arrêté et banni à l’île Norfolk où il demeura confondu
avec les convicts condamnés aux travaux forcés. H
resta plusieurs années sur cette île, séparé de tous ses
compatriotes. Quand cet établissement fut transféré
à Van-Diemen’s-Land, Mousquito y suivit les Européens.
Quelque temps après son arrivée il s’enfuit dans
les bois, se réunit aux naturels de cette île, se rendit
encore coupable de plusieurs vols et meurtres, et fut
enfin pris , lié et pendu. Durant les vingt années qu’il
avait été privé de toute communication avec ceux de
sa race, on aurait pu croire qu’il avait fait quelques
progrès dans la civilisation et acquis quelque cbose
des moeurs de l’état social ; mais , suivant toute apparence,
il vécut et mourut exactement avec le même
caractère sauvage qu’on lui avait connu trente ans
auparavant sur les bords de l’Hawkesbury.
» Je pourrais mentionner plusieurs autres circonstances
où il m’a été facile d’observer des indigènes qui
avaient joui de tous les avantages propres à améliorer
leurs dispositions naturelles, et qui semblaient n’avoir
profité en aucune manière du commerce des Européens.
Ces exemples prouveraient tous dans quel état
de dégradation ces êtres sont plongés, et combien il y
a peu d’espoir de les en faire sortir. Ces sauvages n’ont
point de besoins; ils n’ont ni réflexion, ni prévoyance.
Pour eux point de lendemain. Ils n’ont ni
magasins, ni greniers. Le jour ils rôdent à l’aventure
dans les bois, comme les oiseaux dans l’air, et les
animaux sauvages sur la terre ; la nuit ils se coucbent
dans les broussailles, sous un rocber, un arbre ou un
morceau d’écorce ou tout autre abri, si le temps est
pluvieux ou orageux. Depuis que les Européens babitent
parmi eux, je n’ai pas eu connaissance qu’un seul
naturel ait adopté les manières ou les coutumes de la
vie civilisée, se soit occupé de l’agriculture ou livré
au plus simple des métiers. Mon opinion est que les indigènes
disparaîtront à mesure que les établissemens
européens feront des progrès dans ce pays ; avant un
certain nombre d’années, il n’y existera qu’un petit
nombre de sauvages, si même il en reste. Ces malbeureux
contractent tous nos maux et tous nos vices,
mais aucune des coutumes et des manières qui pourraient
leur être avantageuses.
» N ew -S ou lh -W a le s, december l a ' “ 1S 2 6 .
» Signed S a m u e l M a r s d e n . »
P . S. J’ajouterai encore à ce chapitre sur les indigènes
de l’Australie, une observation importante
pour ceux qui attachent quelque intérêt à l’étude des
races de l’Océanie. Tous les renseignemens que j’ai
puisés dans les auteurs, les questions et les recherches
que j’ai moi-même faites sur les lieux, m’ont
conduit à penser que ces sauvages n’ont aucune idée
d’une pratique commune à tous les peuples de la race
vraiment polynésienne, et surtout en vigueur au plus
baut degré chez leurs plus proches voisins, les Nouveaux
Zélandais. On sent déjà que je veux parler
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