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Sur une portée de douze petits eoehons, il ne se trouva
que trois femelles, et une seulement sur sept chevaux
; il en fut de même généralement de toutes les
autres races d’animaux. Cette singularité fit naître
alors de sérieuses craintes, en ce que le manque de
femelles pouvait retarder de beaucoup l’époque où
l’on pourrait se passer des secours de la mère-patrie.
Au mois de décembre la récolte eut lieu ; elle produisit,
à Rose-Hill, deux cents boisseaux de blé, trente-
cinq d’orge, un peu d’avoine et une petite quantité de
maïs, qui fut en entier réservée pour semis. En outre,
vingt-cinq boisseaux d’orge furent recueillis dans un
petit morceau de terre cultivée à Sydney, nommé la
Ferme du gouverneur. Tel fut le premier fruit que les
Européens retirèrent de leurs travaux et de leurs
sueurs sur cette terre lointaine, qui jusqu’alors n’avait
vu croître que les végétaux qu’elle tenait des mains
de la nature.
L ’hiver de 1790 fut pénible, car les provisions tiraient
à leur fin ; on ignorait quand il pourrait en arriver
de nouvelles d’Angleterre, et l’on fut obligé de
faire des réductions sur les rations en tout genre. Heureusement
la pêche fournissait de grandes ressources ;
par ordre du gouverneur, on donna du poisson en ration
â raison de dix livres pour remplacer deux livres
et demie de porc salé.
Pour diminuer encore la consommation de la colonie
, on fit passer en mars deux compagnies des troupes
de marine, cent seize condamnés, soixante-huit femmes
et vingt-sept enfansjà Norfolk , sur les navires le
Sirius et le Supply. Le sol de cette île s’était montre
bien plus fertile que celui de Sydney, et toutes les
plantations avaient admirablement réussi.
L’inquiétude universelle fut encore augmentée par
le naufrage du Sirias, qui se perdit sur les brisans de
l’île Norfolk, car c’était sur ce navire que se fondaient
toutes les espérances; c’était lui qui devait aller à la
recherche de nouvelles provisions.
La ration habituelle déjà bien réduite fut encore
diminuée ; tous ceux qn’on put assigner à ce service
furent employés à chasser et à pêcher pour la subsistance
de la colonie. Mais de ces deux moyens le dernier
fut insuffisant, et l’autre presque infructueux.
La situation de la colonie devenant de plus en plus
alarmante, on prit l’unique mesure qui restait à tenter,
quelque tardifs que dussent être les secours qu’on
devait en attendre. Ce fut d’envoyer le lieutenant Bail,
avec le Supply, à Batavia, pour y prendre huit mois
de provisions pour lui-même, y louer en outre un navire
qui devait l’aider à porter dans la colonie deux
cent mille livres de farine, soixante mille livres de
porc, quatre-vingt mille livres de boeuf, et soixante-
dix mille livres de riz. Il fit voile le 17 avril, et son
retour ne pouvait avoir lieu que dans six mois !...
Enfin le 3 juin, à la satisfaction générale, un navire
parut à la côte. A son arrivée au mouillage, il se trouva
que c’était le transport Lady Juliana, appareillé de
Plymouth le 29 juillet, et chargé de deux cent vingt-
deux convicts femelles.
On sut alors que l’état d’anxiété où sc trouvait ré