. d ’Urville q u itta le mouillage où il s’était réfugié. La
santé d u re s te de l ’équipage était chancelante, e t lui-même,
a tte in t de la fièvre , avait à peine la force nécessaire p o u r
veiller à la conduite du b â tim en t dans la passe é tro ite et
difficile p a r laquelle il devait s’éloigner des lieux qui n e
lui avaient p ré sen té que des images d o u lo u reu se s, sources
d ’é te rn els reg re ts.
Les renseignemcns obtenus p a r M. d ’Urville firen t ju g e r
que les frégates commandées p a r M. de La Pé ro u se aura
ie n t re n c o n tré in o p in ém e n t, dans une n u it obscure et
p en d an t u n v en t v iolent de su d -e s t, les récifs qu i entour
e n t l’ile de V a n iko ro , et s’y seraient brisés. L’u n d ’eux
serait ven u h e u rte r u n de ces récifs taillé à pic et aurait
coulé à fond presque immédiatement. L’a u tre vaisseau,
plus h e u re u x , serait e n tré dans une des coupures de ce
ré c if; mais, n ’ayant pas tro u v é assez d ’e au , il se serait
échoué et au rait demeuré en place. C’est celui d o n t les
débris aperçus au fond des eaux a tte sten t le naufrage.
T ren te hommes d u b â tim en t coulé à fond auraien t p u
g a g n e r la te rre . M. d ’Urville n e pa rle pas du so rt qui leur
a été réserv é ; mais les ré cits d u capitaine Dillon ten d e n t
à faire c ro ire q u ’ils au raien t été massacrés p a r les n a tu re ls
de Tîle. Q u an t à l ’équipage d u b â tim en t qui s’est échoué
e t q u ’il a été impossible de re lev e r de la côte, M. d ’Urville
a en ten d u dire q u ’il aurait d éb arq u é dans le distric t de
Païou, lieu voisin du naufrage, et a u rait co n struit, avec les
débris q u ’il aurait p u s a u v e r, un p e tit b â tim en t à l ’aide
duquel tous les Français se se raient mis en mer après un
séjour de sep t lunes dans l ’î l e , p o u r v en ir dans quelques-
uns des établissemens européens des Moluques ou de la
Nouvelle-Hollande. On n e p e u t malheureusement que tro p
p rév o ir le so rt qui a été réserv é à ces in fo rtu n é s d o n t
depuis plus de q u a ran te ans o n n ’a pas en ten d u p a rle r.
Quelques récits cep en d an t assu ren t que deux hommes
de l’équipage re s tè re n t dans Tile, mais q u ’ils m o u ru r
e n t en moins de deux années. Ainsi le fru it de toutes
nos rech e rch e s a été de nous p ro c u re r quelques canons ,
u n e ancre ro n g é e p a r la ro u ille , q u i, en nous faisant
co n n aître le lieu d u n aufrage des compagnons de La
P é ro u s e , nous en lèv en t Tespoir de jamais en re tro u v e r
un seul.
Si quelque chose p e u t adoucir les re g re ts de ceux qui
o n t accompagné le contre-amiral d ’Entre ca ste au x , chargé
spécialement de re ch e rch e r les traces de La Pé ro u se , c’est
que dans le cas même où ils au raien t abordé à l ’île Vanik
o ro p e n d an t leu r e x p é d itio n , il est p ro b ab le q u ’ils n ’y
auraien t re tro u v é que les témoins muets de la p e rte de ses
bâtimens. La seule différence qui eû t e x is té , c’est que ces
témoins n ’eussent pas é té endommagés p a r le temps. En
effet les bâtimens de La Pé ro u se , pa rtis de Botany-Bay au
commencement de Tannée 1 7 8 8 , doivent avoir p é ri su r
Tîle de Vanikoro dans le co u ran t de la même a n n é e , ou
au plus ta rd au commencement de 1789. Ce n ’est q u ’au
mois de mai 1793 , c ’est-à-dire q u a tre ou cinq ans après
l ’époque présuméè de la p e rte des bâtimens de La P é ro
u se , que le c o n tre -am ira l d ’E n trecasteaux au rait pu
aborder les lieux du naufrage. Les renseignemens obtenus
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