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182.G.
Mai.
3o.
cours dans scs sinuosités s’approche souvent de celui
du Guarranque situé un peu plus an nord. Cejour était
un dimanche, et, pour un peuple aussi dévot, je fus
surpris de voir un bon nombre d’babitans occupés
à bêcher leurs champs. A l’observation que je leur
lis ils ne donnèrent que cette réponse du reste bien
naturelle ; Nous sommes bien pauvres.^
Vers neuf heures du matin, suivi de (juelques officiers
, j’allai débarquer au pont de la Mayorga, et de
là me dirigeai vers Saint-Roch, distant d’une demi-
lieue environ. Quoique sablonneuse, la route est
assez belle et bordée de champs de blé. Saint-Roch
n’est qu’un village perché sur le sommet d’une colline
, assez agréable, quoique dépourvu d’ombrages.
Un grand nombre d’Anglais distingués de Gibraltar
viennent y passer l’été, et la dépense qu’ils y font procure
à ses habitans des ressources inconnues à leurs
voisins. Nous revînmes prendre notre canot par
une route plus longue et dirigée vers l’ouest, et près
de la mer, une pierre blanche élevée sur le bord du
chemin m’indiqua le lieu où un directeur des postes
de Saint-Roch et sa malheureuse femme avaient été
fusillés, en juin 1823, par un parti de constitutionnels.
Je sus aussi que quinze jours venaient à peine
de s’écouler depuis que l’officier qui fît commettre ce
crime en avait reçu le juste châtiment à Algésiras.
Dès le matin une salve de treize coups de canon
lirée par les forts de la ville nous annonça la féte du
roi d’Espagne. A midi elle fut répétée; les canons de
r Astrolabe saluèrent du même nombre, et à trois
beures, suivi de M. Gressien , je me rendis à l’invitation
du gouverneur. Les convives étaient nombreux ;
il régnait aussi parmi eux plus de gaieté que jen’en aurais
attendu de la gravité espagnole. Malgré l’abondance et
la variété des mets, et surtout des viandes, ce banquet
ressemblait plus aux noces de G amache qu’au festin
d’un grand seigneur. Du reste M. le baron de Miranda
me combla de politesses ct d’offres de services,
dont je lui témoignai ma reconnaissance, bien que je
n’eusse absolument besoin de rien pour le moment.
Le jour suivant je tentai, à l’aide d’une petite brise
de S. S. E ., de mettre à la voile pour faire route ;
après avoir varié en divers sens, dès une heure le vent
était revenu à l’O. S. O., et cc fut avec beaucoup de
peine que je me remis en position de mouiller devant le
fort Sant-Antonio par quinze brasses et demie vase et
coquilles. Plus de soixante-dix navires avaient comme
nous tenté la fortune, la plupart revinrent aussi au
mouillage.
Voyant les vents opiniàtrément fixés à l’ouest, je
me déterminai à exécuter une course sur le sommet
des montagnes qui dominent Algésiras. Suivi de
MM. Lottin ct Lesson, je gravis à leur cime, et,
quoiqu’un peu pénible, cette éxcursion me donna
sujet de faire quelques observations curieuses. La
zòne qui s’étend depuis le rivage jusqu’aux flancs de
la montagne est occupée par des champs de blé entremêlés
de pâturages verdoyans ; elle n’offre guère d’autres
plantes ligneuses que des buissons de Nerium,
de Cytise épineux, de Chamoerops, et pas un seul
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Mai.
J u in .
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