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ISO NOTES.
C’est h tort qu’on prend la couleur blanche du sommet du
Pic pour de la neige ; ce n’est que celle des obsidiennes. Si on
en voit quelquefois dans la saison où il en tombe , ce ne peut
être que sur les flancs du grand dôme.
' La descente del Pilon s’opère avec rapidité. C’est avec plaisir
qu’en posant le pied dans ces petites obsidiennes légères, on s’y
cnfonceà moitié jambe. I ln ’enestpas de même dans celles, plus
grosses, qu’on trouve après avoir franchi les blocs de basalte,
ct dont quelques-unes coupent comme le verre dont elles ont
l’aspect. Alors il est bon de suivre le sentier tracé. Ne le faisant
pas toujours, je me fis en tombant quelques coupures aux
jambes.
.Ayant appris et lu , dans des relations, que les chaussures
étaient brûlées au sommet de la montagne par les vapeurs sulfureuses,
et mises en pièces par les rochers, nous nous en étions
pourvus de rechange : c’était bien inutile, les nôtres ne furent
pas le moins du monde endommagées par le feu, et seulement
un peu limées par les obsidiennes. Ellesjont servi beaucoup de
temps encore à d’autres courses. Il est bon d’avoir des demi-
guêtres en peau ou en toile pour prévenir l’entrée des petites
pierres dans les souliers.
J’allais oublier de parler de la Caverne des Neiges (Cueva de
las Nieves) que nous visitâmes au retour. Comme elle est presque
sur la route, sur les flancs du grand dôme, on peut aussi
bien le faire en allant. Elle est formée de grands blocs basaltiques
entassés les uns sur les autres, sans beaucoup d’ordre.
Elle est spacieuse; son entrée droite et profonde a douze à
quinze pieds. On m’y descendit avec une corde. J’y trouvai de
la neige et une assez grande quantité d’eau gelée jusqu’à la superficie.
De très-belles et grosses stalactites de glace pendaient
à la voûte, et, pendant que je recueillais des conferves dans de
l’eau à la température de zéro', le soleil qui pénétrait par l’ouverture
me brûlait le dos. Quoique ce soit là qu’on vienne
quelquefois chercher la glace dont on se sert à la ville de Sainte-
Croix, on ne s’cst point encore avisé d’y placer une échelle à
demeure au lieu des bâtons qu’on laisse pour y descendre.
A six heures nous étions de retour à l’endroit où nous avions
couché, ct, comme nos chevaux n’avaient eu que peu à boire
avec l’eau que nous avions apportée, et presque point à manger,
qu’une petite quantité d’avoine, nous nous mîmes on route ct
gagnâmes tout d’un trait la station del Pino , dans les nuages,
et quise trouve près de l’Orotava. Avantque d’y atteindre, nous
eûmes un mirage assez fort pour prendre des chèvres pour des
chevaux. Ces animaux vivent, dans ces solitudes , dans un état
demi sauvage. Ils vont jusqu’aux Canadas, et l’on peut même
en tuer pour manger sur le Pic sans que les propriétaires le
trouvent très-mauvais, lorsqu’ils viennent à le savoir. A e l
Pino nous dînâmes, et nos chevaux trouvèrent de l’eau et de
l’herbe; puis nous descendîmes jusqu’à l’Orotava en chassant.
Le pavé était tellement en pente et glissant que sur des cbevaux
fatigués nous ne voulûmes pas nous hasarder à le parcourir.
Pas un d’eux ne broncha cependant. Des hauteurs, aussitôt
qu’on a laissé les nuages, le coup-d’oeil est charmant. C’était
fête ce jour-là à la ville, aussi eûmes-nous à en traverser toute
la population. Nous couchâmes chez M. Berthelot qui, le lendemain,
voulut bien nous accompagner à Sainte-Croix, et
passer le jour suivant avec nous à bord. Nous laissâmes à 1 Oro-
tava notre guide du Pic , qui nous demanda neuf piastres.
Nous dînâmes à l’hôtel de Matanza, et, arrivés en cet endroit
de la route qui est traversé par un aqueduc en bois supporté
par des pieux, M. Bertbelot nous dit que nous n’étions qu’à
cinq cents pas d’une grande forêt, et cependant nous ue voyions
point d’arbres. Mais en s’élevant un peu sur la droite nous
aperçûmes celle qu’on n o m m e d’Aguas-Garcias. Elle est magnifique,
ct ressemble aux forêts vierges d’Amérique. Il y a des
arbres très-gros ; ceux de l’entrée sont des bruyères d’une grosseur
et d’une élévation telles que je n’en avais point encore vu
de semblables. C’est le seul Heu de notre course où nous trouvâmes
un petit ruisseau coulant sur les pierres d’un ravin. En
général, l’eau manque à Ténériffe. Nous y trouvâmes des
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